Éducation, la nouvelle donne 2/2

Trilport n’est pas Marseille est de loin. Nous ne sommes pas à la même latitude, n’avons pas les mêmes horizons, le même rapport au soleil, nos habitants s’il parlent la même langue ont des intonations et accents qui diffèrent et à priori nous n’avons pas non plus les mêmes écoles. Les remous suscités par la situation de celles de cette belle et grande ville lors de la dernière rentrée scolaire soulignent, en contrepoint, l’importance du rôle de la commune en ce domaine et la nécessité pour les élus d’en faire un des axes majeurs durables de leurs politiques locales, y compris pour les petites villes.

Pourtant le sujet devient absolument crucial. Comment en 2021 les collectivités peuvent elles contribuer concrètement à relever un défi aussi majeur pour le devenir de notre société et sa cohésion que celui de l’Éducation ?
L’école de la république ne doit laisser personne au bord du chemin et renouer au plus vite avec sa mission émancipatrice initiale. Il n’est pas admissible que tout citoyen quelque soit son origine, son milieu social ou son lieu de résidence, ne puisse disposer de la capacité de trouver sa juste place dans la société afin d’y exprimer toutes ses potentialités !
Faire de l’Éducation nationale le bouc émissaire d’une telle situation apparait simpliste et réducteur. Si notre système éducatif n’est plus depuis des décennies l’ascenseur social d’autrefois, cette responsabilité est avant tout collective, comme abordé dans le précédent billet.

La crise du système éducatif, la mutation numérique et environnementale, les problèmes de citoyenneté dans la cité, l’éclatement de la cellule familiale, les phénomènes identitaires et communautaires, le manque de perspectives proposées à nos concitoyens sont autant de faits qui doivent mener les élus locaux à réfléchir sur les politiques publiques de proximité à déployer auprès des plus jeunes.
Aussi beaucoup de Maires s’interrogent aujourd’hui, d’autant que le Ministère de l’Éducation Nationale a considérablement élargi son périmètre d’intervention. Il a désormais en responsabilité directe l’ensemble des domaines liés au périscolaire et au sport, seule la dimension culturelle échappe à son spectre.

Est ce un bien ? L’avenir le dira, mais nos collectivités se doivent d’intégrer ce changement de paradigme et les multiples conséquences qui en découlent, afin de n’’être pas réduit au seul rôle de payeur de politiques initiées, souvent sans concertation, directement de Paris et variant au fil des alternances. Les « stop and go » qui ont caractérisé ces 20 derniers années les politiques scolaires déployés par les gouvernements successifs démontrent les limites d’une telle perspective.
Il apparait essentiel de ne pas définir de modèle unique en matière éducative et d’épanouissement de la jeunesse, mais au contraire d’encourager la diversité des approches comme celle des acteurs.

Le confinement a dévoilé au grand jour certaines failles profondes, jusque là ignorées ou minorées. Leur ampleur doit cependant nous amener à agir différemment et à initier de nouvelles approches.
Si autrefois la mission d’une commune se limitait à mettre à disposition des salles de classe, à les chauffer et les entretenir, ce temps est bien révolu … Comment agir utilement et en complémentarité, afin de permettre à nos jeunes de devenir des citoyens accomplis, conscients de leurs droits et devoirs, ouverts au sens critique et ayant la possibilité d’exprimer leur potentiel et de s’adapter par la suite aux mutations d’un monde qui avance et ne nous attend pas ?

Voici quelques pistes expérimentés dans notre petite ville, comme tant d’autres qui ont fait de l’Education une priorité de leur action locale. Aucune exemplarité n’est ici revendiquée d’autant que le Covid nous a amené à douter, nous interroger et à nous positionner sur d’autres champs jusque là inexplorées …

( voir le précédent billet)

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La transformation numérique des territoires ne peut se faire sans les collectivités

Les Ministres Amélie de Montchanin et Cédric O ont invité les associations d’élus à débattre sur le volet du Plan de relance consacrée à la « Transformation numérique de l’Etat et des Territoires », réunion dans laquelle je représentais les Petites Villes de France.
Avis unanime, pour réussir une telle transformation ne peut se faire sans les collectivités. Si le plan France Relance mobilise des moyens financiers considérables (500 millions d’euros), il ne constituera une réelle opportunité qu’à cette seule condition, tant il apparait que pour être acceptable et acceptée de tous, cette démarche doit tenir compte en premier lieu des besoins de nos concitoyens et des contraintes que doivent surmonter les acteurs du terrain.

Si nous partageons l’ambition de décliner au plus près de nos concitoyens les politiques publiques, vouloir faire proximité (le « fameux dernier kilomètre ») nécessite pour s’inscrire au quotidien et dans la durée, certains préalables : intégrer les contraintes du terrain, s’appuyer sur les acteurs locaux, faciliter la vie des usagers (approche « Ux » : parcours usagers, ergonomie, expérience utilisateur …), privilégier une démarche ascendante de type « bottom up ».

Investir dans le numérique, suppose de miser plutôt sur les technologies d’avenir que celles du passé, fut-il «immédiat » et si ce n’est d’anticiper les tendances à venir, de tenir compte de celles qui ne sont déjà plus des signaux faibles : explosion des échanges de données, omniprésence de la data, nécessité absolue de travailler sur la robustesse des systèmes, lutte contre la cyber délinquance, sécurisation des accès (identités numériques), émergence de technologies disruptives telle la blockchain …

C’est bien le sens des propositions qui suivent …

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Numérique éducatif : Quels enjeux partagés pour l’école du XXI eme siècle ?

« Les nations qui s’avancent à travers les siècles ont besoin d’une instruction qui, se renouvelant et se corrigeant sans cesse, suive la marche du temps, la prévienne quelquefois, et ne la contrarie jamais. » Condorcet

Le confinement nous a pris de cours et la crise sanitaire, « crash test » grandeur nature a révélé fragilités structurelles, retard des usages numérique, dépendances du pays, provoquant une prise de conscience collective intervenue dans une période rendue délicate du fait de la mutation en cours.
La planète devient réticulaire et digitale, transformation d’autant plus déstabilisatrice que ce mouvement s’accélère. La « création destructrice », pour reprendre l’expression d’Edgar Morin, déroule sa longue traine, globale, systémique, bouleversant vies intimes, relations sociales ou économiques, et modifiant sensiblement notre rapport aux autres, à la société, au temps …
Un nouveau monde émerge, ce qui influe inévitablement sur la transmission des savoirs ; véritable révolution copernicienne, le numérique induit l’émergence de nouveaux modèles pédagogiques comme le développement d’habiletés spécifiques. L’école ne peut se permettre d’être « hors sol » et « hors du temps » vis à vis du monde extérieur auquel elle est connectée, au propre comme au figuré.
Afin de tirer les enseignements de ces derniers mois, le Ministre de l’Éducation a initié « Les États Généraux du Numérique pour l’éducation ». J’ai rédigé au nom de l’Association des Petites Villes de France (ou APVF) une contribution qui rassemble certaines de nos propositions.

L’Éducation constitue une compétence régalienne de l’État, mais depuis les lois de décentralisation elle est aussi l’affaire des collectivités. La ligne de partage semble claire, chacun détenant sa part de compétences, cependant sur le terrain la réalité est beaucoup plus floue. Aussi il devient urgent de définir une feuille de route partagée, y compris au niveau le plus local, afin de clarifier les responsabilités de chaque acteur et d’agir en commun afin de préparer au mieux notre société à répondre aux défis du XXI âme siècle .

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Trilport, reçu 5 sur 5 : @@@@@

Le Ministre de la Ville et du Logement Julien Denormandie remet les 5 arobases à la ville de Trilport (Photo Vills Internet)

L’association Villes Internet a dévoilé mardi 29 juin à la Défense, en présence du Ministre Julien de Normandie, son palmarès 2019.
Depuis vingt ans, cette association attribue aux collectivités lauréates son label national (allant de 1 à 5 arobases), selon la nature et de la diversité du panel de services connectés mis en place auprès des habitants et le déploiement de politiques publiques numériques locales qui soient respectueuses de leurs utilisateurs et visent à promouvoir un numérique citoyen accessible à tous.
Villes Internet est devenue un acteur incontournable des pouvoirs public dans le domaine de l’internet. L’association porte la vision d’un numérique citoyen, accessible à tous, réellement inclusif et n’oublie pas une dimension réellement éthique. Elle fédère les élus, acteurs locaux, partenaires institutionnels impliqués dans le développement de l’internet citoyen et du numérique urbain, initiateurs de politiques publiques à l’échelle locale ou nationale.

Soixante-trois communes françaises ont reçu la distinction la plus prestigieuse, celle des « 5 arrobases », Trilport en fait partie comme 17 communes d’Ile de France (voir plus loin).
Pour sa première participation, en 2018, la ville avait déjà obtenu 4 arobases, et a poursuivi, en cohérence, l’actions engagée. Les 5 « @@@@@ » sont une reconnaissance officielle et objective de la politique initiée depuis plusieurs années dans le domaine du numérique, de sa cohérence et de sa portée transversale et globale, malgré les moyens financiers et humains limités d’une petite ville de 5 000 habitants.
C’est également l’engagement dans un « internet citoyen » de la commune qui a été récompensé. Trilport a été effectivement une des premières collectivités au niveau national à avoir proposé et signé un partenariat avec la société française Qwant, afin notamment de déployer dans ses écoles, pour le plus grand bonheur des équipes éducatives et des élèves, la solution Qwant junior.

Concourir au label de Villes Internet, est un excellent moyen de situer l’action engagée dans une perspective réfléchie et réellement documentée, d’auto évaluer la démarche initiée, de se donner également des axes de progression cohérents et une méthode d’action qui soit transversale et globale. Obtenir 5 arobases ne peut être un objectif même si cela demeure une réelle satisfaction. 

L’évaluation à l’origine de l’attribution du nombre d’arobases respecte une matrice privilégiant une approche républicaine du numérique autour de quatre axes prioritaires :

  1. Démocratie et services publics : Identités, droits et libertés, Vie associative, Services publics, Démocratie locale
  2. Vivre ensemble : Vie quotidienne, Cohésion sociale, Solidarités, Territoire durable
  3. Partage des connaissances : Éducation, Médiation, Coopérations, Culture et patrimoine
  4. Création de richesses : Emploi, Innovation, Développement économique, Attractivité du territoire

Quelles sont les actions initiées par Trilport dans ce cadre comme les prochaines étapes que la ville a planifié ?

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Numérique : Quand Trilport ouvre la voie à Issy les Moulineaux

Table ronde : « Place de l’éthique dans les pratiques numériques (Photo Cap-Com) 

Les rencontres nationales de la communication numérique, organisées chaque année à Issy les Moulineaux au siège de Microsoft, rassemblent les acteurs de la communication publique qui grâce aux conférences, retours d’expérience, ateliers organisés, ont l’occasion d’enrichir leur palette. Ils complètent ainsi leur boîte à outils, découvrent les dernières innovations et échangent également sur les problématiques de fond liées à un domaine en effervescence quasi permanente. Base line de la manifestation : « La communication publique est un service public » …

Au menu de cette 8eme édition, les thématiques correspondant à l’actualité du moment : ouverture des données publiques, protection des données personnelles, Big Data, et plus surprenant, la place de l’Ethique dans la mutation digitale de notre société. 

J’ai participé à une table ronde consacrée « à la place de l’éthique dans les pratiques numériques ». La ville de Trilport étant effectivement une des premières collectivités à avoir noué un partenariat avec la société Qwant qui a fait de cette valeur un véritable marqueur et son cheval de bataille principal.
Satisfaction personnelle, l’annonce faite par lssy les Moulineaux de la signature d’un partenariat similaire à celui que nous avions noué l’an dernier avec Qwant. Le mouvement initié prend ainsi au fil des mois de plus en plus d’ampleur, y compris auprès d’une ville aussi emblématique dans le domaine du numérique qu’Issy les Moulineaux !
C’est peu de dire que nous n’avons pourtant pas les mêmes moyens financiers, humains ou logistiques !

Pourquoi la volonté de se préoccuper d’éthique devient elle aussi essentielle aujourd’hui dans une société de plus en plus numérique ?

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Vous avez dit « tiers lieux » ?

Cet interview réalisé il y a trois ans,  illustre tout le potentiel pour nos territoires de telles structures, ainsi que la fragilité d’un modèle économique encore non mature qui a amené le télécentre de Trilport a fermé ses portes depuis. Un retour d’expérience  qui illustre tout l’intérêt de la mission animée par Patrick Levy-Waitz.  

Julien de Normandie, Secrétaire d’État auprès du Ministre de la Cohésion des territoires, avait confié à Patrick Levy-Waitz, président de la Fondation « Travailler Autrement » une mission autour des « Tiers Lieux » avec un double objectif : établir un diagnostic sur l’utilité ou non de telles structures pour nos territoires, et si oui, de proposer un plan d’action destiné à les développer, notamment dans  les espaces péri urbain et rural.

Après six mois de visites, de rencontres et d’échanges avec les acteurs de terrain sur tout le territoire (animateurs des tiers-lieux, collectivités locales, élus, acteurs économiques et sociaux …), la mission a répertorié en France près de 1800 tiers lieux dont 46 % se situent en dehors des métropoles et vient de rendre son rapport au Ministre.
De ce travail en immersion dans les territoires, Patrick Levy Waitz a tiré quatre enseignements majeurs :

  • L’émergence de ces tiers-lieux, loin d’être marginal, s’inscrit dans un mouvement de fond qui touche l’ensemble du territoire ;
  • Ces tiers-lieux sont localement porteurs de dynamiques économique et sociale très structurantes ;
  • L’essor de ces lieux préfigure celui des nouvelles manières de travailler (télétravail, travailleurs indépendants) ;
  • Enfin, en contribuant à développer des activités de proximité et à encourager les circuits courts, ces lieux sont des acteurs essentiels de la transition numérique et écologique dans les territoires.

Je suis ravi en qualité de référent numérique de l’Association des Petites Villes de France (APVF) d’avoir participé à cette réflexion collaborative pour laquelle nous avons réalisé une contribution.
Comme Patrick Levy Waitz nous pensons effectivement que les Tiers Lieux constituent  non seulement une opportunité pour nos collectivités et un outil utile pour combattre concrètement les fractures territoriales, mais qu’ils constituent potentiellement de véritables Carrefours des Possibles …
Nous soutenons cette initiative tant elle contribue à semer  des graines d’espoir dans des territoires qui trop souvent en manquent terriblement.

Pour télécharger le rapport 

Notes précédentes sur le sujet

La problématique des tiers lieux avaient déjà donné lieu à trois notes d’Entre Marne & Forêts.

Télécentre, le monde du réel est proche

Les télécentres émergent de l’horizon

Les télétravailleurs rêvent ils de télés centres « ubiques »