14 juillet 2015

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Célébrer la fête nationale, c’est témoigner de notre attachement aux valeurs qui, au fil du temps et de l’histoire, ont forgé la République, puis se sont propagées, semant des graines de liberté par tous les vents, au delà des océans, sur tous les continents.

Des valeurs durement mises à l’épreuve lors des tragiques évènements de janvier dernier, qui ont à la fois révélé les fractures profondes de notre société, mais également démontré l’attachement des français à leur république,avec le succès de la manifestation du 11 janvier.
Ces évènements nous obligent. Ils imposent de nous poser la question essentielle de la transmission de ces valeurs fondatrices aux jeunes générations.  C’est aussi le sens de la cérémonie républicaine qu’est tout 14 juillet.

 

Le drame de janvier dernier a souligné les interrogations qui traversent le pays. La crise sociale que nous traversons, se double d’une crise identitaire douloureuse, car existentielle, qui concerne de nombreux jeunes et interpelle notre société sur sa capacité même à proposer de réelles perspectives. La question du sens à donner à une vie est absolument essentielle.
On ne peut réduire le projet de toute une existence à l’amélioration de la compétitivité, de la croissance ou encore à la réduction des déficits. Chacun a besoin d’être en capacité de se projeter dans l’avenir, de s’épanouir dans un projet commun et partagé qui élève, d’avoir un supplément d’âme qui le dépasse …

 

S’interroger sur la laïcité, bien au delà de la question religieuse, revient à se poser une question simple mais vitale, celle du sens à donner à une société qui en manque cruellement, tant elle  peine « à faire corps ».
Nous devons, bien évidemment, protéger la liberté de croire ou non, défendre la liberté d’expression, réprimer tout racisme, fixer des repères clairs autour de règles de vie partagées, respectées par tous et toutes les communautés, mais plus que tout, proposer un but, un cap, des perspectives.

Aujourd’hui beaucoup pensent que l’action collective est inutile et vaine. L’individualisme monte en puissance, il s’étend peu à peu et isole chacun dans une bulle dont il devient prisonnier.
S’engager, revient à crever l’enveloppe de cette bulle, comme l’on crève un abcès, à quitter l’état de spectateur pour devenir enfin acteur, à se mettre en mouvement, en action, pour porter une dimension supplémentaire, celle de l’intérêt général.
Il ne peut y avoir d’engagement sans partage, c’est dans une démarche collective que cette valeur prend toute sa force et son sens.

C’est cette valeur que nous avons tenu à mettre à l’honneur en ce 14 juillet … 

 

 

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 Les pompiers symbolisent cette valeur de l’engagement et le démontrent à chaque heure du jour ou de la nuit, quelquefois au péril de leur vie. Nous avons voulu mettre à l’honneur en ce 14 juillet, leur action au quotidien au service des habitants. Plus que tout autre, ils contribuent à faire vivre le lien social, si fragile et ténu, mais essentiel au «vivre ensemble» …

Trilport et les pompiers c’est une longue histoire, qui remonte à février 1875, année durant laquelle à l’initiative de Gustave Ponton d’Amécourt, le Maire de l’époque, notre ville s’est dotée par souscription  d’une pompe à incendie et d’un local pour l’abriter, encore debout, quelques années après, la première caserne de la ville.
Chacun connaît ma détermination pour que le groupement des pompiers du SDIS 77, présents sur Trilport, dispose des moyens adaptés à la nature de leur mission et à la qualité de leur engagement comme de leur action.  Aussi, c’est avec plaisir que je vois au fil des jours s’élever la nouvelle caserne qui accueillera prochainement le Centre d’Incendie et de Secours  de Trilport.

Nous devons, chacun à notre place, faire vivre les valeurs républicaines qui composent le socle de notre communauté et les transmettre à nos enfants. C’est pourquoi le tryptique : « Liberté, Egalité, Fraternité » ornera bientôt le fronton de cette mairie, tant il est un patrimoine citoyen précieux, qu’il constitue le lien indispensable qui tisse notre cohésion nationale et demeure la meilleure garantie d’un avenir commun et partagé, permettant à notre société de ne plus être morcelée, fragmentée, éclatée, divisée mais une et riche de sa diversité…

 La seule question qui vaille en ce 14 juillet, est bien celle de la citoyenneté, du respect d’autrui, des règles communes, du pays, mais aussi et surtout de nos valeurs républicaines.

 

 

Laicité, redonner du sens à un projet commun

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Je viens de recevoir le numéro spécial de la revue « Communes, département et Régions de France » consacré à la « Laïcité, une garantie de liberté » … Plus de 300 pages dédiées à un concept, qui depuis les attentats du 5 janvier dernier, a pris une toute autre importance aux yeux de tous, du moins des miens.

Suite à une de mes interventions lors d’un Bureau National de la FNESR portant sur cette problématique, on m’a proposé de contribuer à ce travail collectif, ce que j’ai fait avec la tribune : « Donner du sens à un projet commun ».

Dois je l’avouer, le concept de Laïcité m’apparaissait jusque là, quelque peu éthéré, déconnecté de la société et de la vie actuelle, 2015 n’étant plus 2005 loin s’en faut. Une valeur à mes précieuse, certes, d’autant que je suis athée, mais quelque peu vide de sens, du moins de contenu concret et à renouveler absolument pour lui éviter de dépérir …

Par le passé pourtant, deux temps forts m’avaient incité à retravailler quelque peu cette problématique fondatrice et fondamentale à bien des égards :

  • les discussions autour du traité européen, dans lesquelles, suite aux pressions françaises toutes références à « l’origine chrétienne de l’Europe » avait été évacué. Une concession que beaucoup de nos compatriotes avaient trouvé mineure, alors que pour nombre de pays européens, elle était en fait majeure. J’ai encore le souvenir du ressenti d’amis allemands et hongrois et des sermons tant du prêtre que du pasteur entendus lors lors d’une messe œcuménique à Engen, en allemagne à cette période. Cet « abandon » constituait à leurs yeux un vrai déchirement.
  • le discours scandaleux de Nicolas Sarkozy à Latran « Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s’il est important qu’il s’en approche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance ». Nous voilà à des années lumière des valeurs républicaines que ce dernier prétend pourtant aujourd’hui incarner !

Deux évènements dont l’ampleur ne peut être bien évidemment pas comparer à ceux de janvier dernier, beaucoup plus dramatiques. Ces attentats ont provoqué un réveil citoyen qui démontre combien ces questions demeurent importantes dans l’inconscient collectif national et comptent incontestablement, pour aujourd’hui et pour demain. Encore devons nous redonner à un contenant quelquefois vide, un vrai contenu …

 

C’est bien une partie de l’enjeu,  s’émanciper du prisme religieux, pour aller plus loin, à la recherche de valeurs à partager afin de vivre ensemble, riches de nos différences, au service d’un projet commun destiné à construire des lendemains  « qui chantent » plus durables et solidaires.

 

Conclusion de ma tribune

 

 

 

 

 

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« Les attentats de janvier dernier, quelque soit leurs motivations, doivent interpeller notre société en profondeur sur sa capacité à proposer des perspectives de monde meilleur aux jeunes générations afin de résoudre la grave crise spirituelle que ces générations traversent.  La question du sens est centrale, on ne peut réduire le projet de toute une vie à l’amélioration de la compétitivité, de la croissance ou à la seule réduction des déficits, aussi efficace soit elle. Les douleurs humaines ne sont pas virtuelles, mais concrètes et ressenties comme telles.

L’homme a besoin de foi, au sens laïc et philosophique du terme, pour être en capacité d’aller de l’avant et de se projeter dans l’avenir, il a également besoin de liens sociaux et de se retrouver dans un projet commun et partagé avec d’autres … C’est cette foi en un avenir meilleur qui lui a permis de s’élever puis d’entamer sa longue marche, pas à pas.

La nature a horreur du vide, y compris spirituel. Si rien n’est proposé, le pire peut arriver, d’autant que les jeunes générations sont conditionnées dés le plus jeune âge à la violence la plus extrême, souvent virtuelle, ou l’on oublie que le sang est douleur, que le sang est malheur, que le sang est terreur.

Se poser la question de la laïcité, s’est s’interroger avant tout, sur la question du sens à donner à une société qui en manque cruellement, et qui peine « à faire corps ».

Se poser la question de la laïcité c’est surtout et plus que tout proposer une vision du monde et de l’humain, une vision bâtie autour de l’émancipation, du respect d’autrui, dans ce qu’il est et ce qu’il pense, « délimitation profonde entre temporel et spirituel»[1]. »

 

Pour télécharger tout le texte de cette tribune



[1] « La grande idée, la notion fondamentale de l’Etat laïque, c’est à dire la délimitation profonde entre le temporel et le spirituel, est entrée dans nos mœurs de manière à ne plus en sortir. » Ferdinand Buisson,

Dictionnaire de pédagogie et d’instruction publique, 1887

 

#JeSuisRépublicain

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« Je veux que la République ait deux noms : qu’elle s’appelle Liberté, et qu’elle s’appelle chose publique. « 

Victor Hugo

 

J’ai représenté Pierre Cohen Président de la Fédération Nationale des Elus Socialistes et Républicains au point presse organisé au Tribunal de Grande Instance (TGI) de Paris. Nous avons pu y exposer les raisons qui nous ont mené à déposer un référé (procédure d’urgence) pour empêcher l’UMP de s’approprier la dénomination « Les républicains » et en faire le nouveau nom de ce parti. Proposition que Nicolas Sarkozy compte soumettre au vote de ses militants les 28 et 29 mai.
Notre assignation vise l’UMP et l’agence de communication (Aubert Storch Associés Partenaires) qui a déposé le nom «Les Républicains » et les propositions de logos à l’Institut National de la Propriété Industrielle (INPI) ! Ce refére est déposé au nom d’un collectif composé de la Fédération Nationale des Elus Socialistes et Républicains (FNESR), du Mouvement Républicain et Citoyen, de la Convention pour la sixième République, de Cap 21, de l’association Génération République, ainsi que de 156 citoyens et personnes physiques, dont la famille Républicain. Une pétition actuellement en ligne a collecté plus de 22 000 signatures pour soutenir notre initiative.

Le TGI de Paris doit rendre sa décision mardi 26 mai mais une victoire judiciaire de l’UMP ne signerait pas pour autant la fin de la procédure,  les juges devant ensuite examiner ce dossier sur le fond, c’est bien sur ce terrain que nous nous situons. Conséquence, l’UMP pourrait bien voir son nouveau nom invalidé plusieurs semaines après l’avoir fait entériner par ses militants ! Nous demandons dans l’attente de cette décision, et à titre conservatoire, que ce parti ne puisse utiliser une appellation que nous jugeons usurpé dans sa communication.

Cette controverse peut apparaitre quelque peu suranné, voir surréaliste à certains, surtout si on la compare à la violence et à la gravité de l’actualité quotidienne. Le nouveau nom de l’UMP ne changera pas la face de la terre et n’aura aucune incidence sur le réchauffement climatique, nous le savons bien ! Notre volonté et seulement de défendre une valeur qui pour beaucoup de français est mémorielle.
Depuis le 5 janvier dernier, les valeurs républicaines résonnent singulièrement dans nos coeurs; c’est aussi pour cela que nous ne pouvons admettre cette initiative, pour le moins malheureuse. La république ne peut se dissoudre dans une démarche purement commerciale ou partisane, elle constitue un patrimoine symbolique qui appartient a tous, quelque soit sa confession, ses opinions politiques ou philosophiques.
Notre conviction est que la République constitue plus que jamais une valeur fondatrice, fédératrice, identitaire, faisant sens, elle a un contenu et posséde un large périmètre : celui de la citoyenneté. Il n’a que faire des différences de confessions ou d’opinions des uns et des autres; sa nature même est de s’imposer à toute une communauté nationale, pour qui la République doit demeurer un patrimoine commun et surtout et plus que tout partagé.

« Un parti essaie de s’approprier ce bien commun. Nous sommes tous républicains de par l’article 1er de la Constitution et là, les deux tiers de la population se trouvent exclus », a déclaré justement Christophe Léguevaques, un de nos avocats.

Nicolas Sarkozy et ses communicants tentent de s’approprier à usage exclusif un mot, et plus que tout un concept qui appartient à tous, évinçant du champ « républicain » tous ceux qui ne sont pas adhérent de ce parti. C’est réduire la République a bien peu !
Soulignons que l’emploi du mot générique « républicains » avec l’article défini « les » sous entend de fait que l’UMP serait le seul en France à être doté de qualités «républicaines» !!! Une  initiative qui constitue un dénigrement de tous les autres partis politiques. « Aucune partie du peuple français ne peut revendiquer son usage exclusif et l’opposer aux autres Français pour les exclure, même de manière sémantique » rappelle l’assignation. La République n’appartient à personne, et encore moins à Nicolas Sarkozy, mais appartient à tous … Le sang versé pour la défendre depuis Valmy, n’a qu’une couleur, celle de la douleur partagée …
Le problème n’est pas que sémantique. « il faudrait ajouter un adjectif, républicains populaires, de droite… » suggère Me Matthieu Boissavy, un de nos avocats qui « ne voudrait pas que dans trente ans, si quelqu’un dit je suis républicain, cela soit synonyme d’être d’une certaine mouvance de droite. »

Cette opération de marketing politique, il ne s’agit que de cela, lancée par une boite de com’, relègue principes, histoire même du parti Gaulliste, qu’aurait pensé ce grand homme d’une telle tentative, et valeurs philosophiques communes au rang de marques commerciales à merchandiser, ce qui pour nous n’est absolument pas acceptable !
La République ne peut devenir une marque cessible ou donner lieu a une OPA de quiconque, elle appartient à tous les Français, ceux qui sont morts pour elles, ceux qui ont en tant besoin aujourd’hui et ceux de demain. Situation  qui a fait dire à un des plaignants, ancien héros de la France Libre, qu’il assistait à un cambriolage de la démocratie.

Mais revenons sur le fond de cette affaire.

 

 

 

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Rappel des faits

Sur proposition de Nicolas Sarkozy, son Président, le bureau politique de l’UMP a validé le changement de nom de son parti, choisissant comme nouvelle appellation « Les républicains » et optant pour un logo reprenant les symboliques tricolores.

Le bureau politique de ce parti a décidé de consulter ses militants les jeudi 28 et vendredi 29 mai.

Plusieurs évènements peuvent expliquer la nécessité d’un « relooking » ou d’un « ravalement de façade » : retour de Nicolas Sarkozy, qui veut faire du neuf avec du vieux, crise interne entre Jean-François Copé et François Fillon ayant créé de vraies fractures, affaire Bygmalion et  scandales liées aux financements des campagnes présidentielles successives de Nicolas Sarkozy, autre possibilité également, peut être la volonté de sortir du piège du Ni Ni face au FN, dans lequel Sarkozy est tombé, en faisant une OPA du coup sur la valeur « république », pour ne pas répondre au Front Républicain, tout en s’affranchissant de certaines de ses valeurs.

C’est pourtant le même qui déclarait en 2007, il y a une éternité

“La république, ce n’est pas la droite, ce n’est pas la gauche,
ce sont tous les Français.”

Nicolas Sarkozy,/  Meeting de Caen – 9 Mars 2007

 

Arguments des plaignants

L’UMP revendique la propriété intellectuelle, par un logo, la forme et les couleurs du drapeau tricolore national (plaidoirie d’un des avocats) de l’appelation « Les Républicains ».

– Appellation contraire à la Constitution

. sur la base de l’article 1 : « La France est une République indivisible ». Les avocats jugent que « les Républicains, ce sont tous les Français » et non les membres d’un seul parti politique.
. sur celle de l’article 3 précisant que « la souveraineté nationale appartient au Peuple » et qu’ « aucune section ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice ». Nos avocats argumentent que l’expression « Les Républicains » peut « heurter de plein fouet les principes fondateurs de notre Constitution ».

– Un dénigrement indirect et déloyal

Partant de l’article 1382 du Code civil, les plaignants estiment que l’expression « Les Républicains » permet à l’UMP de s’arroger une qualité essentielle de manière déloyale », notamment vis à vis de tous les autres partis politiques.
L’emploi du mot générique « républicains » renforcé par l’article « les », laissent clairement entendre « que ce parti serait le seul en France à être doté des qualités républicaines, ce qui est manifestement inexact ».  Les plaignants contestent le droit à un parti politique de s’arroger « l’usage exclusif » d’un terme générique comme « Les Républicains » ou « les Français ». Le référé prend soin de préciser que le MRC emploie le mot républicain comme un adjectif complétant le mot « mouvement ».

– Une confusion entretenue entre un parti et la République

Citant  l’article 444 du Code pénal qui punit d’une peine d’emprisonnement la « contrefaçon ou la falsification » du sceau de l’Etat et de ses emblêmes, les plaignants estiment que les logos déposés par l’UMP associés aux termes « Les Républicains » sont de nature à « causer une méprise dans l’esprit du public et à laisser penser que les produits et services de l’UMP proviennent de la République Française » (d’ici à ce que ce soit le but de la manoeuvre ?).

Un logo qui usurpe le drapeau tricolore :  article 6 ter de la Convention de Paris pour la protection de la propriété industrielle, l’assignation rappelle l’interdiction qui est faite d’utiliser « des armoiries, drapeaux et autres emblêmes de l’Etat » en tant que marque.
Les plaignants pointent du doigt les logos déposés à l’INPI par l’UMP qui reprennent tous les attributs du drapeau tricolore et l’emblême de la République (RF).

« Aucune partie du peuple français ne peut revendiquer l’usage exclusif (du terme les Républicains…) et l’opposer ainsi aux autres Français pour les exclure, même de manière sémantique, du champ politique républicain », argue l’assignation.

 

Argument des défenseurs

« Ce dépôt ne privatise en rien le concept « Les Républicains », chacun reste libre d’utiliser le mot », selon Pierre Deprez, avocat de l’agence de communication Aubert-Storch associés, qui a élaboré et déposé ces logos à l’INPI

« Une agence de publicité qui répond à la commande de son client ne commet pas une fraude. », en l’occurrence, le client n’est pas directement l’UMP mais Pierre Giacometti, trés proche conseiller de Nicolas Sarkozy.

« Soit les plaignants sont de très mauvaise foi, soit ils ignorent le droit des marques », renchérit Didier Aubert, de l’agence de communication. « Ce qui est protégé c’est le logo, uniquement le logo, ça n’interdit absolument pas d’utiliser le terme (sic).

Les défenseurs de l’UMP et de l’agence de communication récusent la recevabilité même de la plainte, et ont déposé une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) au motif que la procédure violerait l’article 4 de la Loi fondamentale indiquant que les partis politiques « se forment et exercent leur activité librement ».

Ils ont  estimé que les particuliers agissaient au nom d’un intérêt général et n’avaient pas de préjudice personnel, même les cinq Républicain, dont le patronyme n’a pas de S.

« Laissez-nous choisir notre nom », indique Me Jean Castelain, avocat de l’UMP niant toute volonté de « privatisation ». « Nous n’allons pas nous approprier le terme républicain. En revanche, nous sommes Les Républicains. » (sic) ou encore dans le même style : « Les Républicains ce sera nous, mais vous serez républicains. »

La nature de ces arguments  soulignent les difficultés des avocats de la société de communication à dissiper les zones de floues et à dissimuler tous les calculs se cachant derrière l’appellation « Les Républicains ». Ils n’honorent ni la politique, ni la République.

 

La position de la Fédération Nationale des Elus Socialistes et Républicains (FNESR)

La FNESR qui fête ses quarante années d’existence accueille des élus n’étant pas forcément membres du Parti socialiste mais croyant au progrès social et désireux de participer à la défense des idéaux républicains.
Beaucoup de ses membres  ne souhaitent pas forcément être assimilés à un parti ou à un autre. Contrairement à l’UMP, la FNESR ne prétend pas représenter tous les républicains et ne désire aucunement exclure les représentants d’autres partis. Le terme « Républicains » inclus dans le nom de la FNESR permet d’ouvrir cette association aux élus qui s’y reconnaissent, adhèrent à ses valeurs mais ne désirent pas pour autant adhérer au PS.

 

COMMUNIQUE DE PRESSE, : Paris, le 12 mai 2015,

« La Fédération Nationale des Elus Socialistes et Républicains (FNESR) s’associe à l’action en justice, collective, visant à défendre la neutralité politique du terme « Républicains » revendiquée par l’UMP.

L’UMP a annoncé sa volonté de rebaptiser sa formation politique « Les Républicains », appellation qui sera soumise à un vote des adhérents.

La Fédération Nationale des Elus Socialistes et Républicains (FNESR), par la voix de son Président, Pierre Cohen, s’oppose fermement à cette appropriation par un parti politique d’une valeur partagée et commune à l’ensemble des citoyens français. Ce changement sémantique ( « Union pour un Mouvement Populaire » qui deviendrait « Les Républicains ») n’a pour vocation que de tenter de faire oublier que, sur le fond, les positions de l’UMP se rapprochent toujours plus dangereusement de celles défendues par le Front National.

L’usage du terme « Républicain » comme substantif, et non comme un adjectif, n’est pas acceptable. La République est une construction commune. Elle appartient à tous les Français. Aucun parti, aucune formation politique ne peut s’en prévaloir de manière exclusive, de façon hégémonique. La République n’est pas une marque dont on peut revendiquer le monopole. »

 

 

 

 

8 mai 2015 : Une journée particulière

8-mai-1945.jpgDepuis 2010, à Trilport nous associons la cérémonie du 8 mai 1945 à celle du 9 mai, journée de l’Europe pour commémorer la déclaration fondatrice de Robert Schuman, véritable acte de naissance de l’Union européenne.
Deux dates intimement liées, tant l’émergence de l’Europe politique est le fruit direct de cette horrible guerre comme de la nécessité absolue pour la France et l’Allemagne de se réconcilier, enfin, pour construire une amitié solide et sincère, unique dans l’histoire humaine.
Il n’est pas si fréquent que deux nations jusque là ennemies irréductibles, d’un commun accord et en bonne intelligence, décident de sceller une amitié inaltérable car directement issue des liens du sang et de la douleur partagée, afin d’apporter  la paix à leurs habitants et enfants. Cette décision historique nous oblige. C’est pourquoi, à chaque commémoration du 8 mai, nous avons toujours une pensée émue et sincère pour nos amis allemands d’Engen, notre ville jumelée, notre ville de cœur.

Cette année 2015, cette double commémoration du 8 et 9 mai, a revêtu une signification et symbolique toute particulière et à plus d’un titre …

Commémorer un 70 eme anniversaire, n’est pas rien. C’est accomplir un devoir de mémoire, toujours plus utile chaque année, afin que que les jeunes générations n’oublient pas toute l’horreur nazie, le racisme, la Shoah, les camps de concentration, ces morts innombrables et qu’ils se souviennent  surtout du mécanisme qui a mis cette machine infernale en route, ayant commencé par des élections démocratiques.
C’est aussi rendre hommage au courage et au sacrifice de ces femmes et ces hommes partis rejoindre Charles de Gaulle et les forces de l’armée française libre, ou ayant dans l’ombre choisit la résistance, qu’ils soient français de souche, de cœur ou simplement de conviction, comme ceux du réseau Manouchian (l’Affiche rouge) …

« Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient le cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant »

Souligner surtout, que quelque soit leur couleur, conviction politique ou religion, ou nationalité pour beaucoup, ils sont morts pour la France et défendre nos valeurs républicaines comme la conception qu’ils avaient de la liberté.

 

 Je le disais cette double commémoration du  cérémonie du 8 et 9 mai 2015 a revêtu une signification toute particulière …
Il y a tout juste un peu plus de 20 ans, le dernier Président Français ayant connu les horreurs des 2 guerres mondiales, François Mitterrand, prononçait un de ses ultimes discours, comme on peut délivrer un testament politique, consacré, justement, à l’Europe … 20 ans après, chacun de ses mots résonnent toujours avec autant de gravité, d’intensité mais aussi malheureusement d’actualité…

« II se trouve que les hasards de la vie ont voulu que je naisse pendant la 1ere Guerre mondiale et que je fasse la seconde. J’ai donc vécu mon enfance dans l’ambiance de familles déchirées qui toutes pleuraient des morts et qui entretenaient une rancune et parfois une haine contre l’ennemi de la veille.
Mais ma génération achève son cours, ce sont ses derniers actes, c’est l’un de mes derniers actes publics.
II faut donc absolument transmettre.

Vous êtes vous-mêmes nombreux à garder l’enseignement de vos pères, à avoir éprouvé les blessures de vos pays, à avoir connu le chagrin, la douleur des séparations, la présence de la mort, tout simplement par l’inimitié des hommes d’Europe entre eux.
II faut transmettre,

 Non pas cette haine, mais au contraire la chance des réconciliations que nous devons, il faut le dire, à ceux qui dès 1944-1945, eux-mêmes ensanglantés, déchirés dans leur vie personnelle le plus souvent, ont eu l’audace de concevoir ce que pourrait être un avenir plus radieux qui serait fondé sur la réconciliation et sur la paix.
C’est ce que nous avons fait.

 Ce que je vous demande là est presque impossible, car il faut vaincre notre histoire et pourtant si on ne la vainc pas, il faut savoir qu’une règle s’imposera : le nationalisme, c’est la guerre !
La guerre ce n’est pas seulement le passé, cela peut être notre avenir,
et c’est nous, qui sommes désormais les gardiens de notre paix, de notre sécurité et de cet avenir ! »

 La cérémonie du 8 mai 2015 s’est révélée toute particulière, à son issue nous sommes partis avec une importante délégation de Trilportais fêter le 15 eme anniversaire de notre jumelage avec Engen, ayant choisi cette date en commun pour célébrer cet anniversaire pour toute sa force symbolique et ce qu’elle représentait, tant pour le 8 que le 9 mai.

Construire l’Europe, c’est avant tout, bâtir l’Europe de l’humain, de la proximité et du concret, celle des citoyens, de la culture et de l’amitié …
Pour que plus jamais nous n’ayons de nouveau 8 mai à commémorer mais aussi et surtout pour célébrer l’idée européenne …

 

Poème de Louis Aragon : « strophes pour se souvenir » (l’affiche rouge)

 

 

 

 

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Strophes pour se souvenir

Vous n’avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l’orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servi simplement de vos armes
La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L’affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents

Tout avait la couleur uniforme du givre
À la fin février pour vos derniers moments
Et c’est alors que l’un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand

Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan

Un grand soleil d’hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le cœur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant.

 

Louis Aragon, « Strophes pour se souvenir »,
dans Le Roman Inachevé, 1955

 

19 mars 2015 : « à Claude Gauthier, avec respect … »

dix-neuf.jpgVouloir « effacer » l’histoire est une obsession partagée par tous les obscurantismes et tous les totalitaires, qu’ils soient de l’Etat Islamique ou de métropole, ignorant que le temps est un tamis implacable et que l’homme n’est que sable qui passe.

Robert Ménard, compagnon de route du Front national, Maire de Béziers, en a fait son combat, dévoilant par la même son vrai visage, comme le peu de considération qu’il a de la république.
Sa décision de débaptiser la rue du « 19-Mars-1962 » et de lui attribuer le nom d’un participant au putsch des généraux et de l’OAS, illustre son manque de respect pour la mémoire de ceux dont les noms gravés en lettres d’or ornent nos monuments aux morts et illustre son incommensurable vacuité…  Un élu ne fait que passer et doit quelque soit son ego, prendre en compte cette temporalité, pour le moins éphémère.

Il ne m’appartient pas de juger du bien fondé de donner le nom d’une rue au « Commandant Hélie Denoix de Saint-Marc », militaire courageux, ancien résistant, qui après avoir participé au putsch des généraux, a assumé ses actes avec dignité, mais je veux faire part de mon indignation devant une mauvaise action destinée à entretenir une polémique partisane indigne et inutile à des fins uniquement médiatiques.

 La commémoration du 19 mars, ne célèbre ni une « repentance », ni la défaite de quiconque, elle honore simplement la mémoire de nos compatriotes tombés pour la France, de l’autre coté de la Méditerranée, comme celle de « Claude Gauthier », habitant de Trilport, dont j’ignore s’il était de gauche ou de droite, partisan ou non de l’Algérie Française, mais dont je sais qu’il est mort loin des siens, au nom de son pays, le notre, dans cette terre de soleil et d’azur ou tant de rêves et de vies se sont fracassés.

 Nous devons plus que tout, combattre de vieux démons enfouis au plus profond, assumer l’histoire de notre pays avec lucidité, assumer ses  ombres comme ses lumières. En rappelant que les évènements d’Algérie ont été un horrible conflit qui a marqué à vie des générations de français : une guerre de feu, de sang et d’horreur, guerre que nos politiques ont trop longtemps refusé d’admettre officiellement et dont l’Algérie ne s’est jamais réellement, elle, remise (cf le texte de Kamel Daoud).
Vouloir instrumentaliser cette douleur collective toujours présente, tragédie humaine ayant si longtemps divisé  le pays par le passé, pour en faire une misérable manœuvre politicienne est du niveau de son auteur : minable … Ce n’est pas non plus le meilleur hommage que l’on peut rendre à Hélie Denoix de Saint-Marc.

 Pour les élus, il s’agit simplement de commémorer pour mieux se souvenir afin d’entretenir ce devoir de mémoire au combien utile, qui nous permet de vivre le présent éclairés des leçons du passé afin de construire un avenir plus serein, dans le respect de la démocratie, deux mots que les obscurantistes ignorent et combattent

 

A suivre un très beau texte de Kamel Daoud, écrivain algérien : « Ni m’exiler, ni me prosterner »

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Ni m’exiler, ni me prosterner

Kamel DAOUD

 

Peut-on sortir de la névrose algéro-française ? Car c’est une névrose.
On la reconnait à ceci : le visage est terne des deux cotés, l’affect est vif, la vérité est ténue, la fable est monstrueuse et l’avenir est une feuille morte photocopiée. La névrose se reconnaît à ses traces de pas dans votre tête : elle tourne en rond pendant que vous tournez à vide. Envie d’écrire le monde, d’élargir la fenêtre à la taille de l’océan.

Que pense de moi le japonais penché sur une rime ancienne ou un moteur nouveau ? Que dit la terre du feu sur mon prénom ? Suis-je connu par les glissements neigeux au pôle ou la femme aux hanches larges à Dakar ? Quelle est l’image de mon algériannité dans le brouhaha des divers et des mesures ? Comment sortir de cette longue guerre qui me remplit la bouche de cendre et de totems jacasseurs ? Je rêve d’un poumon neuf et d’un verbe inné. D’aller marcher pieds nus sur un monde de galets. Comment ? Je pouvais parler de mon livre là où j’allais : mes mots auraient été écoutés, nourris ou écartés comme des feuillages sur un chemin de jungle.

Mais parler en France pour un algérien ou en Algérie pour un Français équivaut à tirer un continent avec ses dents. Tout est lourd, même l’humour. Tout a triple sens et quatre cimetières. Tout est pénible, lent, mouvant, chargé, risible et sent le renfermé. C’est un monde mort qui ne cesse de parler. Un lien pourri. Je ne veux pas refaire la guerre ou m’exiler. Juste raconter sans que cela ne soulève des tombes. Dire la feuille quand elle se courbe. Une aube qui ne trouve personne pour l’écouter et qui s’en va. Un ciel qui cherche son reflet sur toute terre possible. Raconter le monde en commençant par un prénom. Dire des histories d’amour et de rire. Des histoires de quartiers et de voisins. Me libérer.

Car au fond, les colons quittent à chaque fois ce pays mais nous laissent prisonniers de nous-mêmes : arabes, français, espagnols, vandales, ottomans. Ils s’en vont puis ne nous quittent plus et nous enferment parmis leurs morts. Et on les porte et emporte. Je rêve de la libération du verbe et du rêve algérien. De la quiétude souriante en bienvenue. D’une profonde confiance en soi. De la possibilité de regarder la mer comme un seuil et pas comme une porte fermée. Je rêve de désirer le monde, pas une guerre, une vengeance ou un mur ou un enfermement ou un effondrement ou une conversion en ablutions. Je rêve d’un pays dont le présent sera plus imposant que la mémoire. Je rêve de sortir de cette prison qui a le dessin d’une confrontation sans fin. Un pays. Une femme. Une descendance proche et éparpillée.

Pénible. Comment se débarrasser de ce lien morbide ? Raconter le monde dans une autre langue que celle du souvenir voulu ou subi ? Je veux être un écrivain japonais mais étant en même temps un algérien sur de soi et des siens. Difficile à faire comprendre cette nuance irréductible qu’est le rêve de ma libération.

Je ne veux plus de l’Histoire.

Elle veut toujours ma mort et mes mots. Elle ne me tolère pas vivant. Je ne veux pas me protester ni me soumettre.

Je veux juste vivre ma terre. Ni vers l’est, ni vers le nord.

 

? Kamel DAOUD ? Janvier 26, 2015

Laïcité, j’écris ton nom

Charlie-Hebdo-La-laicite-cest-par-où.jpgLes tragiques évènements du mois de janvier ont révélé la gravité des fractures qui fissurent notre société ; si le pays est en guerre, il l’est surtout avec lui même, se proclamant égalitaire malgré les ségrégations multiples qu’il génère depuis des décennies.
Deux France s’éloignent ostensiblement l’une de l’autre, fracture territoriale et sociale qui se double d’une crise identitaire douloureuse, car existentielle, auprès de ceux qui se sentent rejetés et exclus de la communauté nationale.
Les images de la fierté et de la joie collective de la France métissée de 98 fêtant la victoire de l’équipe « Black blanc, Beur » qui ont marqué nos jeunesses, sont remplacées depuis dans l’inconscient collectif par celles des émeutes de la France « karchérisée » de 2005. Aujourd’hui les jeunes issus de l’immigration ont toujours autant de difficulté à trouver une place dans la société et à intégrer les valeurs d’une République qui n’est égalitaire qu’en apparence et discriminatoire au quotidien.
Le non respect de la minute de silence qui a tant fait débattre, condamnable, n’est que la conséquence de cette réalité sociale trop longtemps ignorée.

La laïcité, hier encore considérée comme ringarde par beaucoup, a pris une toute autre dimension depuis le 7 janvier ; encore faut il ne pas la réduire à un concept fourre tout, vide de contenu, et entretenir une ambigüité qui ne satisfait plus personne : pour certains elle constitue une forteresse nous « protégeant » de l’Islam, pour d’autres transmettre les valeurs républicaines est totalement inutile ! D’autant que la laïcité qui constitue une quasi «anomalie» en Europe, ce mot n’existant ni en anglais, ni en allemand, suscite à l’étranger beaucoup d’incompréhension.

Comment exiger des enseignants qu’ils soient des « passeurs de valeurs » pour remplir une mission que la société a désertée depuis des lustres, pour laquelle ils n’ont pas été formés et dont les contours changent à chaque nouveau Ministre de l’Education ? Ils sont  pour le moins démunis. Dans une salle des profs, si l’on demande à chacun de définir ce que représente concrètement la laïcité, les copies risquent fort d’être toutes différentes !

La laïcité n’est pas un talisman immuable, elle s’adapte au fil du temps et de l’évolution de la société dépassant le cadre des manifestations d’appartenance religieuse, trop réducteur, pour poser la question essentielle de la transmission des valeurs communes à partager, problématique qui concerne l’ensemble d’une société en panne d’intégration.

L’école doit retrouver son rôle de creuset de citoyenneté républicaine autour de la laïcité, véritable  «fabrique à faire du commun», en intégrant que la France de 2015 n’est plus celle de 1905 !

Car là est bien la difficulté …

 

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Notre pays abrite les plus importantes communautés islamiste et israélite d’Europe, ce qui pose nécessairement la question des relations entre religions (au pluriel) et Etat.
Contrairement à ce que beaucoup écrivent, cette question s’est posée à tous les cultes, aucun ne se révélant spontanément laïque et tous ayant besoin d’un temps nécessaire d’adaptation plus ou moins long. Il a fallut plus d’un siècle pour la seule religion catholique ! Si la loi n’interdit pas aux cloches des églises de sonner, elle en précise les conditions.

Rappelons que ces dernières sont entretenues par les collectivités, contrairement aux autres lieux de culte, ce qui pose un sérieux problème d’équité républicaine. La France doit s’interroger sur sa relation particulière avec l’Islam, afin d’assumer cette religion avec raison, dignité et surtout respect, arrêtant de la sous traiter à l’étranger, que ce soit à l’Arabie Saoudite, au Quatar ou à d’autres états.

Nous avons besoin d’un Islam de France, pour remplacer celui des caves, des émirats et des obscurantistes en provenance directe des califats. Les imams et aumôniers des prisons doivent être recrutés et formés ici et parler notre langue ! Il n’existe pas au niveau national de communauté musulmane organisée autour d’une  autorité religieuse reconnue par tous. Absence préjudiciable qui se traduit par un manque de régulation, de médiation ou de transparence sur les modes de financement. L´Islam n’est présent en France que depuis peu, aussi nous devons intégrer que ce culte, comme les autres avant lui, doit «se formater à la laïcité à la française » et adapter ses pratiques. Encore faut il proposer un cadre concret et non un « entre deux » ambigüe.

Nous devons être vigilants et veiller à protéger la liberté de croire ou non, défendre la liberté d’expression dans toute sa plénitude, réprimer toute acte raciste, anti sémite ou islamophobe et fixer des repères clairs, en définissant une laïcité adaptée à la France de 2015,  multiculturelle et multiconfessionnelle, autour de règles de vie partagées et respectées par toutes les communautés. Ne pas agir dans ce sens est faire le lit du communautarisme. 

Les attentats du type ceux de janvier dernier, quelque soit leurs motivations, doivent interpeller notre société sur sa capacité à proposer de réelles perspectives aux jeunes générations afin de résoudre la grave crise spirituelle qu’elles traversent.
La question du sens est effectivement essentielle. On ne peut se réduire le projet de toute une vie à l’amélioration de la compétitivité ou de la croissance et à la réduction de déficits.

Les douleurs humaines ne sont pas virtuelles, mais bien concrètes. L’homme a besoin de foi, au sens laïc et philosophique du terme, pour être en capacité de se projeter dans l’avenir, il a aussi besoin de liens sociaux qui lui permettront de se retrouver dans un projet commun et partagé avec d’autres …  Ctête aptitude lui a permis de s’élever, puis ensuite d’entamer sa longue marche, pas à pas.
La nature a horreur du vide, y compris spirituel, si rien n’est proposé, le pire peut arriver, d’autant que les jeunes générations sont conditionnées dés le plus jeune âge à la violence la plus extrême, souvent virtuelle, ou l’on oublie que le sang est douleur, que le sang est malheur, que le sang est terreur.

Se poser la question de la laïcité, s’est s’interroger avant tout sur la question du sens à donner à une société qui en manque cruellement et qui peine tant  « à faire corps », s’est aussi proposer une vision du monde et une vision de l’humain, conçu et bâti autour de l’émancipation, du respect d’autrui, dans ce qu’il est et dans ce qu’il pense, « délimitation profonde entre temporel et spirituel ».