Projet Suez « Valorpole » : faire appel à l’intelligence collective

Le site remarquable du Grand Voyeux, réserve naturelle régionale, joyau écologique


Le Préfet de Seine et Marne vient de prendre l’arrête d’exploitation autorisant la société Suez à lancer son projet de développement d’activités sur le site d’Isle les Meldeuses (Valorpole).
Cette décision, lourde de conséquences, marque une nouvelle étape dans ce dossier (voir note précédente) et nous amène à interpeller désormais l’état, y compris s’il nous semble essentiel de privilégier un dialogue républicain constructif et responsable en faisant appel au bon sens et au dialogue, d’autant que la position que nous défendons depuis le début est équilibrée.
Si nous ne nous positionnons pas, pour ou contre ce projet industriel, il nous semble cependant de notre responsabilité d’élu local d’exiger une totale transparence sur ses conséquences éventuelles. C’est le moins que nous devons à nos habitants, actuels et à venir. Sera t’il source de nuisances potentielles pour nos concitoyens, de nouvelles contraintes sur les mobilités quotidiennes de nos habitants et de nos entreprises, menace t’il l’intégrité de sites naturels qui constituent non seulement des atouts essentiels de notre territoire, mais un patrimoine naturel précieux et fragile auquel nous tenons pour le présent et le futur ?

Je me refuse à signer un chèque en blanc pour un projet auquel nous n’avons été ni associés, ni concertés, et sur lequel subsiste trop de zones d’ombres et de non réponses aux observations argumentées émises lors de l’enquête publique, alors qu’il concerne directement nos communes et risque de menacer l’intégrité même de sites écologiques et environnementaux majeurs.
Nous dénonçons l’absence des études d’impact préalables indispensables. Aux yeux des élus locaux, il y a, à priori deux poids, deux mesures entre ce que l’état exige de nos collectivités pour tout aménagement urbain d’ampleur et ce qu’il ne demande pas aux industriels pour un projet d’une telle dimension, c’est absolument inacceptable.
A titre plus personnel, j’estime qu’il y a également deux poids, deux mesures entre le nord de la Seine et Marne et les territoires dits du Grand Paris. Je rappelle que l’essentiel des déchets « traités » à Isles les meldeuses, avant d’être « déversés » sur le site, traverseront toute l’Ile de France, bonjour les émissions de Co2. La vocation de la Seine-et-Marne n’est pas de devenir la décharge du Grand Paris, notre département a bien d’autres atouts à faire valoir et il me semble que la loi impose à chaque territoire de s’occuper de ses déchets
Plus inquiétant encore, la durée d’exploitation étant d’une trentaine d’années le projet « Valorpôle » de Suez impactera durablement notre région, sans compter toutes les années qui seront nécessaires à une éventuelle « remise en état » du site, qui au regard du dimensionnement actuel du projet m’apparait pour le moins hypothétique.

Voilà en substance ce que j’ai indiqué au Préfet de Seine et Marne lors du long entretien qu’il a eu l’amabilité de m’accorder en décembre dernier.


Au regard de la qualité du dialogue républicain que nous avons eu, la voie du recours gracieux m’apparait comme la plus adaptée pour le moment; ce qui n’exclut pas dans le cas ou nos demandes resteraient lettre morte, d’initier d’autres procédures.
L’objectif n’est pas d’aller au conflit, au contentieux juridique, au clash , à un jeu d’acteurs stéréotypé mais de faire appel à l’intelligence collective des uns et des autres afin de sortir par le haut de cette situation, avant que d’autres ne s’en saisissent.
Je l’ai alerté sur les conséquences de la montée en puissance de l’exploitation industrielle planifiée après 2028 par Suez, du flou des engagements pris, des non réponses du Commissaire Enquêteur suite à l’enquête publique dans son rapport et ses conclusions, qui ne me semblent pas du tout à la hauteur des enjeux, que ce soit vis-à-vis :
• Des observations de la ville de Trilport : absence d’études d’impact amont sur les mobilités quotidiennes d’un territoire déjà saturé en flux de camions et les dangers potentiels vise à vis de l’intégrité de la réserve naturelle du Grand Voyeux et du site Natura 2000 situés à proximité immédiate, comme celles portant sur les nuisances occasionnées pour des riverains impactés par un trafic poids lourds totalement inadapté à la nature des rues traversés ;
• Des remarques du rapport de la Missions régionales d’autorité environnementale (MRAe), portant sur les risques environnementaux vu le contexte écologique et la fragilité de « plusieurs zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) de type 1, une zone de protection spéciale (ZPS) « Boucles de la Marne » (site Natura 2000), de la réserve naturelle régionale du Grand Voyeux, situés toutes à proximité directe du site industriel et intégrés à un éco système global. L’Autorité environnementale ayant noté plusieurs lacunes importantes dans l’analyse des incidences dans le dossier de Suez.

Les élus du territoire attendent désormais de l’état une véritable concertation, qui ne se limite pas aux seules communes du périmètre de la décharge bénéficiant de retombées financières, mais englobe bien toutes les collectivités (communes et ECPI) impactées directement par des nuisances qui ne s’arrêteront pas aux seules limites parcellaires de la décharge.

La ville de Trilport a mis en ligne un site permettant à tout citoyen de suivre l’évolution de ce dossier et de disposer des documents officiels y afférant : rapport et conclusions du commissaire enquêteur, avis de la Mission régionale d’autorité environnementale (MRAe), observations de la ville, dossier de presse …

Ce n’est pas à nos communes et leurs habitants de s’adapter aux exigences industrielles et économiques de la société Suez mais bien l’inverse, d’autant que ce projet concerne également les prochaines générations ; autant dire qu’il impactera durablement et irrémédiablement ce territoire que nous partageons.