Eco quartier : Trilport laureat de l’appel à projets régional

nqu.jpgIl y a un peu plus d’un an, j’avais consacré une note à notre projet d’éco quartier, je me rends compte que pas mal d’eau a coulé depuis sous les ponts de la Marne, sans que j’ai donné d’informations sur l’évolution d’un projet qui mérite pourtant qu’on s’y arrête quelque peu.
L’occasion de vous proposer, au travers de ce blog,  de suivre au fil de l’eau la longue gestation d’un éco quartier, une aventure certes environnementale mais surtout et avant tout humaine, car traitant de liens sociaux. Cette gestation durera certainement plus de neuf mois avant d’arriver à terme, mais reconnaissons que dans ce type de problématique, les prématurés sont rarissimes, et les aléas pré natals au contraire nombreux.

Retour sur images. L’idée fondatrice est issue de la concertation menée autour du PLU. Des riverains d’une friche du centre ville (composée essentiellement de délaissés industriel et agricoles) lassés des multiples nuisances rencontrées nous ont demandé d’intervenir, ce que nous avons fait en lançant un diagnostic urbain sur ce secteur. Les conclusions de cette étude, la proximité immédiate avec la gare SNCF et le Centre Ville, les caractéristiques et potentialités du site, nous ont conduit à privilégier la création d’un nouveau quartier.
Nous avons alors esquissé une ébauche de projet dont la spécificité est d’agir sur les trois piliers du Développement Durable : social (renforcement des solidarités et de la mixité sociale et multi générationnelle …), environnemental (développement des transports en communs et des moyens de transports économes en énergie,  habitat bio climatique,  bio diversité, production d’énergie renouvelable …) et économique (création d’emplois locaux et pérennes). Un ensemble et une cohérence qui nous ont amené tout naturellement à opter pour un éco quartier.

Si certains nous reprochent d’avoir perdu prés d’un an avant d’aller plus loin, l’explication est simple. C’est le délai qu’il nous a fallu pour rechercher, puis obtenir les ressources logistiques nécessaires à l’ambition environnementale du projet  …
Pour ce faire, nous avons postulé aux appels à projets relatifs à cette thématique trés en vogue actuellement, avec l’objectif de réunir une aide financière. Soulignons que de tels  dispositifs constituent, de fait, une réelle chasse gardée des grandes villes; ces dernières ont les moyens de faire travailler des bureaux d’études spécialisés leur permettant de monter les dossiers.

Nous avons mis toute notre énergie, notre passion et les quelques comptétences dont nous disposons en interne pour atteindre notre objectif, les vents nous ont été favorables, Trilport et ses quelques 4 868 habitants, petit poucet du concours (et de loin !) est effectivement un des neuf lauréats de l’appel à projet régional « Nouveaux Quartiers Urbains » !

Mais pour y arriver, nous n’avons pas chômé !

 

 

Je m’intéresse à la problématique des éco quartiers depuis quelques années, car ils sont un complément naturel de l’Agenda 21 et de la démarche d’Aménagement Environnementale de l’Urbanisme que nous avons initié pour notre PLU et vont bien plus loin que la Haute Qualité Environnementale.

Le retard de notre pays dans cette thématique environnementale, malgré la communication officielle, n’est pas un scoop, la France ne possède ni  éco quartier « emblématique », ni définition officielle du concept, ce qui explique le flou régnant sur un sujet pourtant dans l’air du temps. Le moindre lotissement TPHE, devient dans la bouche de ses aménageurs ou élus, un « éco quartier », y compris lorsque ses objectifs sont aux antipodes de ceux recherchés, notamment sur l’étalement urbain, la nécessité de « rétro agir » sur la ville, de limiter les déplacements de ses habitants ou la place de la voiture.

La France veut cepednant rattrapper ce retard, c’est heureux. Un référentiel relatif aux éco quartiers est actuellement en élaboration, un espace thématique du site du Ministère de l’Environnement (ou MEDDAT) est dédié à cette problématique. L’objectif principal des premières vagues d’appels à projets régionaux ou nationaux qui ont été lancés au premier semestre 2009 est bien de déterminer le cadre de références et les invariants de cette démarche, afin de créer un label « éco quartier ».

Une certitude cependant, un éco quartier doit permettre de réduire efficacement et durablement l’empreinte écologique, en agissant notamment sur deux cibles principales : l’habitat et la mobilité. Limiter sa portée à la seule efficacité énergétique est réducteur voir dommageable, car il doit être bien plus …  Un éco quartier doit s’inscrive dans le contexte  local et si possible permettre l’essaimage des bonnes pratiques; il ne doit pas constituer un îlot isolé, mais au contraire, prendre toute sa place dans le tissu urbain et social déjà constitué  et apporter des réponses appropriées à dives enjeux territoriaux

 

Pour faire avancer le dossier et et mettre le plus de chances de notre coté, nous avons candidaté à trois appels à projets, dont deux au titre de l’agglomération.

Notre projet a été retenu comme action du Contrat de Projets 3 (ou GP3), contracté entre Etat  / Région et Communauté d’Agglomération, ce qui lui permettra de bénéficier de subventions intéressantes. Cet éco quartier constituant d’ailleurs une des très rares actions non localisées sur la ville centre,

Nous avons répondu également au concours national « Quartiers Durables » organisé par le Ministère de l’Environnement du Développement Durable et de l’Aménagement du Territoire (ou MEDDAT). Trilport est un des 160 projets déposés sur la France entière. Originalité interessante, une candidature déposée conjointement avec l’éco quartier de la ville de Meaux qui nous a rejoint dans cette démarche. Nous sommes dans l’attente des résultats de cette consultation nationale.

 

Enfin, nous avons postulé à l’appel à projet « Nouveaux  Quartiers Urbains » initié par la Région Ile de France. Un dispositif destiné à encourager la création d’éco quartiers innovants et à constituer peu à peu un réseau d’échanges qui permettra de valoriser les expériences exemplaires réalisées par les collectivités initiatrices.

Sans langue de bois, cette candidature était certainement la plus importante, vu que la Région accompagne financièrement chaque projet lauréat d’une enveloppe prévisionnelle significative, calculée selon le nombre de logements projetés (350 pour Trilport) et la qualité du projet présenté (un coefficient de majoration attribué par le jury). Autre avantage et non des moindres, un taux de subvention des opérations retenues s’élevant à 80%, un contexte qui simplifie la donne initiale.  Pour l’anecdote, Trilport avec ses quelques 4 868 habitants est une des neuf villes lauréates de la première vague de candidatures (la deuxième est en préparation) bien que  plus petite ville postulante (sur une trentaine de candidatures).

Cet appel à projet s’est révélé trés exigeant et a duré prés d’une année en alternant des séquences pour le moins intensives, permettant aux postulants et au jury d’aller réellement au fond des choses.
La première séquence, d’octobre 2008 à janvier 2009, nous a permis d’élaborer notre dossier de candidature, qui a été étudié au microscope par un Comité Technique d’une quarantaine de membres (Directions de la Région, Institut d’Aménagement et d’Urbanisme, (IAU),  Agence Régionale de l’Environnement et des Nouvelles Energies (ARENE), Syndicat des Transports d’Ile de France (STIF), Caisse des Dépôts et Consignations), plus 8 experts … ).

Suite à un examen attentif des 27 dossiers, début mars, le jury retient 10 candidatures. Mais va beaucoup plus loin dans sa tâche, identifiant pour chacun points forts ou faibles, les interrogations à lever, les marges de progression à apporter par les candidats …  Ces derniers disposant d’un mois pour élaborer un second dossier complémentaire et apporter les éclaircissements demandés. Autant dire que le travail a été ardu d’autant que le temps nous était compté …
Aprés analyse de ce second dossier, le jury a convoque courant mai, chaque collectivité à un oral d’une vingtaine de minutes (synthèse, problématique, compléments …) permettant de juger de la qualité globale du projet, du bien fondé des améliorations proposées … Un vrai grand oral, intense, ayant donné lieu parfois à des échanges animés.

Au bout du bout, à l’issue de sa délibération finale, le jury a retenu 9 dossiers. Une décision validée par la Commission permanente du Conseil Régional qui a validé l’aide financière apportée à chaque projet lauréat, en fonction de la qualité technique du dossier présenté au jury. A l’arrivée, pour Trilport c’est potentiellement une subvention de 1 300 000 euros qui a été retenu, correspondant à une subvention par logement créé de 3800 euros. Si l’on classe le taux de majoration obtenue correspondant à la qualité du dossier, notre commune, malgré sa petite taille,  se classe 5eme ! (voir plus loin, l’article de la région Ile de France).

Que retenir de tout cela ? Nous disposons désormais des moyens financiers qui nous permettrons de nous entourer de compétences externes et de disposer ainsi, en amont, d’une expertise, notamment environnementale qui nous permettra d’élaborer un cahier des charges exigeant et d’être un acteur éveillé, maître de sa destinée, garant de la qualité environnementale de l’éco quartier, de sa création à sa réalisation.
Prochaine étape, le 23 novembre, date à laquelle la Commission permanente du Conseil Régional validera les premiers programmes d’action des projets lauréats.

La première étape de notre plan d’action comprend 7 initiatives :

En premier lieu, le choix d’un bureau d’études « pilote de l’éco quartier » (appel d’offres en cours), auquel nous confierons une «Mission d’assistance au Maitre d’ouvrage en Urbanisme ». Un rôle pivot, celui d’assister et de conseiller la commune durant toute la démarche : pilotage administratif et technique, suivi animation et évaluation de la réalisation de l’éco quartier, élaboration des prescriptions architecturales, urbaines, paysagères, énergétiques  et environnementales, assistance au choix des aménageurs, programmation des équipements et espaces publics, études urbaines sur les interactions de l’éco quartier avec les quartiers limitrophes …

Ensuite pour placer la qualité environnementale au cœur du projet, lancement d’une série d’études sur la gestion de l’eau pluviale et de l’assainissement, la robustesse écologique locale, la qualité paysagère et la cohérence parcellairele. A nos yeux, c’est le bâti et l’organisation urbaine de l’éco quartier qui doivent intégrer les contraintes environnementales et non l’inverse !

Enfin, afin de préparer la venue des nouveaux habitants, il est essentiel de doter l’éco quartier d’outils de concertation performants et réactifs mais également, les enfants des nouveaux arrivants devant fréquenter les écoles existantes, étudier la faisabilité d’adapter ces écoles à la future donne …

 

 

A suivre …

 

Nouveaux quartiers urbains : les neuf premiers lauréats (article site région)

Pour réussir l’aménagement de son territoire, la Région a créé une aide novatrice dont les premières villes bénéficiaires ont été désignées en juillet.
Dispositif d’aide régional destiné à faciliter la mise en œuvre du nouveau Schéma directeur de l’Île-de-France (voir Sur notre site), « Nouveaux quartiers urbains » réinvente l’aménagement urbain. Pour garantir un succès total aux projets auxquels il s’applique, il exige qu’ils aient été conçus d’une manière partenariale au sens très large (collectivités, sociétés de transports publics, entreprises, habitants…) et prend la forme, au-delà d’un soutien financier, d’un accompagnement à tous les stades de leur réalisation (conseils, mises en relation avec des institutions comme le Syndicat des transports d’Île-de-France ou l’Agence régionale de l’environnement et des nouvelles énergies).
Sur les 27 dossiers reçus lors du premier appel à projets, d’octobre 2008 à janvier 2009, la Région en avait présélectionné dix en mars (voir Sur notre site). Depuis, en juillet, elle a fait son choix. Et ce sont finalement neuf de ces projets – tous créateurs de logements d’ici à 2013 – qui ont été retenus. En voici la liste :
Ces projets devaient répondre à cinq grands critères : affirmer la cohérence territoriale ; répondre à la crise du logement ; organiser la mixité des fonctions urbaines et la compacité ; intégrer la qualité environnement au cœur du projet ; faire preuve d’innovation.
Le montant des subventions a été calculé sur la base d’un forfait de 1.300 euros par logement, modulé selon la capacité financière des collectivités bénéficiaires et la situation des populations concernées.

– Quartier de la Porte de Saint-Germain à Argenteuil (95), projet porté par la Ville d’Argenteuil, créateur de 600 logements (subvention régionale : 2.040.000 euros)
– Quartier Clause Bois Badeau à Brétigny-sur-Orge (91), projet porté par la Ville de Brétigny, créateur de 800 logements (subvention régionale : 3.920.000 euros)
– Quartier Fluvial de l’Île Saint Denis (93), projet porté par la Communauté d’agglomération de la Plaine Commune et la Ville de Saint-Denis, créateur de 500 logements (subvention régionale : 2.350.000 euros)
– Quartier « Foch-Roosevelt » à Meaux (77), projet porté par la Ville de Meaux, créateur de 1.120 logements (subvention régionale : 3.584.000 euros)
– Quartier « Gare de Pantin » à Pantin (93), projet porté par la Ville de Pantin, créateur de 900 logements (subvention régionale : 3.150.000 euros)
– Quartier des Docks de Ris à Ris-Orangis (91), projet porté par la Communauté d’agglomération d’Évry Centre Essonne et la Ville de Ris-Orangis, créateur de 715 logements (subvention régionale : 3.146.000 euros)
– Quartier « Gare Confluence » à Saint-Denis (93), projet porté par la Communauté d’agglomération de la Plaine Commune et la ville de Saint-Denis, créateur de 625 logements (subvention régionale : 2.875.000 euros)
– Quartier des Docks de Saint-Ouen à Saint-Ouen (93), projet porté par la Ville de Saint-Ouen, créateur de 1.100 logements (subvention régionale : 3.074.500 euros)
– Quartier « Cœur de Ville » à Trilport (77), projet porté par la Ville de Trilport, créateur de 350 logements (subvention régionale : 1.330.000 euros)