Primaires : le(s) lièvre(s) et la tortue …

 

photo_1273038319277-1-0.jpg« J’ai longuement réfléchi et beaucoup consulté. Le moment est venu d’avancer dans la clarté et la simplicité : ma réponse est la suivante »,

Je ne suis pour l’instant pas candidat aux primaires organisées par le Parti Socialiste.
Plusieurs raisons expliquent une décision, somme toute  assez logique :

J’ai conscience que le moment n’est pas encore venu. Les textes votées par les militants sont clairs sur les échéances, cette question, importante au demeurant, se posera réellement aux uns et aux autres au printemps. L’important pour l’heure est de bien préparer la campagne des cantonales, qui si elles sont bien menées, peuvent amener le Sénat à basculer à gauche, ce qui constituerait une véritable première dans la vie parlementaire française.

L’autre point, central, est de savoir si une éventuelle candidature de ma personne constituerait une réelle opportunité pour le pays et une véritable valeur ajoutée pour les idées et les valeurs que je défend. Je n’en suis pour l’heure pas tout à fait certain, c’est dire  …

Enfin, autre élément à prendre en considération, l’arrivée possible d’une nouvelle candidature, attendue celle là, et que moi même je souhaite, l’ayant défendue par le passé et qui prend aujourd’hui une nouvelle  ampleur dans le pays …

 

Au delà de la plaisanterie de ce propos liminaire, je tiens à rassurer au plus vite les lecteurs réguliers de ce blog,  je suis on ne peut plus conscient de ne pas avoir le niveau du job, tout en pressentant également ne pas être le seul dans ce cas de figure, mais cela est une autre histoire …

Ne nous y trompons pas, l’élection présidentielle de 2012 sera pour la gauche une séquence délicate à mener et risque de se révéler cruciale non seulement pour notre pays mais également pour une Europe dramatiquement en panne aujourd’hui, selon le(la) candidat(e) qui l’emportera.

Chacun connaît l’état actuel du pays, tant budgétaire que social et ses fractures, toujours plus nombreuses …
Après plus d’une décennie de gestion d’une droite qui a eu en main absolument toutes les manettes à sa disposition pour mener sa politique, et qui ne peut contester qu’il s’agit bien de son bilan, beaucoup pressentent que les semaines qui suivront l’élection présidentielle ne seront pas une douce sinécure, loin s’en faut …

Il est nécessaire et vital de rassembler le pays, et de renforcer la cohésion sociale plutôt qu’exacerber les clivages, de stopper la casse délibérée de notre modèle social, qu’il faudra cependant renouveler et regénérer, de rétablir enfin  l’état de droit, de renforcer la décentralisation, de lancer une politique européenne et étrangère audacieuse et innovante, de mettre en place les infrastructures qui permettront à notre économie et à nos concitoyens de connaitre des lendemains meilleurs … Je pense notamment aux mobilités, à l’accessibilité (dont  le Très Haut débit …), à l’économie verte mais également et surtout aux investissements immatériels que sont  l’enseignement, la connaissance, la recherche, la culture et la cohésion sociale, autant de valeur ajoutée pour la vitalité économique, culturelle et sociale du pays.

Il faut absolument redonner de l’espérance et des perspectives, notamment aux plus fragilisés par la crise sociale, il est grand temps de tirer enfin par le haut le débat politique ! Cette élection présidentielle constitue un véritable enjeu de société.

Force est de constater qu’au regard de ce constat brutal, froid, implacable, mais malheureusement proche de la triste réalité, peu de personnes ont le profil et la carrure du job.
Ce n’est faire injure à quiconque ou lui manquer de respect que de le constater … Plus que jamais, nous devons  avoir « the rigt man (or woman) at the rigth place », dont acte …

 

Concernant, cette « course aux primaires », qui fait vibrer les journalistes et tant phantasmer la droite,  quelques remarques aux actuels ou futurs « compétiteurs » …. Il leur faudra :

– éviter la boite à claques et la course aux égos, qui n’a pas lieu d’être au regard de l’attente du pays et de la détresse traversée par trop de nos concitoyens. Le « pourquoi pas moi » peut effectivement donner des résultats assez pittoresques, pour ne pas dire pitoyables,

– Se garder de toute diatribe ou attaque personnelle malvenue, qui aurait pour seule conséquence d’affaiblir son camp, en gardant bien en tête que pour l’emporter nous devrons être non seulement unis mais également réunir autour de nous …

Terminons sur un brin de malice.
Rappelons qu’Esope, qui s’il n ‘était pas beau avait un grand sens du relativisme et de l’humour. Il a inspiré à Jean de La Fontaine de nombreuses fables dont une fameuse qui commence par un vers trés approprié à la situation actuelle  …

 

« Rien ne sert de courir; il faut partir à point … »

 

 

Pour lire les deux fables de Jean de La Fontaine et Esope, cliquez

 

 

 

Le lièvre et la tortue

Jean de la Fontaine

 

Rien ne sert de courir; il faut partir à point :

Le lièvre et la tortue en sont un témoignage.

«Gageons, dit celle-ci, que vous n’atteindrez point

Sitôt que moi ce but. – Sitôt? Êtes-vous sage ?

            Repartit l’animal léger :

            Ma commère, il vous faut purger

            Avec quatre grains d’ellébore.)

            – Sage ou non, je parie encore. »

            Ainsi fut fait; et de tous deux

            On mit près du but les enjeux :

            Savoir quoi, ce n’est pas l’affaire,

            Ni de quel juge l’on convint.

Notre lièvre n’avait que quatre pas à faire,

J’entends de ceux qu’il fait lorsque, prêt d’être atteint,

Il s’éloigne des chiens, les renvoie aux calendes,

            Et leur fait arpenter les landes.

Ayant, dis-je, du temps de reste pour brouter,

            Pour dormir et pour écouter

        D’où vient le vent, il laisse la tortue

            Aller son train de sénateur.

            Elle part, elle s’évertue,

            Elle se hâte avec lenteur.

Lui cependant méprise une telle victoire,

            Tient la gageure à peu de gloire,

            Croit qu’il y a de son honneur

        De partir tard. Il broute, il se repose,

            Il s’amuse à toute autre chose

        Qu’à la gageure. A la fin, quand il vit

Que l’autre touchait presque au bout de la carrière,

Il partit comme un trait; mais les élans qu’il fit

Furent vains : la tortue arriva la première.

« Eh bien! lui cria-t-elle, avais-je pas raison ?

            De quoi vous sert votre vitesse ?

            Moi l’emporter! et que serait-ce

            Si vous portiez une maison ? »

 

 

La tortue et le lièvre

Esope


Le lièvre et la tortue allaient pour leur profit :

Qui croirait que le lièvre eût demeuré derrière ?

Cependant je ne sais comment cela ce fit ;

Mais enfin, la tortue arriva la première.

 

Le lièvre raillait un jour la tortue, et lui reprochait son extrême lenteur. Parions, lui dit celle-ci, que j’arriverai plutôt (i) que toi à cet arbre que tu vois planté au bout de ce champ. Une tortue défier un lièvre à la course ! reprit l’autre : allez, ma mie, la tête vous tourne. Avant que de me faire un défi si extravagant, il fallait considérer que je puis faire en quatre sauts plus de chemin que vous n’en feriez, vous, en quatre semaines. N’importe, reprit la tortue ; et cela dit, elle partit sans perde le moindre instant. Le lièvre, sans s’en mettre en peine, lui laissa prendre le devant, badine, s’amuse à broutter (ii) l’herbe, bien sûr, disait-il en lui-même, de regagner le temps qu’il perdait. Cependant la tortue avançait toujours. Comme l’autre la voit à deux doigts du terme, il s’élance et part comme un éclair ; mais il n’était plus temps, la tortue touchait au but. Quelque effort que fît le lièvre, il ne put arriver que le dernier, et perdit ainsi la gageure.