11 septembre 1973, Palacio de la Moneda, Santiago

11 septembre 2005

 

« Je paierai de ma vie la défense des principes qui sont chers à cette patrie. La honte rejaillira sur ceux qui ont renié leurs engagements et manqué à leur parole, comme ils ont renié la doctrine des forces armées…
Face à ces événements, il ne me reste qu’une chose à dire aux travailleurs : je n’abdiquerai pas. Situé en ce moment historique, je paierai de ma vie ma loyauté au peuple. Je vous dis avoir la certitude que la semence que nous avons enfouie dans la conscience digne de milliers et de milliers de Chiliens ne sera pas définitivement perdue. Ils ont la force, ils pourront nous asservir, mais on n’arrête les mouvements sociaux ni avec le crime ni avec la force. L’histoire est nôtre, ce sont les peuples qui la font.

C’est le moment final, le dernier où je peux m’adresser à vous. J’espère que la leçon sera comprise…

Je m’adresse surtout à la femme modeste de notre terre, à la paysanne qui a cru en nous, à l’ouvrière qui a travaillé davantage, à la mère qui a toujours su s’occuper de ses enfants. Je m’adresse aux cadres de la patrie, aux cadres patriotes, à ceux qui depuis longtemps luttent contre la sédition dirigée par les syndicats patronaux, syndicats de classe dont le but est de défendre les avantages d’une société capitaliste.

Je m’adresse à la jeunesse, à ces jeunes qui chantèrent et communiquèrent leur joie et leur esprit de lutte.

Je m’adresse à l’homme du Chili, à l’ouvrier, au paysan, à l’intellectuel, à ceux qui seront poursuivis parce que le fascisme est déjà présent depuis longtemps dans notre pays, perpétrant des attentats terroristes, faisant sauter les ponts, coupant les voies ferrées, détruisant les oléoducs et les gazoducs, devant le silence de ceux qui avaient le devoir d’agir … l’histoire les jugera.

Radio Magallanes va sûrement être réduite au silence et le son paisible de ma voix n’arrivera pas jusqu’à vous. Peu importe, vous continuerez à m’entendre. Je serai toujours à vos côtés, mon souvenir sera au moins celui d’un homme digne qui fut loyal à sa patrie. Le peuple doit se défendre, mais ne pas être sacrifié. Le peuple ne doit pas se laisser abattre ni cribler de coups, et il ne doit pas non plus se laisser humilier.

Travailleurs de mon pays, j’ai foi au Chili et en son destin.

D’autres hommes surmonteront le moment triste et amer où la trahison prétend s’imposer. Continuez à penser que s’ouvriront bientôt, beaucoup plus tôt que tard, les grandes avenues où passera l’homme libre pour construire un monde meilleur.

Vive le Chili, vive le peuple, vivent les travailleurs !

Ce sont mes dernières paroles. J’ai la certitude que le sacrifice ne sera pas vain. J’ai la certitude que, du moins, il y aura une sanction morale qui châtiera la félonie, la lâcheté et la trahison. »

 

Salvador Allende, 11 septembre 1973

 

Le discours complet prononcé par le Président Allende, est accessible dans les documents

Trouble à l’ordre public ou non ?

Trilport, le 2 juin

Suite à mon dépôt de plainte, consécutif au coup reçu lors d’une installation illicite des gens du voyage, et à l’écho médiatique que cet événement a suscité j’ai été reçu, par le Sous Préfet. Celui ci a regretté lors de cette entrevue, mes propos sur le sentiment d’abandon de la part des pouvoirs publics ressentis l’an dernier.
Je l’ai informé d’une remarque émise par son prédécesseur, lors d’une réunion obtenue dix jours après l’installation de deux cent caravanes sur la Côte Rôtie, durant laquelle j’évoquais le trouble que cette occupation illicite provoquait auprés de mes administrés. « De quoi vous plaignez vous Monsieur le Maire, ils n’ont pas que je sache violé vos collégiennes ou mis votre ville à feu et à sang ? » Ce à quoi je lui ai répondu « Si cela était, je n’aurais pas attendu dix jours. »

Puis, plus rien jusqu’à leur départ et même après …  Le Procureur a refusé de retenir la notion de trouble à l’ordre public et m’a déconseillé toute initiative. Ce que je n’ai pas fait, nous nous sommes alors rapproché de l’ensemble des propriétaires des parcelles, et en leur nom, avons engagé la procédure qui a permis d’arriver finalement au départ des caravanes aprés plusieurs semaines de travail de dossier..

Pour la Côte Rotie …

Trilport, le 23 mai

J’ai été agressé alors que je m’interposai pacifiquement à une installation illicite de gens du voyage, jugeant cet acte inadmissible, j’ai décidé de porter plainte mais il est essentiel à mes yeux qu’un acte isolé et fâcheux commis par un individu ne porte préjudice à toute une communauté, en l’occurrence, celle des gens du voyage.

Certains peuvent se demander pourquoi des élus de terrain réputés, plutôt « cool » et conciliant peuvent s’interposer physiquement afin d’éviter une intrusion sur une propriété privée. Notre réaction est la conséquence directe de « l’occupation » vécue l’année dernière sur le même site, au lieu dit « La Côte Rotie ». Ce n’est qu’après un marathon de plus de quatre mois de formalités, de démarches administratives, officielles et juridiques, uniquement assumées par nous mêmes et nos services que nous sommes parvenus à obtenir le départ des dernières caravanes.
Je ne peux accepter l’invasion de plus de 400 véhicules sur un site de la commune totalement inadaptée à cette occupation : les entrées possibles (cinq différentes), le nombre potentiel de caravanes pouvant y séjourner, la qualité paysagère remarquable du site, ce coteau offre une exceptionnelle perspective sur ma commune, la proximité immédiate avec les habitations et le Collège (un jet de pierre), les risques d’accidents de la route (deux routes départementales : RD 33 et RD 17), la configuration des lieux est totalement inadaptée aux allers et venues des véhicules, la situation foncière (nombre important de propriétaires et de nombreuses parcelles situées sur deux communes), l’état de dégradation de ces terrains après les quatre mois d’occupation …

L’estimation des frais occasionnés par ce « séjour » se monte à environ 10 000 euros (dont les frais de justice et d’huissier) ; un calcul qui ne tient pas compte des heures passées (montage juridique du dossier, temps passé avec les riverains, les pouvoirs publics et les gens du voyage, nettoyage du site) et des 1000 m3 de consommation d’eau non réglées. Les aménagements réalisés cette année afin de prévenir une nouvelle intrusion (installation de barrières, dépôt de terre) sont estimés eux à 5 000 euros.

L’attitude de nos communes durant des années face aux gens du voyage, a toujours été conciliante et responsable. Trilport finance depuis l’origine, tant en investissement qu’en fonctionnement, l’aire d’accueil de Poincy, nous respectons le Schéma Départemental d’Accueil des gens du Voyage (pour les grands passages). L’exaspération monte, devenant inquiétante, cet événement le démontre même s’il n’a pas eu et il faut s’en féliciter de conséquence dramatique.
Une commune isolée est désarmée. La situation vécue l’année dernière m’incline à penser qu’elle est abandonnée à son triste sort. Comment faire passer un message de médiation auprès de nos concitoyens mais également auprès de la communauté des gens du voyage, afin de gérer une cohabitation de plus en plus délicate lorsque l’Etat de droit n’est pas respecté et qu’aucune solution alternative n’est proposée aux nomades.

Je n’ai fait que mon devoir d’élu, en m’interposant pacifiquement mais avec détermination afin d’empêcher une nouvelle intrusion sur la Côte Rôtie ; fort heureusement la situation n’a pas dégénérée, mais pour combien de temps ?

Disen a bend … Bin ich ein Engener


4 juin 2005, Engen

« Un jumelage réussi est plus une suite de petits échanges réguliers, qu’une grande célébration tous les cinq ou dix ans », cette phrase prononcée à l’occasion de la signature de notre jumelage, illustre à merveille le jumelage entre Engen et Trilport. Chaque année depuis juin 2000, est ponctuée de rencontres amicales, de visites, de manifestations communes entre Trilportais et habitants d’Engen … nous vivons entre nos deux villes un jumelage épanoui et réussi.
Notre relation privilégiée a la particularité d’avoir été initiée en amont par plus de 10 ans d’échanges entre les deux collèges d’Engen et Trilport, leurs élèves et leurs parents … Ainsi ce sont les jeunes allemands et les jeunes français qui sont à l’origine de ce partenariat. Un jumelage signé en juin 2000, date symbolique s’il en est, qui marque à la fois la fin d’une époque et l’arrivée d’un nouveau millénaire …


Dans l’histoire, il n’existe pas d’équivalent à la démarche pacifique de nos deux pays qui a permis, pas à pas, de nouer puis de tisser des liens, avant de les approfondir et d’en tisser avec d’autres pays, afin de passer peu à peu, de l’Europe de la guerre et des nationalismes, à l’Europe de la paix et de l’amitié entre les pays et les peuples.
C’est ce parcours, qui donne toute sa valeur à ce choix réfléchi, de s’unir pour exister, et de proposer au monde une autre alternative reposant sur une vision humaniste de la société. C’est cette sagesse, dont la planète a tant besoin …
Si depuis De Gaulle et Adenauer, une suite d’images symboliques se sont succédées traversant l’histoire et forgeant nos consciences, depuis l’an 2000, plus que des images, ce sont des moments d’amitié partagés et vécus qui unissent désormais Trilportais et habitants d’Engen … Le jumelage est enfin l’occasion rêvée de passer de l’Europe du symbole à celle du concret. Et l’Europe a tant besoin de concret !

Il faut remercier Johanes Moser, Burgermester d’Engen, d’avoir associé à cet anniversaire, nos amis hongrois de Pannonhalma, présence à laquelle nous attachons beaucoup d’importance et nous nous réjouissons du séjour organisé cet été en Hongrie entre les jeunes d’Engen, de Trilport et de Pannonhalma. La Communauté Européenne compte désormais 25 pays, pouvait on imaginer une Europe sans Hongrie ? ’Europe politique et économique rejoignent peu à peu l’Europe géographique …

Un écrivain allemand qui a croisé la route de Mozart et de Beethoven, et marqué l’histoire de l’humanité, Goethe, a écrit une phrase qui illustre à merveille cette démarche initiée il y a 60 ans …

«J’aime celui qui rêve l’impossible»,

Il y a soixante ans, qui aurait pu prédire ce que nous vivons aujourd’hui entre nous …

Disen a bend … Bin ich ein Engener

Kyoto enfin …

Mercredi 16 février

Il y a des jours comme ça … historique … Le mercredi 16 février 2005 en est un avec l’entrée en vigueur du protocole de Kyoto qui a déjà fait beaucoup couler d’encre …

Cet accord signé à Kyoto (d’où son nom) en 1997, ratifié par 141 pays, est la suite logique du Sommet de la Terre de Rio de Janeiro de 1992 dont l’importance avait échappé à beaucoup d’analystes du fait de discours très théoriques. Il entre en vigueur aujourd’hui, grâce à l’adhésion de la Russie de Poutine qui à la surprise générale l’a ratifié en novembre dernier.
L’objectif est d’émettre en 2012 moins de gaz à effet de serre (principalement du CO2) qu’en 1990, afin de prévenir les effets du changement climatique et d’inverser ainsi une tendance que nombre de spécialistes considéraient infernale.
La méthode choisie est de fixer des normes annuelles de réduction des gaz incriminés par pays.

Vint ans après …
Il est vrai que ce traité fait « usine à gaz » (comme quoi, il n’y a pas que le traité européen ), mais il constitue la première étape d’un processus et d’une prise de conscience devant mener à l’inversion d’une tendance qui s’accélérait dangereusement …
Si cette prise de conscience semble tardive à beaucoup, à l’échelle de la planète et de l’histoire de l’homme, elle est fulgurante … En moins de vingt ans, ce qui n’était qu’une controverse scientifique rejetée par beaucoup de décideurs est devenue une réalité géo planétaire s’imposant à tous ou presque et inaugurant un millénaire dont la prospérité ne reposera plus essentiellement sur les énergies fossiles (charbon, pétrole) …
Dans les nations non signataires, trois sont déterminantes : les USA, premier pollueur mondial, l’Inde et la Chine … Cette opposition ne pourra perdurer, dans deux de ses pays (quasiment des pays continents) certains habitants ressentent déjà les effets du changement climatique. Avec la globalisation il est invraisemblable que ces nations prennent le risque de ne plus être compétitives dans le concert international en ne respectant pas des normes en vigueur sur plus de la moitié de la planète. Il sera certainement plus difficile pour les pays émergents ou sous développés de respecter les critères de cet accord, il est important que la responsabilité soit partagée et que l’écologie ne devienne une discrimination de plus !

Si ce traité concerne globalement la planète entière, il ne sera pas sans conséquence locale dans les mois et les semaines à venir…

kyoto_annexes.rtf

Education en devenir

10 février 2005

La FOCEL de Seine et Marne a pris la bonne habitude d’organiser un colloque sur l’Education chaque année en invitant des intervenants de qualité et souvent dans le feu de l’actualité.

Un thème on ne peut plus approprié
Après la thématique de l’Islam, abordé l’année dernière, le thème 2005 « L’Education en devenir », était on ne peut plus approprié quelques mois aprés les conclusions de la Commission Thélot et au moment des maifestations contre le texte de loi Fillon.
L’importance du sujet, la qualité des intervenants de ce colloque, des pointures de la « chose pédagogique » (ne manquait guère à l’appel que Meirieu, Prost et Houssaye) étaient autant de facteurs qui auraient du attirer un nombre important de participants ; il n’en a rien était, ce qu’on ne peut que regretter au regard des interventions qui ont marqué cette journée et dont beaucoup de propos sont à méditer.

L’unanimité des intervenants a critiqué le texte de loi Fillon et a montré qu’en aucun cas ce texte est une traduction législative des propositions de la Commission Thélot.
Ils voient plutôt dans cette loi, un texte ayant pour seule finalité de réduire le Budgert de l’Education au mépris des conclusions de la Commission Thélot et de l’avis de l’ensemble des spécialistes des « choses de l’Education »

Les interventions marquantes

Claude Lelievre

Ce spécialiste, un des meilleurs historiens actuels du système éducatif, auteur de nombreux ouvrages, membre éminent et actif de la Commission Thélot a indiqué avec beaucoup d’opportunité lors de son intervention que le débat actuel autour du socle commun de connaissance ne date pas d’hier.
Rappelant certaines prises de position de Jules Ferry, trop méconnues, il a montré le coté novateur de cet icone trop souvent érigée en statue du commandeur.
Pour Jules Ferry l’école est plus une institution qu’un service public ; une position liée sans nul doute au contexte historique particulier des premières heures de la séparation de l’Eglise et de l’Etat.
Le nouvel état Français, laïque et républicain supplante à la fois la monarchie et l’Eglise et met fin au monopole de fait de cette dernière sur l’Education de la Nation. La république française, état laïque s’il en est, doit grâce à ses instituteurs (hussards de la république) former des citoyens en « co-souverains éclairés » (selon Condorcet) et défenseurs de l’esprit laïque.
Il distingue l’Education (cœur, populaire, prolétaire) de l’Instruction (« lumière de l’esprit », culture du jugement, élite républicaine), et place le rôle d’éducateur avant celui de professeur : « le professeur doit s’élever au rang d’éducateur » et condamne sans appel l’importance accordée à l’orthographe, préconisant un enseignement plus libre, vivant et substantiel. Avant « les disciplines mécaniques de l’esprit » (Lire, Ecrire, Compter), il défend d’autres disciplines importantes pour l’épanouissement des élèves qui doivent également être des citoyens « Ne pas embrasser tout ce qu’il est possible de savoir, mais bien apprendre ce qu’il n’est pas permis d’ignorer ». Elle doit mener au citoyen qui est
Claude Lelièvre a insisté également sur la nécessité de redéfinir une culture de base. « Il ne s’agit pas, en effet, d’établir une culture pour les « pauvres », une « culture pauvre », mais de rechercher et de décider ce qui est basique pour une culture de notre temps, pour la culture de tous.

La définition précise d’une « culture plancher » et la diversification des recours à des « champs disciplinaires » différents vont dans le même sens à condition de limiter rigoureusement leurs apports à « ce qu’il n’est pas permis d’ignorer ».

Jean Michel Zakhartchouk

Ce militant de terrain qui enseigne dans un collège ZEP depuis une vingtaine d’années est un des animateurs principaux du Cercle de Recherche et d’Action Pédagogiques (CRAP) qui édite les Cahiers pédagogiques. Il a centré son intervention principalement sur les différentes « figures » de l’enseignant et ses misions.

François Dubet

Cerise sur le gâteau, son intervention a marqué la fin de cette journée. Professeur de sociologie à l’université de Bordeaux, membre de la commission Thélot, François Dubet est certainement un des meilleurs connaisseurs de notre système scolaire. Ses recherches ont porté sur les mouvements sociaux, les problèmes urbains, la marginalité juvénile, la délinquance, l’école, la socialisation, le travail et la théorie de l’action. Initiateur des ateliers de découverte et de la réforme des collèges, il a été également conseiller de Ségolène Royal au Ministère de l’Education Nationale

Pour lui, la France n’a aucune tradition historique démocratique (transposition du religieux à la république). L’Ecole Républicaine a simplement dépossédé l’Eglise du monopole sur les esprits et promeut depuis sa création un élitisme républicain, sorte de darwinisme méritocratique … Une « compétition équitable » qui n’en est pas une ; car l’école favorise en fait les favorisés.

Pourtant paradoxalement « il n’y a pas d’alternative à l’égalité » (Condorcet), le problème est de rendre vivable le modèle : par égalité de l’offre, par des mesures de carte scolaire, par une politique de discrimination positive.

Il souligne que pour notre société l’école est sacrée … Et qu’on négocie mal les symboles, que le débat autour de l’école devient quasiment un débat théologique (Vatican 2 reste à accomplir). On parle de « sanctuaire scolaire » ; l’espace n’est pas réellement laïque …

Il insiste sur les notions de vainqueurs et de vaincus. Les décideurs sont des vainqueurs … Pourquoi changeraient ils les règles du jeu ? D’autant que l’échec scolaire rend indigne et empêche de parler ceux qui ont perdu …

Pour avoir plus d’éléments, le fichier joint regroupe certaines des notes prises lors des interventions de Jean Michel Zakhartchouk et François Dubet; l’intervention de Claude lelievre a été rapporté en partie et celle de Jacqueline Costa-Lascoux m’a moins passionné …

education_en_devenir_annexes.rtf