L’après Charlie

charlie-1.jpgLes évènements dramatiques de ces dernières semaines ont frappé de plein fouet notre pays ; des femmes et des hommes ont été assassinés parce qu’ils symbolisaient la liberté d’expression, la défendaient, ou du fait de leur appartenance religieuse, ce qui est intolérable.

Les français ont su réagir, retrouvant leurs réflexes républicains et le sens des valeurs communes à défendre, quelque soit leurs opinions politiques ou leurs confessions.
La communauté nationale a fait bloc, elle sort plus forte et unie d’un tel drame, une unité  à mettre au crédit du chef de l’état et du gouvernement qui ont eu les gestes qu’ils fallaient et les mots justes,  ni surenchère, ni effet de manche superflu. Nos concitoyens se sont levés massivement pour dire non à la haine, aux anathèmes, à l’obscurantisme et oui aux libertés.

Notre responsabilité désormais est d’agir collectivement pour que cette véritable ferveur citoyenne ne retombe comme un soufflet, à l’image de celle de la France réunie fêtant la victoire de l’équipe « Black blanc, Beur » de 1998.

Chacun cependant mesure que plus rien ne sera désormais comme avant, aussi nous devons absolument apporter des réponses concrètes aux questions de fond que soulèvent cette tragédie : ici et ailleurs …
La menace extérieure est bien réelle; notre pays est présent au Moyen Orient et en Afrique pour combattre aux racines l’Etat Islamique afin d’éviter une véritable pandémie. Cet objectif impose une nouvelle grille de lecture géo politique (vis à vis de l’Iran, de la Turquie ou de la Russie) tant l’implosion de pays comme la Lybie, l’Irak ou Syrie bouleverse toute la Région, et constitue une véritable poudrière… L’engagement militaire des français participe à la protection de toutes les démocraties notamment européennes,  il serait bon que Bruxelles en tienne compte dans son calcul de notre déficit budgétaire.

Plus que jamais la vigilance s’impose. L’Etat Islamique reprend à son compte les codes du « Choc des civilisations » (Huntington) et s’en sert pour frapper les opinions publiques occidentales : mises en scène macabre des «exécutions», attentats, crimes et exactions contre tout ce qui près ou de loin symbolise la culture.
Pour eux abattre les artistes, les intellectuels, c’est aussi abattre la pensée, la création, le libre arbitre, c’est éteindre les lumières de l’esprit par la terreur et l’intimidation pour la remplacer par l’obscurantisme totalitaire.

Dans quel but ?

 

 

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L’intention de l’état islamique est double : internationaliser le combat pour prendre le leadership des djihadistes (notamment vis vis d’Al Qaïda) et miner nos sociétés de l’intérieur en jouant sur leurs et les communautarismes.
Une véritable guerre planétaire asymétrique ; le nombre de jeunes européens partant faire le  djihad se comptabilise en milliers, réalité qui impose d’adapter nos dispositifs de sécurité et de renseignement en moyens humains, logistiques et règlementaires mais aussi en coordination internationale. Le paradoxe est quasi schyzophrénique mais résume tout l’enjeu démocratique. Nos états doivent assurer la sécurité de leurs citoyens, sans pour autant brider leurs libertés. La démocratie est une éternelle tension entre liberté et sécurité. Les USA de Bush ne sont pas sortis grandis du Patriot Act et de Guantanamo !

 

Mais la menace est malheureusement aussi intérieure. Les trois terroristes qui ont commis ces atrocités étaient français, comme Mohamed Merah. Leurs parcours respectifs sont révélateurs des fractures du pays, aussi abominable que cela soit, ces assassins sont  le produit de notre société.
Constant difficile qui ébranle les fondements mêmes de la communauté nationale ; le « vivre ensemble » est une réalité fragile à préserver et à protéger, il ne se décrète pas mais se construit tous les jours et ne peut se réduire à  une posture théorique ou simplement rhétorique.

Nous devons préciser quel contenu concret donner à quelques concepts clés afin qu’ils ne restent pas lettre morte ou ne deviennent des mots valises sans fond. Nous devons également nous interroger sur nos relations à toutes les religions, mais aussi  les interpeller si nécessaire (et il y a nécessité) sur leurs rapports à la laïcité.
Nous devons, enfin et plus que tout, proposer aux jeunes générations de réelles perspectives afin qu’elles sachent quel sens donner à une société qui en manque cruellement  …