De la nécessité et de l’avantage de récupérer l’eau de pluie …

17559024ab91b85e876908d24a1dbe54.jpgNous construisons actuellement un nouveau bâtiment scolaire (réfectoire, cuisine, sanitaires, locaux techniques et accueil périscolaire) qui devrait ouvrir d’ici janvier. Cette réalisation respecte une démarche  Haute Qualité Environnementale très poussée, puisque pratiquement toutes les cibles HQE sont concernées, beaucoup considérent déjà ce bâtiment comme une référence de l’éco construction. Je reviendrais d’ailleurs trés prochainement sur cette réalisation innovante à plus d’un titre.

Une des cibles « HQE » poursuivie est liée à la gestion de la ressource eau. Un objectif précis : récupérer l’eau de pluie afin de l’utiliser pour l’arrosage et les sanitaires (chasses d’eau des WC). Une innovation mise en place l’an dernier sur notre nouveau Centre de Loisirs « Le Petit Prince » (voir notes précédentes : le centre, ses qualités environnementales ). Nous avions été  alors (il y a un peu plus d’un an), les premiers en Seine et Marne à obtenir l’autorisation des services de la DDASS.

Quelle n’a pas été ma surprise de recevoir la semaine dernière un avis négatif de cette même DDASS concernant une installation similaire (destinée à récupérer l’eau de pluie pour les toilettes des sanitaires) pour ce nouveau bâtiment.

Une décision qui interpelle au regard des enjeux planétaires mais également de la situation particulière de ma commune vis à vis de la qualité de l’eau et plus globalement du département de Seine et Marne, terre agricole et céréalière s’il en est  …

Cet avis négatif pour le moins paradoxal, fait un peu désordre à l’heure du « Grenelle de l’Environnement » !

 

 

8f81ebb478dc3e9c8f4aef070b1a5312.jpgRappelons que si la Terre est appelée également Planète bleue, du fait de l’omniprésence de l’eau, celle ci est pour l’essentiel, salée (97,5%).
Sur les 2,5% d’eau douce restant, 2/3 sont  conservés sous forme de glace ou de neiges éternelles. Ne reste donc plus que 0.75% d’eau disponible pour la vie sur terre, dont 2/3 consacrés à l’agriculture (quelquefois pour des cultures très demandeuses d’eau tel le coton).

Autre constat , la planète compte aujourd’hui plus de 6 milliards d’habitants qui seront bientôt 9 milliards. Actuellement prés de 2 milliards d’humains ne disposent pas d’assez d’eau pour vivre et 4 millions de personnes meurent chaque année de maladies liées au manque d’eau (dont 6000 enfants chaque jour). Situation dramatique qui n’empêche pas les Pays développés de gaspiller une ressource rare et précieuse,  thématique qui avait fait l’objet d’un superbe documentaire télévisé de Yann Arthus Bertrand, notamment sur le gaspillage de l’eau à Las Vegas …
Lorsque nous avions reçu le Maire de Niou, ville burkinabé (voir note précédente) confronté à ce problème épineux, nos discussions avaient  invariablement porté sur la gestion de l’eau, qui est pour eux une denrée rare, un trésor …  Réalité planétaire manifestement peu perçue dans notre pays.

D’autant que nos nappes d’eau souterraines (nappe du calcaire de Beauce, nappe de la craie du bassin de Paris, nappe du calcaire de Champigny en Brie) sont en baisse constante. Tous les ans, de nombreux départements français font l’objet de mesures de restriction. Autre réalité, plus locale, notamment en Terre de Brie et notre magnifique département de Seine et Marne, l’agriculture intensive a pollué ces nappes phréatiques, on y retrouve la présence de substances indésirables telles l’atrazine et ses dérivés.
A la différence des cours d’eau, les nappes souterraines sont des réservoirs qui se renouvellent très lentement à l’échelle humaine (en quelques siècles ). La nécessité de préserver la ressource en eau n’est donc plus à démontrer!

Contexte qui rend encore plus illogique la décision de la DDASS !

Une directive européenne diversement appréciée

56% de l’eau que nous utilisons ne nécessite pas une qualité d’eau potable et peut se contenter d’eau de pluie filtrée : arrosage, lavage de surfaces ou de véhicules, industrie, alimentation de blocs sanitaires …
L’estimation de la quantité d’eau utilisée pour des usages non alimentaires et non corporels se répartit comme suit :  WC : 35%, lessive : 15%, jardin : 5%, nettoyage : 3%. La substitution de l’eau potable par de l’eau de pluie (stockée et filtrée) est donc non seulement possible mais utile pour ces usages.

Ce constat, amis également le contexte de pénurie d’eau mondial, a amené beaucoup de pays européens depuis une trentaine d’années à être très actifs dans la récupération de l’eau de pluie, et à installer des systèmes de stockage-filtrage associés à un double réseau d’eau intérieur : l’un pour l’eau potable, l’autre pour l’eau de pluie, sans interconnexion possible entre les deux réseaux (norme européenne NF EN 1717).

La directive 98/83/CE du Conseil du 3 novembre 1998 relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine a défini, dans son article 2, les « eaux destinées à la consommation humaine ».

Selon la directive des eaux sont : toutes les eaux, soit en l’État, soit après traitement, destinées à la boisson, à la cuisson, à la préparation d’aliments, ou à d’autres usages domestiques, quelle que soit leur origine et qu’elles soient fournies par un réseau de distribution, à partir d’un camion-citerne ou d’un bateau-citerne, en bouteilles ou en conteneurs ;

Le terme « domestique » employé dans cette directive est traduit différemment selon les États membres. Si nombre d’entre eux portent un jugement favorable sur l’utilisation de l’eau de pluie pour la chasse d’eau et pour le lavage du linge, cela n’est pas le cas de la France (décret 2001-1220 du 20 décembre 2001 relatif aux eaux destinées à la consommation humaine à l’exclusion des eaux minérales naturelles),.

L’utilisation de l’eau pluviale  pour les toilettes ou le lavage du linge ne peut se faire en France, au regard des textes actuellement en vigueur (règlement sanitaire départemental) que sous la condition d’obtenir une dérogation de la DDASS (Direction départementales de l’action sanitaire et sociale), qui varie selon les départements …

Verbatim 

Une situation qui peut encore évoluer, car le courrier de la DDASS stipule :

« La Direction générale de la Santé (DGS) a pris une position d’attente provisoire, en donnant des conditions dans lesquelles l’utilisation de l’eau de pluie pourrait être sanitairement acceptable pour certains usages domestiques. Le Conseil Supérieur de l’Hygiène Publique de France a émis un avis qui doit être validé par la DGS durant ces prochains mois.

La position au niveau régional correspondant à votre projet est défavorable à la réutilisation des eaux de pluie pour l’alimentation des sanitaires.

Actuellement, la réutilisation des eaux de pluie ne saurait être encouragée par les instances sanitaires pour une utilisation domestique, en raison des risques sanitaires. Neanmoins compte tenu des faibles risques sanitaires liées à l’sage de l’eau pour l’extérieur (arrosage) nous tolérons la récupération des eaux pluviales sous réserve … »

Si récupérer l’eau de pluie a un sens, c’est surtout afin d’économiser l’eau potable. Dans notre région lorsqu’il pleut les espaces verts sont également arrosés et n’ont pas forcemment besoin d’eau supplémentaire et l’été les périodes de canicule sont réellement rares et courtes.
A contrario les chasses d’eau utilisent de l’eau potable été comme hiver.Autre point : chaque élève fréquentant l’école est à priori propre et éduqué à ne pas boire dans la cuvette des WC ! Les enseignants à qui j’ai montré ce courrier et certains ont de la bouteille, sont stupéfaits, il n’ont jamais dans leur carrière rencontré ce cas de figure !

 
Autant dire que je vais m’employer dés à présent à agir afin de faire évoluer une telle position.

Le principe de précaution défendue par la DDASS en Seine et Marne sur cette question, est il en cohérence avec la réalité du risque sanitaire ? Question légitime qui a trouvé une toute autre réponse ailleurs. Je doute pourtant que des pays comme l’Allemagne, les pays nordiques soient moins vigilants que nous sur la problématique du risque sanitaire.

Cette contreverse est me semble t’il un débat de pays riche, un débat même ayu regard de l’actualité surané. Nous avons en France, la chance (?) de nous poser une telle question, mais jusqu’à quand ?
Le Développement Durable avant d’être de la COM’. consiste aussi et surtout à prendre en compte la situation actuelle et future. La problématique toute particulière de la ressource EAU évoquée précédemment, ressource rare à préserver s’il en est, surtout sur nos plaines de Brie, mérite que l’on revoit certaines positions qui ne tiennent pas compte de la gravité des enjeux planétaires et de l’urgence que nousa vons à y apporter des réponses concrètes  !