11 novembre 2019, 30 ans après

Comment ne pas faire référence lors de la cérémonie du 11 novembre a cet anniversaire qui a changé littéralement l’histoire de l’Europe et dont l’onde de choc a transformé durablement la géo politique planétaire ?

Il y a 30 ans, le mur de Berlin, mur de la honte s’il en est, s’effondrait et la liberté d’aller et venir revenait à l’Est comme revient l’espérance …
« L’histoire en marche offrait au monde le spectacle improbable la veille encore, d’une brèche dans le mur, qui à lui seul signifiait depuis près de 30 ans, les déchirures de notre continent.
Ce jour-là la démocratie et la liberté inséparables l’une de l’autre, remportaient, une de leur plus belles, une de leur plus sensibles victoires.
Le peuple avait bougé. Le peuple avait parlé et sa voix passait les frontières, brisait le silence d’un ordre qu’il n’avait pas voulu, qui lui était imposé et qu’il aspirait à renier pour redevenir lui-même. »
avait déclaré alors François Mitterand.

Comment expliquer aux nouvelles générations, la portée historique d’un événement qu’il apprennent dans leur livre d’histoire alors qu’il a marqué durablement au plus profond la jeunesse de leurs parents?
Peut-être leur raconter, qu’un mur tel celui de Games of Thrones, haut de 3,5 m, long de 155 km coupait la ville de Berlin en deux, séparant le monde libre du bloc soviétique, un mur érigée contre la volonté de ses habitants.
Je n’oublie pas que la chute du mur de Berlin, a été un merveilleux moment d’espérance, promesse d’avenir meilleur, permettant enfin à l’Europe de marcher sur ses deux jambes, celle de l’Ouest et celle de l’Est, y compris si aujourd’hui elle semble à l’arrêt l’Europe, alors qu’elle devrait courir pour rattraper le temps perdu …

Depuis 2012, lors de chaque cérémonie du 11 novembre, devant chaque monument aux morts, le pays rend hommage à ceux qui sont tombés pour la France : des poilus de 14, aux soldats disparus depuis, que ce soit en Algérie, Indochine, Afghanistan, Afrique ou lors d’opérations extérieures …

Cette cérémonie cette année a revêtu un caractère particulier, car nous avons rendu justice à deux Trilportais, « morts pour la France » et oubliés toutes ces années …

N’oublions pas, derrière chaque nom gravé sur nos monuments est celui d’un soldat parti un beau matin, fleur au fusil ou non, défendre ce pays qu’il chérissait, un soldat qui n’est jamais revenu d’un aller sans retour en enfer, qui n’a jamais revu sa famille, les bords de Marne, la forêt de Montceaux ou le clocher de l’église.
Derrière chaque nom gravé, il y a une vie qui s’est éteinte brusquement laissant une famille dans la douleur et la peine.

Un monument, des lettres d’or qui ont inspiré Louis Aragon
« On part Dieu sait pour où, ça tient du mauvais rêve …
Déjà la pierre pense où votre nom s’inscrit
Déjà vous n’êtes plus qu’un nom d’or sur nos places
Déjà le souvenir de vos amours s’efface
Déjà vous n’êtes plus que pour avoir péri. »

Deux noms pourtant, toutes ces années manquaient … Deux soldats disparus, deux enfants de Trilport « morts pour la France » oubliés …
C’est lors d’un travail pédagogique sur les registres d’Etat civil, mené avec des enseignants et des élèves que Geneviève Leguay, Maire Adjoint, a retrouvé la trace de deux soldats disparus de nos archives ayant perdu la vie lors des conflits du XXeme siècle, dont le nom n’était pourtant pas gravé sur le monument aux morts de la commune. Grâce au travail de cette élue, aux enseignants et enfants des écoles, nous avons pu leur rendre justice et réparer cet oubli …
Dès les prochains jours, les noms de : Joachim Bousset, né à Trilport le 26 décembre 1892, mobilisé dans le 69eme régiment d’infanterie, tombé pour la France à 22 ans le 1er septembre 1914 à Deuxville en Meurthe et Moselle et celui de Lucien André Lecat, né à Trilport le 28 juillet 1928, tombé pour la France à 23 ans, le 1er mai 1951 à Dong Ha en Indochine, rejoindront la liste des Trilportais tombés au champ d’honneur.

Il est essentiel de transmettre aux nouvelles générations nos valeurs républicaines, auxquelles nous devons rajouter le principe de laïcité, comme ce flambeau qu’est le devoir de mémoire
Il éclairera leur route future afin de préserver ce véritable trésor commun que constitue la paix entre les pays et les peuples … La paix est effectivement un instant de grâce fragile qu’il leur faudra savoir protéger demain …
Saint Exupéry n’écrivait-il pas que « La vérité de demain se nourrit de l’erreur d’hier. » ? C’est aussi et surtout cela, transmettre … Ne pas renouveler les erreurs passées … Ce qui est vrai pour l’histoire et la guerre, l’est également pour la planète et l’environnement.

Merci à ceux qui font de ces commémorations des moments précieux, un cocktail mémoriel délicat et subtil durant lequel se forge la citoyenneté des plus jeunes : des musiciens apportant la touche de grâce musicale approprié, aux anciens combattants une nuance de gravité nécessaire, sans oublier les enfants qui de leurs chants illumine cette matinée d’automne …

Sans oublier cette année, la présence de nombreux poilus de l’association Seinet Marne 1914 …