# Ouvrir la voie à l’économie circulaire #AncredeLune 2/2

J’ai le plaisir d’inaugurer les 45 logements de l’Ancre de lune avec JP Dugoin Clément pour la région et GPA, Vincent Hallier pour Le Foyer Rémois et Charles Tamazoun pour la DDT de Seine et Marne

Si les 45 logements de l’ancre de Lune que nous venons d’inaugurer constituent une première nationale, ce n’est pas du fait d’une innovation technologique higt tech dernier cri, mais d’un simple retour à un art de construire basé sur des matériaux locaux naturels.
C’est effectivement la première fois en France qu’un collectif de 3 étages (R+3) utilise la technique du béton de chanvre projeté. Cette réalisation devrait atteindre le label E+C- niveau E2C1, et le niveau 2 du label « Bâtiment Bio-sourcé », ce qui constitue une véritable prouesse à l’heure actuelle !
Signalons également que l’aménagement végétal de l’opération est de qualité, les logements lumineux spacieux, autant d’éléments qui permettront aux futurs locataires de bénéficier d’un magnifique cadre de vie. Je tiens à saluer la qualité de la réalisation de l’opérateur, Le Foyer Rémois comme de ses équipes, d’autant que cette opération promeut les mixités, qu’elles soient fonctionnelles, générationnelles et sociales, et permettront de diversifier le parcours résidentiel de Trilport grâce aux 45 nouveaux logements de tailles différentes, qui seront ouverts à des publics PLAI, PLUS et PLS.

Tout cependant n’a pas été aussi simple ! Faire d’une expérimentation environnementale dans l’air du temps, exceptionnelle et vertueuse a bien des titres, une réalité concrète, nous a mené, aussi invraisemblable que cela puisse paraitre en 2021, à conduire un véritable combat administratif pour obtenir les homologations nécessaires.
Comme quoi vouloir sortir du « tout béton et du tout laine de verre ou de roche» semble toujours constituer en 2021 une véritable gageure. Force des habitudes ou des lobbies ? Une situation parfaitement inadmissible au regard de l’urgence climatique et de la nécessité de construire autrement avec des matériaux pouvant être recycler pour limiter significativement notre empreinte carbone.
Avec cette réalisation, nous avons cependant contribuer à changer la donne, notamment auprès du CSTB, grâce à la qualité, le professionalisme et le sérieux du travail effectué, c’est aussi cela ouvrir la voie.
Une remarque cependant, les diverses péripéties rencontré n’ont pas été sans incidence sur l’équilibre économique de l’opération. Aussi je tenais à souligner l’implication du Foyer Rémois en la matière, sa détermination et son engagement d’autant plus remarquable, que la dimension qualitative ne se limite pas au seul béton de chanvre projeté. J’ajouterais de plus, que la classification en zone 2 de logement social, à l’époque, de Trilport, n’a certainement rien arrangé en ce domaine.

Nous retiendrons simplement, que ce premier collectif de l’ancre de Lune constitue une réussite tout à fait exceptionnelle. Du haut des 13 mètres et quelques centimètres de hauteur du bâtiment (R + 3) ce sont 25 hectares de chanvre cultivés localement durant une année qui nous contemplent. 25 hectares de culture qui ont permis de récolter les 70 tonnes de chanvre nécessaires à la réalisation de ce collectif et transformé à proximité (moins de 15 km du chantier).
Autre élément significatif à prendre en considération, un hectare de chanvre cultivé capte en une année 15 tonnes de Co2, la construction de ce collectif représente ainsi 375 tonnes de CO2 !
Le bâtiment du Foyer Rémois démontre qu’il est possible de construire un bâtiment à très faible empreinte carbone avec des matériaux bio sourcés naturels et des procédés innovants tout en garantissant aux locataires un confort accru et des charges maîtrisées.

Mais pourquoi le chanvre et quelles perspectives pour cette filière émergente que Trilport a contribué à faire connaître ? Une filière locale bio sourcé qui pourrait fort bien se révéler dans les prochaines années une véritable pépite et un gisement d’emplois et d’activités liées à l’économie circulaire.

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Edgar pense global et il a bien raison

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« Je pense que le mot métamorphose est plus riche que le mot révolution…

La métamorphose signifie qu’il n’y a pas rupture totale avec le passé : on utilise au contraire l’acquis culturel de l’histoire passée de l’humanité…

C’est ce processus de transformation que nous connaissons très bien chez la chenille qui, s’enfermant dans sa chrysalide, commence à s’autodétruire avec des ailes en tant que papillon. La chenille est devenue une autre, à partir d’elle même.

On sait avec quelle difficulté, quand la chrysalide s’ouvre, le papillon parvient à déployer ses ailes avant de pouvoir s’envoler. Comme un enfantement, la métamorphose s’accomplit dans la douleur.

Toute l’évolution est donc un processus de création qui crée de la destruction. La formule de Schumpeter la « destruction créatrice » qui est reprise un peu partout est à mon avis fausse : c’est la création qui est destructrice …

Nous vivons le commencement d’un commencement. »

 

Edgar Nahoum, dit Edgar Morin,

Grand résistant, sociologue et philosophe français.

Tirée de son dernier ouvrage : « Penser global »

 

Pour prolonger, un entretien de 2013 au Monde, toujours d’actualité car Edgar Morin garde toujours quelques stations d’avance « Il faut enseigner ce qu’est être humain » …

 

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La puissance d’un tweet

votre tele et vous.jpgC’est peu de dire que le manque de rigueur et d’éthique des journalistes de l’émission « Des paroles et des actes » dont l’invité était Christine Taubira m’a interpellé.
J’ai réagis en envoyant un tweet le soir même puis un mel le lendemain au médiateur de l’information de France Télévision, Nicolas Jacobs, afin d’exprimer le fond de ma pensée. Pour être tout à fait honnête, une telle réaction est une première pour moi, mais l’émission de Pujadas a été  la goutte d’eau de trop, un quasi point de non retour.

 A ma grande surprise Nicolas Jacobs m’a contacté suite à ce mel, puis après une longue discussion m’a proposé de participer à l’émission mensuelle animée par Marie Laure Augry sur la 3 « Votre télé et vous ».
Ce que j’ai accepté, étant très attaché à la télé publique, par culture et histoire personnelle. Ma conscience de citoyen s’est forgée en partie autour de certaines émissions des chaines publiques, notamment politiques, qui ont marqué ma jeunesse comme celle de tant d’autres. Les paroles mais aussi les silences, avait alors non seulement du poids, de la consistance, mais aussi et surtout, du sens. Pour l’interviewer, seules les réponses importaient alors, non ses questions.

De vrais temps forts structurant, éveillant les consciences, traitant du fond, apportant des clés de lecture et de décryptage utiles, évacuant la facilité, l’écume médiatique, le sensationnel, le superficiel ou le superflu… L’émission de Pujadas en est malheureusement à des années lumière.
C’est pour exprimer tout cela que j’ai participé à l’émission de Marie Laure Augry, dont les deux volets sont accessibles par internet  (émission et bonus internet du 25 septembre 2013).

Tout a en fait commencé par un tweet, c’est la force des réseaux sociaux :

«#DPDA #pujadas @chtaubira : Au secours Desgraupes ils sont devenus fous : l’indignité de Pujadas»

Mais, je vous propose d’aller un peu plus loin que ses 140 caractères …

 

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Carte postale de Berlin (2/2) : de la commune

Berlin_1.jpgAprès avoir décrit l’organisation territoriale allemande de manière globale, (cf note précédente), je vous propose d’analyser la collectivité de base du système, la commune, quoi de plus normal pour le Maire que je suis  !

Remarque préalable, les situations divergent considérablement d’un land à l’autre ; entre ceux du nord marqués par la tradition prussienne privilégiant l’autonomie communale, et ceux du sud (Bavière, Bade-Wurtemberg…) plus centralisateurs, bien des nuances existent. La loi fondamentale permet à chaque land de déterminer son système d’administration territoriale.
Cependant les collectivités sont sous la tutelle des länder, qui décident des compétences attribuées aux communes et aux districts (ou « Kreise »), l’équivalent de nos départements, qui ont en charge les routes, l’aménagement du territoire, l’action sociale, la jeunesse, les hôpitaux, l’enseignement secondaire, les ordures ménagères … Ce sont les länder, qui attribuent les dotations financières ou valident les budgets.
Obligation, les budgets des collectivités doivent être équilibré en fonctionnement et l’emprunt n’est autorisé que pour investir ou alimenter sa trésorerie, mais contrairement à la France ou ce principe est respecté, outre Rhin il est surtout théorique, les communes utilisant leurs crédits de trésorerie, à court terme, comme des emprunts à moyen et long terme, les länder ayant « laisser-faire » ce dérapage. Conséquence, l’endettement atteint désormais un seuil critique  (130 milliards d’euros de dette), une situation paradoxale, vu la santé de l’économie du pays et le dogmatisme budgétaire pour le moins «intransigeant» dont fait preuve la Chancelière.

Les collectivités allemandes sont à des années lumière de la règle d’or, pourtant respectée avec application par les communes françaises. En Nord Westphalie, seules 10% des communes ont un budget équilibré en 2011. Une étude du cabinet d’audit Ernst & Young publiée ces derniers jours noircit ce tableau déjà sombre. Une commune allemande sur deux estime que son endettement va se creuser dans les trois prochaines années, et une sur trois qu’elle ne sera pas en capacité de rembourser ses emprunts.

Un surendettement qui constitue une bombe à retardement, tant une brusque augmentation des taux ou une baisse de la croissance du pays peut avoir de graves conséquences. D’autres clignotants sont également au rouge dont celui de la croissance démographique, en berne. Menace très sérieuse pour les prochaines décennies, à laquelle il faut ajouter la hausse continue des dépenses sociales et les besoins d’entretenir et de développer les infrastructure du pays. Devant la gravité de la situation, l’Etat a lancé un « Agenda 2020 » en explorant diverses pistes de réforme (fiscalité, répartition des compétences).

Les données quantitatives  2011 de cette note sont issues principalement de l’intervention de Roland Schaffer, Maire de la ville de Bergkamen, et Président de l’Association des villes et municipalités allemands « petites et moyennes communes d’Allemagne » (« Deutscher Städte- und Gemeindebund ») devant notre délégation. Il était déjà intervenu à Castelnaudary en septembre dernier lors des assises des Petites Villes de France.
Son organisation est une des trois associations de collectivités du pays avec celle des « grandes villes » (« Deutsche Städtetag ») et des « départements » (« Deutscher Landkreistag »).

Il s’est exprimé dans un français remarquable. Pour l’anecdote, il décrit sa relation avec notre langue, passionnée, comme celle avec sa femme «  je l’aime mais ne la maitrise pas … », ce qui est excessif, vu la qualité de son intervention …

Attention cette note est du genre … dense et longue, mais le sujet s’y prête !

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Carte postale de Berlin : « du territoire » (1/2)

bundestag.jpgJ’ai participé avec une délégation de Maires Seine et Marnais à un voyage d’études à Berlin destiné à observer de plus prés l’organisation territoriale du pays, thématique très en vogue actuellement. Cette visite riche en enseignements a permis de confronter certaines idées reçues sur les avantages pré supposés du «modèle allemand» au principe de réalité, et de mieux comprendre les particularités de nos villes jumelées (pour Trilport, Engen).

Une visite placée également sous le signe de l’amitié franco allemande dont nous célébrerons d’ici quelques semaines le 50 ème anniversaire. C’est en effet le 21 janvier 1963 que Konrad Adenauer et Charles de Gaulle ont signé le traité de l’Elysée,  véritable point de départ de l’histoire d’amitié entre nos deux pays qui, malgré quelques turbulences conjoncturelles, se poursuit.
Comment ne pas évoquer l’émotion qui m’a étreint lorsque j’ai longé des vestiges du Mur de Berlin ou lors de notre visite au stade olympique de Berlin devant la cloche des jeux olympiques de 1936, de sinistre mémoire, où les ombres d’Hitler, de Goebbels se confondaient avec celle beaucoup plus sympathique de Jesse Owens.

Suite à ce séjour, une réflexion d’ordre général s’impose. Il apparaît délicat de dissocier et de déconnecter l’organisation territoriale d’un pays de son histoire, tant elle en est la résultante. Cependant l’histoire par définition n’est pas figée, elle évolue au gré des évènements ou des circonstances et rappellons que nous avons désormais une histoire commune à écrire, celle de l’Europe.

Nous avons été accueilli par Roland Schäfer, Président de l’Association des villes et municipalités allemands (petites et moyennes communes d’Allemagne ou Deutscher Städte- und Gemeindebund) et par une délégation de trois députés du Bundestag (CDU, SPD, LINKE) membres du groupe d’amitié franco allemand. Nous avons pu ainsi disposer de deux points de vue différents : l’un issue du représentant des communes, l’autre de ceux du parlement, nous avons pu ainsi toucher du doigt certaines problématiques ou conflits d’intérêt.
Nous reviendrons dans une prochaine note sur la situation budgétaire des communes allemandes, pour le moins contrastée, la règle d’or n’étant semble t’il pas la règle la mieux respectée par les collectivités d’outre Rhin, mais avant d’aborder  l’aspect budgétaire :

Quid de ce « mille feuille territorial » dénoncé par certains politiques ou médias nationaux,  est il réellement une spécificité franco française ? …

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Sopron, Hongrie, le 19 aout

sopron4.jpgJ’étais le 19 aout dernier à Sopron, ville-frontière située entre Hongrie et Autriche, à moins d’une heure de l’aéroport de Vienne. Spécialité locale : la médecine dentaire.
Un vrai Eldorado, tant pour les patients, du fait du rapport qualité / prix  qui malgré l’affluence reste inégalé, que pour le pays, le succès croissant du tourisme dentaire entrainant une prospérité économique sans précédent, du au développement de l’activité et du nombre de cabinets de dentistes et de cliniques spécialisées.

Si rien ici, ne rappelle plus le Rideau de fer, cette villeconstitue pourtant un symbole historique fort de cette époque. En 1990, lors des cérémonies célébrant la réunification Allemande, le chancelier Helmut Kolh a d’ailleurs déclaré : «La chute du mur de Berlin a commencé en Hongrie, le premier pas vers la réunion allemande était le pique-nique paneuropéen».

Ce fameux pique nique s’est effectivement déroulé à Sopron le 19 aout 1989, trente ans après la construction du mur de Berlin, des images qui ont fait le tour de monde.

Nous étions sur le site même du pique nique, aménagé comme un lieu de mémoire, j’allais dire de pèlerinage européen, et avons assisté aux cérémonies commémorant la date anniversaire de ce moment symbolique et pacifique qui a contribué à faire émerger l’Europe et fait vaciller le rideau de fer.

 

Les parrains de cette petite fête champêtre et insolite, bucolique cependant, étaient Imre Pozsgay pour l’opposition hongroise, et le prince Otto de Hasbourg (décédé en juillet dernier à qui je consacrerais  une prochaine note) Président du mouvement pan-européen.
Leur carton d’invitation, un simple tract représentant une rose sur un barbelé indiquant le lieu et les horaires de ce moment de convivialité. Tous deux cependant, afin de ne pas compromettre la réussite de cet événement, avaient prévenu les autorités qu’ils n’y participeraient pas personnellement.
Le barbecue organisé autour « de saucisses, des grillades et de la bière » était une première apparemment insensée : entrouvrir durant trois heures la frontière avec l’Autriche fermée depuis quarante ans afin de célébrer officiellement des relations de bon voisinage entre frontaliers.
Les deux pays étaient alors séparés, non par un mur comme à Berlin, mais par un réseau continu de 246 kilomètres de barbelés et de champ de mines. Il est utile de rappeler que de tels murs subsistent toujours sur la planète,notamment en Palestine sur plus de 700 km, et aux USA pour « protéger » ce grand pays des « poors workers » mexicains, un mur de la honte surnommée la « tortilla border » s’étalant sur 3200 km entre Océan Atlantique et Océan Pacifique.

Si à l’époque l’heure est déjà à la détente, les Hongrois ont enfin droit à des passeports qui leur permettent désormais de voyager à l’étranger et depuis 1985 l’URSS a pour dirigeant Mikhail Gorbatchev qui avec la Glasnost va changer la face du monde, l’initiative est tout de même gonflée. Les répressions qui ont suivi les évènements de Budapest en 1956, puis de Prague en 1968 sont encore dans les mémoires.
Le pique nique pan européen, va entrer dans l’histoire comme la 1ere brèche qui va ébranler le mur de Berlin ; trois mois plus tard , le 9 novembre 1989, celui ci s’effondrait.
Profitant de l’aubaine, 661 allemands de l’Est se sont invités au dessert, en jogging ou en Trabant et souvent en famille ils passent à l’Ouest sans qu’un seul coup de feu ne soit tiré ! L’un des principaux organisateurs de l’événement Laszlo Magas a déclaré lors des cérémonies du 20 eme anniversaire, « C’était comme si le génie sortait de la lampe merveilleuse d’Aladin. C’est comme un gros coup de chance, une ironie de l’Histoire ».
Il n’est reste pas moins vrai qu’à l’été 1989, personne ne pouvait prévoir la suite des évènements …

Ce lieu, cette date, cette manifestation, ont permis sans doute à notre continent de prendre un raccourci de histoire pour libérer enfin, « l’Europe captive » du communisme, comme l’écrivait Milan Kundera.

 

22 ans après que penser d’un tel événement ?

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