Kyoto enfin …

Mercredi 16 février

Il y a des jours comme ça … historique … Le mercredi 16 février 2005 en est un avec l’entrée en vigueur du protocole de Kyoto qui a déjà fait beaucoup couler d’encre …

Cet accord signé à Kyoto (d’où son nom) en 1997, ratifié par 141 pays, est la suite logique du Sommet de la Terre de Rio de Janeiro de 1992 dont l’importance avait échappé à beaucoup d’analystes du fait de discours très théoriques. Il entre en vigueur aujourd’hui, grâce à l’adhésion de la Russie de Poutine qui à la surprise générale l’a ratifié en novembre dernier.
L’objectif est d’émettre en 2012 moins de gaz à effet de serre (principalement du CO2) qu’en 1990, afin de prévenir les effets du changement climatique et d’inverser ainsi une tendance que nombre de spécialistes considéraient infernale.
La méthode choisie est de fixer des normes annuelles de réduction des gaz incriminés par pays.

Vint ans après …
Il est vrai que ce traité fait « usine à gaz » (comme quoi, il n’y a pas que le traité européen ), mais il constitue la première étape d’un processus et d’une prise de conscience devant mener à l’inversion d’une tendance qui s’accélérait dangereusement …
Si cette prise de conscience semble tardive à beaucoup, à l’échelle de la planète et de l’histoire de l’homme, elle est fulgurante … En moins de vingt ans, ce qui n’était qu’une controverse scientifique rejetée par beaucoup de décideurs est devenue une réalité géo planétaire s’imposant à tous ou presque et inaugurant un millénaire dont la prospérité ne reposera plus essentiellement sur les énergies fossiles (charbon, pétrole) …
Dans les nations non signataires, trois sont déterminantes : les USA, premier pollueur mondial, l’Inde et la Chine … Cette opposition ne pourra perdurer, dans deux de ses pays (quasiment des pays continents) certains habitants ressentent déjà les effets du changement climatique. Avec la globalisation il est invraisemblable que ces nations prennent le risque de ne plus être compétitives dans le concert international en ne respectant pas des normes en vigueur sur plus de la moitié de la planète. Il sera certainement plus difficile pour les pays émergents ou sous développés de respecter les critères de cet accord, il est important que la responsabilité soit partagée et que l’écologie ne devienne une discrimination de plus !

Si ce traité concerne globalement la planète entière, il ne sera pas sans conséquence locale dans les mois et les semaines à venir…

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Education en devenir

10 février 2005

La FOCEL de Seine et Marne a pris la bonne habitude d’organiser un colloque sur l’Education chaque année en invitant des intervenants de qualité et souvent dans le feu de l’actualité.

Un thème on ne peut plus approprié
Après la thématique de l’Islam, abordé l’année dernière, le thème 2005 « L’Education en devenir », était on ne peut plus approprié quelques mois aprés les conclusions de la Commission Thélot et au moment des maifestations contre le texte de loi Fillon.
L’importance du sujet, la qualité des intervenants de ce colloque, des pointures de la « chose pédagogique » (ne manquait guère à l’appel que Meirieu, Prost et Houssaye) étaient autant de facteurs qui auraient du attirer un nombre important de participants ; il n’en a rien était, ce qu’on ne peut que regretter au regard des interventions qui ont marqué cette journée et dont beaucoup de propos sont à méditer.

L’unanimité des intervenants a critiqué le texte de loi Fillon et a montré qu’en aucun cas ce texte est une traduction législative des propositions de la Commission Thélot.
Ils voient plutôt dans cette loi, un texte ayant pour seule finalité de réduire le Budgert de l’Education au mépris des conclusions de la Commission Thélot et de l’avis de l’ensemble des spécialistes des « choses de l’Education »

Les interventions marquantes

Claude Lelievre

Ce spécialiste, un des meilleurs historiens actuels du système éducatif, auteur de nombreux ouvrages, membre éminent et actif de la Commission Thélot a indiqué avec beaucoup d’opportunité lors de son intervention que le débat actuel autour du socle commun de connaissance ne date pas d’hier.
Rappelant certaines prises de position de Jules Ferry, trop méconnues, il a montré le coté novateur de cet icone trop souvent érigée en statue du commandeur.
Pour Jules Ferry l’école est plus une institution qu’un service public ; une position liée sans nul doute au contexte historique particulier des premières heures de la séparation de l’Eglise et de l’Etat.
Le nouvel état Français, laïque et républicain supplante à la fois la monarchie et l’Eglise et met fin au monopole de fait de cette dernière sur l’Education de la Nation. La république française, état laïque s’il en est, doit grâce à ses instituteurs (hussards de la république) former des citoyens en « co-souverains éclairés » (selon Condorcet) et défenseurs de l’esprit laïque.
Il distingue l’Education (cœur, populaire, prolétaire) de l’Instruction (« lumière de l’esprit », culture du jugement, élite républicaine), et place le rôle d’éducateur avant celui de professeur : « le professeur doit s’élever au rang d’éducateur » et condamne sans appel l’importance accordée à l’orthographe, préconisant un enseignement plus libre, vivant et substantiel. Avant « les disciplines mécaniques de l’esprit » (Lire, Ecrire, Compter), il défend d’autres disciplines importantes pour l’épanouissement des élèves qui doivent également être des citoyens « Ne pas embrasser tout ce qu’il est possible de savoir, mais bien apprendre ce qu’il n’est pas permis d’ignorer ». Elle doit mener au citoyen qui est
Claude Lelièvre a insisté également sur la nécessité de redéfinir une culture de base. « Il ne s’agit pas, en effet, d’établir une culture pour les « pauvres », une « culture pauvre », mais de rechercher et de décider ce qui est basique pour une culture de notre temps, pour la culture de tous.

La définition précise d’une « culture plancher » et la diversification des recours à des « champs disciplinaires » différents vont dans le même sens à condition de limiter rigoureusement leurs apports à « ce qu’il n’est pas permis d’ignorer ».

Jean Michel Zakhartchouk

Ce militant de terrain qui enseigne dans un collège ZEP depuis une vingtaine d’années est un des animateurs principaux du Cercle de Recherche et d’Action Pédagogiques (CRAP) qui édite les Cahiers pédagogiques. Il a centré son intervention principalement sur les différentes « figures » de l’enseignant et ses misions.

François Dubet

Cerise sur le gâteau, son intervention a marqué la fin de cette journée. Professeur de sociologie à l’université de Bordeaux, membre de la commission Thélot, François Dubet est certainement un des meilleurs connaisseurs de notre système scolaire. Ses recherches ont porté sur les mouvements sociaux, les problèmes urbains, la marginalité juvénile, la délinquance, l’école, la socialisation, le travail et la théorie de l’action. Initiateur des ateliers de découverte et de la réforme des collèges, il a été également conseiller de Ségolène Royal au Ministère de l’Education Nationale

Pour lui, la France n’a aucune tradition historique démocratique (transposition du religieux à la république). L’Ecole Républicaine a simplement dépossédé l’Eglise du monopole sur les esprits et promeut depuis sa création un élitisme républicain, sorte de darwinisme méritocratique … Une « compétition équitable » qui n’en est pas une ; car l’école favorise en fait les favorisés.

Pourtant paradoxalement « il n’y a pas d’alternative à l’égalité » (Condorcet), le problème est de rendre vivable le modèle : par égalité de l’offre, par des mesures de carte scolaire, par une politique de discrimination positive.

Il souligne que pour notre société l’école est sacrée … Et qu’on négocie mal les symboles, que le débat autour de l’école devient quasiment un débat théologique (Vatican 2 reste à accomplir). On parle de « sanctuaire scolaire » ; l’espace n’est pas réellement laïque …

Il insiste sur les notions de vainqueurs et de vaincus. Les décideurs sont des vainqueurs … Pourquoi changeraient ils les règles du jeu ? D’autant que l’échec scolaire rend indigne et empêche de parler ceux qui ont perdu …

Pour avoir plus d’éléments, le fichier joint regroupe certaines des notes prises lors des interventions de Jean Michel Zakhartchouk et François Dubet; l’intervention de Claude lelievre a été rapporté en partie et celle de Jacqueline Costa-Lascoux m’a moins passionné …

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Une vague de fond planétaire …

2004, année horribilis …
Aprés la tragédie irakienne et la réélection de Bush, le Tsunami qui a ravagé l’Asie du Sud Est a frappé la planète de plein fouet …
En mêlant aux victimes des gens du cru, abonnés aux catastrophes naturelles et des touristes attirés par les charmes des plages locales, cette vague de fond a eu un retentissement sans précédent …
En plus du nombre incroyable de victimes, le fait qu’elles proviennent de tous les cotés de la planète, et ne s’arrêtetent pas à son seul coté obscur a jeté le trouble jusque dans nos demeures … Rien n’a manqué en cette période de fêtes familiales même pas les images du 20 heures démontrant la puissance des éléments déchainés …
Cette tragédie démontre s’il en est l’importance de la solidarité entre les peuples, à postériori mais aussi et surtout à titre préventif.
Les surfers des plages d’Hawai disposent aujourd’hui grâce aux évolutions technologiques de plus d’informations pour s’adonner à leur pratique sportive favorite que celles dont n’ont disposé certains pays touchés 6 heures aprés le début du rez de marée … En 6 heures, combien de vies auraient pu être sauvées ?
Cela est vrai également pour les pandémies, dont le SIDA, la famine …. Qui ont le mauvais gout de s’arrêter aux limites des résidences touristiques situées quelquefois à un jet de pierre … Sur la planète des millions de personnes meurent d’autres types de Tsunami …
S’émouvoir et se donner bonne conscience tel les USA qui n’ont toujours pas ratifié les accords de Kyoto, refusent d’abandonner la dette des pays du Tiers Monde et défendent le droit des grandes sociétés face aux médicaments génériques, est à la fois indécent, outrancier et honteux.

Un débat qui nous honore et un « oui » qui nous oblige …

Trilport, le 5 décembre 2004


Après un débat de prés de trois mois, le OUI au traité constitutionnel européen l’a emporté très nettement. Un débat qui démontre la maturité et la vitalité démocratique des socialistes ; quelle autre formation s’est risquée à un tel exercice de démocratie interne ?

Comme un symbole, dans le même temps, l’UMP dans un « Sarko Show » du plus mauvais goût célébrait l’arrivée de son nouveau Président … Une célébration plus qu’une élection, dans laquelle le culte de la personnalité n’était pas absent. Rendez vous non avec l’histoire, mais avec les sunlights médiatiques pour certains plus que complaisants.
Mais plus que la réponse apportée par les socialistes, c’est la tenue et le déroulement du débat militant qui les honorent. Ce Parti est sorti grandi de ce que certains prévoyaient comme le point de départ de son implosion. Les responsables nationaux qui ont joué la crise par stratégie personnelle plus que par conviction, en sont pour leurs frais et tant mieux !

Ce oui, n’exonère pas les socialistes, tous les socialistes européens, de la prochaine étape … Bien au contraire il doit les inciter à sortir de leurs frontières respectives et définir un réel projet politique socialiste européen … Il nous « oblige » à intégrer cette dimension européenne … Elle doit intégrer un fait incontournable, historique et philosophique. Nous sommes multiples et différents mais nous avons un socle de valeurs communes.
Selon Vaclav Havel, ses valeurs communes européennes sont : « le respect de l’individu de ses libertés, de ses droits et de sa dignité, le principe de solidarité, la primauté du droit et l’égalité devant la loi, la protection des minorités, la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, le pluralisme politique « 
auquel il rattache également :  » l’inviolabilité de la propriété privée, une économie d’entreprise et de marché et le développement de la société civile … « 
Une contribution à débattre, bien évidemment … Alors allons y et quittons le domaine de l’incantation pour celui de l’action. Il faut faire vite, nous sommes attendus, sinon par l’histoire du moins, par pas mal de pays sous développés et l

Europe, un oui de raison …

Trilport, le 14 novembre 2004

Le débat autour du traité Constitutionnel ne devrait pas susciter autant d’excès, seulement un peu plus d’humilité dans les arguments et de passion sur la portée de l’enjeu, car ce texte constitue un pas important et décisif vers une Europe Politique …

Un oui de raison ?
Le traité Constitutionnel n’est pas une Constitution au sens strict du terme ; l‘Europe n’est pas encore un état et les Européens ne constituent toujours pas un peuple, tout juste une communauté d’intérêt. Il répond à un simple objectif, fixer le cadre constituant d’une Europe pas encore politique mais en devenir …
Deux points font principalement débat :
– la règle de l’unanimité, alors qu’elle a toujours prévalu pour les traités européens et n’a pas empêché le traité de Rome de 1957 d’être modifié à quatre reprises depuis 1985,
– la partie III du traité constitutionnel, qui n’est ni plus ni moins que la reprise pure et simple des traités existants y figurant afin que les nouveaux états se prononcents lors de leur adhésion sur l’ensemble des textes en vigueur et adoptent la logique de la subsidiarité …

Le texte proposé a le mérite de créer l’embryon d’une architecture institutionnelle à ce qui apparaît, encore et à plus d’un titre, comme un OVNI de la chose publique; avec principalement la création d’un Président du Conseil européen élu, la responsabilité de la Commission de Bruxelles devant le Parlement européen placé désormais sur un pied d’égalité avec le Conseil des ministres et l’inscription de l’Europe dans une démarche laïque avec l’abandon de la référence à l’héritage chrétien … L’Europe politique du coup se met réellement en marche …
L’Union n’est plus tout à fait une zone de libre-échange, elle est désormais fondée sur une «économie sociale de marché compétitive qui tend au plein emploi et au progrès social», permettant la mise en place de politiques communes d’aides régionales, sociale ou environnementale. L’Europe des 25 reconnaît enfin le droit de grève des travailleurs pour la défense de leurs intérêts, certes rien de nouveau chez nous mais ce qui peut paraitre paradoxalement « révolutionnaire » pour les anciens pays de l’Est … Outre la liberté syndicale, le traité reconnaît l’existence des Services d’Intérêts Généraux destinés à promouvoir la cohésion sociale et territoriale (service public européen) et autorisés ainsi à déroger aux règles de la concurrence.
L’acte le plus important et le plus symbolique est l’intégration de la Charte des Droits Fondamentaux au traité qui explique en grande partie la position de la Confédération européenne des syndicats favorable au traité institutionnel à l’unanimité, considérant que ce texte constitue « une base juridique acceptable pour poursuivre le combat pratique en faveur de l’Europe sociale ».
L’appartenance à l’Union va permettre également d’imposer certaines règles aux nouveaux adhérents (intégration progressif de l’acquis communautaire en matière environnementale et sociale par exemple…), les précédents espagnol, portugais ou grec ayant démontré l’utilité d’une telle démarche dans le développement économique et social de ces pays, des mesures ne seront pas sans effet également sur les délocalisations du coup moins attrayantes dans les pays de l’Union.
Si par bien des aspects, le tropisme hexagonal de bien des arguments employés lors du débat apparaît comme réducteur de l’enjeu et de la portée d’un projet politique et social s’adressant aux habitants des 25 pays, trois « particularités hexagonales » se devaient d’être retenues dans le traité constitutionnel. Elles constituent à mon sens une valeur ajoutée au futur édifice européen … Il s’agit de la Laïcité, des Services publics et de l’Exception culturelle, force est de constater que le texte qui nous est proposé intègre ces trois éléments.

Nous sommes ainsi en présence d’un compromis, somme toute, acceptable, très novateur d’ailleurs sur la démocratie participative, la possibilité d’initiatives citoyennes mais également sur la défense de l’environnement, enjeu majeur s’il en est de la décennie et du siècle à venir.

Europe, avant tout un oui de passion !

Trilport, le 16 novembre

Soixante ans après la fin de la deuxième guerre mondiale, cinquante ans après l’échec de la C.E.D, nous voici à une nouvelle étape, à plus d’un égard décisive de ce grand dessein qu’est l’Europe.

Ceci étant, un socialiste français ne peut que se sentir frustré de l’aspect timoré de trop de mesures du traité, notamment sociales et politiques.
Encore faut il avoir l’honnêteté d’assumer sa part de responsabilité, où est le projet politique socialiste européen ?
Le problème est bien là … Et tous les débats sur ce texte finalement quelque peu sécurisant. Si évidemment aucun socialiste n’a jamais conçu l’Europe comme une France en grand, du moins sur les principes, au niveau des arguments, nous n’en sommes pas loin … Trop de camarades croient qu’ils vont faire l’Europe entre socialistes français, ils sont dans l’erreur …
Il y a les textes constitutionnels et les actes politiques. Si Mitterrand fut un adversaire résolu de la Constitution de 1958, il s’en est accommodé et cette Constitution n’a pas empêché la gauche d’être la gauche et de mener sa politique . Plus que les textes, il faut avoir le projet, la stratégie, le pouvoir, la durée et la volonté de faire mais ensemble …
Nous n’avons pas le choix, et plus de temps à perdre. Il faut admettre que l’Europe ne sera jamais issue d’un grand soir mais plutôt le fruit d’une suite de compromis successifs, et que c’est sa grande richesse. Dans l’histoire de l’humanité, il n’existe pas d’équivalent à la démarche européenne. Les ennemis historiques d’hier n’ont pas fait table rase de leurs différents mais s’en sont au contraire nourrie … les deuils, les guerres, les atrocités qui ont parcourues les siècles derniers et particulièrement le XX eme siècle sur les terres de nos pays donnent toute sa valeur à ce choix, mûrement réfléchie, de s’unir pour exister et proposer une vision humaniste de la société, où tout n’est pas marchandise. Nous voulons un monde solidaire, équilibré et propre, l’Europe s’impose comme la conséquence même de cette volonté encore faut il lui donner vie politiquement !

Au travail, camarades !
Nous devons avec les tous les socialistes européens élaborer un réel projet politique. Un projet nécessairement réformiste car l’Europe politique, se construira avec l’Europe telle qu’elle est, pour déboucher sur une autre mondialisation.
Quittons le terrain de l’incantation et abordons enfin celui de la construction politique européenne afin de donner vie à une réelle alternative pour notre planète, ce qui permettrait de répondre enfin à l’attente de nombreux pays du Tiers et du Quart monde et aux générations futures de disposer de réelles perspectives d’espoir. Comme le disait Salvador Allende, certes un américain mais du sud, et partisan s’il en est d’un Monde multilatéral débarrassé de la tutelle dominatrice des USA, « L’Histoire est à nous, c’est le Peuple qui la fait »