Pour 2006, je vous souhaite un bonheur qui dure …

Le moment des voeux pour un élu, est l’instant privilégié de redresser la tête du guidon pour faire le point, surtout aprés cette première année réellement en responsabilité comme Premier Magistrat de Trilport.

Un premier bilan contrasté, mi fugue, mi raison; ma commune, Trilport, ville à la fois rurale, à la fois urbaine, condense les difficultés et les atouts de ces deux univers, l’urbain et le rural, ce qui empêche la monotonie, se révèle passionnant mais demande pas mal d’énergie.

Le Maire tient un rôle essentiel auprès de ses concitoyens. Elu de proximité par essence, il est en première ligne devant leurs colères, leurs doutes, leurs attentes et leurs exigences; exutoire naturel, il se transforme souvent en bouc émissaire des contradictions d’une société qui n’en manque pas; surtout dans une petite ville de 5000 habitants, qui possède tous les problèmes d’une grande commune sans avoir pour autant ses moyens logistiques et financiers.

Dans un contexte politique où règne trop souvent l’effet d’annonce et les petites phrases du 20 heures, il doit au quotidien et concrètement mettre en place, au meilleur coùt, quadrature du cercle souvent impossible, les structures indispensables au maintien du lien social,  être également le garant d’une plus grande solidarité entre les uns et les autres et d’une meilleure qualité de vie pour tous. Paradoxalement, plus ses moyens semblent se réduire, plus les attentes de ses concitoyens sont fortes et les demandes des politiques pressantes.

Aujourd’hui, l’Etat, et je le regrette amèrement, est de moins en moins présent financièrement, alors qu’il est de plus en plus exigeant avec les communes, les conditions d’application de la loi SRU en sont une parfaite illustration … Attitude contradictoire s’il en est, certains diraient schizophrénique, surtout lorsque l’on aborde le volet fiscal !

Heureusement, le paysage institutionnel du pays évolue, les Territoires en s’émancipant (quelquefois contre leur gré)s’entremêlent : Région, Département, agglomération … une commune n’est plus tout à fait isolée et dispose d’un réseau de partenaires divers pour l’aider à répondre aux demandes de ses habitants. Il est impératif pourtant que l’Etat n’abandonne pas à son triste sort la cellule de base de la cohésion sociale qu’est la commune et qu’il le traduise financièrement sans ambiguité dans ses dotations (on peut toujours rêver!).

Pour finir ce propos sur une note un peu plus optimiste.

Afin de faire œuvre utile, c’est ensemble que les élus doivent travailler, afin de proposer de nouvelles perspectives à nos concitoyens; au regard d’un passé récent cela est plus que jamais une nécessité !

Là encore, l’élu de base doit rester humble, vigilant et gestionnaire à défaut d’être visionnaire, comme Saint Exupéry lorqu’il écrivait : « Il faut autour de soi, pour exister, des réalités qui durent ».

Car en 2006, nos concitoyens ont surtout besoin de bonheur qui dure

La « petite » histoire à l’honneur …

Samedi dernier, en présence de nombreux élus et personnalités des sociétés culturelles et historiques locales j’ai eu le plaisir de nommer, au nom du Conseil Municipal,  Michele Bardon Citoyenne d’Honneur de la commune de Trilport. J’avais proposé sa nomination au Conseil Municipal, vu l’apport inestimable de ses travaux  à l’histoire régionale et locale. Elle a consacré de nombreux ouvrages au passé de notre région, dont dernièrement un livre sur Bossuet qui fait référence, mais également à Trilport, poursuivant ainsi, sa vie durant, le travail entamé par son père.
Auteur d’un ouvrage sur notre commune, « Trilport, témoin de l’histoire », aujourd’hui épuisé, son talent et sa plume ont permis aux Trilportais d’aujourd’hui de connaître le passé de leur ville, ses grands comme ses petits évènements, l’origine des lieux dits, des noms de rues souvent pittoresques qu’ils parcourent tous les jours ou dans lesquels ils vivent.
Il n’y a pas de petite histoire ou de grande histoire, il y a l’histoire … il n’y a pas non plus de petites gens sans importance, mais des hommes et des femmes qui vivent, s’épanouissent et marquent parfois leur passage ici bas . L’empreinte qu’il laisse pouvant surgit au détour d’un quartier, dans la dénomination d’une rue …
Soulignons l’importance du travail de ces « drôles de rêveurs » (les historiens locaux), qui à partir d’une exploration méthodique et laborieuse des différentes sources du passé : archives (privés, évéché, département, bibliothèque nationale …) ou vestiges, nous aident à mieux comprendre la réalité d’aujourd’hui … Sartre ne disait il pas que l’identité est une trajectoire ?
Pour un élu qui aime sa ville, il est important de s’imprégner effectivement de cette « trajectoire », avant de prendre des décisions influant sur le futur; surtout dans nos communes franciliennes ou l’évolution démographique des dernières années bouleverse l’ordre « naturel » des choses à un rythme effrené.
Pour un élu s’intéresser à l’histoire, ce n’est pas perdre son temps, c’est réflechir à partir de l’action passée, à l’action à venir et à ses éventuelles conséquences, ce qui ne veut surtout pas dire ne rien faire …
Plus que jamais, notre génération doit, avant de prendre des décisions rapides, voir immédiates, aux conséquences quelquefois définitives, saisir tout le poids du passé et savoir prendre le temps de la réflexion. La science actuelle nous apprend tous les jours que si l’homme est seulement de passage, sa trace sur Terre étant tout sauf éphémère, jusqu’à remettre en cause le devenir de la planète.

Honorer Michèle Bardon comme nous avons eu le plaisir de le faire, n’est que justice … Il nous faut désormais tout mettre en oeuvre pour que ces travaux soient connus du plus grand nombre et ne reste pas lettre morte, ce qui pour des livres seraient plus que dommageable.

Douce france

« Il revient à ma mémoire, des souvenirs familiers … »

Le repas des anciens est un moment tout à la fois émouvant, attendu et redynamisant …
Emouvant car lié à des visages aimés pour certains désormais disparus, aux moments de convivialité et de fête partagés, aux traces laissées par la marche forcenée du temps sur certains de mes concitoyens …
Attendu, parceque ce repas est tout sauf une obligation et fait partie des moments de plaisir mais également de réflexion; certains sont de vrais sages et possèdent une vue très lucide de la vie dans la cité… Il est toujours enrichissant d’écouter leurs analyses qui permettent souvent d’éclairer la voie …
Redynamisant, il ne pourrait en être autrement au regard de l’enthousisasme et de la joie de vivre qui se dégage de ce repas permettant de rétablir les vrais fondamentaux et d’entrevoir de nouvelles pistes d’action … Car animer une municipalité, c’est trop souvent avoir la tête dans le guidon, il faut savoir parfois la relever, afin de faire le point pour dresser le cap et corriger, si nécessaire, la route … Tradition désormais bien établie, ce repas est un de ces moments bienvenus …

 

Constat évident : le nombre des convives augmente chaque année, conséquence des progrès réalisés par la médecine et la société… Ne parlons plus de troisième âge, il existe désormais un troisième et un quatrième âge … L’économie de marché ne s’y est pas trompée : après le panier de la ménagère de 50 ans, cher à TF1 et à Jean Pierre Foucault, il existe un marché des juniors et un marché des seniors … Nouvelles Frontières a d’ailleurs élargi sa palette vers d’autres nuances et une clientèle aux tempes plus grises …

 

L’occasion de revenir sur l’importance de l’action publique. La canicule de 2003 a eu au moins un mérite, elle a remis les pendules à l’heure et réintroduit la Solidarité au premier rang de nos priorités; il était temps, n’en déplaise à certains « autistes du cœur » …

Ici pas de grande messe rédemptrice et télévisée style Téléthon, ou d’opération marketing, genre pièces jaunes … Aprés 364 jours d’égoïsme et d’individualisme, quelques heures d’altruisme en direct et en technicolor … Pas de recyclage pour d’ancienne gloires de l’individualisme forcené recherchant de nouvelles niches publicitaires (et je ne parle pas de Yannick Noah qui lui est un vrai humaniste) …

La vraie solidarité est faite d’une répétition d’actes simples et quotidiens mais au combien indispensables à la vie de tous les jours vécues; son instrument principal est l’action publique, souvent exercée en première ligne, par les communes et des associations comme l’ASSAD (aides ménagères). Cette solidarité demande des moyens humains et financiers (les impôts servent aussi à cela), de l’organisation, n’est pas toujours simple à mettre en place pour nos petites villes, mais elle est possible, c’est ce que nous essayons de prouver chaque année.

 

Car les perspectives d’action sont innombrables :

  • Le retard de notre pays est criant … déséquilibre piétons / voitures, accessibilité dans la ville et dans les bâtiments publics … Dans nos communes, il n’est pas bon être piéton et encore moins piéton handicapé ou âgé… Nous avons une vraie révolution culturelle à accomplir afin de rendre nos villes accessibles à tous ; une réflexion qui concerne également les bâtiments publics … Le Développement Durable c’est aussi cela !
  • Autre constat, il n’existe pas de solidarité sans lien social … la vie associative, culturelle et festive est créatrice de lien social … Animer plus que jamais c’est également et surtout donner la vie …
  • Question cruciale s’il en est pour nos sociétés, la question de l’autonomie. Elle nous concernera tous, un jour ou l’autre. Un seul objectif : faciliter l’autonomie la plus longue et la plus douce possible. Le maintien à domicile dans sa maison, dans sa ville, auprès de ses amis et sa famille est préférable au lit médicalisé. C’est plus intelligent, plus humain et à la fin plus économique … Il faudra dans ce domaine également effectuer une révolution culturelle et notamment aborder la question de locatifs sociaux adaptés à ce type de population …

 

Ces perspectives d’actions sont au coeur de mon engagement d’élu local … Afin de contribuer à perpétuer cette chance qui est la nôtre de vivre dans ce modèle français et européen, cette « vieille europe », plutôt que dans une société éclatée ou émiettée ou le maître mot est « chacun pour soi … »

 

« Douce France Cher pays de mon enfance … Bercée de tendre insouciance Je t’ai gardée dans mon cœur! »

5 ans d’amitié européenne

Trilport a reçu une délégation d’Engen afin de fêter le cinquième anniversaire du jumelage entre nos deux villes … Un jumelage qui rassemble …

Pour préparer cette venue, la mobilisation a été quasi générale. Pour une petite commune comme Trilport, recevoir plus de 110 personnes venus d’Allemagne, n’est pas une sinécure; d’autant que nous voulions bien faire les choses. Un comité d’accueil composé d’élus, de représentants du monde associatif, d’associations, de membres du personnel municipal s’est constitué et a préparé avec le Comité de Jumelage ces trois jours de fête. De prés ou de loin, c’est plus d’une soixantaine de personnes qui ont participé à l’organisation des différentes manifestations.

La fête a commencé dés l’arrivée d’une première délégation le vendredi soir et s’est poursuivie durant les trois journées, en s’achevant sur une touche d’émotion grace à des chants d’enfants des écoles … A chaque fois, un lieu et une équipe d’organisation différente, de nombreuses associations de la commune avaient tenu à contribuer à la réussite de ce séjour.

Le point d’orgue, a été incontestablement la soirée officielle qui a rassemblé plus de 3OO personnes dans le gymnase municipal, magnifiquement décoré et aménagé pour l’occasion par nos services … Soirée durant laquelle nous avons eu le plaisir d’honrer Johanes Moser Burgermeister d’Engen et Ulrich Scheller, responsable du jumelage, coté allemand, en les nommant citoyens d’honneurs de la commune. Cette soirée a montré à toutes les personnes présentes l’implication, le sens créatif et la qualité de travail des agents municipaux mais également la mobilisation des jeunes d ela commune et de nombre s’associations; on ne peut qu’être fier d’animer une équipe de cette qualité …

Quelques mots sur un jumelage heureux …

« L’amitié entre nos deux villes ne date pas d’hier, cette longue histoire a débuté en 1987 par l’appariement entre deux de nos établissements scolaires … Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts de Trilport …

Les premiers élèves sont devenus des parents, leurs parents, des grands parents dont les petits enfants bénéficient aujourd’hui de cet échange si riche entre nos deux villes, nos deux pays … Je crois que c’est cela qui explique avant tout la réussite de ce partenariat … la force de ces racines … Nous pouvons dire que la greffe a bien prise et que peu à peu l’arbuste naissant a développé des rameaux plein de vitalité …

Je ne reviens pas sur l’importance des jumelages, initiés par le chancelier Adenauer et le Président de Gaulle, dans l’amitié entre nos deux pays et dans la construction européenne … Nos histoires sont différentes, nos langues sont différentes, nos cultures sont différentes … Ce sont ces différences qui font notre richesse car elles sont au service d’une amitié qui est la même, et de valeurs qui sont semblables, nous sommes européens …

Dorénavant il nous faut penser au présent, à l’Europe d’aujourd’hui, mais surtout à celle de demain, qui s’étend encore plus à l’Est … Bien sur la construction européenne est un long chemin semé d’embûches, mais Rainer Maria Rilke ne disait il pas dans une de ses Lettres à un jeune poète : « Qu’une chose soit difficile doit nous être une raison de plus pour l’entreprendre … ». La récompense est au bout de ce voyage.

Notre histoire commune en est la preuve et donne toute son importance à ce choix mûrement réfléchi, de s’unir pour mieux exister, afin de proposer au monde une vision plus humaine de la société, C’est de cette sagesse, de ce respect de l’homme, de la vie et de la nature, dont la planète a tant besoin …

Wir sind Europäer »

   

Trouble à l’ordre public ou non ?

Trilport, le 2 juin

Suite à mon dépôt de plainte, consécutif au coup reçu lors d’une installation illicite des gens du voyage, et à l’écho médiatique que cet événement a suscité j’ai été reçu, par le Sous Préfet. Celui ci a regretté lors de cette entrevue, mes propos sur le sentiment d’abandon de la part des pouvoirs publics ressentis l’an dernier.
Je l’ai informé d’une remarque émise par son prédécesseur, lors d’une réunion obtenue dix jours après l’installation de deux cent caravanes sur la Côte Rôtie, durant laquelle j’évoquais le trouble que cette occupation illicite provoquait auprés de mes administrés. « De quoi vous plaignez vous Monsieur le Maire, ils n’ont pas que je sache violé vos collégiennes ou mis votre ville à feu et à sang ? » Ce à quoi je lui ai répondu « Si cela était, je n’aurais pas attendu dix jours. »

Puis, plus rien jusqu’à leur départ et même après …  Le Procureur a refusé de retenir la notion de trouble à l’ordre public et m’a déconseillé toute initiative. Ce que je n’ai pas fait, nous nous sommes alors rapproché de l’ensemble des propriétaires des parcelles, et en leur nom, avons engagé la procédure qui a permis d’arriver finalement au départ des caravanes aprés plusieurs semaines de travail de dossier..

Pour la Côte Rotie …

Trilport, le 23 mai

J’ai été agressé alors que je m’interposai pacifiquement à une installation illicite de gens du voyage, jugeant cet acte inadmissible, j’ai décidé de porter plainte mais il est essentiel à mes yeux qu’un acte isolé et fâcheux commis par un individu ne porte préjudice à toute une communauté, en l’occurrence, celle des gens du voyage.

Certains peuvent se demander pourquoi des élus de terrain réputés, plutôt « cool » et conciliant peuvent s’interposer physiquement afin d’éviter une intrusion sur une propriété privée. Notre réaction est la conséquence directe de « l’occupation » vécue l’année dernière sur le même site, au lieu dit « La Côte Rotie ». Ce n’est qu’après un marathon de plus de quatre mois de formalités, de démarches administratives, officielles et juridiques, uniquement assumées par nous mêmes et nos services que nous sommes parvenus à obtenir le départ des dernières caravanes.
Je ne peux accepter l’invasion de plus de 400 véhicules sur un site de la commune totalement inadaptée à cette occupation : les entrées possibles (cinq différentes), le nombre potentiel de caravanes pouvant y séjourner, la qualité paysagère remarquable du site, ce coteau offre une exceptionnelle perspective sur ma commune, la proximité immédiate avec les habitations et le Collège (un jet de pierre), les risques d’accidents de la route (deux routes départementales : RD 33 et RD 17), la configuration des lieux est totalement inadaptée aux allers et venues des véhicules, la situation foncière (nombre important de propriétaires et de nombreuses parcelles situées sur deux communes), l’état de dégradation de ces terrains après les quatre mois d’occupation …

L’estimation des frais occasionnés par ce « séjour » se monte à environ 10 000 euros (dont les frais de justice et d’huissier) ; un calcul qui ne tient pas compte des heures passées (montage juridique du dossier, temps passé avec les riverains, les pouvoirs publics et les gens du voyage, nettoyage du site) et des 1000 m3 de consommation d’eau non réglées. Les aménagements réalisés cette année afin de prévenir une nouvelle intrusion (installation de barrières, dépôt de terre) sont estimés eux à 5 000 euros.

L’attitude de nos communes durant des années face aux gens du voyage, a toujours été conciliante et responsable. Trilport finance depuis l’origine, tant en investissement qu’en fonctionnement, l’aire d’accueil de Poincy, nous respectons le Schéma Départemental d’Accueil des gens du Voyage (pour les grands passages). L’exaspération monte, devenant inquiétante, cet événement le démontre même s’il n’a pas eu et il faut s’en féliciter de conséquence dramatique.
Une commune isolée est désarmée. La situation vécue l’année dernière m’incline à penser qu’elle est abandonnée à son triste sort. Comment faire passer un message de médiation auprès de nos concitoyens mais également auprès de la communauté des gens du voyage, afin de gérer une cohabitation de plus en plus délicate lorsque l’Etat de droit n’est pas respecté et qu’aucune solution alternative n’est proposée aux nomades.

Je n’ai fait que mon devoir d’élu, en m’interposant pacifiquement mais avec détermination afin d’empêcher une nouvelle intrusion sur la Côte Rôtie ; fort heureusement la situation n’a pas dégénérée, mais pour combien de temps ?