Climat : il n’y a pas de fatalité !

medium_polenord.jpgLes travaux du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), entrent enfin dans le domaine du concret, c’est ce qui ressort de la 3eme réunion 2007 qui s’est tenue le mois dernier à Bangkok.
Un évènement que l’élection présidentielle a quelque peu relégué au second plan.

La thématique à l’ordre du jour, « l’atténuation du changement climatique », constituait le prolongement des sujets évoqués lors des conférences précédentes, en janvier avec l’évaluation scientifique du phénomène et février sur l’impact du réchauffement pour les pays et les écosystèmes.

Les conclusions de Bangkok sont raisonnablement optimistes, indiquant que l’objectif de limiter la hausse des températures à 2 degrés pour 2050 est réalisable ! Encore faut il ne pas tarder car la décennie à venir est déterminante. Autre élément rassurant, le coût estimé pour atteindre cet objectif est à notre portée, les experts du GIEC l’évaluant à 0,12% du PIB mondial, sous certaines conditions cependant dont celle d’agir au plus vite !

Nous sommes entrés depuis quelques années au début d’un réchauffement climatique dont les conséquences sont plus rapides que prévus, du fait d’un phénomène d’accélération du à la « sensibilité climatique » exacerbée de notre planète (conséquence d’une concentration excessive des gaz à effet de serre).
Les efforts à accomplir aujourd’hui n’auront de conséquences positives que dans 20 ans, du fait de l’inertie de Dame Nature. Car dans le domaine des phénomènes naturels, le temps nécessaire pour influer une tendance établie n’est pas mesurable à l’échelle d’homme; nous sommes réellement à la recherche du temps perdu, un constat qui devrait rendre nos dirigeants à la fois beaucoup plus humble et actifs.
Chaque jour compte, avec la certitude que si rien n’est fait, tout peut arriver même le pire avec son cortère de conséquences dramatiques !

Alors comment inverser une tendance qui n’a fait que s’accélérer ces dernières années ? (d’après le rapport, les émissions de gaz à effet ayant augmenté de 70 % entre 1970 et 2004) … « Game is over »

 

 

medium_trou-pole.jpgSi le réchauffement climatique, grâce notamment à l’action entreprise par Nicolas Hulot, a marqué incontestablement le début de campagne présidentielle, force est de constater que par la suite il n’a pas été au coeur du débat électoral, totalement accaparé par des questions strictement hexagonales. Rappelons également que des trois candidats arrivés en tête au soir du premier tour, c’est celui dont les orientations environnementales étaient les moins probantes, et de loin, qui est désormais Président de la République !
Nous avons encore beaucoup de chemin à accomplir pour que l’Environnement soir concrètement une priorité absolue pour nos élus plutôt qu’une affaire de communication et d’audimat !

Lors de la réunion de Bangkok, les experts du G.I.E.C ont discerné trois pistes d’action qui peuvent inspirer utilement nos décideurs, dirigeants ou opposants.

Trois pistes pour agir sans tarder :

Privilégier l’efficacité énergétique
Il est plus économique pour un pays d’investir en vue d’améliorer son efficacité énergétique que d’augmenter sa consommation d’énergie fossile, que ce soit pour conforter sa sécurité énergétique, réduire le déficit de sa balance des paiements, ou plus simplement et globalement diminuer sa production de gaz à effets de serre.
Un objectif concret : réduire les émissions de dioxyde de carbone de 50 à 85% d’ici à 2050.

Changer nos modes de vie et de croissance
Nous sommes au pied du mur au regard de la situation dans laquelle se trouve la planète. Rappelons qu’aujourd’hui sur la planète, c’est toujours le charbon qui constitue la source d’énergie principale alors que c’est celle qui produit le plus de CO2  (le pétrole n’est pas trés loin) ! Il faut avoir le courage de remettre en cause certaines orientations et choix stratégiques : que ce soit pour produire, se déplacer ou habiter !
L’objectif pour 2030 est dans ce dernier domaine de diminuer d’un tiers les émissions de gaz à effet de serre.

Développer la recherche et l’utilisation des énergies renouvelables
U
ne piste de choix pour diminuer quelques contraintes futures et accélérer la limitation des gaz à effet de serre est celle de développer la recherche dans tous les domaines concernés par cet objectif global : énergie, consommation d’eau, agriculture …
Autre piste de réflexion, les mesures fiscales. Le développement des énergies renouvelables par exemple (recherche, déploiement, utilisation) est freiné actuellement du fait d’un rapport qualité/prix défavorable (par rapport au pétrole). Un argument sans cesse avancé par les lobbies en place. Cependant, rien n’est immuable, cette situation peut évoluer, le prix du marché n’étant pas un indicateur juste lorsqu’il n’intègre pas dans ses composantes le cout des conséquences néfastes de son utilisation (couteuses pour nos sociétés), c’est la logique « cigarette ».
L’adoption par les états de mesures adaptées (par exemple la taxe carbone ou certaines exonérations fiscales) permettrait de rendre compétitif de nouvelles sources d’énergie non polluantes, aujourd’hui peu ou pas assez utilisées. Si d’aventure le cout d’une tonne de CO2 atteignait les 50 dollars (dans le cas d’une taxation carbone), la conséquence directe serait de doubler la part des énergies renouvelables qui d’ici 2030 pourrait passer de 18 % de l’électricité mondiale à 35 % !
Ce potentiel de croissance n’est pas celui de l’énergie nucléaire, dont la part n’augmenterait seulement de 2% pour le même scénario, sans aborder de plus les contraintes majeures de cette source d’énergie (sécurité du fait des risques de prolifération, réserves d’uranium et le problème du traitement des déchets radio actifs) évoquées lors du débat du second tour entre nos deux candidats aux présidentielles.

Notons avec satisfaction que les experts ont écarté les scénarios « Folamour » abordés par certains spécialistes américains désirant ne rien remettre en cause à la situation actuelle, préférant jouer notamment aux apprentis sorciers (augmenter la photosynthèse, ou influer sur les rayons solaires), chercheurs trés certainement subventionnés par quelques magnats du pétrole trés influents outre atlantique !

 

Des réticences nationales et régionales qui s’estompent peu à peu :

La responsabilité des pays développés dans l’accumulation des gaz à effet de serre est scientifiquement avérée, pourtant ces pays désirent paradoxalement limiter la croissance de pays émergents ou défavorisés au nom de la protection de l’Environnement ! Une attitude jugée par beaucoup incohérente voir « colonialiste », surtout que dans le même temps certains de ces pays, et non des moindres, refusent toujours de signer le protocole de Kyoto, comme les USA et la Chine; mais dans ces pays la situation évolue !

Concernant les USA, si l’administration Bush est toujours réticente, le travail réalisé en profondeur par Al Gore commence à porter ses fruits et changer la donne. Une crainte majeure demeure cependant aux yeux de nombre d’américains, la récession économique mais l’évolution de l’opinion en faveur de l’environnement ouvre de nouvelles perspectives dans un pays ou l’électeur est roi !
Rappelons tout de même, que ce pays continent, première puissance économique du monde émet, par habitant, plus du double de gaz à effet de serre que l’Europe, et dix fois plus que la Chine. C’est dire que son implication dans le domaine de la protection de l’Environnement est capitale !

La position de la Chine évolue également peu à peu, plusieurs faits l’expliquent : en 2007, elle deviendra probablement le premier pays émetteur de gaz à effet de serre, alors que dans le même temps, elle se trouve confrontée dans certaines de ses provinces à des catastrophes naturelles dramatiques, dues directement à la dérégulation climatique … Autre constat, économique et géo politique liè à la problématique de sa sécurité énergétique.
C’est pourquoi les dirigeants chinois développent actuellement une attitude shyzophrénique visant à concilier l’inconciliable; un positionnement qui d’ici les jeux olympiques de Pékin devrait évoluer dans le bon sens  !

 

Deux directions pour changer de cap

Pour la planète, l’heure de vérité avance à grands pas. Il est essentiel que la problématique environnementale constitue l’axe central des futurs programmes des uns et des autres et pas seulement du fait de la force médiatique que représente Nicolas Hulot et sa fondation, sinon le point de non retour sera atteint ! Rappelons que l’Europe sur la question de l’Environnement a un rôle essentiel à remplir.

Le prochain gouvernement doit saisir cet enjeu capital, et tout faire pour que nos entreprises et nos territoires soient moteurs et précurseurs dans un domaine vecteur potentiel d’une croissance vertueuse créatrice d’économies, de richesses et d’emplois et agir dans le même sens au niveau européen. Ne reste plus qu’à espérer que le nouveau Président sera plus décisif et concret que Jacques Chirac sur cette problématique car au delà des mots (« la maison brule »), il faut surtout en ce domaine agir !

Aujourd’hui, deux niveaux d’intervention se présentent, complémentaires :  un au niveau des choix politiques, l’autre au niveau de chaque citoyen :

Au niveau des choix collectifs, dont l’acteur principal es le politique, un objectif concret : réduire de 8 % les émissions de CO2. grâce au développement des énergies renouvelables, de l’efficacité énergétique, de l’isolation des habitations, du développement des biocarburants de la nouvelle génération, et l’adoption de nouvelles normes (transport automobile,aérien et maritime, concernant habitat, fiscales …).

Au niveau du comportement individuel, il est nécessaire aujoud’hui de revenir sur certains fondamentaux : sens de la vie, définir ce qu’est réellement la richesse, mesurer la fragilité de notre éco système, émergence d’une éco citoyeneté vis à vis de respectueuse de notre environnement naturel et des générations futures …
L’essentiel pour exister ne peut être de consommer pour consommer … Il faut que chacun se fasse violence, si nécessaire, et adopte de nouvelles habitudes plus compatibles avec la survie de la planète !

 

Liens ou notes précédentes sur cette thématique 

le site du GIEC

Plaidoyer pour la filière bois

Les bio-carburants sont ils vraiment écolos ?

 Le changement climatique devient une affaire d’économistes

Planète, la preuve par 4

 

Le GIEC selon Wikipieda

Le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat est une organisation qui a été mise en place en 1988, à la demande du G7 (groupe des 7 pays les plus riches : USA, Japon, Allemagne, France, Grande Bretagne, Canada, Italie), par l’Organisation Météorologique Mondiale et par le Programme pour l’Environnement des Nations Unies. Son  rôle est « d’expertiser l’information scientifique, technique et socio-économique qui concerne le risque de changement climatique provoqué par l’homme ».
Comme toutes les institutions onusiennes (l’OMS par exemple), le GIEC n’est pas une association de personnes physiques, mais une association de pays. Cet organisme expertise et synthétise des travaux de recherche menés dans les laboratoires du monde entier, ce qui s’est publié dans la littérature scientifique sur la question de l’influence de l’homme sur le climat (et par voie de conséquence sur le fonctionnement du climat, avec ou sans hommes)