Habitat social, où en sommes nous ?

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L’opération des logements sociaux de FSM inaugurée rue de Montceaux cette semaine, me donne l’occasion de faire un point sur notre situation en ce domaine et le partenariat initié avec ce bailleur.

Je ne l’apprendrais pas aux lecteurs de ce blog, l’article 55 de la loi Solidarité et Renouvellement Urbain, impose à toute commune francilienne de plus de 1500 habitants d’avoir d’ici 2020, 20% de logements sociaux et 25% en 2025 (loi ALUR). Rappelons que si les décrets d’application de la loi SRU ne datent que de 2002, la pénurie de logements en France est une vieille histoire.
L’état demande aux élus en un ou deux mandats de réparer plus d’un demi siècle d’immobilisme sur une telle question ; or pour appréhender et maitriser les ressorts d’une problématique que chacun s’accorder à reconnaitre comme complexe, il est nécessaire d’acquérir un minimum d’expertise et de savoir faire dans des domaines aussi divers que le foncier, l’habitat ou l’urbanisme. Le but d’une mixité réussie étant d’offrir aux habitants les conditions d’un véritable épanouissement. Ce qui veut signifie que même pour un élu convaincu de l’intérêt de ce texte, comme je le suis, lancé une telle action, véritable politique publique, lexige un minimum de temps, notamment au début.
J’ai la conviction que s’il faut bien évidemment suivre à la lettre cette loi légitime, notamment répondre aux exigences quantitatives, il est également important d’en respecter l’esprit et de se fixer des priorités qualitatives ; ce qui est techniquement un peu plus compliqué à réaliser … Aussi, j’ai le sentiment d’avoir agit juste en faisant de la qualité de l’habitat, au sens global, une exigence préalable, et de tout avoir mis en œuvre pour y arriver.
Il est vrai qu’une autre démarche etait possible : préempter un terrain en périphérie de ville, y bâtir en nombre les locatifs sociaux manquants … Loin des yeux, loin du cœur … Méthode simple, rapide, apparemment moins couteuse, respectant les objectifs quantitatifs de la loi SRU, mais pour le moins court termiste.
J’assume de ne pas avoir été sur ce point exemplaire et d’avoir pris le temps de bien faire ; ce qui en son temps m’a valu des échanges pour le moins directs avec les représentants de l’Etat.

 

Quelques convictions tout d’abord.

Un Maire n’est pas l’élu d’une ville mais d’un territoire, ensemble complexe composé d’entités urbaines, agricoles et naturelles qui doivent dialoguer ensemble en bonne intelligence. Notre volonté est de préserver l’intégrité des espaces naturels et agricoles, afin qu’ils gardent toute leur potentialité, en prenant prendre le contre pied du modèle urbain dominant, celui de l’étalement urbain, basé sur le développement de la ville «longue distance», consommatrice de foncier, d’énergie, de pierre, de temps et grande dévoreuse d’espaces …

Depuis 2005 nous avons considérablement renforcé nos moyens d’action, acquis un réel savoir faire, initié un projet de développement durable du territoire (notamment avec l’éco quartier), réuni des partenaires indispensables, dont les services de l’état avec lesquels nous travaillons en toute transparence et l’Etablissement Public Foncier, qui déploie toute son expertise pour nous aider à construire du logement social ; et ce malgré les diverses difficultés rencontrées : foncières, financières, règlementaires, dont une spécifique à Trilport, un zonage absurde, inéquitable, illégitime pénalisant le montage de toute opération de création de logement sociaux. Nous agissons pour :

  • promouvoir un logement social de qualité, notamment en centre ville : afin de rapprocher les habitants des équipements publics, de développer les mobilités douces, afin de faire de Trilport une ville « courte distance ». Les appartements inaugurés sont lumineux, connectés à la fibre optique, dotés d’outils de suivi mobiles individuels …
  • diminuer les charges des locataires en participant à la lutte contre le réchauffement climatique et les émissions de gaz à effet de serre (performances thermiques et isolation très performante), en privilégiant le plus possible les matériaux bio sourcés,
  • privilégier les opérations à taille humaine, l’éco construction, l’accessibilité, la signature architecturale du bâti et son intégration au site.
  • Développer une mixité multi générationnelle et sociale dans toute la ville, afin d’éviter ghettoïsation ou sentiment de déclassement et proposer également des solutions de logement adaptées tant aux séniors, qu’aux jeunes
  • Intégrer dans chaque opération les problématiques du stationnement, afin d’apporter des réponses non doctrinales mais bien concrètes

Mais au delà du rationnel, du technique, des données statistiques, je voudrais surtout et plus que tout parler d’humain, d’affect, de pathos, de désir. Trop peu d’acteurs s’en préoccupent, c’est pourtant essentiel.

Une feuille de route s’impose : rendre la ville durable, aimable et désirable, en travaillant sur la qualité des espaces, du bâti, des services de proximité mis en place … Vivre en ville, c’est avant tout habiter sa ville et même si possible être habiter par elle.

Il est grand temps de faire évoluer dans l’inconscient collectif les représentations liées à la ville, à l’épanouissement personnel, familial et collectif, en améliorant concrètement la qualité de vie, les aménités, l’intensité urbaine et placer l’humain et la préservation de la nature au centre de nos réflexions.

La ville est un tissu vivant qui doit se régénérer, se reconstruire sur lui même, mais être également en capacité de procurer de l’émotion et d’avoir une dimension évocative. S’il est nécessaire de développer une ville plus intense, elle doit dans le même temps être surtout, paradoxalement, plus humaine … C’est la vision que nous partageons avec nos partenaires.

 

Pourquoi avoir choisi FSM, et où en sommes nous vis à vis de la loi SRU ?

 

 

 

 

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Pourquoi FSM ?

Dés mon élection comme Maire (2004), j’ai recherché durant de longs mois, le bailleur social partageant nos priorités et pouvant nous accompagner. Avec cet objectif, j’ai rencontré beaucoup d’acteurs de l’habitat social, visité plusieurs sites, que ce soit en Seine et Marne ou non, et pas mal échangé avec des locataires et des élus.

C’est ainsi que nous nous sommes rapprochés des Foyers de Seine et Marne dont le positionnement volontariste sur l’éco construction et les performances énergétiques, (il en sont un des pionniers), le sens de l’innovation, environnementale et surtout sociale (dimension humaine des réalisations, publics cibles …), la culture d’entreprise correspondaient à la politique que nous voulions initier sur Trilport.
Autre argument de poids, le travail conjoint sur les dossiers d’attribution, mené très en amont qui nous permet de les préparer et de réussir à attribuer à peu prés la moitié des logements à des familles Trilportaises dans le respect des priorités préfectorales ou du 1%.

C’est aujourd’hui 42 logements qui ont été livré, 41 logements en cours de réalisation (soit un total de 83) sur 5 opérations situées à des endroits différents de la ville, pour 4 d’entre elles, en Centre Ville à moins de 5 minutes de la gare (la plus importante faisant 17 logements) et deux projets à l’étude.

Dans chaque réalisation, FSM adapte 2 logements sur 10 au public senior ou doté d’un handicap. Nous agissons pour anticiper les conséquences du vieillissement progressif du pays et proposer à nos seniors des solutions leur permettant de poursuivre leur vie dans leur ville.
Rappelons qu’en 2050, prés d’un tiers des habitants auront plus de 60 ans (contre 20 % en 2005) et les 75 ans et plus passeront de 8% en 2000 à plus de 15% en 2050. Cet allongement de l’espérance de vie est une bonne nouvelle, mais nous impose de penser autrement la ville et les relations inter générationnelles en favorisant le prolongement de l’autonomie résidentielle.

C’est l’objet du label Habitat Seniors services que nous développons avec FSM.

 

 

Ou en sommes nous vis à vis de la loi SRU ?

AU 1er janvier 2016, nous devions construire 246 logements sociaux afin d’atteindre 20% (43 logements sont actuellement en constructions), nous atteignons à peu prés à 10%, avant le lancement de l’éco quartier de l’Ancre de lune.
Le contrat triennal de construction 2014 / 2016 fixe à la commune un total de 67 Permis de Construire à accorder avant le 31 décembre 2016. Notre programmation est établie, la plus grande majorité de cet objectif devant venir, enfin, de l’éco quartier.

Je profite de ce billet, pour souligner l’importance du partenariat noué depuis 2009 avec l’Etablissement Public Foncier d’Ile de France. Ses collaboratrices et collaborateurs effectuent sur Trilport un véritable travail de dentelle urbaine, respectueux de nos priorités comme des spécificités du territoire, notamment concernant la question de la densité, qui nous permet de mener sereinement, une véritable réflexion urbaine sur la ville, articulé non sur l’immédiateté mais le moyen terme et de garantir ainsi au mieux l’intérêt général.

 

 

 

Notes du blog relatives à cette question sensible

Beaucoup de billets du blog, traite du logement et de l’urbanisme, voici les liens menant aux différents articles écrits ces dernières années relatifs à des questions littéralement essentielles pour un élu de Petite Ville …

 

Pour que le 115 ne soit plus aphone

 

Elle était à l’écoute du bien être des gens

 

De la ville durable au Territoire Durable

 

Le Grand Paris a t’il besoin d’espaces ouverts

 

 Vous avez dit Habitat Seniors Services ?

 

Grand Paris, l’intensité urbaine à l’ordre du jour

 

Conversations urbaines autour du (très) Grand Paris

 

Contrat de Mixité Sociale, où en est on ?

 

SRU, enfin du contractuel

 

SRU, la réponse du cancre

 

De la Zone 2 à la Zone 1 …

 

Loi SRU, où en est Trilport ?

 

SRU, trop c’est trop …

 

SRU, comment je suis devenu un Maire « hors la loi »