Lettre ouverte à Monsieur Borloo

58d639b115eadb780fd7e52c42be31d4.jpgMonsieur le Ministre, je vous écris une lettre que vous lirez peut être si vous avez le temps …

Nous inaugurerons la semaine prochaine à Trilport (Seine et Marne), un bâtiment scolaire (cantine scolaire, réfectoire et accueil périscolaire) représentatif de ce qui se fait de mieux aujourd’hui en matière de Haute Qualité Environnementale dans notre pays : isolation, production d’eau chaude et d’électricité par voie solaire notamment …

Vous êtes d’ailleurs convier à cette inauguration Monsieur le Ministre ainsi que Madame Nathalie Kosciusko – Morizet, votre Secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie.

Ma ville est très mobilisée en matière de Développement Durable (nous sommes la 1ere commune francilienne de moins de 5 000 habitants à avoir lancé un Agenda 21 en 2005), nous avons réalisé l’an dernier un Centre de loisirs qui présentait entre autres qualités environnementales (isolation bois, terrasse végétalisée …) un dispositif de récupération des eaux de pluie destiné à alimenter les chasses d’eau des sanitaires. Nous avions reçu à l’époque le feu vert de la DDASS, décision saluée comme une vraie avancée environnementale par de nombreux élus.

Le bâtiment qui sera inauguré la semaine prochaine possède le même dispositif, pourtant paradoxalement, nous n’avons pas reçu l’autorisation de l’utiliser. Une situation incompréhensible due à la même Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales annonçant son refus le jour même du Grenelle de l’Environnement, ce qui avait fait alors pas mal de bruit (un reportage télévisé lui ayant même été consacré).

Avant de m’élever contre une décision qui va à l’opposé des conclusions du Grenelle de l’Environnement, je tiens à revenir et souligner la course d’obstacles que tout élu local doit aujourd’hui surmonter lorsqu’il veut construire durablement. Ce constat devrait inspirer plus d’humilité à nos dirigeants (dont le premier d’entre eux) dans un domaine, où incontestablement nous avons plus de leçons à recevoir de la planète qu’à lui donner, vu notre retard !

Produire de l’électricité par exemple afin de la revendre à EDF, comme l’autorise pourtant la loi est tout … sauf simple : rien que pour utiliser des panneaux photo voltaïques entre permis de construire, déclaration préalable, autorisations diverses etvariées à demander à la DRIRE et à EDF (et je fais simple !), les formalités sont multiples (j’en parle tranquillement, le bâtiment que nous inaugurerons a fait l’objet d’une première technique nationale d’EDF simplement pour permettre au réseau traditionnel de recevoir l’électrécité produite !), et si  l’on aborde la question de l’implantation d’une éolienne, ne serait ce que de type urbain (une solution en plein dévleoppement à l’étranger) tout ce complique encore ! Il est vrai que le réseau national d’électricité est conçu pour distribuer l’énergie et non pour en recevoir, mais n’est il pas temps de changer de paradigme !

Concernant la préservation de la ressource « eau », le retard de notre pays devient franchement inquiétant et certainement pas à la hauteur des enjeux planétaires ! Et c’est un élu d’une commune Seine et Marnaise qui vous interpelle, département où la qualité de l’eau est encore à conquérir !

 

f944517d8a018ec214679d86645da01c.jpgDe nos jours, plus d’un tiers de l’humanité survit avec moins de 5 litres d’eau par jour, 4 millions de personnes meurent chaque année de maladies liées au manque d’eau et prés de 34 000 personnes  disparaissent chaque jour de la planète, faute d’accès à une eau saine !

Pourtant dans nos pays « civilisés »,  nous utilisons cette précieuse ressource sans retenue ! Pour mémoire, la consommation journalière moyenne d’un américain est de 600 litres/jour, et celle d’un français de l’ordre de 210 litres par jour et par personne !

Sur une planète qui va bientôt compter 9 milliards d’habitants, la question de l’approvisionnement en eau est cruciale. Une tendance qui s’amplifiera, chaque année la consommation d’eau mondiale augmente de 2.5 à 3% en moyenne alors que le taux de croissance démographique ne progresse lui que de 1.5 à 2% ! Le problème de la préservation de l’eau est aujourd’hui posé, y compris en France où nous constatons une diminution préoccupante des nappes d’eau souterraines, à tel point que chaque année de nombreux départements font l’objet de mesures de restriction importantes.

Pourtant des pistes existent : 56% de l’eau utilisée ne nécessite pas de qualité d’eau potable et peut être avantageusement remplacée par de l’eau de pluie (stockée et filtrée). Une analyse plus fine des usages domestiques (non alimentaires et non corporels), nous apprend que  la quantité d’eau utilisée se répartit comme suit :  WC : 35%, Lessive : 15%, Jardin : 5%, Nettoyage : 3%

Un constat qui a amené depuis une trentaine d’année, de nombreux pays, sous certaines conditions (présence d’un double réseau d’eau intérieur : un pour l’eau potable, l’autre pour l’eau de pluie, absence de toute interconnexion entre ces réseaux (norme européenne NF EN 1717)) a y recourir ! La directive 98/83/CE du Conseil Européen relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine a défini, dans son article 2, les « eaux destinées à la consommation humaine ». Une difficulté cependant, la définition concrète du terme « domestique », traduit différemment selon les États membres, notamment en France où l’utilisation de l’eau de pluie récupérée est soumise à une réglementation sanitaire (article 641 du code civil).

Cette dernière interdit l’utilisation d’eau de pluie (a l’intérieur de la maison) pour les toilettes ou le lavage du linge, même si certaines DDASS (Direction départementales de l’action sanitaire et sociale), accordent des dérogations permettant d’installer des dispositifs analogues à ceux utilisés dans tant de pays voisins, pourtant soucieux de santé publique et qui utilisent avantageusement cette pratique ancestrale (machine à laver le linge, chasse d’eau, arrosage …).

L’argument sanitaire avancée par la DDASS est plus que discutable, imaginons pour nous en convaincre le sort d’un enfant qbuvant l’eau pourtant potable d’une cuvette de WC, en pleine épidémie de gastro !

Un autre aspect, moins évoquée certes, peut expliquer in fine, notre frilosité. Il est d’ordre financier et concerne le financement du traitement des eaux usées. La diminution de la consommation d’eau potable (base au calcul des taxes), du fait des économies réalisées par la récupération d’eau de pluie a une réelle incidence sur le mode de calcul !

Situation que nos voisins allemands ont surmonté avec succès utilisant des solutions qui peuvent être importables chez nous : présence de compteurs sur les citernes, mode de calcul des taxes liées aux eaux usées (établies non sur la consommation d’eau potable mais sur le degré de perméabilité des sols …)

Comme quoi, en matière de production électrique ou de récupération des eaux de pluie, il est  plus que temps que notre pays entreprenne enfin sa révolution écologique, simplement pour se mettre à niveau et à la hauteur des enjeux planétaires.
Pour nous en convaincre, voyageons chez nos voisins ! Accords de Grenelle ou pas, en matière d’environnement, il est grand temps que nous passons du mythe à la réalité du et que l’Etat aide les élus locaux à agir et à s’engager dans la voie du Développement Durable (financièrement mais également en leur simpifiant la tâche) !

Monsieur le Ministre ou Madame la Secrétaire d’Etat, intervenez pour nous permettre de récupérer l’eau de pluie pour alimenter les chasses d’eau de l’école de la Charmoye !

Notes précédentes sur cette thématique

Histoire d’eau

Des ronds dans l’eau de pluie

De la nécessité et de l’avantage de récupérer l’eau de pluie 

Eclairer juste et durablement

c436119a629074459f7c02a414472a1d.jpgIl y a quelques semaines des Lycéens Meldois sont venus m’interroger sur un sujet pour le moins inattendu : la « pollution lumineuse ». Cet interview faisait suite au reportage que la revue Astronomie Magazine (voir Documents) a consacré à ma commune et à notre action dans ce domaine.
La discussion avec ces lycéens m’offre l’opportunité de faire le point sur ce sujet, jamais abordé encore sur ce blog, et pourtant  trés représentatif du Développement Durable.

Rappelons que l’éclairage représente en moyenne 18% de la consommation d’électricité d’une ville, 23% de sa facture et que chaque année c’est un million de tonnne de CO2 qui sont libérés dans l’atmosphère par l’éclairage public.
Au regard de l’innovation technologique, trés dynamique dans ce domaine, une commune est donc certaine de réaliser des économies substancielles en renouvellant son parc de luminaires (surtout lampes, luminaires et opriques) et d’agir pour la planète ! Ce qui représente de gros investissement en perspective (rien que pour Trilport nous avons plus de 650 lampadaires) et nécessite dans la majorité des cas, une rénovation du parc progressive.
C’est ce que nous faisons depuis 2002 en profitant des progrés réalisés; résultat, chaque année, nous éclairons mieux et plus en consommant moins !

S’il est important pour un élu de se battre afin de réaliser des économies d’éclairage substancielles, il doit dans le même temps assurer à ses habitants pour des raisons de sécurité évidentes une visibilité satisfaisante la nuit, mettre en valeur ses monuments et illuminer sa ville lors des fêtes de fin d’année … Paradoxal ? Pas tout à fait …

Autre point, la diminution de consommation d’énergie, n’est pas le seul argument environnemental, loin s’en faut ! Intervenir sur l’éclairage public revient à influer sur toute une gamme de thématiques liées au Développement Durable, y compris philosophique, c’est dire …

 

Alors qu’écrire sur la pollution lumineuse   ?

 

 

 

 

 

 

Eclairer Trilport

 

Définir un « Plan Lumière »

Nous avons réalisé en 2000, un diagnostic lumière, préalable indispensable à la rénovation globale de l’éclairage public. Rénovation engagée en voulant conjuguer économie, performances techniques, esthétisme et respecter une démarche envrironnementale.
Si en 2000 (une autre époque !), la notion d’économie était moins évidente, au regard du cout dérisoire de l’énergie et du surcout représenté par le matériel plus performant, aujourd’hui, il n’y a plus débat, tant les gains réalisés sont reconnus de tous.

Nous allouons depuis 2002, un budget annuel minimum à ce programme et renouvelons progressivement le parc de luminaires en tenant compte des interventions prévues sur la voirie (accessibilité, enfouissement, remplacement des canalisations de plomb …).
Ce renouvellement respecte les priorités definies dans notre plan lumière, portant sur le choix du trio de base (lampe (lampe sodium haute pression produisant une couleur orangée) ballast et luminaire), mais également du support (candélabre surtout). Son esthétisme de jour comme de nuit a été un des éléments du choix. Autre priorité, n’éclairer que le sol afin d’éviter les phénomènes de halo (voir plus loin), limiter la hauteur des mats afin de diminuer la puissance des lampes. Des choix tenant compte du secteur à éclairer (typologie, usages et nature de la voie : motorisée, usage mixte ou priorité piétons).

Les habitants attendent désormais, presqu’avec impatience le changement des luminaires de leur quartier, alors que jusque là c’est la panne qui les faisait réagir. Nous étendons peu à peu ce changement à l’ensemble de la commune, le delta (nombre de luminaires changés) dépendant des contraintes budgétaires annuelles.

La Place de l’église

bc2ed46be0dae4eb734f31bb1ae092a9.jpgLa rénovation de la Place de l’église (sujet de l’article d’Astronomie Magazine) est exemplaire. Au regard de l’importance patrimoniale du lieu, nous avons voulu obtenir une harmonie entre les choix d’aménagements, de mobilier urbain et les luminaires, en intégrant des différences de styles et de matières. C’est ainsi que nous avons effectué pour ce site (comme celui de la Mairie) des choix de matériels différents de ceux installés sur la commune. Un choix qui devait apparaitre cohérent de jour comme de nuit, volonté poursuivie pour l’illumination de l’église.

L’éclairage choisi est en cohérence avec les autres choix effectués sur ce site : aménagements, places de parking, jardinière en meulière, espaces piétonniers, mobilier urbain, arrosage automatique des espaces verts (économie de la ressource eau).

Pour éclairer l’édifice religieux, l’accent a été mis sur des éclairages modérés et rasants, mettant en valeur la base du monument et le grain de la pierre. La lumière est cette fois ci blanche et produite par des ampoules basse consommation de 25 W (150 watts efficaces). L’éclairage perdu vers le ciel est extrêmement réduit. Le clocher est uniquement illuminé de l’intérieur dans sa partie haute.

Expérimentations

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Nous avons expérimenté cette année sur la voie publique les diodes électroluminescentes (ou leds) qui présentent bien des avantages : énergie consommé, durée de vie, fréquence des pannes, recyclage … Force est de constater que pour des voies mixtes (et encore plus si la voie est motorisée) cette technologie n’est pas encore adaptée.

Autre piste d’avenir, implanter des systèmes de gestion « intelligents » capable de gérer les temps d’allumage et de moduler la quantité de lumière utile sur l’ensemble des luminaires d’une ville, et selon les priorités de chaque site …

Une technologie intéressante à plus d’un titre, sur laquelle nous nous informons, que nous allons bientôt également expérimenter même si nous donnons pour l’heure la priorité à la rénovation du parc.

L’éclairage durable

 

Mais l’intérêt pour la planète d’agir en direction de l’éclairage durable a d’autres arguments environnementaux

Du phénomène de halo lumineux à la bio diversité

 

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Ne pas éclairer le ciel permet de diminuer le phénomène de halo.
Le ciel nocturne ne concerne pas que les hommes. Pour s’en convaincre, il suffit de se placer la nuit dans une forêt ou au milieu des champs et de regarder au loin, le halo de lumière entourant une ville.
Notre Région est très touchée par cette pollution lumineuse, ce qui n’est pas sans incidence sur la vie de la faune qui nous environne. D’autant que l’augmentation des espaces verts dans les villes a une conséquence heureuse : le retour de certains animaux …

Agir sur l’intensité de ce halo lumineux permet d’en diminuer l’importance et son périmètre de nuisance aux alentours, notamment pour la faune. Diminuer la dispersion lumineuse dans le ciel permet d’agir en faveur de la bio diversité.

Que c’est beau les étoiles la nuit

 

817dbdaf752509418625f6e051886859.jpgLa nuit a ses spécificités, non seulement depuis que l’homme est l’homme, mais depuis la nuit des temps. Il est stupidement humain de considérer que l’éclairage public de nuit a pour but d’éclairer comme en plein jour afin d’oublier qu’il y a une nuit.

Nous en avons besoin, c’est un élément indispensable à notre cycle naturel et qui correspond à un besoin physiologique.

Dans nos villes, il y a de plus en plus d’enfants et d’hommes qui oublient qu’il y a des étoiles dans le ciel et qui ne s’en aperçoivent que durant leurs vacances, et encore … Regarder les étoiles est non seulement un acte essentiel d’humilité, mais cela nous rapproche des premiers hommes, de notre coté animal … Cela nous replace également certaines perspectives comme celle du coté éphémère du passage de l’homme dans l’univers et son coté microscopique au regard de tout le reste.

Une situation qui peut rappeler certaines obligations à nos contemporains, et la responsabilité qu’il ont pour le devenir de ce petit bout d’étoile sur lequel nous vivons …

Cela ne vous rappelle pas une histoire d’étoile, de renard, de rose et de Petit Prince ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Grenelle de l’Environnement … Chiche !

ebd7f4c423a5f1969bb6fa45f71db5f9.jpgLe Grenelle de l’Environnement s’est terminé sur un satisfecit quasi général et ce n’est pas moi qui m’en plaindrait !

Pardon d’évoquer quelques souvenirs personnels, style vieux combattant, mais tant pis !
Lorsqu’en 2002, j’ai incité l’équipe municipale à se lancer dans le Développement Durable, à partir des partenariats contractés avec la Région et le Département, nous apparaissions aux yeux des élus voisins sinon comme des « indiens », du moins comme des originaux  … En 2003 et 2004, au moment de l’élaboration de nos projets H.Q.E, nous devenions selon les uns des « pionniers », et les autres des « dépensiers » et nous en étions encore à l’explication de l’intérêt du concept de Haute Qualité Environnementale,  y compris auprés d’élus de tout premier ordre, qui nous écoutaient poliment mais sans plus. Lorsqu’en 2005, Trilport a lancé son Agenda 21, nous faisions carrément sourire (une mesure « gadget » !), un an aprés nous en étions toujours à l’explication de texte concernant cette démarche (voir note )  …
Aujourd’hui nos premières réalisations sont incontestablement dans l’air du temps, font parler d’elle, quelquefois malgré nous (cf note sur l’eau, et ronds dans l’eau)  et nombre de villes voisines nous regardent désormais d’un tout autre oeil, certaines allant même jusqu’à suivre cette même voie !

 Au niveau national, le Grenelle de l’Environnement marque également une inflexion forte dans la prise de conscience collective des français en direction du Développement Durable. Saluons le travail effectué par les cinq collèges (Etat, ONG, salariés, employeurs, collectivités territoriales) composant le tour de table tant dans les groupes de travail de l’été, que dans les séances plénières de l’automne. Un sccès à mettre également au crédit des ONG, vu la place décisive qu’elles y ont pris, notons pour l’anecdote qu’aucune n’a claqué la porte !

Pour la première fois dans notre pays, et c’est là l’essentiel, l’Environnement est traité globalement et non de manière sectorielle et éclatée, l’enjeu est bien à ce niveau. Il est temps que les formations politiques recoivent le message 5 sur 5, revoient leurs fondamentaux et placent au cœur de leur projet de société les questions environnementales comme les problématiques qu’elles induisent.

La France réagit enfin à ce qui constitue un réel bouleversement copernicien : le réchauffement climatique et ses conséquences … Vu notre retard dans ce domaine, le triomphalisme n’est pas de mise, nos élus seraient bien inspirés de ne pas vouloir donner de leçon à la planère entière mais au contraire faire preuve d’humilité (qualité faisant parfois défaut aux français …) et retrousser les manches …Car tout reste à faire !

 Une fois les sunlights des médias éteints, que restera t’il de ce Grenelle ?Au-delà des mots et des images, le plus dur reste à accomplir, notamment en matière de financement, d’arbitrages et de mise en oeuvre.N’oublions pas que les décisions nécessitant des choix décisifs et des décisions concrètes ne seront prises qu’aprés les élections locakes de Mars 2008.

Comme quoi, le maître mot pour résumer l’aprés Grenelle est bien : Vigilance …

 

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Point à souligner, essentiel pour l’avenir, la question écologique est enfin abordée par le patronat, non comme une contrainte mais comme une valeur ajoutée, ce qui constitue, pesons nos mots, une vraie révolution.

Depuis le rapport Stern (cf note) l’environnement est un sujet d’économie politique et la vision d’une écologie malthusienne repliée sur elle-même,  laisse place peu à peu à celle d’une écologie « positive » désirant orienter le développement économique vers de nouveaux concepts et valeurs, enclenchant une croissance vertueuse. Désormais la prise en compte de l’environnement constitue un levier de croissance économique. Car derrière les déclarations d’amour à la planète de certains de nos dirigeants se profilent des arrières pensées plus mercantiles, celles des marchés d’aujourd’hui et de demain.

Ce n’est pas pour rien que Georges Bush où plus prés de nous Nicolas Sarlozy ( « Le créneau écolo, c’est vrai que cela me fait chier », avait il confié à Yasmina Reza lors de l’élection présidentielle (cf son livre «L’aube le soir ou la nuit»,) revoient progressivement leurs positions vis-à-vis du Développement Durable : nécessité fait loi. That’s a real politik

Comment devenir « exemplaire » ?

 Soyons assurés que certains lobbies n’ont pas dit leur dernier mot et interveindront dans les prochaines semaines afin de bloquer loin de la fièvre médiatique des mesures les pénalisant. Car certaines ombres demeurent malgré tout :

Quid concrètement du principe de précaution remis en cause notamment par la Commission Attali, que ce soit pour les pesticides, les OGM ou l’EPR ?
En matière agricole, nous sommes toujours dans le domaine de la rhétorique et de la Com’. Si le chef de l’Etat accepte les pesticides, il interdit des OGM sur lesquels il possède quelques « doutes », s’engageant à « réduire de 50 % l’usage des pesticides, dont la dangerosité est connue… « si possible dans les dix ans qui viennent » (sic !).

Comment définir l’exemplarité environnementale ?  Au nom de quoi ? Dans quels domaines ? Et pour quels bénéfices ? Pour beaucoup d’observateurs avisés, avec son fameux « Grenelle »,  la France ne fait que rattraper son retard. Faut-il rappeler les innombrables condamnations de notre pays pour non-application du droit européen en matière environnementale, notamment dans le domaine agricole ?

Dans l’attente des mesures précises, concernant  le développement du fret, du transport en commun ferroviaire, des énergies renouvelables, comment atteindre les objectifs annoncés sans toucher au mécanisme des prix, à l’établissement de mesures coercitives ou incitatives : permis de polluer, taxe carbone, remise à plat de la fiscalité …  Enfint pourquoi l’Etat n’ a pas voulu aborder le sujet des Tranports en commun pour l’Ile de France ?

Quid de la fracture sociale ? Faut il rappeler que nombre de français ou de pays n’ont pas les moyens d’être écolos, et que ce terme rime souvent avec « bobos ». Ou comment aider concrètement les pauvres à moins polluer ?

Enfin sur les pays ne respectant pas le protocole de Kyoto, ne pas oublier que le principal des pays non signataires est les Etats-Unis, premier pollueur mondial, et ce grâce à Monsieur Bush …

Enfin, comme trop souvent,  les plus grandes incertitudes règnent sur le financement national des mesures annoncées, notamment dans le domaine du bâtiment (isolation, énergie …), qui va payer ? es besoins sont estimés à 20 milliards d’euros annuel (rappelons que les cadeaux fiscaux attribués par ce gouvernement aux plus aisées s’élèvent à environ 15 milliards d’euros par an…)

 De l’intérêt de la puissance publique

La question environnementale renvoie depuis ses origines aux principes de responsabilité, d’éthique et de précaution.

L’importance de l’enjeu et la situation actuelle de notre planète, nécessitent une action urgente s’affranchissant des frontières (faut il rappeler qu’elles n’ont pu arrêter  le nuage de Tchernobyl)  reposant sur des contrôles, des évaluations, des incitations ou des sanctions … Cette régulation ne peut être effectuée que par la puissance publique : états ou ONG ayant lune capacité d’action réelle !
Voilà qui nous éloignent des tenants d’un libéralisme débridé et sans entrave ou la recherche d’un profit immédiat et optimal s’affranchit des contraintes du long terme, que ce soit pour prévenir ou pour financer les infrastructures.

N’oublions pas que c’est le prix actuel du baril de pétrole, qui incite certains à investir dans les énergies renouvelables ou dans l’isolation des bâtiments, pas l’état de la planète !

Toutes ces raisons expliquent que si bien évidemment je me réjouit de ce Grenelle de l’Environnement, je rete circonspect pour la suite … Je n’oublie pas le fameux discours de Jacques Chirac à la tribune des Nations Unies : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs » ? n’a eu aucune suite concrète … Car dans le domaine de l’environnement, plus que dans toute autre, la seule réponse acceptable est celle de l’action quotidienne, et de ses incidences directes sur notre planète …

Tout le reste n’est que littérature ou effet de Com’.

 

Liens ou notes précédentes sur cette thématique 

le site du GIEC

Plaidoyer pour la filière bois

Les bio-carburants sont ils vraiment écolos ?

 Le changement climatique devient une affaire d’économistes

Planète, la preuve par 4

 Le Petit Prince, centre de Loisirs HQE

Des ronds dans l’eau … de pluie

018e7ccf3503e9b594cd016729a50fac.jpgJuste quelques mots sur les premières réactions suscitées par l’interdiction de la DDASS, concernant l’utilisation d ‘eau de pluie pour les chasses d’eau des sanitaires du futur réfectoire de l’école de la Charmoye (note précédente).

Une position officielle qui a fait quelques vaguelettes médiatiques, puisque le Parisien en a fait un article (« pas d’eau de pluie pour les WC de Trilport) et qu’une équipe du journal télévisé régional de FR3 Ile de France en a fait un sujet la semaine dernière.

Il est vrai qur la proximité du Grenelle de l’Environnement, a placé ce sujet au premier plan de l’actualité, tant la prise de conscience  sur la problématique de la protection de l’Environnement semble enfin réelle et concrète.

Bien évidemment je ne vais pas m’arrêter là et compte bien intervenir au plus haut niveau pour faire évoluer notre réflexion collective sur ce sujet mineur mais symbolique.
D’autant qu’une discussion impromptue avec mon médecin sur ce thème, apporte un nouvel angle de vue inédit.
Que se passe t’il aujourd’hui dans le cas où un enfant boit de l’eau (même potable) au fond de la cuvette des WC au regard de toutes les bactéries (dérections, urine, produits d’entretien) qui y baignent ?

Faut il pour autant interdire les chasses d’eau, je compte bien saisir la DDASS sur la portée considérable d’un tel risque sanitaire !

De la nécessité et de l’avantage de récupérer l’eau de pluie …

17559024ab91b85e876908d24a1dbe54.jpgNous construisons actuellement un nouveau bâtiment scolaire (réfectoire, cuisine, sanitaires, locaux techniques et accueil périscolaire) qui devrait ouvrir d’ici janvier. Cette réalisation respecte une démarche  Haute Qualité Environnementale très poussée, puisque pratiquement toutes les cibles HQE sont concernées, beaucoup considérent déjà ce bâtiment comme une référence de l’éco construction. Je reviendrais d’ailleurs trés prochainement sur cette réalisation innovante à plus d’un titre.

Une des cibles « HQE » poursuivie est liée à la gestion de la ressource eau. Un objectif précis : récupérer l’eau de pluie afin de l’utiliser pour l’arrosage et les sanitaires (chasses d’eau des WC). Une innovation mise en place l’an dernier sur notre nouveau Centre de Loisirs « Le Petit Prince » (voir notes précédentes : le centre, ses qualités environnementales ). Nous avions été  alors (il y a un peu plus d’un an), les premiers en Seine et Marne à obtenir l’autorisation des services de la DDASS.

Quelle n’a pas été ma surprise de recevoir la semaine dernière un avis négatif de cette même DDASS concernant une installation similaire (destinée à récupérer l’eau de pluie pour les toilettes des sanitaires) pour ce nouveau bâtiment.

Une décision qui interpelle au regard des enjeux planétaires mais également de la situation particulière de ma commune vis à vis de la qualité de l’eau et plus globalement du département de Seine et Marne, terre agricole et céréalière s’il en est  …

Cet avis négatif pour le moins paradoxal, fait un peu désordre à l’heure du « Grenelle de l’Environnement » !

 

 

8f81ebb478dc3e9c8f4aef070b1a5312.jpgRappelons que si la Terre est appelée également Planète bleue, du fait de l’omniprésence de l’eau, celle ci est pour l’essentiel, salée (97,5%).
Sur les 2,5% d’eau douce restant, 2/3 sont  conservés sous forme de glace ou de neiges éternelles. Ne reste donc plus que 0.75% d’eau disponible pour la vie sur terre, dont 2/3 consacrés à l’agriculture (quelquefois pour des cultures très demandeuses d’eau tel le coton).

Autre constat , la planète compte aujourd’hui plus de 6 milliards d’habitants qui seront bientôt 9 milliards. Actuellement prés de 2 milliards d’humains ne disposent pas d’assez d’eau pour vivre et 4 millions de personnes meurent chaque année de maladies liées au manque d’eau (dont 6000 enfants chaque jour). Situation dramatique qui n’empêche pas les Pays développés de gaspiller une ressource rare et précieuse,  thématique qui avait fait l’objet d’un superbe documentaire télévisé de Yann Arthus Bertrand, notamment sur le gaspillage de l’eau à Las Vegas …
Lorsque nous avions reçu le Maire de Niou, ville burkinabé (voir note précédente) confronté à ce problème épineux, nos discussions avaient  invariablement porté sur la gestion de l’eau, qui est pour eux une denrée rare, un trésor …  Réalité planétaire manifestement peu perçue dans notre pays.

D’autant que nos nappes d’eau souterraines (nappe du calcaire de Beauce, nappe de la craie du bassin de Paris, nappe du calcaire de Champigny en Brie) sont en baisse constante. Tous les ans, de nombreux départements français font l’objet de mesures de restriction. Autre réalité, plus locale, notamment en Terre de Brie et notre magnifique département de Seine et Marne, l’agriculture intensive a pollué ces nappes phréatiques, on y retrouve la présence de substances indésirables telles l’atrazine et ses dérivés.
A la différence des cours d’eau, les nappes souterraines sont des réservoirs qui se renouvellent très lentement à l’échelle humaine (en quelques siècles ). La nécessité de préserver la ressource en eau n’est donc plus à démontrer!

Contexte qui rend encore plus illogique la décision de la DDASS !

Une directive européenne diversement appréciée

56% de l’eau que nous utilisons ne nécessite pas une qualité d’eau potable et peut se contenter d’eau de pluie filtrée : arrosage, lavage de surfaces ou de véhicules, industrie, alimentation de blocs sanitaires …
L’estimation de la quantité d’eau utilisée pour des usages non alimentaires et non corporels se répartit comme suit :  WC : 35%, lessive : 15%, jardin : 5%, nettoyage : 3%. La substitution de l’eau potable par de l’eau de pluie (stockée et filtrée) est donc non seulement possible mais utile pour ces usages.

Ce constat, amis également le contexte de pénurie d’eau mondial, a amené beaucoup de pays européens depuis une trentaine d’années à être très actifs dans la récupération de l’eau de pluie, et à installer des systèmes de stockage-filtrage associés à un double réseau d’eau intérieur : l’un pour l’eau potable, l’autre pour l’eau de pluie, sans interconnexion possible entre les deux réseaux (norme européenne NF EN 1717).

La directive 98/83/CE du Conseil du 3 novembre 1998 relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine a défini, dans son article 2, les « eaux destinées à la consommation humaine ».

Selon la directive des eaux sont : toutes les eaux, soit en l’État, soit après traitement, destinées à la boisson, à la cuisson, à la préparation d’aliments, ou à d’autres usages domestiques, quelle que soit leur origine et qu’elles soient fournies par un réseau de distribution, à partir d’un camion-citerne ou d’un bateau-citerne, en bouteilles ou en conteneurs ;

Le terme « domestique » employé dans cette directive est traduit différemment selon les États membres. Si nombre d’entre eux portent un jugement favorable sur l’utilisation de l’eau de pluie pour la chasse d’eau et pour le lavage du linge, cela n’est pas le cas de la France (décret 2001-1220 du 20 décembre 2001 relatif aux eaux destinées à la consommation humaine à l’exclusion des eaux minérales naturelles),.

L’utilisation de l’eau pluviale  pour les toilettes ou le lavage du linge ne peut se faire en France, au regard des textes actuellement en vigueur (règlement sanitaire départemental) que sous la condition d’obtenir une dérogation de la DDASS (Direction départementales de l’action sanitaire et sociale), qui varie selon les départements …

Verbatim 

Une situation qui peut encore évoluer, car le courrier de la DDASS stipule :

« La Direction générale de la Santé (DGS) a pris une position d’attente provisoire, en donnant des conditions dans lesquelles l’utilisation de l’eau de pluie pourrait être sanitairement acceptable pour certains usages domestiques. Le Conseil Supérieur de l’Hygiène Publique de France a émis un avis qui doit être validé par la DGS durant ces prochains mois.

La position au niveau régional correspondant à votre projet est défavorable à la réutilisation des eaux de pluie pour l’alimentation des sanitaires.

Actuellement, la réutilisation des eaux de pluie ne saurait être encouragée par les instances sanitaires pour une utilisation domestique, en raison des risques sanitaires. Neanmoins compte tenu des faibles risques sanitaires liées à l’sage de l’eau pour l’extérieur (arrosage) nous tolérons la récupération des eaux pluviales sous réserve … »

Si récupérer l’eau de pluie a un sens, c’est surtout afin d’économiser l’eau potable. Dans notre région lorsqu’il pleut les espaces verts sont également arrosés et n’ont pas forcemment besoin d’eau supplémentaire et l’été les périodes de canicule sont réellement rares et courtes.
A contrario les chasses d’eau utilisent de l’eau potable été comme hiver.Autre point : chaque élève fréquentant l’école est à priori propre et éduqué à ne pas boire dans la cuvette des WC ! Les enseignants à qui j’ai montré ce courrier et certains ont de la bouteille, sont stupéfaits, il n’ont jamais dans leur carrière rencontré ce cas de figure !

 
Autant dire que je vais m’employer dés à présent à agir afin de faire évoluer une telle position.

Le principe de précaution défendue par la DDASS en Seine et Marne sur cette question, est il en cohérence avec la réalité du risque sanitaire ? Question légitime qui a trouvé une toute autre réponse ailleurs. Je doute pourtant que des pays comme l’Allemagne, les pays nordiques soient moins vigilants que nous sur la problématique du risque sanitaire.

Cette contreverse est me semble t’il un débat de pays riche, un débat même ayu regard de l’actualité surané. Nous avons en France, la chance (?) de nous poser une telle question, mais jusqu’à quand ?
Le Développement Durable avant d’être de la COM’. consiste aussi et surtout à prendre en compte la situation actuelle et future. La problématique toute particulière de la ressource EAU évoquée précédemment, ressource rare à préserver s’il en est, surtout sur nos plaines de Brie, mérite que l’on revoit certaines positions qui ne tiennent pas compte de la gravité des enjeux planétaires et de l’urgence que nousa vons à y apporter des réponses concrètes  !