La Marianne de Vera

medium_vera3.jpgC’est une cérémonie sympathique et inattendue qui s’est déroulée en Mairie à l’initiative de Vera Dorrer, sculpteur, il y a quelques jours.
Cette dernière a fait don à la commune, fait singulier, d’une Marianne de sa composition.

Un cadeau unique et apprécié tant pour sa valeur artistique, que sentimentale et symbolique. Il est singulier et instructif que les révolutionnaires de 1789 et 1792 aient choisi une femme pour personnifier les valeurs de la République et de la Laïcité; s’en étonner est mal connaitre l’importance du combat des femmes dans notre histoire.
Plus proche de nous et pour sortir de l’hexagone, chacun peut se souvenir de l’importance prise par les cortèges des « Mères de la Place de Mai » en Argentine dans la chute de la dictature ou plus récemment du combat mené par Cindy Sheehan, personnifiant à elle seule, la lutte contre la guerre en IRAK voulu par Bush, et devenue malgré elle l’icône planétaire de ce combat légitime.

 

Avant de savoir si « la femme est bien l’avenir de l’homme », selon la formule d’Aragon ou seulement « un désir d’avenir » pour les prochaines semaines,  revenons sur la symbolique du présent de Vera …

 

 

Les bustes qui président à toutes les cérémonies officielles se déroulant dans les maisions communes, représentent de manière symbolique la Mère Patrie, fille (ou mère) de la Révolution et des Lumières.
Cette tradition remonte à 1792, année ou la République choisit de s’incarner, par décret, sous l’apparence d’une femme, « Marianne », avec dans ses mains le drapeau tricolore, à ses pieds les deux livres de la loi et de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen et le tryptique « Liberté, Égalité, Fraternité ».

C’est en fait lors de la Troisième République, aprés 1875, que les statues et les bustes de Marianne se multiplient dans les Mairies afin de prendre la place de ceux de l’Empereur Président, Napoléon III, déchu aprés la défaite de 1870. Une période de division dans notre pays, aprés l’épuration qui suit la Commune. Etat d’esprit que la coiffe des bustes confirment : soit bonnet phrygien, accentuant le caractère révolutionnaire de la madone ou bien revétu d’un diadème et d’une couronne, version beaucoup plus soft, voire conservatrice. La profondeur du décolleté est aussi un autre élement de différenciation, pour d’autres raisons touchant notamment à la religion catholique et à son coté « collet monté ». La Marianne de Vera possède une coiffe tout aussi symbolique, les étoiles européennes …

Depuis le début du vingtième siècle, Marianne arbore systématiquement le bonnet phrygien et s’est débarrassée de ses autres attributs; elle n’est plus aussi anonyme d’ailleurs, de Brigitte Bardot à Laeticia Casta (en passant par Catherine Deneuve) c’est toute une serie d’icônes de premier plan qui ont servi pour modèle. Elles sont pourtant loin du standard de la française moyenne …  Pour Véra d’ailleurs, le modèle idéal aurait été la Mère Denis, elle aussi une « vedette » cathodique de premier plan à sa manière. Mais je dois avouer qu’à tout prendre, je préfère la Casta !

 

 

Le choix du prénom « Marianne » est aussi trés symbolique ! La communauté des historiens s’est accordé sur son origine, il y a peu. Il émanerait d’une chanson occitane de la période révolutionnaire venant de Puylaurens dénommée « la Garisou de Marianno » (la Guérison de Marianne ).
Ce prénom est alors très répandu dans les milieux populaires; c’est un peu la revanche des gueux contre les nobles, celle de la France d’en bas contre la France d’en haut … Mais ce que trop peu de français savent, c’est qu’il a franchit les frontières et s’est imposé dans d’autres pays comme symbole de liberté pour des amoureux de la République. C’est ainsi qu’un de mes deux grands pères, berger espagnol pourtant, avait pour prénom « Marianno » en l’honneur de la République que beaucoup d’espagnols appelaient de leurs voeux !

 

 

 

medium_marianne_vera.jpg

 

 

 

 

La Marianne de Vera, une des trois Marianne de la commune de Trilport