2/2 Éducation : « additionnons et ne divisons pas »

Si Olivier Véran, suite au départ de Pap N’Daye du gouvernement, souligne que les missions des ministres sont de « faire, faire savoir et pouvoir tenir le débat politique de l’Hémicycle », pour ce qui concerne les élus locaux impliqués sur les questions éducatives, c’est surtout la capacité du ministre à faire en privilégiant un travail collaboratif avec les collectivités qui importe, tant l’éducation est une responsabilité qu’ils partagent.
Certains en doutaient peut être, mais le bilan de Jean Michel Blanquer souligne combien il est important que chaque acteur de la communauté éducative, fut il ministre, enseignant ou maire (pour le 1er degré) se considère comme partie d’un tout et non le tout à lui tout seul.

C’est sur la concertation que nous attendons effectivement Gabriel Attal, tant les « stop and go » successifs subis par le système éducatif ces dernières années ont eu un effet délétère et démobilisateur contribuant sans doute à la triste situation actuelle : crise des vocations et des recrutements de professeurs, démotivation des équipes éducatives, affaiblissement du niveau des élèves, multiplication des sorties du système scolaire sans solution, problématique de l’école inclusive mais également les questions liée s au harcèlement scolaire … voilà sans doute pourquoi un Français sur deux n’a plus confiance aujourd’hui dans l’institution scolaire

L’Éducation constitue un enjeu majeur et stratégique pour le pays, challenge collectif qui ne concerne évidemment pas que le seul Ministre de l’Éducation nationale mais bien toute la communauté éducative.
Avant d’aborder les dossiers concrets que les Maires des Petites Villes, parmi les associations d’élus, ont proposé à Pap N’Daye d’aborder sur le fond, comment ne pas revenir sur les « émeutes urbaines » des dernières semaines ?
Ces évènements soulignent le divorce latent entre la société, au sens large, et des jeunes ayant perdu le fil de la citoyenneté. Si les Maires ont évidemment traité les conséquences de ces émeutes, souvent par la médiation, leur priorité est bien d’agir avant tout sur les causes.
Nul ne peut sortir indemne de cet épisode, c’est pourquoi la parole politique doit être mesurée et responsable, à la hauteur de l’enjeu. Soulignons que la grande majorité des émeutiers étaient des mineurs (collégiens et lycéens), réalité qu’il faut prendre en compte et qui atteste de l’urgence à réconcilier une partie de la jeunesse aux valeurs républicaines, elle constitue qu’on le veuille ou non l’avenir du pays.
L’école de la république, creuset de citoyenneté s’il en est, doit renouer au plus vite avec sa mission émancipatrice. Il n’est pas admissible qu’un jeune selon son origine, milieu social ou lieu de vie ne dispose pas de la capacité de trouver une juste place dans la société pour y exprimer toutes ses potentialités, du fait d’une assignation à résidence qui concerne trop de nos territoires.

L’école ne pourra seule relever ce défi. Au regard de l’importance de l’enjeu les élus locaux sont mobilisés pour accompagner toute politique éducative allant dans ce sens, tant leur rôle est complémentaire de celui de l’Éducation Nationale, surtout dans le 1er degré ; la moitié d’une scolarité complète ne s’effectue t’elle pas dans les structures scolaires mises en place par les communes ?

J’avais, au nom des Petites Villes et aux enseignements du COVID, interpellé le Ministre sur des problématiques liées au primaire nécessitant selon les élus des Petites Villes d’être abordés sur le fond :

  • Privilégier une appréhension globale de la gestion et du suivi des différents temps de vie des élèves dans une même journée scolaire (temps scolaire et péri scolaire) afin de rendre cette journée plus fluide, constructive et harmonieuse ;
  • Ne pas limiter l’accompagnement à la parentalité à la seule petite enfance. L’essentiel des « émeutiers » des dernières semaines étaient collégiens ou lycéens ;
  • Réfléchir collectivement à une approche éducative « hors école » afin de la rendre plus complémentaire de celle initiée à l’école : accompagnement scolaire ( le « travail personnel » constitue un discriminant social majeur), tutorat, accès à de nouvelles pratiques culturelles via la médiation et les usages numérique …
  • Agir pour une école plus inclusive, notamment et surtout en direction des enfants en situation d’handicap, qui sont en nombre croissant. Il est essentiel de faciliter le suivi administratif et les démarches des familles afin de leur éviter une véritable triple peine et de se pencher sur le devenir des sections ULIS ;

Nous devons collectivement remettre du sens et de la cohérence dans les actions engagées sur le terrain, afin d’aborder frontalement les fractures éducatives et culturelles que connaissent trop de nos territoires.
Cette volonté pour être concrétisée nécessite d’aborder ces problématiques de manière globale, transversale et non segmentée afin d’éviter tout mode « silotique » et de nous adresser aux causes profondes. Nous avons besoin de tous les partenaires, afin de faire lien, cohésion et sens ; un acteur aussi essentiel pour les collectivités que la CAF, doit être partie prenante de cette réflexion, tant elles les accompagnent dans les politiques locales liées à l’animation (le péri scolaire), à la jeunesse, au lien social ou au handicap déclinées sur le terrain.

Force est de constater que l’accumulation de dispositifs successifs lancés par les différents Ministres ces dernières années à eu tendance à disperser les énergies, diviser, parfois opposer, certains acteurs, faisant perdre lisibilité, crédibilité et confiance dans l’action menée sur le terrain.

Veillons à ne pas « gadgétiser » nos actions éducative et privilégions une démarche partagée concertée, réfléchie, lisible, cohérente et globale. Les communes comme toutes les collectivités (départements, régions) sont prêtes à accompagner le nouveau ministre dans ce chantier prioritaire pour le pays

Comme l’a écrit René Char « Additionnons et ne divisons pas »

1/2 Éducation : de l’école de la défiance, à l’école « faisons là ensemble … »

Dernière réunion de l’instance de concertation MEN / associations d’élus

Suite au dernier remaniement ministériel je tenais à évoquer le départ de Pap N’Daye du Ministère de l’Éducation Nationale. Il ne m’appartient certainement pas de juger du bien fondé du remplacement ou non d’un ministre par tel ou tel, mais il me semblait cependant honnête de souligner le plaisir que j’ai eu à représenter l’Association des Petites Villes de France, dans l’instance de concertation qu’il avait mise en place avec les différentes associations d’élus depuis de nombreux mois.
Je n’aborderais évidemment dans ce billet que la nature des relations entre la « maison Éducation Nationale », les collectivités et leurs associations d’élus, non l’action engagée au sein du ministère que ce soit auprès des enseignants, des programmes ou encore de la gestion des examens, hors de notre périmètre de compétence.

L’instance de concertation mise en place par Pap n’Daye s’est réunie plus de cinq fois en quelques mois, alors que nous n’avions jamais rencontré son prédécesseur en cinq ans. Lors de chaque réunion de travail, nous disposions d’un Ministre à l’écoute, ouvert au dialogue, n’oubliant pas que l’éducation est une responsabilité partagée, notamment avec les collectivités.
Les échanges, toujours directs, portaient sur les problèmes concrets rencontrés dans nos territoires et des questions de fond peu abordées jusque là, notamment pour ce qui concerne les spécificités liées à l’école primaire : carte scolaire, problématiques des différents temps de vie des élèves dans une même journée scolaire, école inclusive et accompagnement du handicap, complémentarité nécessaire entre action de l’éducation nationale et des collectivités, numérique éducatif …
Nous avions la parole libre, parfois même libérée, pour aborder à la fois le quotidien et le fond des problématiques relatives à l’éducation et avancer comme sur la carte scolaire (avec sur ce dossier de véritables résultats notamment pour les collectivités rurales) ; à des années lumière des polémiques médiatiques et attaques politiciennes ou procès en « déconstruction du pays et de ses valeurs» instruits tant par l’extrême droite que d’autres politiques s’en rapprochant ( wokisme, décolonialisme, laïcité …) qui ont accompagné l’action de Pap N’Daye depuis l’origine.

Faut il rappeler l’état dans lequel son prédécesseur avait laissé l’éducation nationale et l’absence totale de dialogue et de respect minimum qui avaient prévalu toutes ces années avec les collectivités ?
Une situation critique qui a atteint son paroxysme lors de la crise sanitaire, véritable point de non retour. Le concept « d’école de la confiance’’ lancé alors par Jean-Michel Blanquer marquant de fait une vraie rupture avec les collectivités locales, reléguées au rôle de simples prestataires et devant s’adapter, trop souvent du jour au lendemain, aux décisions en mode descendant prises de manière unilatérale par le Ministre dont les relations avec le monde enseignant étaient également plus qu’altérées.
L’école de la confiance aux yeux de trop d’acteurs de la communauté éducative devenant de fait celle de la défiance.


Il fallait absolument apaiser, écouter, échanger, retisser pour pouvoir construire … Pap N’Daye incontestablement l’a fait et rétablit, pour ce qui concerne les collectivités, une confiance considérablement abimée par les cinq années de pratique solitaire et autoritaire du pouvoir de Jean Michel Blanquer.
Les associations d’élus au regard de l’importance de l’enjeu éducatif qui constitue une priorité absolue à laquelle les collectivités consacrent beaucoup de moyens humains, logistiques ou financiers, ont répondu positivement à l’invitation du Ministre de participer à une instance de concertation d’un format inédit allant des communes aux régions.
Configuration permettant d’aborder de manière globale et transversale, pour les collectivités (de l’école au lycée), l’éducation, au sens le plus large, et les problématiques rencontrées concrètement au quotidien sur le terrain
Au fil de nos réunions, des désaccords sont évidemment apparus, ont été exprimés, des propositions émises … J’aborderais dans un prochain billet les problématiques soulevées par les Petites Villes qui n’ont toujours pas eu à nos yeux de réponses satisfaisantes, faute de temps certainement, tant il est difficile de traiter du fond en quelques mois pour rattraper 5 ans d’absence totale de concertation. Faut il rappeler la force d’inertie du système éducatif au niveau de son administration centrale évoqué il y a quelques années par un ministre l’ayant comparé à un pachyderme disparu depuis ?
Pour le reste Pap N’Daye a t’il disposé réellement des marges de manœuvre nécessaires pour lancer de nouveaux chantiers ? A écouter le Président aborder directement et frontalement les questions éducatives, ici ou là, au fil de ses déplacements, il est permis d’en douter, sans même vouloir aborder le bien fondé ou nom d’un débat sur le port de l’uniforme ?

L’enjeu éducatif, essentiel, se doit de mobiliser de manière constructive toutes les énergies positives. Pour les collectivités, la question est de savoir comment contribuer utilement à relever un défi aussi majeur pour le devenir de notre société et sa cohésion que celui de l’Éducation, au sens le plus global ? Une problématique allant bien au delà des seules structures scolaires, surtout aujourd’hui.
Les évènements des dernières semaines soulignent l’urgence d’agir, certes sur les conséquences, mais surtout sur les causes. Chacun doit pouvoir trouver sa juste place comme citoyen (droits et devoirs). L’école de la république ne doit laisser personne au bord du chemin et renouer avec sa mission émancipatrice dans tous les territoires qu’ils soient métropolitains, urbains, péri urbains ou ruraux.

Bienvenue au nouveau ministre, nous espérons que Gabriel Attal poursuivra la concertation initiée avec les collectivités par son prédécesseur, qui en ce domaine a vériatblement ouvert la voie. Nous avons tant et tant à faire ensemble sur le fond et dans tous les territoires, il y a urgence.

Les associations d’élus sont prêtes à s’engager afin de relever ce défi commun tant l’éducation est une responsabilité partagée.

« L’école faisons là ensemble »

Éducation, la nouvelle donne 2/2

Trilport n’est pas Marseille est de loin. Nous ne sommes pas à la même latitude, n’avons pas les mêmes horizons, le même rapport au soleil, nos habitants s’il parlent la même langue ont des intonations et accents qui diffèrent et à priori nous n’avons pas non plus les mêmes écoles. Les remous suscités par la situation de celles de cette belle et grande ville lors de la dernière rentrée scolaire soulignent, en contrepoint, l’importance du rôle de la commune en ce domaine et la nécessité pour les élus d’en faire un des axes majeurs durables de leurs politiques locales, y compris pour les petites villes.

Pourtant le sujet devient absolument crucial. Comment en 2021 les collectivités peuvent elles contribuer concrètement à relever un défi aussi majeur pour le devenir de notre société et sa cohésion que celui de l’Éducation ?
L’école de la république ne doit laisser personne au bord du chemin et renouer au plus vite avec sa mission émancipatrice initiale. Il n’est pas admissible que tout citoyen quelque soit son origine, son milieu social ou son lieu de résidence, ne puisse disposer de la capacité de trouver sa juste place dans la société afin d’y exprimer toutes ses potentialités !
Faire de l’Éducation nationale le bouc émissaire d’une telle situation apparait simpliste et réducteur. Si notre système éducatif n’est plus depuis des décennies l’ascenseur social d’autrefois, cette responsabilité est avant tout collective, comme abordé dans le précédent billet.

La crise du système éducatif, la mutation numérique et environnementale, les problèmes de citoyenneté dans la cité, l’éclatement de la cellule familiale, les phénomènes identitaires et communautaires, le manque de perspectives proposées à nos concitoyens sont autant de faits qui doivent mener les élus locaux à réfléchir sur les politiques publiques de proximité à déployer auprès des plus jeunes.
Aussi beaucoup de Maires s’interrogent aujourd’hui, d’autant que le Ministère de l’Éducation Nationale a considérablement élargi son périmètre d’intervention. Il a désormais en responsabilité directe l’ensemble des domaines liés au périscolaire et au sport, seule la dimension culturelle échappe à son spectre.

Est ce un bien ? L’avenir le dira, mais nos collectivités se doivent d’intégrer ce changement de paradigme et les multiples conséquences qui en découlent, afin de n’’être pas réduit au seul rôle de payeur de politiques initiées, souvent sans concertation, directement de Paris et variant au fil des alternances. Les « stop and go » qui ont caractérisé ces 20 derniers années les politiques scolaires déployés par les gouvernements successifs démontrent les limites d’une telle perspective.
Il apparait essentiel de ne pas définir de modèle unique en matière éducative et d’épanouissement de la jeunesse, mais au contraire d’encourager la diversité des approches comme celle des acteurs.

Le confinement a dévoilé au grand jour certaines failles profondes, jusque là ignorées ou minorées. Leur ampleur doit cependant nous amener à agir différemment et à initier de nouvelles approches.
Si autrefois la mission d’une commune se limitait à mettre à disposition des salles de classe, à les chauffer et les entretenir, ce temps est bien révolu … Comment agir utilement et en complémentarité, afin de permettre à nos jeunes de devenir des citoyens accomplis, conscients de leurs droits et devoirs, ouverts au sens critique et ayant la possibilité d’exprimer leur potentiel et de s’adapter par la suite aux mutations d’un monde qui avance et ne nous attend pas ?

Voici quelques pistes expérimentés dans notre petite ville, comme tant d’autres qui ont fait de l’Education une priorité de leur action locale. Aucune exemplarité n’est ici revendiquée d’autant que le Covid nous a amené à douter, nous interroger et à nous positionner sur d’autres champs jusque là inexplorées …

( voir le précédent billet)

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Éducation, une nouvelle donne est nécessaire (1/2)


L’Éducation constitue une priorité essentielle des politiques publiques portées par nos communes. Le coup de projecteur donné sur la situation dramatique des écoles de Marseille l’a rappelé à celles et ceux qui en doutaient encore et témoigne du rôle et de la responsabilité des élus dans la mise en place de structures éducatives dignes de ce nom comme de l’importance de leur action au quotidien.
Une priorité soulignée ces derniers mois par une crise sanitaire qui se poursuit. Les 12 millions d’élèves qui ont effectué en septembre dernier leur rentrée scolaire ont retrouvé une école toujours perturbée par la pandémie qui met sous tension depuis plus de 18 mois enseignants, familles, élus et agents territoriaux … Ces derniers ont du trop longtemps appliqué des protocoles sanitaires pour le moins « éloignées » de la réalité du terrain, parfois même « hors sol » et tatillons, les plaçant plus souvent que raison en porte à faux du fait d’injonctions contradictoires ou impossibles à mettre en œuvre localement au quotidien.
Ce contexte quelque peu schizophrène a mené les élus locaux à demander avec insistance, sans succès dans un premier temps, à être associé un minimum à l’élaboration de procédures élaborées directement de Paris, en mode descendant, ne tenant pas compte de la réalité du terrain et de la nécessité absolue de s’adapter à des situations locales contrastées.
Nous avons été enfin entendus en mai dernier et depuis la concertation entre les associations d’élus et le Ministère est effective, ce nouveau climat de travail favorisant l’adoption à l’été de protocoles sanitaires enfin clairs, accessibles et applicables, s’adaptant à l’évolution de la pandémie et cerise sur le gateau communiqués dès fin juillet.
Le Ministère, après un faux départ ( le monde d’avant mai 😉 ), invite aujourd’hui les élus, via leurs associations, à une concertation consacrée au Bâti scolaire. Les Petites Villes de France , comme toujours (cf la contribution aux Etats Généraux du Numérique pour l’Éducation) seront partie prenante et s’impliqueront dans une réflexion qu’elles souhaitent collaborative, la problématique du bâti scolaire les concernant au premier chef et non seulement comme payeur.

A quelques mois d’élections nationales majeures, il convient également de rappeler combien notre système éducatif, malgré l’importance de son budget, demeure l’un des plus inégalitaires des pays développés et sans doute celui où l’origine sociale pèse le plus sur le devenir scolaire.
Cette situation est la résultante d’une tendance de fond de plus de vingt ans, soulignée par toutes les enquêtes internationales successives comme par le pourcentage de jeunes laissés sans solution à la fin de leur scolarité. Tous les indicateurs relatifs au « darwinisme social » du système (François Dubet) vont dans le même sens, l’école, au sens large, semble toujours régie par ce « système d’héritiers » que dénonçait Bourdieu en 1964, l’égalité théorique dite « républicaine » ayant été préféré au principe d’équité, qu’elle soit sociale ou territoriale.
Conséquence : la France demeure le pays dans lequel le déterminisme social et local influe le plus sur la réussite scolaire. Une panne de l’ascenseur social et territorial non seulement inacceptable, mais lourde de sens et de symboliques. Aucun gouvernement jusque là , de gauche comme de droite, n’y a apporté de solution concrète et pérenne durant ces vingt dernières années.
L’assignation à résidence rime le plus souvent avec déterminisme social, le constat est cruel : pour beaucoup de jeunes des Quartiers Prioritaires de la Ville ou issus du monde rural ou péri urbain, c’est double peine.

Autre fait indéniable soulignée également par la crise sanitaire, la transformation du monde s’accélère, certains auteurs parlent même (Rosa) « d’accélération dans l’accélération » ; phénomène qui a pris encore plus d’ampleur avec les conséquences du COVID ; confinement, digitalisation, télé travail, hybridation des enseignements, ont non seulement déstabilisé totalement l’institution « Education Nationale » et la relation éducative, mais révélé des failles très profondes qui doivent interpeller tous les acteurs de la communauté éducative, dont les élus locaux. Nous devons nous interroger collectivement au plus vite sur l’action engagée et explorer résolument de nouvelles pistes …

Comment inverser la tendance et tendre vers une éducation plus équitable ne laissant personne au bord du chemin et tenir compte de l’évolution d’un monde en pleine transformation ?
Quelle place pour un projet politique local qui fasse de l’Éducation, au sens large, une priorité, y compris hors école ?

Avant d’aborder dans un prochain billet quelques pistes de réflexion sur l’action locale au concret, deux, trois choses qu’il me semble important de rappeler, que certains peuvent considérer comme des points de détails mais qui pour moi ne le sont pas.

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#jesuisenseignant

L’assassinat de Samuel Paty, horreur sans nom, doit devenir un électrochoc. Qui peut admettre qu’un professeur de la république, semeur de citoyenneté et éveilleur de conscience, soit mis à mort pour une leçon de liberté ?
C’est inacceptable et intolérable. Le fanatique qui a commis cet assassinat a également porté atteinte à la république. C’est pourquoi à Trilport, nous avons déployé au fronton de chacune de nos écoles, comme à celui de la Mairie, un message de solidarité et de soutien aux enseignants, à proximité directe des valeurs républicaines : Liberté, Egalité, Fraternité.

Cette tragédie doit nous ouvrir les yeux, il ne peut y avoir de compromission sur des valeurs qui constituent nos fondations, notre ADN.
Le vivre ensemble, la laïcité, la liberté de parole et de pensée, autant de trésors fragiles et rares à l’échelle de la planète et du temps, qu’il nous faut défendre et protéger. Protéger comme la prunelle de nos yeux qui nous permettent de voir et d’être éveillés, comme le tympan de nos oreilles qui nous permettent d’écouter et de progresser, comme la langue ou les doigts de nos mains qui nous permettent de nous exprimer et de créer …

Liberté … liberté d’expression, liberté de culte entre eux « qui croient au ciel et de ceux qui n’y croient pas » (Aragon), liberté d’aimer également, mais plus que tout, liberté de vivre, bâtir, dialoguer et semer ensemble, afin de produire du commun, du partagé, dans le respect de nos différences, c’est cela « faire société ».

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Numérique éducatif : Quels enjeux partagés pour l’école du XXI eme siècle ?

« Les nations qui s’avancent à travers les siècles ont besoin d’une instruction qui, se renouvelant et se corrigeant sans cesse, suive la marche du temps, la prévienne quelquefois, et ne la contrarie jamais. » Condorcet

Le confinement nous a pris de cours et la crise sanitaire, « crash test » grandeur nature a révélé fragilités structurelles, retard des usages numérique, dépendances du pays, provoquant une prise de conscience collective intervenue dans une période rendue délicate du fait de la mutation en cours.
La planète devient réticulaire et digitale, transformation d’autant plus déstabilisatrice que ce mouvement s’accélère. La « création destructrice », pour reprendre l’expression d’Edgar Morin, déroule sa longue traine, globale, systémique, bouleversant vies intimes, relations sociales ou économiques, et modifiant sensiblement notre rapport aux autres, à la société, au temps …
Un nouveau monde émerge, ce qui influe inévitablement sur la transmission des savoirs ; véritable révolution copernicienne, le numérique induit l’émergence de nouveaux modèles pédagogiques comme le développement d’habiletés spécifiques. L’école ne peut se permettre d’être « hors sol » et « hors du temps » vis à vis du monde extérieur auquel elle est connectée, au propre comme au figuré.
Afin de tirer les enseignements de ces derniers mois, le Ministre de l’Éducation a initié « Les États Généraux du Numérique pour l’éducation ». J’ai rédigé au nom de l’Association des Petites Villes de France (ou APVF) une contribution qui rassemble certaines de nos propositions.

L’Éducation constitue une compétence régalienne de l’État, mais depuis les lois de décentralisation elle est aussi l’affaire des collectivités. La ligne de partage semble claire, chacun détenant sa part de compétences, cependant sur le terrain la réalité est beaucoup plus floue. Aussi il devient urgent de définir une feuille de route partagée, y compris au niveau le plus local, afin de clarifier les responsabilités de chaque acteur et d’agir en commun afin de préparer au mieux notre société à répondre aux défis du XXI âme siècle .

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