Eclairer juste et durablement

c436119a629074459f7c02a414472a1d.jpgIl y a quelques semaines des Lycéens Meldois sont venus m’interroger sur un sujet pour le moins inattendu : la « pollution lumineuse ». Cet interview faisait suite au reportage que la revue Astronomie Magazine (voir Documents) a consacré à ma commune et à notre action dans ce domaine.
La discussion avec ces lycéens m’offre l’opportunité de faire le point sur ce sujet, jamais abordé encore sur ce blog, et pourtant  trés représentatif du Développement Durable.

Rappelons que l’éclairage représente en moyenne 18% de la consommation d’électricité d’une ville, 23% de sa facture et que chaque année c’est un million de tonnne de CO2 qui sont libérés dans l’atmosphère par l’éclairage public.
Au regard de l’innovation technologique, trés dynamique dans ce domaine, une commune est donc certaine de réaliser des économies substancielles en renouvellant son parc de luminaires (surtout lampes, luminaires et opriques) et d’agir pour la planète ! Ce qui représente de gros investissement en perspective (rien que pour Trilport nous avons plus de 650 lampadaires) et nécessite dans la majorité des cas, une rénovation du parc progressive.
C’est ce que nous faisons depuis 2002 en profitant des progrés réalisés; résultat, chaque année, nous éclairons mieux et plus en consommant moins !

S’il est important pour un élu de se battre afin de réaliser des économies d’éclairage substancielles, il doit dans le même temps assurer à ses habitants pour des raisons de sécurité évidentes une visibilité satisfaisante la nuit, mettre en valeur ses monuments et illuminer sa ville lors des fêtes de fin d’année … Paradoxal ? Pas tout à fait …

Autre point, la diminution de consommation d’énergie, n’est pas le seul argument environnemental, loin s’en faut ! Intervenir sur l’éclairage public revient à influer sur toute une gamme de thématiques liées au Développement Durable, y compris philosophique, c’est dire …

 

Alors qu’écrire sur la pollution lumineuse   ?

 

 

 

 

 

 

Eclairer Trilport

 

Définir un « Plan Lumière »

Nous avons réalisé en 2000, un diagnostic lumière, préalable indispensable à la rénovation globale de l’éclairage public. Rénovation engagée en voulant conjuguer économie, performances techniques, esthétisme et respecter une démarche envrironnementale.
Si en 2000 (une autre époque !), la notion d’économie était moins évidente, au regard du cout dérisoire de l’énergie et du surcout représenté par le matériel plus performant, aujourd’hui, il n’y a plus débat, tant les gains réalisés sont reconnus de tous.

Nous allouons depuis 2002, un budget annuel minimum à ce programme et renouvelons progressivement le parc de luminaires en tenant compte des interventions prévues sur la voirie (accessibilité, enfouissement, remplacement des canalisations de plomb …).
Ce renouvellement respecte les priorités definies dans notre plan lumière, portant sur le choix du trio de base (lampe (lampe sodium haute pression produisant une couleur orangée) ballast et luminaire), mais également du support (candélabre surtout). Son esthétisme de jour comme de nuit a été un des éléments du choix. Autre priorité, n’éclairer que le sol afin d’éviter les phénomènes de halo (voir plus loin), limiter la hauteur des mats afin de diminuer la puissance des lampes. Des choix tenant compte du secteur à éclairer (typologie, usages et nature de la voie : motorisée, usage mixte ou priorité piétons).

Les habitants attendent désormais, presqu’avec impatience le changement des luminaires de leur quartier, alors que jusque là c’est la panne qui les faisait réagir. Nous étendons peu à peu ce changement à l’ensemble de la commune, le delta (nombre de luminaires changés) dépendant des contraintes budgétaires annuelles.

La Place de l’église

bc2ed46be0dae4eb734f31bb1ae092a9.jpgLa rénovation de la Place de l’église (sujet de l’article d’Astronomie Magazine) est exemplaire. Au regard de l’importance patrimoniale du lieu, nous avons voulu obtenir une harmonie entre les choix d’aménagements, de mobilier urbain et les luminaires, en intégrant des différences de styles et de matières. C’est ainsi que nous avons effectué pour ce site (comme celui de la Mairie) des choix de matériels différents de ceux installés sur la commune. Un choix qui devait apparaitre cohérent de jour comme de nuit, volonté poursuivie pour l’illumination de l’église.

L’éclairage choisi est en cohérence avec les autres choix effectués sur ce site : aménagements, places de parking, jardinière en meulière, espaces piétonniers, mobilier urbain, arrosage automatique des espaces verts (économie de la ressource eau).

Pour éclairer l’édifice religieux, l’accent a été mis sur des éclairages modérés et rasants, mettant en valeur la base du monument et le grain de la pierre. La lumière est cette fois ci blanche et produite par des ampoules basse consommation de 25 W (150 watts efficaces). L’éclairage perdu vers le ciel est extrêmement réduit. Le clocher est uniquement illuminé de l’intérieur dans sa partie haute.

Expérimentations

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Nous avons expérimenté cette année sur la voie publique les diodes électroluminescentes (ou leds) qui présentent bien des avantages : énergie consommé, durée de vie, fréquence des pannes, recyclage … Force est de constater que pour des voies mixtes (et encore plus si la voie est motorisée) cette technologie n’est pas encore adaptée.

Autre piste d’avenir, implanter des systèmes de gestion « intelligents » capable de gérer les temps d’allumage et de moduler la quantité de lumière utile sur l’ensemble des luminaires d’une ville, et selon les priorités de chaque site …

Une technologie intéressante à plus d’un titre, sur laquelle nous nous informons, que nous allons bientôt également expérimenter même si nous donnons pour l’heure la priorité à la rénovation du parc.

L’éclairage durable

 

Mais l’intérêt pour la planète d’agir en direction de l’éclairage durable a d’autres arguments environnementaux

Du phénomène de halo lumineux à la bio diversité

 

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Ne pas éclairer le ciel permet de diminuer le phénomène de halo.
Le ciel nocturne ne concerne pas que les hommes. Pour s’en convaincre, il suffit de se placer la nuit dans une forêt ou au milieu des champs et de regarder au loin, le halo de lumière entourant une ville.
Notre Région est très touchée par cette pollution lumineuse, ce qui n’est pas sans incidence sur la vie de la faune qui nous environne. D’autant que l’augmentation des espaces verts dans les villes a une conséquence heureuse : le retour de certains animaux …

Agir sur l’intensité de ce halo lumineux permet d’en diminuer l’importance et son périmètre de nuisance aux alentours, notamment pour la faune. Diminuer la dispersion lumineuse dans le ciel permet d’agir en faveur de la bio diversité.

Que c’est beau les étoiles la nuit

 

817dbdaf752509418625f6e051886859.jpgLa nuit a ses spécificités, non seulement depuis que l’homme est l’homme, mais depuis la nuit des temps. Il est stupidement humain de considérer que l’éclairage public de nuit a pour but d’éclairer comme en plein jour afin d’oublier qu’il y a une nuit.

Nous en avons besoin, c’est un élément indispensable à notre cycle naturel et qui correspond à un besoin physiologique.

Dans nos villes, il y a de plus en plus d’enfants et d’hommes qui oublient qu’il y a des étoiles dans le ciel et qui ne s’en aperçoivent que durant leurs vacances, et encore … Regarder les étoiles est non seulement un acte essentiel d’humilité, mais cela nous rapproche des premiers hommes, de notre coté animal … Cela nous replace également certaines perspectives comme celle du coté éphémère du passage de l’homme dans l’univers et son coté microscopique au regard de tout le reste.

Une situation qui peut rappeler certaines obligations à nos contemporains, et la responsabilité qu’il ont pour le devenir de ce petit bout d’étoile sur lequel nous vivons …

Cela ne vous rappelle pas une histoire d’étoile, de renard, de rose et de Petit Prince ?