9 novembre 1989

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Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom

Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté,

 

Paul ELuard
Poésie et vérité 42

(voir la suite)

 

Liberté

Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom

Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom

Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom

Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom

Sur l’absence sans désirs
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom

Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté.

– 1942 –

 

Paul Eluard
 » Poésie et vérité 42 « 

 

Le secret des banquises

 

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Un jour je t’aimerai moins
Jusqu’au jour où je ne t’aimerai plus


Un jour je sourirai moins
Jusqu’au jour où je ne sourirai plus


Un jour je parlerai moins
Jusqu’au jour où je ne parlerai plus


Un jour je cou rirai moins
Jusqu’au jour où je ne cou rirai plus

Un jour je voguerai moins
Peut-être le jour où la terre s’entrouvrira

 

Yes, We Can

 

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« C’est une histoire qui n’a pas fait de moi
le candidat le plus conventionnel.
Mais c’est une histoire qui a inscrit jusque
dans mes gènes l’idée que cette nation
est plus que la somme de ses composantes,
qu’à partir de beaucoup nous formons
vraiment un tout unique. »

Barak Obama
Discours sur la race et la religion


« Je suis le fils d’un Noir du Kenya et d’une Blanche du Kansas. J’ai été élevé par un grand-père blanc qui a survécu à la grande Dépression puis a servi dans l’armée de Patton pendant la Seconde Guerre Mondiale et par une grand-mère blanche qui a travaillé dans une usine de bombardiers à Fort Leavenworth pendant que lui était de l’autre côté de l’océan. Je suis allé dans des écoles parmi les meilleures d’Amérique et vécu dans l’un des pays les plus pauvres du monde. Je suis marié à une Noire américaine qui porte en elle le sang d’esclaves et de propriétaires d’esclaves – un héritage que nous avons transmis à nos deux filles bien-aimées. J’ai des frères, des sœurs, des nièces, des neveux, des oncles et des cousins, de toutes les races et de toutes les couleurs, répartis sur trois continents et, jusqu’à la fin de mes jours, je n’oublierai jamais que, dans aucun autre pays sur Terre, mon histoire ne serait même possible. »

29 avril 2008 …

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Une vie ne vaut rien, rien ne vaut une vie

 

André Malraux

 
 

 

 

Si…

 

 

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Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frères,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n’être que penseur ;

Si tu sais être dur, sans jamais être en rage,
Si tu sais être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral et pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Alors les Rois les Dieux la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire,


Tu seras un homme mon fils !

 

 

Rudyard Kipling

 
 
 

Aimé

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Où que nous regardions l’ombre gagne

 

L’un après l’autre les foyers s’éteignent

Le cercle d’ombre se resserre

Parmi les cris d’hommes

Et des hurlements de fauves

Où que nous regardions l’ombre gagne

 

Pourtant nous sommes de ceux

Qui disent non à l’ombre

Nous savons que le salut du monde

Dépend de nous aussi

Où que nous regardions l’ombre gagne

 

Nous savons que la terre

A besoin de n’importe lesquels

D’entre ses fils

De ses fils les plus humbles

Où que nous regardions l’ombre gagne

 

Les hommes de bonne volonté

Feront au monde une nouvelle lumière

Ah! Tout l’espoir n’est pas de trop

Pour regarder le siècle en face

Où que nous regardions l’ombre gagne

 

Ah! tout l’espoir n’est pas de trop

Pour regarder le siècle en face

 

 Aimé Césaire