L’après Charlie

charlie-1.jpgLes évènements dramatiques de ces dernières semaines ont frappé de plein fouet notre pays ; des femmes et des hommes ont été assassinés parce qu’ils symbolisaient la liberté d’expression, la défendaient, ou du fait de leur appartenance religieuse, ce qui est intolérable.

Les français ont su réagir, retrouvant leurs réflexes républicains et le sens des valeurs communes à défendre, quelque soit leurs opinions politiques ou leurs confessions.
La communauté nationale a fait bloc, elle sort plus forte et unie d’un tel drame, une unité  à mettre au crédit du chef de l’état et du gouvernement qui ont eu les gestes qu’ils fallaient et les mots justes,  ni surenchère, ni effet de manche superflu. Nos concitoyens se sont levés massivement pour dire non à la haine, aux anathèmes, à l’obscurantisme et oui aux libertés.

Notre responsabilité désormais est d’agir collectivement pour que cette véritable ferveur citoyenne ne retombe comme un soufflet, à l’image de celle de la France réunie fêtant la victoire de l’équipe « Black blanc, Beur » de 1998.

Chacun cependant mesure que plus rien ne sera désormais comme avant, aussi nous devons absolument apporter des réponses concrètes aux questions de fond que soulèvent cette tragédie : ici et ailleurs …
La menace extérieure est bien réelle; notre pays est présent au Moyen Orient et en Afrique pour combattre aux racines l’Etat Islamique afin d’éviter une véritable pandémie. Cet objectif impose une nouvelle grille de lecture géo politique (vis à vis de l’Iran, de la Turquie ou de la Russie) tant l’implosion de pays comme la Lybie, l’Irak ou Syrie bouleverse toute la Région, et constitue une véritable poudrière… L’engagement militaire des français participe à la protection de toutes les démocraties notamment européennes,  il serait bon que Bruxelles en tienne compte dans son calcul de notre déficit budgétaire.

Plus que jamais la vigilance s’impose. L’Etat Islamique reprend à son compte les codes du « Choc des civilisations » (Huntington) et s’en sert pour frapper les opinions publiques occidentales : mises en scène macabre des «exécutions», attentats, crimes et exactions contre tout ce qui près ou de loin symbolise la culture.
Pour eux abattre les artistes, les intellectuels, c’est aussi abattre la pensée, la création, le libre arbitre, c’est éteindre les lumières de l’esprit par la terreur et l’intimidation pour la remplacer par l’obscurantisme totalitaire.

Dans quel but ?

 

 

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L’intention de l’état islamique est double : internationaliser le combat pour prendre le leadership des djihadistes (notamment vis vis d’Al Qaïda) et miner nos sociétés de l’intérieur en jouant sur leurs et les communautarismes.
Une véritable guerre planétaire asymétrique ; le nombre de jeunes européens partant faire le  djihad se comptabilise en milliers, réalité qui impose d’adapter nos dispositifs de sécurité et de renseignement en moyens humains, logistiques et règlementaires mais aussi en coordination internationale. Le paradoxe est quasi schyzophrénique mais résume tout l’enjeu démocratique. Nos états doivent assurer la sécurité de leurs citoyens, sans pour autant brider leurs libertés. La démocratie est une éternelle tension entre liberté et sécurité. Les USA de Bush ne sont pas sortis grandis du Patriot Act et de Guantanamo !

 

Mais la menace est malheureusement aussi intérieure. Les trois terroristes qui ont commis ces atrocités étaient français, comme Mohamed Merah. Leurs parcours respectifs sont révélateurs des fractures du pays, aussi abominable que cela soit, ces assassins sont  le produit de notre société.
Constant difficile qui ébranle les fondements mêmes de la communauté nationale ; le « vivre ensemble » est une réalité fragile à préserver et à protéger, il ne se décrète pas mais se construit tous les jours et ne peut se réduire à  une posture théorique ou simplement rhétorique.

Nous devons préciser quel contenu concret donner à quelques concepts clés afin qu’ils ne restent pas lettre morte ou ne deviennent des mots valises sans fond. Nous devons également nous interroger sur nos relations à toutes les religions, mais aussi  les interpeller si nécessaire (et il y a nécessité) sur leurs rapports à la laïcité.
Nous devons, enfin et plus que tout, proposer aux jeunes générations de réelles perspectives afin qu’elles sachent quel sens donner à une société qui en manque cruellement  …

 

En 2015, défendre notre liberté

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Nous avons, comme partout en France, rendu hommage aux victimes de Charlie Hebdo et de la Porte de Vincennes.

Les évènements dramatiques de ces derniers jours dans lesquels 17 de nos compatriotes ont été victimes d’actes terroristes, véritables scènes de guerre, ont provoqué un choc considérable, mélange d’incompréhension, de sidération, de colère, de révolte …

Soyons vigilant cependant à ne pas faire d’amalgame, pour ne pas tomber dans le piège qui est tendu … Le terrorisme n’est pas la religion, n’est surtout pas l’Islam, c’est une perversion de l’esprit, une folie sans nom, le triomphe de l’obscurantisme. Ces mêmes barbares massacrent chaque jour de l’autre coté de la Méditerranée des milliers de Musulmans, qui sont aussi leurs victimes. Le policier froidement assassiné par un des frère Kouachi était musulman.

L’objectif poursuivi est simple anéantir la démocratie,  museler la création, la liberté d’expression, le droit au sourire et à la dérision. Ces fanatiques veulent interdire par la terreur et la mort, tout ce qui élève, tout ce qui permet de penser différemment, librement. 

Ces terroristes se sont attaqués à Charlie Hebdo. Journal irrévérent et insolent qui existe pour que le dessin, la caricature, l’humour, la satire, la dérision et l’opposition à toutes les dictatures et obscurantismes demeurent sacrés au pays de la laïcité et de la liberté.  

 

 

 

Depuis la révolution française, la liberté de la presse est le socle de notre démocratie, de la liberté tout court, ici et partout sur la planète. Ce combat est celui de tous.

Cette liberté, nous devons la défendre comme la prunelle de nos yeux. 

Cette liberté a une valeur, un prix, nous oublions trop souvent qu’il peut être lourd, douloureux, dramatique

Cette liberté a une exigence : protéger la paix civile et la cohésion nationale, coûte que coûte, afin de ne pas accepter l’inacceptable

Cette liberté, nous devons, aussi et surtout, la défendre  chaque jour, comme un trésor fragile, convoité et menacé. Il faut saluer le courage, la bravoure et l’efficacité des forces de l’ordre qui en sont les protecteurs.

Les journalistes de Charlie Hebdo, les policiers et gendarmes, les soldats qui sur d’autres continents, chacun avec des armes différentes, protègent nos valeurs et notre liberté. Ils sont comme l’a dit ce sage parmi les sages qu’est Robert Badinter « des soldats de la liberté … », «  des héros de la démocratie …  » 

 

Après cette évocation, tout est apparu secondaire : évocation de l’année 2014, des projets 2015 dans un contexte budgétaire plus que contraint : construction de la caserne de pompiers, de l’école maternelle, aménagements du Pôle Gare, plan de circulation et de quelques initiatives à prendre autour de l’électrification de la ligne de La Ferté Milon ou des démarches vers la SANEF afin d’obtenir des avancées sur le péage de Saint Jean. 

Nous aurons l’occasion d’y revenir sur ce blog, tant l’année 2015 sera placée en mode combattif et déterminé.

Pour finir sur une note plus poétique, rappelons la citation qui a illustré nos vœux 2015. 

« Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur, et rien d’autre. » Elle est de Paul Eluard, poète et résistant, qui face à l’oppression et à l’obscurantisme des nazis et du régime de Vichy avait écrit aussi une ode à la liberté distribué dans les maquis …

« Et par le pouvoir d’un mot

Je recommence ma vie

Je suis né pour te connaître

Pour te nommer

Liberté »

 

8 et 9 mai, un jour pour l’Europe

9 mai.jpgDepuis 2010, année du 10eme anniversaire de notre jumelage avec Engen, nous célébrons également à l’occasion du 8 mai, l’Europe, tant sa création est  intimement liée aux fractures et blessures de la 2eme guerre mondiale. 

L’Europe, ce n’est pas qu’une élection, un drapeau étoilé sur fond d’azur, la devise « unis dans la diversité », la belle mélodie de Beethoven pour hymne, des subventions reçues, des relations économiques ou une monnaie partagée … 
C’est aussi un modèle unique de démocratie sur la planète, une véritable oasis économique et sociale reconnue de tous les pays du globe, qui constitue de fait presqu’une anomalie dans l’histoire du monde. Il n’est en effet pas commun de voir les ennemis irréconciliables d’hier se réunir pour fonder une nouvelle famille et écrire ensemble les pages d’un avenir désormais commun et partagé.

Pourtant aujourd’hui L’Europe doit répondre à un terrible paradoxe : célébrée partout sur la planète comme une réussite, elle ne fait plus recette auprès de beaucoup de ses habitants, qui s’en détournent, notamment les plus jeunes, premiers concernés pourtant.

Le souvenir de la terrible et dramatique guerre dont elle est le fruit, qui a pris fin le 8 mai 1945, s’estompe dans le brouillard de l’histoire. Les générations ayant traversé cette période tragique, disparaissent peu à peu, emportant dans leurs tombes les terribles souvenirs d’une guerre horrible, mais aussi de la peste brune qu’était le nazisme et qui en est à l’origine.
Les jeunes pensent que l’Europe a toujours existé, que la paix va de soi, qu’elle est une réalité immuable que rien ne peut remettre en cause. Ils ne disposent pas des repères temporels et mémoriels que nous ont transmis comme un talisman précieux nos parents et grands parents, car la paix est un édifice pourtant fragile, ici même, en Europe aujourd’hui encore !
Pas besoin de remonter aux années 1945, il y a seulement 15 ans s’achevait un conflit qui a causé plus de 200 000 morts dans l’ex Yougoslavie et endeuillé tout notre continent, à seulement une heure d’avion de Paris … Depuis quelques mois les  évènements d’Ukraine  font craindre l’émergence d’une nouvelle  guerre civile …
Point commun à toutes ces tragédies ? Le nationalisme, principale cause des guerres d’hier, d’aujourd’hui et sans doute  de demain, alors que la construction européenne, c’est avant tout la paix …

C’est pourquoi à Trilport nous avons décidé de célébrer l’Europe le 8 mai. Il nous semble important de perpétuer le souvenir de ceux qui sont tombés pour la France en défendant la démocratie et notre liberté, mais qu’il est  utile de célébrer le même jour cette construction unique qu’est l’Europe, bâtie sur l’amitié entre les ennemis d’hier.
Aussi je remercie sincèrement tous ceux qui participent à une telle célébration et contribuent à en faire une date importante : anciens combattants, pompiers, harmonie intercommunale car la musique est un facteur d’émotion important et incontournable lors de ces cérémonies, mais aussi chaque citoyen présent, ils sont autant de passeurs de mémoire indispensables.
Permettez moi de regretter que les enseignants ne saisissent pas une telle occasion avec leurs élèves, afin d’aborder les questions relatives à la citoyenneté, à l’histoire mais également à notre futur avec la construction européenne !
Il est bon et formateur de rappeler aux nouvelles générations que la guerre n’est pas un jeu vidéo de plus, qu’elle constitue une totale abomination, que son origine est trop souvent dans le « chacun pour soi » et la « peur d’autrui » , surtout lorsqu’ils sont poussés au paroxysme par des pyromanes surfant sur la vague de mécontentement qui grossit lors des temps difficile … Mais aussi, pour souligner, en contrepoint, comment la paix est belle, mais que c’est un trésor fragile à préserver.

 

Depuis que l’homme est homme, l’Europe est un continent, 

Durant plus de 1000 ans elle aura été un idéal politique, philosophique, de paix, de monde meilleur …

Aprés la terrible tragédie qu’a été la 2eme guerre mondiale, elle s’est construite pas à pas, afin que plus jamais guerre et tyrannie ne reviennent, 

La chute du mur de Berlin lui a permis de retrouver enfin ces deux jambes, pour avancer de nouveau, 

Il faut qu’elle poursuive sa longue marche en avant, qu’elle existe concrètement aux yeux de nos concitoyens, mais surtout plus que tout, quelle fasse enfin sens …

Il lui faut pour cela retrouver le cœur de chaque  européen et la voie de la passion … 
Comme l’écrivait si bien Guillaume Apollinaire, mort pour la France en novembre 1918, une autre guerre mondiale causée par les nationalismes imbéciles,

« Il est grand temps de rallumer les étoiles »

Le drapeau européen en compte douze, unies dans leur diversité, qu’il faut rallumer une à une …

 

Autant commencer dés le 25 mai.

 

  

14-18, terrible source d’inspiration

onze-novembre.jpgLes commémorations sont des moments utiles qui contribuent à forger la citoyenneté d’une nation, mais plus encore de ses jeunes habitants qui en ont grandement besoin.
Ces instants de recueillement national sont précieux, pour l’unité du pays mais constituent aussi un devoir de mémoire et une marque  de respect envers tout ceux qui sont tombés donnant leur sang à leur patrie, qu’elle soit d’une rive du Rhin ou de l’autre.

L’occasion également de souligner que le terrible et dramatique conflit qu’a été la guerre de 1914 1918, a paradoxalement inspiré toute une génération d’artistes, avant, pendant et après le champ de bataille …

Du néant peut quelquefois sortir la lumière … La faute à la vie quotidienne dans les  tranchées, à ces journées interminables rythmées par le vacarme incessant des obus qui tombent et explosent aux alentours immédiats, à la présence d’une peur tenace, inséparable des terribles nuits des poilus, à la proximité quasi charnelle de la mort, compagne lancinante au combien fidèle, autant d’éléments qui constituent des sources d’inspiration puissantes.
Sans omettre l’aventure humaine qui se joue à chaque seconde dans les tranchées, véritable condensé des sentiments exacerbés qui se mêlent et s’entrecroisent, ou l’atroce voisine le grotesque voir le pathétique, ou le rire flirte avec l’émotion et le drame tutoie la légèreté… Beaucoup d’hommes, le soir, à la veillée, dans les casemates ou les tranchées, qu’ils soient illustres ou anonymes, ont évacué comme ils le pouvaient leurs idées noires grâce à la création artisanale ou artistique.

Ces créateurs, comme tous les soldats du front, étaient de nationalité française ou non, leur couleur de peau comme leur lieu de naissance importait peu, car tous étaient français de cœur et de sang versé ! Tel le suisse Blaise Cendrars, ou encore le russe d’origine polonaise, Wilhelm Apollinaris de Kostrowitzky, plus connu chez nous depuis sous le nom de Guillaume Apollinaire, qui a tout fait pour être en première ligne. Il restera à jamais le blessé à la tête bandée immortalisé par Picasso, suite à l’éclat d’obus reçut à la tempe en mars 1916 au pied du Chemin des Dames.
Ils ont donné à notre pays, comme toute ces générations sacrifiées, jeunesse, joie et espérance, mais aussi trop souvent leur vie ! Leur sang étant l’encre indélébile qui a permis d’écrire des pages cruciales de l’histoire de l’Europe et du monde moderne.

Guillaume Apollinaire s’est éteint deux jours avant la signature de l’armistice du 11 novembre 1918, à l’âge de 38 ans, victime de la grippe espagnole …. Il a cependant pu, peu avant sa mort, publié un recueil de poésie : Calligrammes, « poèmes de la paix et de la guerre » dédié à un de ses amis tombé au chemin des Dames.
J’en ai tiré un poème « La Petite Auto » qui témoigne que la Grande Guerre n’a pas seulement était une tragédie, incontestable, véritable boucherie sans nom, mais qu’elle marque définitivement la fin d’une époque et l’arrivée d’un temps nouveau, ici comme partout sur la planète.

Ce centenaire sera, en 2014, l’occasion de rendre hommage, à tous les combattants de toutes les nations, qui sont tombés sur le champ d’horreur, de quelque coté qu’ils soient, afin de célébrer et porter, au nom de leur mémoire, un message de paix pour les générations futures.

 

 

 

 

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La petite auto

 

Le 31 du mois d’Août 1914

Je partis de Deauville un peu avant minuit

Dans la petite auto de Rouveyre

Avec son chauffeur nous étions troi

Nous dîmes adieu à toute une époque

 

    Des Géants furieux se dressaient sur l’Europe

    Les aigles quittaient leur aire attendant le soleil

    Les poissons voraces montaient des abîmes

    Les peuples accouraient pour se connaître à fond

    Les morts tremblaient de peur dans leurs sombres demeures

    Les chiens aboyaient vers là-bas où étaient les frontières

 

    Je m’en allais portant en moi toutes ces armées qui se battaient

    Je les sentaient monter en moi et s’étaler les contrées où elles

    serpentaient

Avec les forêts les villages heureux de la Belgique

    Francorchamps avec l’Eau Rouge et les pouhons

    Région par où se font toujours les invasions

    Artères ferroviaires où ceux qui s’en allaient mourir saluaient encore

    une foie la vie colorée

    Océans profonds où remuaient les monstres

    Dans les vieilles carcasses naufragées

    Hauteurs inimaginables où l’homme combat

    Plus haut que l’aigle ne plane

    L’homme y combat contre l’homme

    Et descend tout à coup comme une étoile filante

 

    Je sentais en moi des êtres neufs pleins de dextérité

    Bâtir et aussi agencer un univers nouveau

    Un marchant d’une opulence inouïe et d’une taille prodigieuse

    Disposait un étalage extraordinaire

    Et des bergers gigantesques menaient

    De grands troupeaux muets qui broutaient les paroles

    Et contre lesquels aboyaient tous les chiens sur la route

 

    Et quand après avoir passé l’après-midi

    Par Fontainebleau

    Nous arrivâmes à Paris

    Au moment où l’on affichait la mobilisation

    Nous comprîmes mon camarade et moi

    Que la petite auto nous avait conduits dans une époque

    Nouvelle

    Et bien qu’étant déjà tous deux des hommes mûrs

    Nous venions cependant de naître »

14 juillet 2013, le sens d’un hymne

 

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La cérémonie du 14 juillet est une célébration particulière, à l’ambiance un peu estivale, car annonciatrice de vacances attendues proches, d’autant pls que l’année a été difficile et quasi interminable.
Nous avons le plaisir d’accueillir lors de cette manifestation, qu’il y est un soleil éclatant comme en ce 14 juillet, qu’il vente, neige ou pleuve, générallement plutot en novembre ou mai, les musiciens de l’Harmonie du Pays de Meaux. Présence fidèle, qui fait de ces moments solennels, de vrais instants de recueillement et d’émotion, notamment au moment des hymnes. Témoingange rassurant du dynamisme de cette structure, la présence de nombreux jeunes musiciens pour qui ces moments sont d’autant plus importants qu’ils constituent une première.

Cette commémoration née avec la République témoigne de notre attachement commun à ses valeurs citoyennes, qui au fil du temps et de l’histoire ont forgé ce pays et semé bien au delà de ses frontières, des petites graines de France, patrie des lumières et des droits de l’homme, qui depuis, avec des fortunes diverses fleurissent un peu partout sur la planète.
Un pays ce n’est pas qu’une économie, un marché ou une géographie, c’est également une histoire, une culture et des valeurs qui transcendent. La France est également symbolisée par des signes extérieurs : les trois couleurs de son drapeau tricolore, nos valeurs républicaines et un hymne national, la Marseillaise, dont un couplet est remis en cause de manière un peu malheureuse me semble t’il …

 

Pourquoi ?

 

Rappelons que l’hymne écrit par Rouget de L’Isle, qui depuis le 14 juillet 1795 symbolyse comme hymne national notre pays sur les champs de bataille et les terrains de sport de la planète, s’est appelé tout d’abord « Chant de marche des volontaires de l’armée du Rhin ». Il s’agit bien d’une marche militaire, entonnée par les Fédérés marseillais lors de leur entrée aux Tuileries, puis adoptée grâce à leur énergie communicative par les parisiens qui lui donnent alors son nom définitif de « Marseillaise ».  Ce chant est avant tout un appel à la mobilisation générale contre l’invasion, la France révolutionnaire attaquée de toute part luttant alors pour sa survie face aux armées étrangères voulant restaurer l’Ancien Régime.
Un contexte historique qui explique le sens contreversé du fameux couplet : « qu’un sang impur abreuve nos sillons ». La société d’avant la Révolution était divisée en trois état et hiérarchisée selon l’origine familiale, un noble était supérieur alors à un paysan du fait de son sang, ce que l’on a appelé « la noblesse de sang ».
Quand sur les champs de bataille, les sans culottes français, paysans pour la plupart, entonnaient en choeur « qu’un sang impur abreuve nos sillons », ils évoquaient certainement, le leur, revendiquant ce «sang impur» et rouge qui coulait dans leur veine par opposition au sang pur et bleu de la noblesse portant « culottes et bas de soie ». Ils faisaient référence au sacrifice suprême consenti pour sauveralors  la patrie en danger. Nous avons depuis tous dans nos veines un sang impur … Les notions de pureté de race n’apparaissant que bien plus tard avec le délire nazie et donnant effectivement à ce couplet un autre sens.

 Célébrer le 14 juillet c’est aussi se souvenir de cette naissance tumultueuse de la République et de ses valeurs. C’est bien la France de la Liberté, de l’Egalité et de la Fraternité qui est à l’honneur en ce jour.Chacun à notre place, nous faisons vivre  les valeurs républicaines qui constituent le socle de notre communauté depuis 1789. Elles sont non seulement :

– l’héritage citoyen précieux transmis par nos ainés,

– le ciment qui tisse nos vies et forge la cohésion nationale,

– mais également le meilleur garant d’un avenir plus souriant et surtout plus clément …

Encore faut il retrouver, ensemble, l’énergie et la force qui ont animé les sans culottes d’alors, affamés de pain, de justice et d’espoir en un monde meilleur, pour renouer avec le fil de l’idéal républicain et construire, ensemble sans exclusive ou exclusion, les nouvelles perspectives que notre pays attend et mérite et qu’il porte en lui …

 

Pourquoi commémorer le 11 novembre ?

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Ce 11 novembre, dans toutes les villes de France, des commémorations se sont déroulées, non seulement pour célébrer le 94e anniversaire de l’Armistice de Novembre 1918 institué « Journée de la victoire et de la paix » depuis 1920, mais également tous les « Morts pour la France ».

Concernant la victoire de 1918, rappelons simplement que Roland Dorgeles, dans le magnifique roman qu’il a écrit, « Les croix de bois » inspiré de son expérience personnelle dans les tranchées qui l’a marqué à vif et à vie, fait dire à son personnage principal :

« J’trouve que c’est une victoire, parce que j’en suis sorti vivant…. »

Ce témoignage poignant relativise toute la portée d’une telle victoire … Et la réhabilitation du soldat Champelant fusillé sur son brancard pour « capitulation en rase campagne » arrive à point nommé pour nous rappeler les conditions de cette « victoire » et les décisions discutables d’un l’Etat major pour qui la vie des soldats n’avait que peu de valeur.

La commémoration du 11 novembre est désormais dédiée à tous les « Morts pour la France », des poilus de 1914 / 1918, à tous les soldats disparus depuis, qu’ils soient tombés sur les sols algérien, indochinois, ou afghan et c’est bien ainsi …

 

Cette commémoration est utile pour se recueillir d’abord.

Le poids d’une vie humaine, ce n’est pas rien. Il est normal et légitime de rendre hommage aux noms qui ornent chaque monument aux morts de nos villes, et Trilport n’a pas été épargné. Derrière chaque nom, il y a un jeune anonyme parti un beau matin, quelquefois la fleur au fusil, afin de défendre ce pays qu’il chérissait tant, et qui n’est jamais revenu, ni n’a revu les bords de Marne, le clocher de l’église ou simplement sa famille et les personnes aimées.

 

Cette commémoration est utile pour se souvenir ensuite,

Dix millions de morts, ce n’est pas rien … La grande guerre est avant tout un abominable et invraisemblable gâchis de militaires mais aussi de civils … Tombés pour quoi, pour qui ? Un soldat mort, n’a plus d’uniforme, il a rejoint un monde sans frontière ni avenir, celui des ombres qui errent à n’en plus finir …

 

Cette commémoration est utile enfin et surtout pour transmettre,

aux jeunes générations toute la valeur de la paix et de l’amitié entre les pays et les peuples et ce n’est pas rien. La paix n’est pas un cadeau du ciel mais une responsabilité partagée et un instant de grâce fragile qu’il faut savoir apprécier, mais aussi protéger c’est quelquefois un paradoxe.

Etre citoyen c ‘est cela aussi. Savoir se recueillir, se souvenir afin d’agir au présent et transmettre aux générations futures. C’est pour cela qu’il est dommage et dommageable que les enseignants et éducateurs ne s’impliquent pas plus dans ces commémorations, vu leur évolution au fil des ans. On y parle désormais plus de paix que de guerre, plus d’amitié que de haine. Il y a des valeurs qu’il faut savoir contribuer à transmettre afin qu’elles constituent de véritables fondations pour l’émergence d’une nouvelle citoyenneté.

Un des poilus de 14, Jacques Meyer, lieutenant au 329 Régiment d’Infanterie,  l’a écrit avec des mots simples et forts à la fois  …

« La guerre, mon vieux, tu sais bien ce que c’était, mais quand nous serons morts, qui donc l’aura jamais su ? La guerre, mon vieux, c’est notre jeunesse ensevelie et secrète… »

Dédions ce 11 novembre  à tous ces jeunes qui auraient pu être nos grands parents et qui sont tombés, ici,  en Europe et partout dans le monde.