Planète, la preuve par quatre

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La venue en France, de l’ex futur Président américain, Al Gore, n’est pas passée inaperçue, loin s’en faut et ce dernier n’y est pas allé par quatre chemins pour faire passer son message, radical : « Aux politiques de se mêler du réchauffement de la terre ! ». Affiche insolite, que celle d’un évangélisateur venu d’outre atlantique, en tournée mondiale pour la promotion d’un film « Une vérité qui dérange » , faire un cours aux parlementaires français. Le plus savoureux est que les USA n’ont toujours pas ratifier le protocole de Kyoto.

Problème … Gros problème, car pour les scientifiques, appliquer ce protocole est déjà insuffisant pour diminuer efficacement à long terme  les émissions de gaz carbonique et le réchauffement d’une planète qui n’a jamais été aussi chaude depuis douze mille ans !

Il faudrait diviser par 4, les émissions de CO2 d’ici à 2050, pour simplement limiter à 2 °C la hausse moyenne de la température . C’est ce qu’indique entre autres éléments le rapport remis par le groupe d’experts présidé par l’économiste Christian de Boissieu, président du Conseil d’Analyse Economique au gouvernement, lundi 9 octobre, rapport baptisé « Facteur 4 », chacun voit pourquoi …

A la clé, 29 propositions destinées à diviser par 4 les émissions de gaz à effet de serre (GES) à l’horizon 2050. Un objectif ambitieux mêlant un ensemble de considérations et des enjeux majeurs pour les politiques publiques.
Car comme l’écrit Christian de Boissieur, « Le Facteur 4 » oblige à penser et à agir à long terme, dans un monde où tout mène au court terme …

S’il est techniquement possible d’atteindre un tel objectif, cela ne sera pas trés simple et ce pour plusieurs raisons …

 

 

De l’importance du facteur 4

Le concept de « Facteur 4 » est apparu dans un rapport au Club de Rome, publié en 1997, qui préconisait de multiplier par deux le bien être en divisant par deux l’utilisation des ressources naturelles. L’expression a été ensuite reprise dans le cas des émissions de GES, en se limitant au CO2, notamment pour le rapport du groupe « Facteur 4 »

L’objectif est de ne pas atteindre ce seuil de +2 degré, car le changement climatique provoqué par cette hausse serait irréversible. Le  facteur 4 en découle. Dépasser un tel seuil provoquerait une accélération du phénomène, et mieux vaut réagir et agir au plus tôt, car l’accroissement de l’effet de serre est cumulatif.
Une fourchette de réchauffement située entre 4 °C et 7 °C entrainerait de véritables bouleversements climatiques et une multiplication des catastrophes naturelles …

Au-delà de l’horizon du Protocole de Kyoto, il faut donc imaginer l’horizon 2050, au plus vite …

 

Comment limiter les émissions de Gaz à Effet de Serre (ou GES) ?

Les émissions de GES dépendent d’un ensemble de facteurs s’influençant les uns et les autres, même si l’énergie en représente prés de 70%, c’est dire l’importance des scénarios énergétiques dans le facteur 4. Deux directions principales :  les changements technologiques et l’évolution des comportements.

Comme l’a souligné l’économiste du progrés qu’était Schumpeter, le changement technologique ne suit pas un processus linéaire, les innovations interviennent par grappes, il est donc impossible d’anticiper les inventions du futur : transports,  habitat, industrie …
Nous sommes entrés dans l’époque des ressources rares, comme en témoignent les tensions dans le secteur de l’énergie, les défis sur l’accès à l’eau. Une ère trés inquiétante, au niveau géopolitique. Il faut donc trouver de nouvelles sources d’énergie, et vite !

Les comportements, individuels ou collectifs, jouent un rôle déterminant. Pourtant cette question est la plus délicate à traiter car non linéaire et soumis à des varaitions diverses. Les citoyens ou les entreprises n’étant pas toujours aussi disciplinées qu’on pourrait l’espérer.
L’autre défi de la problématique « Facteur 4 » consiste également à articuler deux approches complémentaires : une analyse verticale (ou sectorielle : industrie, transports, bâtiment, agriculture…) et une démarche transversale, dans laquelle les pouvoirs publics ont leur mot à dire.

Rappelons que les accords de Kyoto différencient les engagements pris par les différents pays à partir de deux considérations principales : leur niveau de développement et leur « mix » énergétique. Il est vital pour les gouvernements de reprendre le contrôle de leur futur énergétique, car ils ne peuvent se reposer sur les seules forces du marché. Encore faut il qu’ils puissent avoir leur mot à dire.
La réponse aux défis posés ne peut être nationale mais mondiale, car concernant le climat et l’environnement. La construction Européenne est donc une étape essentielle pour remplir cet objectif, malgré les difficultés multiples. Dans le domaine de l’énergie, la convergence n’existe pas, les pays européens n’ont pas le même mix énergétique. « L’énergie nucléaire en Europe représente 6 % de l’énergie finale, 2 % dans le monde, 17 % en France. Au vu de ces pourcentages, il n’apparaît pas justifié, pour bâtir une stratégie climat, de centrer le débat sur l’énergie nucléaire. »

De l’analyse des scénarios, il apparaît que toute politique publique en faveur du Facteur 4 devrait comporter trois volets inséparables : maîtrise de l’énergie, Recherche et Développement, mise en place de tous les instruments économiques permettant uen régulation efficace. Sans perdre de vue que les Pouvoirs publics doivent également être exemplaire dans ce domaine, ils sont consommateurs d’énergie, de biens et de services, prescripteurs de marchés publics et peuvent promouvoir dès le plus jeune âge l’émergence d’une sensibilité « éco citoyenne ».

Trois types de moyens peuvent être mis en place par les pouvoirs publics pour agir sur la demande d’énergie : la réglementation, les incitations (subventions, information,…) et les instruments économiques (fiscalité, certificats,…). Les scénarios démontrent, en prolongement d’une tendance historique, que le pouvoir d’achat augmente plus vite que le prix des énergies sur le long terme. Excepté en cas de création d’une fiscalité écologique qui peut permettre de compenser ou dépasser l’écart entre deux sources d’énergie différentes et influer ainsi sur les choix de consommation des citoyens.

 

 Enfin …

Les entreprises françaises doivent se positionner au plus tôt afin de développer une offre de produits et services « environnementaux » qui seront de plus en plus demandés au niveau mondial pour lutter contre le changement climatique. Trop de retard a été pris dans ce domaine d’activité, le groupe « Facteur 4 » reconnaît les effets positifs pour les entreprises pionnières,qui s’adaptent en premier (« first mover advantage »).

Mais la question n’est plus seulement scientifique, ou économique, elle est désormais politique. La problématique est d’entamer au plus tôt, un chantier de longue haleine, basé sur le long terme, dont l’enjeu est essentiel, malgré la proximité entre chaque élection et les aléas qu’elle induit. Car l’urgence de la situation exige des des mesures difficiles à prendre, voir impopulaires demandant beaucoup de pédagogie auprés des cutoyens. Deux interrogations pour se convaincre de la difficulté de la tache :

Quel sera la place de la question environnementale dans les scrutins nationaux de 2007 ?

Les français ont ils aujourd’hui changé leurs comportements individuels du fait de la ratification des accords de Kyoto, et quels sont les politiques qui leurs demandent ?

 

 

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