Aide à domiciles, attention danger !

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Nous avons eu le plaisir d’accueillir les délégués de l’UNA 77 (Union Nationale des Aides à domicile) à l’occasion de leur assemblée générale annuelle.

Cette association créé en 1970 regroupe l’essentiel des structures d’aides à domicile, une cinquantaine, intervenant dans le département.
Autant le préciser immédiatement, ce secteur d’activités pourtant indispensable à la cohésion sociale du pays, traverse actuellement une sérieuse période de turbulences. En 2009, ces structures ont réalisé plus de 1 300 000 000 heures auprès de 12 000 usagers; l’ASSAD de Trilport et de ses environs, en réalisant plus de 50 000 heures.

C’est dire l’importance de leur action quotidienne auprés de nos concitoyens, qui permet à nombre de personnes âgées et dépendantes de poursuivre leur vie en toute harmonie, à leur domicile, dans nos villes et villages.

Le vieillissement est trop souvent synonyme d’isolement et de solitude lié soit à des problèmes de santé, d’accessibilité, de mobilité. Chacun d’entre nous, à un moment donné de sa vie, dans son environnement familial ou amical proche, a pu mesuré ce constat avec humilité. Quitter son logement représente pour les personnes âgées un traumatisme irréparable :  perte de repères essentiels, rupture du réseau social,  sentiment de déclassement et d’abandon.

À l’horizon 2050, selon l’Insee, le nombre de personnes âgées de 60 ans devrait doubler, de 75 ans, tripler (pour atteindre 11,6 millions) et celui des 85 ans et plus, potentiellement concernées par une perte d’autonomie, multiplié par quatre (1,3 million en 2000 et 4,8 millions en 2050).
Avec l’allongement de la durée de vie, la problématique de la relation entre vieillissement de la population et adaptation du logement mais aussi des services de proximité, devient incontournable. Phénomène sociétal inéluctable que notre société se doit de préparer au mieux. Certes le vieillissement croissant de la population est une conséquence heureuse des progrès de la société, mais il nous impose d’être présent au rendez vous et de répondre à ces nouveaux besoins.

Cependant, malgré l’importance de l’enjeu, l’année même du « débat sur la dépendance » voulu par le Président de la République, qui pour l’heure n’a donnée suite à aucune proposition concrète, la situation de beaucoup de ces associations est plus que problématique.

Ce paradoxe a été le point clé de mon intervention, lors du mot d’accueil effectué en ouverture des travaux de cette réunion …

 

 

 

 

 

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Le contexte est plus que délicat pour le secteur de l’aide à domicile, et ce malgré les efforts engagés par les associations ou CCAS qui le composent : augmentation des ressources du fait du soutien des collectivités (conseil généraux, communes …) et du reste à charge des usagers, baisse drastique des dépenses …

Les résultats d’une enquête de  l’INSEE témoigne de la gravité de la crise qui touche un secteur pourtant indispensable à la survie de beaucoup de nos concitoyens.
La moitié des structures adhérentes à l’UNA ont aujourd’hui moins de 4% de fonds propres et peuvent se trouver en situation de cessation de paiement au moindre incident, ou retard de remboursement d’une caisse, et avec moins de 20% en charges de structures, elles ne disposent d’aucune marge de manœuvre.
Situation qui cette année s’est encore aggravée suite aux conséquences financière de la suppression d’exonérations de charges sociales. Une mesure qui représente un manque à gagner de 100 millions d’euros, que l’on peut comparer avec le cout pour les finances publiques de la diminution de la TVA dans la restauration : prés de 3 milliards d’euros.
Cette décision a fragilisé considérablement les associations d’aide à domicile, déjà en difficulté, dont certaines ont du prendre des décisions lourdes de conséquences : en deux ans ce secteur a perdu 20 000 emplois, alors que dans le même temps, les besoins des personnes âgées explosent !
Rappelons que ce domaine d’activités emploit en Seine et Marne  1391 emplois dont 723 équivalent temps plein.

L’heure est cruciale pour les structures d’aide à domicile qui :

  • subissent des contraintes financières qui les laissent exsangue : baisse des crédits, insuffisance de la tarification notamment de certaines Caisses qui traitent quelquefois avec retard des remboursements pourtant impératifs, particularisme des zones rurales, avec des déplacement incontournables qui exigent temps et argent, et la Seine et Marne, ce beau département,  en compte beaucoup,
  •  fournissent un travail administratif de plus en plus exigeant, utile certes à un contrôle financier et budgétaire indispensable mais qui ne doit faire perdre de vue l’impératif social et ses priorités auprès de nos concitoyens dans la difficulté et devant le parcours quelquefois kafkaïen de certaines démarches administratives, pour des familles quelquefois éloignées, qui s’apparente aux 14 stations du chemin de croix,

Elles doivent également répondre à la nécessaire professionnalisation d’un métier difficile et exigeant, qui nécessite tout à la fois, qualification, qualités relationnelles évidentes, sens du service public et une trés grande éthique de la part de ses personnels.
Autant d’exigences qui devraient se traduire par une nouvelle approche de cette authentique filière, une véritable reconnaissance, avec revalorisation salariale à la clé, que seule des dispositifs de solidarité permettront.
Il faut également que les Caisses fassent preuve de réactivité, d’ouverture d’esprit, d’un peu plus de souplesse également, sans perdre de vue, que non seulement les responsables de ces structures sont certes des gestionnaires, mais également et surtout sont vecteurs essentiels de la cohésion sociale du pays et de nos territoires et le seul lien pour beaucoup de nos concitoyens avec le monde extérieur

 

Personne, surtout pas un élu, ne peut ignorer le contexte budgétaire difficile que nous traversons, la raréfaction de l’argent public n’est plus un truisme, mais une réalité qu’aucun responsable ne peut nier. L’heure des choix et des priorités est venu, comme celle des priorités nous le savons. Voici quelques pistes de réflexion pour guider les décideurs à l’heure des propositions qu’ils feront trés certainement au pays, d’ici quelques mois :

Notre population va vieillir sensiblement au cours des prochaines décennies, phénomène inéluctable qui n’est pas une tare sociétale, mais plutôt une véritable chance et aubaine pour nos générations. Une tendance de fond qui entrainera de fait un accroissement de la demande en services d’aide et de soins à domicile qui seuls permettront de prolonger concrètement l’autonomie résidentielle. Faut il souligner ou rappeler que ces structures sont de sérieux vecteurs d’économies, car une alternative durable à une hospitalisation prématurée, qu’elles ont en plus une valeur sociale inestimable tant pour les usagers que pour leurs familles, quelquefois éloignées géographiquement.

Une activité qui constitue de fait une véritable filière professionnelle, et permettra de créer des milliers  d’emplois locaux dans nos territoires alliant proximité et solidarité, des emplois non délocalisables et de plus en plus qualifiés, ce dernier point étant un préalable absolu.

Comme élu local de terrain, je ne peux que me louer de l’action quotidienne de ces structures d’aide, au service de nos concitoyens, mais également de nos territoires, plus particulièrement celles à finalité sociale du fait d’une culture, d’une éthique commune et de valeurs partagées … Nous suivons le même chemin …

Les aider surtout dans la passe difficile qu’elles traversent,  c’est non seulement nous aider, mais aussi investir dans l’avenir, dans la prévention, l’économie budgétaire et la défense de nos villes et villages.
Autant nous sommes persuadés, de la nécessaire adaptation à la nouvelle donne budgétaire, elleconcerne chacun d’entre nous et se révèle incontournable,  autant les associations d’aide et de soins à domicile ont  besoin de gages concrets et de soutien logistique et financier, pour ne serait ce que survivre, car nous en sommes malheureusement là…