2/2 Éducation : « additionnons et ne divisons pas »

Si Olivier Véran, suite au départ de Pap N’Daye du gouvernement, souligne que les missions des ministres sont de « faire, faire savoir et pouvoir tenir le débat politique de l’Hémicycle », pour ce qui concerne les élus locaux impliqués sur les questions éducatives, c’est surtout la capacité du ministre à faire en privilégiant un travail collaboratif avec les collectivités qui importe, tant l’éducation est une responsabilité qu’ils partagent.
Certains en doutaient peut être, mais le bilan de Jean Michel Blanquer souligne combien il est important que chaque acteur de la communauté éducative, fut il ministre, enseignant ou maire (pour le 1er degré) se considère comme partie d’un tout et non le tout à lui tout seul.

C’est sur la concertation que nous attendons effectivement Gabriel Attal, tant les « stop and go » successifs subis par le système éducatif ces dernières années ont eu un effet délétère et démobilisateur contribuant sans doute à la triste situation actuelle : crise des vocations et des recrutements de professeurs, démotivation des équipes éducatives, affaiblissement du niveau des élèves, multiplication des sorties du système scolaire sans solution, problématique de l’école inclusive mais également les questions liée s au harcèlement scolaire … voilà sans doute pourquoi un Français sur deux n’a plus confiance aujourd’hui dans l’institution scolaire

L’Éducation constitue un enjeu majeur et stratégique pour le pays, challenge collectif qui ne concerne évidemment pas que le seul Ministre de l’Éducation nationale mais bien toute la communauté éducative.
Avant d’aborder les dossiers concrets que les Maires des Petites Villes, parmi les associations d’élus, ont proposé à Pap N’Daye d’aborder sur le fond, comment ne pas revenir sur les « émeutes urbaines » des dernières semaines ?
Ces évènements soulignent le divorce latent entre la société, au sens large, et des jeunes ayant perdu le fil de la citoyenneté. Si les Maires ont évidemment traité les conséquences de ces émeutes, souvent par la médiation, leur priorité est bien d’agir avant tout sur les causes.
Nul ne peut sortir indemne de cet épisode, c’est pourquoi la parole politique doit être mesurée et responsable, à la hauteur de l’enjeu. Soulignons que la grande majorité des émeutiers étaient des mineurs (collégiens et lycéens), réalité qu’il faut prendre en compte et qui atteste de l’urgence à réconcilier une partie de la jeunesse aux valeurs républicaines, elle constitue qu’on le veuille ou non l’avenir du pays.
L’école de la république, creuset de citoyenneté s’il en est, doit renouer au plus vite avec sa mission émancipatrice. Il n’est pas admissible qu’un jeune selon son origine, milieu social ou lieu de vie ne dispose pas de la capacité de trouver une juste place dans la société pour y exprimer toutes ses potentialités, du fait d’une assignation à résidence qui concerne trop de nos territoires.

L’école ne pourra seule relever ce défi. Au regard de l’importance de l’enjeu les élus locaux sont mobilisés pour accompagner toute politique éducative allant dans ce sens, tant leur rôle est complémentaire de celui de l’Éducation Nationale, surtout dans le 1er degré ; la moitié d’une scolarité complète ne s’effectue t’elle pas dans les structures scolaires mises en place par les communes ?

J’avais, au nom des Petites Villes et aux enseignements du COVID, interpellé le Ministre sur des problématiques liées au primaire nécessitant selon les élus des Petites Villes d’être abordés sur le fond :

  • Privilégier une appréhension globale de la gestion et du suivi des différents temps de vie des élèves dans une même journée scolaire (temps scolaire et péri scolaire) afin de rendre cette journée plus fluide, constructive et harmonieuse ;
  • Ne pas limiter l’accompagnement à la parentalité à la seule petite enfance. L’essentiel des « émeutiers » des dernières semaines étaient collégiens ou lycéens ;
  • Réfléchir collectivement à une approche éducative « hors école » afin de la rendre plus complémentaire de celle initiée à l’école : accompagnement scolaire ( le « travail personnel » constitue un discriminant social majeur), tutorat, accès à de nouvelles pratiques culturelles via la médiation et les usages numérique …
  • Agir pour une école plus inclusive, notamment et surtout en direction des enfants en situation d’handicap, qui sont en nombre croissant. Il est essentiel de faciliter le suivi administratif et les démarches des familles afin de leur éviter une véritable triple peine et de se pencher sur le devenir des sections ULIS ;

Nous devons collectivement remettre du sens et de la cohérence dans les actions engagées sur le terrain, afin d’aborder frontalement les fractures éducatives et culturelles que connaissent trop de nos territoires.
Cette volonté pour être concrétisée nécessite d’aborder ces problématiques de manière globale, transversale et non segmentée afin d’éviter tout mode « silotique » et de nous adresser aux causes profondes. Nous avons besoin de tous les partenaires, afin de faire lien, cohésion et sens ; un acteur aussi essentiel pour les collectivités que la CAF, doit être partie prenante de cette réflexion, tant elles les accompagnent dans les politiques locales liées à l’animation (le péri scolaire), à la jeunesse, au lien social ou au handicap déclinées sur le terrain.

Force est de constater que l’accumulation de dispositifs successifs lancés par les différents Ministres ces dernières années à eu tendance à disperser les énergies, diviser, parfois opposer, certains acteurs, faisant perdre lisibilité, crédibilité et confiance dans l’action menée sur le terrain.

Veillons à ne pas « gadgétiser » nos actions éducative et privilégions une démarche partagée concertée, réfléchie, lisible, cohérente et globale. Les communes comme toutes les collectivités (départements, régions) sont prêtes à accompagner le nouveau ministre dans ce chantier prioritaire pour le pays

Comme l’a écrit René Char « Additionnons et ne divisons pas »

2/2 Assises des Petites Villes : Deux enjeux absolument vitaux

Une partie de l’équipe de l’APVF à Millau autour de son Président Christophe Bouillon & de la Ministre

Les défis auxquels nos communes sont confrontés ont été au cœur des débats de Millau, défis que les maires se doivent d’aborder à 360 degrés tant leurs enjeux sont de plus en plus liées. Si l’élu n’est que le premier maillon de différentes chaînes de partenaires, il se doit d’appréhender au mieux les différentes dimensions d’une problématique donnée, afin tout en intervenant sur les conséquences, d’agir dans le même temps sur ses causes.

Deux enjeux ont occupé la majeure partie de nos échanges y compris si d’autres priorités mobilisent également les élus au quotidien telles la question lancinante du logement véritable bombe à fragmentation pour la société avec un risque sérieux d’effet domino ou
les mobilités, priorité partagée par tous les territoires. Être ou non en capacité de se déplacer conditionne l’accès aux études, au travail, à la santé, est surtout permet de ne plus être assigné à résidence. L’intervention volontariste de la Présidente de l’Occitanie, Carole Delga a été très appréciée des élus …

L’enjeu essentiel que nous devons affronter aujourd’hui et sans doute encore plus demain, tant il est systémique et universel est celui de la transition climatique et écologique. Nous sommes dans le dur, beaucoup d’ailleurs disent dans le mur.
2022 marque incontestablement une étape clé dans la prise de conscience collective du phénomène, notamment et surtout en Europe : incidents météos extrêmes, méga incendies, canicules, stress hydrique … Si Christophe Béchu, Ministre de la transition écologique qualifie son ministère comme celui de l’impossible (et qui peut objectivement lui donner tort ?) nous n’avons cependant plus le choix, nous sommes collectivement condamnés à réaliser l’impossible, d’autant que le contexte empire chaque année.
C’est apparu dans beaucoup de nos échanges à Millau notamment l’accès à l’eau qui devient critique dans un nombre croissant de nos territoires. Une situation qui rabat toutes les cartes : économiques, agricoles, environnementales ou sociales ; la question de la soutenabilité est posée tant la gouvernance de cette ressource vitale constitue désormais pour nombre de mes collègues une priorité quasi obsessionnelle.

Autre problématique majeure, tout aussi angoissante : la santé … la faillite est totale et globale : désertification médicale, urgences, dégradation de l’offre, crise hospitalière … le modèle hexagonal est non seulement à bout de souffle mais littéralement en fin de cycle et le pire est sans doute à venir. Six millions de Français ne disposent pas aujourd’hui de médecin traitant et une quarantaine de départements sont sous le seuil critique de 40 médecins pour 100 000 habitants ; dés lors, avoir accès ou non à un médecin généraliste devient un marqueur insupportable d’inégalité territoriale. Une nouvelle fracture se dessine, terrible car vitale : la fracture médicale. Concrètement elle se traduit par une perte de chance intolérable entre habitants selon leur lieu de résidence !

Ne nous y trompons pas, nous devrons dans les prochains mois faire pivoter nombre de nos modèles afin de pouvoir simplement apporter quelques réponses à ses enjeux vitaux . Les élus locaux en ont conscience, ils savent que cela nécessite l’obligation d’embarquer le plus grand nombre de nos concitoyens, non de les diviser

Entrons dans le vif de ces deux sujets …

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Retraites : « Qui sème le vent, récolte … »

Comme plus de deux français sur trois, je suis opposé à la réforme des retraites du gouvernement, tant sur le fond que sur la forme, encore plus critiquable à mes yeux. Comme beaucoup et c’est loin d’être paradoxal, une réforme me semble pourtant indispensable, du fait de la rencontre de deux tendances de fond : allongement de la durée de vie, nombre de plus en plus important de retraités et inversement d’actifs de moins en moins nombreux.
Il est essentiel de placer en première priorité l’héritage légué aux jeunes et futures générations. Leurs marges de manœuvre pour tenir le périlleux chemin de crête que nous leur avons préparé sont plus qu’étroites, un vrai fil du rasoir, entre réchauffement climatique, situation géo politique explosive, bio diversité en déroute et plus localement une dette publique qu’il leur faudra demain rembourser.

J’assume de penser que la retraite à 60 ans, pour toutes et tous, ne m’apparaît ni une proposition sérieuse, ni une alternative crédible, y compris si elle est populaire au prime abord, et présente bien des risques pour la survie de notre modèle social.
Il est plus que temps d’adapter le système des retraites à une donne démographique, sociale et économique qui a totalement pivoté, encore faut-il proposer une voie intelligente, équitable, issue d’une réflexion collaborative, tant chacun se doit de faire preuve d’humilité, la vérité, s’il y en a une, ne peut être que collective et partagée.
Il devient urgent de s’attaquer aux aberrations du système actuel, à leurs racines mêmes : chômage des seniors, critères de pénibilité, carrières longues, situation plus que particulière des femmes ayant eu un parcours professionnel haché, sans oublier l’évidente priorité de redonner du sens à un travail qui se doit d’être émancipateur par essence et non aliénant, ce « léger détail » peut expliquer bien des divergences de la perception des uns et des autres sur cette question des retraites.
Tout ce que n’a pas fait ce gouvernement, comme les précédents d’ailleurs … Aucune anticipation et travail de fond avec les syndicats sur des questions aussi essentielles que le travail des seniors, les critères de pénibilité, l’équité due aux femmes ou l’équilibre financier du système … Tout au contraire verticalité, dogme, manque d’écoute et de dialogue, volonté manifeste de tenir à l’écart les syndicats, intermédiaires pourtant précieux sur les questions relatives aux différents domaines du travail …
Comme beaucoup je n’ai constaté malheureusement que précipitation, confusion, approximations, improvisation et soyons justes, pas seulement du gouvernement …


Le sujet des retraites mérite respect et considération, tant il est au cœur de notre pacte social. Il touche tout à la fois à l’intime, au sens que l’on donne ou veut donner à sa vie, dans toutes ses différentes dimensions : familiale et professionnelle, individuelle et collective … Il en va également des indispensables solidarités entre générations, catégories socio professionnelles ou sexes.
Le pire procureur de cette loi non votée par le parlement mais imposée par le 49.3 (à 9 voix près) est Emmanuel Macron lui même, versus 2017, j’étais alors en phase avec des propos plaçant équité et justice au centre des propositions.

La classe politique ne sort pas grandie de la séquence, loin s’en faut. Ces dernières semaines elle a gravement failli, offrant au pays un spectacle désolant, pitoyable, dramatique et pathétique dans lequel certain(e)s parlementaires ont confondu hémicycle et cirque, et encore de seconde zone, contribuant à abîmer durablement l’image du parlement et de la démocratie et émettant des messages d’une violence extrême. Les dérives du quart d’heure warholien se sont multipliées, amplifiées par l’entre soi, la déconnection au monde réel, les réseaux sociaux et chaines d’info en continu, dans lesquels trop ont sombré, oubliant que l’écume n’a jamais été la vague, ni l’accessoire l’essentiel.

L’élu local que je suis mesure l’impact de telles postures auprès de nos concitoyens, notamment des plus jeunes, et l’absence totale du respect du à nos institutions par les personnes mêmes censées les représenter.
L’application de toutes les procédures « autorisées » au nom d’un « parlementarisme rationalisé » afin d’escamoter le débat public, a grandement participé également au désordre institutionnel et citoyen, n’en doutons pas.
Trop de digues ont lâché altérant en profondeur et gravement le lien républicain avec des conséquences à moyen et long terme pour la démocratie qui m’inquiètent au plus haut point.

Aussi il me semble important et cohérent de souligner en contraste, le remarquable esprit de responsabilité des syndicats, qui malgré vents et marées ont tenu le cap des valeurs républicaines et citoyennes afin d’éviter des débordements que nous avons connu en 2017. Eux seuls ont été à la hauteur et Laurent Berger, notamment, a trouvé le ton digne, serein et déterminé mais toujours respectueux des institutions, il a parlé juste.

Oui, notre pays doit impérativement retrouver des marges de manœuvre budgétaires, il lui faut agir tout à la fois sur une dépense publique qui se doit d’être toujours plus efficiente, comme sur les recettes, et en finir avec la démagogie du toujours moins d’impôt qui fait payer durement de fait la facture à celles et ceux qui ont moins, le mieux d’impôt m’apparaissant de loin préférable. N’oublions pas que nous nous devons également d’investir pour demain.
S’obstiner à proposer une réforme partiale et partielle afin de donner des signes apparents de sérieux budgétaire est non seulement contre productif mais lourd en conséquences démobilisatrices. On pénalise les premiers de corvée que l’on acclamait il y a tout juste quelques mois sans traiter le fond des problèmes.
Le mal est bien plus profond, car structurel. Ces dernières semaines, c’est un très mauvais signal qui a été adressé au pays comme à l’Europe : celui d’une nation clivée, divisée, fracturée. Il est de la responsabilité du Président d’apaiser, de fédérer, d’unir et réunir les énergies afin de remobiliser les uns et les autres, collectivement, pour que notre pays soit en capacité de répondre aux mutations qu’il se doit de relever : climatique, territoriale, environnementale, numérique, sanitaire, et évidemment citoyenne. Il lui faut également et surtout redonner du sens, non seulement au travail, mais à un projet politique collectif commun qui se doit d’être partagé.

Cette responsabilité concerne les différents responsables politiques, tant l’atmosphère vire au clair obscur …

« Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres ». ’Antonio Gramsci

L’urgence de l’essentiel … Bonne année 2023

2023 nous voit renouer enfin avec les cérémonies des vœux qui vont occuper élus et acteurs du territoire durant tout le mois de janvier. J’ai « ouvert le bal » de ce nouveau cycle, Trilport organisant traditionnellement cette manifestation le premier jeudi de l’année.
Cérémonie particulière, ces vœux étant les premiers de ce mandat municipal suite à l’interruption de deux ans due au COVID, autant dire une éternité. Une crise sanitaire qui nous a irrémédiablement transformé que ce soit à titre individuel, familial ou collectif, nos repères de vie ne sont effectivement plus tout à fait les mêmes depuis.

Placée en première ligne, les élus locaux ressentent ce sentiment de mal vivre diffus qui remonte. Nous n’avons jamais eu autant besoin de « faire société » et sommes confrontées dans nos villes, non seulement aux conséquences toujours perceptibles du COVID mais à la montée des individualismes et du repli sur soi dans un contexte il faut le reconnaître plus qu’ anxiogène.
La société s’effrite, se fracture, s’inquiète, une crise de sens qui se double également d’une terrible angoisse envers l’avenir et 2022 n’a en rien atténué une telle perception, bien au contraire !
Nos pays ont connu ces derniers mois une multiplication des épisodes météorologiques extrêmes (canicules, sécheresses, pluies et orages torrentiels …). En 2022 la planète a manifestement passé un cap et nous l’a fait savoir avec fracas.
Une crise environnementale aiguë doublée d’une crise géopolitique majeure avec l’invasion de l’Ukraine par l’armée de Poutine et son cortège d’horreurs, de drames et de douleurs. Une guerre à moins de 2500 kilomètres de nos frontières. Nous nous devons d’avoir une pensée pour le courage du peuple ukrainien qui subit un dramatique hiver, le prix de sa liberté actuelle et future, sans doute également un peu de la nôtre.
Une des nombreuses conséquences de ce terrible conflit est l’explosion des prix de l’énergie qui perturbe et gage d’autant nos capacités d’action respectives et déclenchent un effet domino …
Enfin, l’histoire bégaye parfois, le COVID made in China se rappelle à notre bon souvenir et nous renvoie à des dépendances que nous commencions déjà à oublier …
Pas à dire, ce sentiment d’inquiétude en l’avenir repose sur des bases solides étayées par des faits objectifs … Où sont les perspectives ? A nous acteurs locaux de les créer dans chacun de nos territoires

Oui évidemment les habitants ont besoin de services, d’infrastructures et d’équipements publics pour vivre au quotidien, mais plus que jamais de dynamiques sociales et de solidarités de proximité, tant elles contribuent à leur épanouissement, constituent un élément clé de la cohésion de nos communes et préservent leur capacité à bâtir des perspectives partagées.
Le COVID a démontré toute l’importance des acteurs du terrain en première ligne, il est vital qu’ils puissent toujours , y compris en situation de crise, alimenter la capillarité des métabolismes urbains de nos territoires afin d’éviter que ceux ci ne dépérissent.
Les modèles XXL, sans véritables racines, désincarnés et lointains, considérés autrefois pourtant comme l’alpha et oméga de l’organisation territoriale et de la gouvernance publique ont démontré toutes leurs limites durant la crise sanitaire. « Less is more »

2023 sera placée sous le signe de la sobriété, partout en France, c’est à la fois une nécessité environnementale et budgétaire, tant les finances de beaucoup de nos collectivités sont tendues. Nos villes sont confrontées au défi de faire toujours plus avec beaucoup moins, le moment de rappeler une réalité : les habitants sont de moins en moins contribuables mais de plus en plus usagers, et nos budgets ont le plus grand mal à répondre à leurs demandes, notamment dans la situation en mode dégradée d’aujourd’hui. Encore heureux, ils sont toujours citoyens, mais jusqu’à quand ?

« À force de sacrifier l’essentiel pour l’urgence, on finit par oublier l’urgence de l’essentiel. » a écrit Edgar Morin, centenaire à l’esprit toujours aussi vif et clairvoyant qui a si bien cerné toute la complexité de l’époque.
Qu’il soit rassuré, aucun souci à priori, l’essentiel à retrouvé nos coordonnées et nos adresses et se rappelle à nous avec gravité …
Depuis le COVID, nos territoires se sont habitués au vent mauvais et fait leur le mot résilience qui selon le Larousse est « la capacité d’un écosystème, d’un biotope ou d’un groupe d’individus à se rétablir après une perturbation extérieure »
Question perturbations extérieures, nous avons été servis ces derniers mois ! 2022 a été non seulement perturbée mais plus que perturbatrice, et ce, de janvier à décembre.

Il nous faut plus que jamais nous adapter, qualité qui devient une seconde nature désormais, quasiment gravée dans notre ADN commun, aussi je ne doute pas de notre capacité collective à relever les prochains défis que nous réserve le futur, et en premier lieu déjà ceux de 2023

Notre rôle, surtout aujourd’hui, est d’ouvrir localement des perspectives, d’élargir le champ des possibles pour nos habitants et de nous mobiliser pour, au quotidien, améliorer le présent sans oublier pour autant de préparer l’avenir.

Là est bien l’essentiel, Là est bien l’urgence.

Bonne et heureuse année 2023 à toutes et tous.

Une commémoration utile

Roland Dorgeles dans son roman « Les croix de bois » du nom des croix déposées en catastrophe au-dessus des innombrables cadavres des soldats allemands ou français morts au combat sur les champs de bataille et s’étalant à perte de vue au delà des tranchées telle une ligne d’horizon, fait dire à son personnage principal : « J’trouve que c’est une victoire, parce que j’en suis sorti vivant … » …
Ces mots soulignent toute l’horreur d’un conflit qui marque littéralement la fin d’une époque et l’irruption brutale des temps modernes dans le sang, la douleur et l’horreur … Dans ce chaos, ni vainqueurs, ni vaincus mais des morts et blessés innombrables de toutes nationalités … Pour beaucoup, partir à la guerre, signifiait surtout finir à la guerre, ainsi que l’a chanté l’enchanteur Jacques Brel …

« Si par malheur ils survivaient
C’était pour partir à la guerre
C’était pour finir à la guerre
Aux ordres de quelques sabreurs
Qui exigeaient du bout des lèvres
Qu’ils aillent ouvrir au champ d’horreur
Leurs vingt ans qui n’avaient pu naître
Et ils mouraient à pleine peur
Tout miséreux oui notre bon Maître
Demandez-vous belle jeunesse
Le temps de l’ombre d’un souvenir
Le temps du souffle d’un soupir
Pourquoi ont-ils tué Jaurès? « 

C’est aussi pour cela que commémorer le 11 novembre est utile … En premier lieu pour se recueillir et honorer ces générations sacrifiées. Le poids d’une vie humaine, ce n’est déjà pas rien, mais lorsque l’on sait que la moitié des jeunes Français de 20 ans, partis fleur au fusil quatre auparavant, n’est jamais revenu … Ce sacrifice générationnel mérite considération et respect.

Oui, commémorer le 11 novembre est effectivement utile … Afin de rappeler quelle horrible tragédie fut la « Grande guerre ». Une abominable boucherie et un invraisemblable gâchis humain, historique, diplomatique et plus que tout politique … Plus de 20 millions de morts, militaires et civils sont tombés sur la planète … pour quoi, pour qui ?

Oui, commémorer le 11 novembre est utile … Tant il nous faut absolument transmettre aux nouvelles générations, toute la valeur de la paix et de l’amitié entre les pays et les peuples …

La paix est surtout un combat, ne l’oublions jamais.

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Dimanche 24, ne nous trompons surtout pas d’élections

«  Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres » Gramsci

Si dimanche prochain le second tour de l’élection présidentielle revêt une importance capitale, son résultat demeure toujours indécis et incertain au regard du contexte politique anxiogène que nous connaissons. Cela peut surprendre, vu la gravité des enjeux que doit relever le pays à court, moyen et long terme, mais c’est ainsi.
Aussi que les choses soient dites : ne pas voter Emmanuel Macron c’est assumer le risque de voir Marine Le Pen et ses idées arriver à l’Élysée le 24 avril au soir.

La situation politique est effectivement «perturbée », comme le soulignent certains signaux faibles du 1er tour qui devraient interpeller la classe politique, tant le pire pourrait arriver un jour et espérons que cela ne soit pas ce dimanche soir :
– Plus d’un français sur quatre ne s’est pas déplacé pour voter,. Ce record pour une présidentielle risque fort d’être battu dimanche 24 avril ;
– Près de 800 000 personnes n’ont voté pour aucun des 12 candidats en lice (bulletins nuls ou blanc), soit plus que les voix réunies par Anne Hidalgo ou Nicolas Dupont-Aignan.
– Les formations politiques comme le PS, les écologistes, le PC ou LR n’ont pas atteint les 5%, Anne Hidalgo ne totalisant que la moitié des votes de Jean Lassalle.

Ce panorama témoigne d’un profond malaise démocratique et d’un divorce latent entre les « politiques » et trop de français , l’élection présidentielle intervenant dans un contexte inédit. Nos concitoyens sortent littéralement  »rincés » et désorientés de la succession de crises inédites et systémiques qui s’est abattue sur la France et la planète ces derniers mois : sociale (gilets jaunes), sanitaires (Covid), économique et militaire (Ukraine), environnementale (rapport du GIEC) …
Autant d’événements qui ont déstabilisé un peu plus une société déjà à la peine, confrontées a des transitions douloureuses et multiples à surmonter, devant le faire sans mode d’emploi explicite, boussole, cap vers où se diriger et balises. Incertitudes exacerbant une crise identitaire et existentielle du pays qui dure et perdure tant elle ne date pas d’hier.

Nos concitoyens attendent « un récit commun à écrire et partager ». Une attente légitime qui ne semble cependant pas troubler outre mesure une classe politique engluée dans des rivalités internes d’un autre temps, prisonnière d’une bulle filtrante qui la déconnecte totalement des priorités, peurs et inquiétudes d’un pays en transition, d’un pays qui doute, qui s’interroge sur lui même et son devenir comme de sa place dans le monde.

Je reviendrais peu après sur les causes de ce désenchantement républicain, mais avant toute chose il faut souligner l’importance du scrutin du 24 avril. La question posée n’est pas de choisir entre le niveau d’un verre à moitié plein ou à moitié vide, dimanche soir, selon le résultat, le verre pourrait bien se briser, mais de rappeler simplement ce qu’est l’extrême droite et toutes les conséquences de sa victoire éventuelle au scrutin présidentiel.

La problématique de ce second tour, n’est pas, contrairement à ce que je lis ou entend, de cautionner ou non la politique de Macron et encore moins de lui signer un chèque en blanc, le 1er tour a été sur ce point instructif 😉
La question à laquelle les français doivent répondre est d’un tout autre niveau : accepter ou non l’impasse que constituerait l’extrême droite pour notre pays et l’Europe, refuser ou non de cautionner les « valeurs » qu’elle porte.
Déposer le bulletin Emmanuel Macron dans l’urne dimanche prochain, ne signifie pas donner quitus à sa politique, d’ici quelques semaines se profilent les élections législatives, chaque élection possède sa logique propre. Rappelons quelques évidences que trop semblent oublier aujourd’hui :
– Agir pour le respect des différences, des cultures, de la laïcité, trésor précieux et fragile s’il en est, c’est voter contre Marine Le Pen et pour Emmanuel Macron ;
– Refuser le populisme, la démagogie, le racisme c’est voter contre Marine Le Pen et pour Emmanuel Macron ;
– Maintenir le cadre républicain, le respect des institutions et des conditions d’un débat démocratique serein et respectueux, c’est voter contre Marine Le Pen et pour Emmanuel Macron ;
– Dire non à Poutine et Orban et oui à l’Europe comme à la planète c’est voter contre Marine Le Pen et pour Emmanuel Macron, n’en doutons pas une seconde Poutine lui vote Marine …

Voilà exprimer simplement l’enjeu du scrutin du dimanche 24 avril. Ne nous trompons ni de combat, ni d’élection, ni de bulletin, s’abstenir c’est assumer de prendre le risque de voir Marine Le Pen l’emporter dimanche soir, l’histoire nous a appris que le pire peut toujours arriver …

Penchons nous cependant sur les causes de ce qu’il faut bien appeler un désamour républicain, c’est bien là que le bas blesse …

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