Le désarroi des « oubliés » des villes péri urbaines

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Un journaliste du Monde m’avait interviewé en novembre  2013 avec d’autre Maires, toutes tendances politiques confondues, dans le cadre d’un article élaboré en prévision des Municipales de Mars 2014 intitulé  « Ile de France : le désarroi des oubliés de la zone 5″  centré sur les difficultés des communes péri urbaines franciliennes.

Cet article prend aujourd’hui une autre dimension après les résultats des derniers scrutins municipaux ou européens, qui ont largement confirmé les craintes que nous avions émises, mais également, après l’annonce par le gouvernement d’une nouvelle baisse des dotations aux collectivités qui s’ajoutera à celles prévues pour 2014 et 2015 !
Une annonce qui plonge les élus dans une très forte inquiétude dont je me ferais l’écho dans deux jours  aux Assises des Petites Villes de France qui se tiendront à Annonay.

Je vous propose de revenir sur des extraits de l’article d’Eric Nunes publié dans le Monde du 5 novembre.

« Dans le contexte d’un Etat exsangue, l’effort budgétaire de 1,5 milliard d’euros réclamé par le gouvernement aux collectivités territoriales se traduira par une baisse des investissements des communes…

Parallèlement, la Cour des comptes, dans un rapport sur les finances des collectivités territoriales publié en octobre, engage les élus locaux à contrôler davantage leurs dépenses de fonctionnement. « Mais on ne peut pas presser un citron qui est vidé. C’est quoi nos marges de manoeuvre, quand 95 % de nos dépenses sont incompressibles ? », interroge Philippe Rio, maire communiste de Grigny (Essonne), 26 000 habitants. Dans cette ville pauvre, surendettée, « les jeunes n’ont ici plus de rêves, plus d’espoir. Mais nous sommes sans marge financière pour maintenir une politique locale. La fracture territoriale ne cesse de se creuser », déplore-t-il. en difficulté ? »

Pour beaucoup d’élus, le rappel à l’orthodoxie budgétaire des magistrats de la Cour des comptes agace.
« Je les invite dans ma municipalité et qu’ils m’indiquent où ils voient de la gabegie de deniers publics ! », lance Jean- Michel Morer, maire socialiste de Trilport (Seine-et-Marne), 5 000 habitants. « L’Etat me contraint à mettre en place la réforme des rythmes scolaires, je dois également financer une police municipale et batailler seul pour protéger des zones agricoles contre des constructions illégales. On ne cesse de charger notre barque tout en nous enlevant toujours plus de moyens. »

Les territoires périurbains de l’Ile-de-France figurent parmi les plus fragiles, soulignent leurs édiles. A cinq mois des municipales, les conséquences pourraient se payer. « Les jeunes qui n’ont pas de boulot finissent par voter FN », avertit Jacques Profit, maire divers gauche de Fontenay-Trésigny, 5 000 habitants (Seine-et-Marne).

« Mener sur ce territoire une politique locale, c’est mener la guerre au sentiment de déclassement, poursuit Jean-Michel Morer. La capacité d’écoute, d’action et la proximité du maire et de ses services sont la dernière digue de cohésion sociale.

Le FN l’a très bien compris. En 2012, Marine Le Pen en campagne est venue à Trilport soutenir des facteurs dont les postes étaient menacés. Elle a parlé proximité et service public. C’est très habile. » La candidate du FN a recueilli plus de 22 % des voix à Trilport lors de la présidentielle. « La France de la périphérie ne doit pas être une terre de relégation », conclut le maire socialiste de Trilport. »

 

Autant dire que les derniers résultats n’ont fait que confirmer nos inquiétudes d’alors. Soulignons que les premières baisses de dotations impactent directement nos budgets dés cette année, et se révèlent critiques pour les communes sans trop de moyens comme Trilport. Nous ne taillons plus dans le gras, depuis de nombreuses années, ni dans le muscle d’ailleurs, mais nous en sommes réduits désormais  à tailler carrément dans l’os, alors que l’État annonce de nouvelles baisses qui devraient se prolonger jusqu’en 2017.
Dans le même temps, il impose la mise en place des rythmes scolaires, sans nouveaux moyens financiers pérennes, l’application de la loi SRU qui se traduira par l’arrivée de nouveaux habitants (rien de plus normal vu les besoins en logements de tant de nos concitoyens) nécessitant obligatoirement la mise en place de nouveaux services et la création d’équipements et d’infrastructures qu’il faudra bien financer !

Je n’ose penser au prochain budget 2015, à chaque jour sa peine, car je reste persuadé que le bon sens l’emportera sous peine d’une catastrophe sociale majeure et d’un effet domino systémique …

Les habitants et les élus peuvent compter sur mon entière détermination pour agir en faveur de nos territoires, il s’agit ici seulement de défendre l’égalité territoriale et la justice sociale pour des habitants qui n’ont pas la chance, ni les moyens, d’habiter et de vivre dans les grandes villes.