La grande messe transilienne

La Défense, vendredi 23 septembre,

 

J’ai assisté aux « Premières rencontres Transilien » qui se sont déroulées au Palais du CNIT. Thierry MIGNAUW, directeur de Transilien SNCF,  a recu lors d’une véritable « grande messe » un panel de 5OO élus ayant participé à la consultation lancée auprés de l’ensemble des élus franciliens afin de présenter, en avant première, les résultats de cette enquête confiée par SNCF à Qualimage et CSA.
La participation à ce sondage, plus de 13% de retour (pour presque 30 000 élus), souligne l’intérêt grandissant des élus pour les questions relatives au transport. Au regard du mécontentement ressenti à Trilport par les mauvaises conditions d’accueuil (gare) et de transport (lignes Ferté Milon et Ferté Sous Jouarre) , je me devais de répondre aux questions de l’enquête et d’être présent à cette réunion …

Rappelons au passage que Transilien est depuis 6 ans la marque du service public de la SNCF en Ile de France et participe avec le soutien de la Région Île-de-France et du Syndicat des Transports d’Ile de France (STIF) à la rénovation des gares et des trains, au développement des équipements d’information et de sûreté et au renforcement de  la présence humaine sur le réseau, un vaste chantier en cours … Cette nouvelle marque déposée (presqu’un label) révèle une nouvelle implication de l’entreprise SNCF sur le terrain … avec plus de 20 000 agents, 5 000 trains circulant chaque jour sur 1280 km de lignes, 385 gares et 2,4 millions de voyageurs quotidiens, la SNCF est en effet un acteur incontournable du développement de nos communes …

Cette manifestation a été ponctuée de deux tables rondes, du discours de Jean Paul Huchon et de l’intervention trés mezzo voce de Louis Gallois, sacrifiant pour l’occasion, nous a t’on dit, une réunion des Présidents des Sociétés de Chemins de fer Européennes se déroulant à Copenhague, afin d’être parmi nous … 
Saluons tout d’abord cette initiative, il n’est pas si courant pour une telle entreprise d’ériger un acte masochiste en exercice d’exorcisation collective permettant sinon d’oublier le passé, du moins d’envisager autrement le présent et l’avenir immédiat …
« du passé faisons table rase .. Le monde va changer de base … Nous ne sommes rien, soyons tout « .


C’est sympathique et on a envie d’y croire … Cependant certaines interrogations persistent, surtout aprés les deux tables rondes et le discours de Jean Paul Huchon …

1ere table ronde « Les transports collectifs dans une grande métropole : enjeux pour l’Ile de France »
Elle a permis aux participants (dont François ASCHER, Urbaniste,  Denis BAUPIN, Adjoint au Maire de Paris , Mireille FERRI et Serge Mery  Vice-présidente du Conseil Régional chargée ) d’effectuer des comparatif trés instructifs sur la situation des transports métropolitains dans des métropoles aussi variées que Madrid, Tokyo, Londres … et Paris.
Il en ressort : qu’une des difficultés récurrentes de notre pays est la longueur des procédures administratives précédant la réalisation de l’infrastructure projetée (5 à 7 ans entre la prise de décision et la réalisation), que le manque d’investissement depuis plus d’une décennie consacré au réseau ou au renouvellement du parc roulant devient plus que préoccupant, et qu’il existe une trop grande diversité des situations entre Première couronne, deuxième couronne, et franges … Ile de France, terre de contrastes …

2eme table ronde « Avancer ensemble en Ile de France quelles relations de proximité et quels partenariats ? »
Louis Gallois a souligné que la conclusion essentielle de cette enquête pour la SNCF était d’effectuer une véritable révolution Copernicienne dans l’entreprise … Ou comment transformer une société tutelaire, définissant du haut de son autorité toute puissante :  priorités, besoins pour les usagers, choix technologiques, en fonction de l’imperatum d’ingénieurs maison tous trés qualifiés, en une nouvelle société réactive, à l’écoute des usagers (collectivités territoriales, Autorités Organisatrices de Transport) laissant aux élus la responsabilité de définir les besoins et les prescriptions et d’évaluer l’action de l’entreprise sur le terrain … Tout un programme …
Certains points noirs ont été soulignés : manque de réactivité de la SNCF, difficulté récurrente de travailler en synergie, refus des ingénieurs de prendre à bras le corps les problèmes immédiats des usagers privilégiant une approche à trop long terme et des solutions techniques complexes (les usagers de la Fete Milon devraient apprécié). Apparemment la révolution culturelle Transilienne est en marche … 

Le discours de Jean Paul Huchon à la veille de la grande manifestation organisée par les associations d’usagers, certains partis politiques (dont les Verts, le PC et le PS), de nombreux élus municipaux, départementaux et régionaux  afin d’exiger de l’Etat l’attribution des moyens financiers nécessaires à la reprise du STIF (Syndicat des Transport Ile de France) a été sans équivoque.
Un transfert accepté par les élus régionaux à condition d’obtenir de l’Etat les compensations financières suffisantes (sur la base de celles accordées aux autres régions) permettant de garantir ainsi la pérennité du réseau de transport et le  bon fonctionnement du parc roulant actuel …
Des compensations estimées par le Région à plus de
500 Millions d’euros (charges des retraites des agents de la RATP, dépenses obligatoires prévues par la loi, renouvellement du matériel roulant de la SNCF, et  reconstitution du fond de roulement dans les comptes d’exploitation du STIF) mais refusées par l’Etat. Conséquence : la Région Ile-de-France, Paris ainsi que les quatre départements de gauche d’Ile-de-France ont refusé de désigner leurs représentants au Conseil d’Administration du STIF. Ce dernier est donc sans pilote depuis le 1er juillet 2005.

Suite aux deux tables rondes, aux réactions, aux questions des élus présents et à la réalité du terrain , les propos du Président Huchon n’ont trouvé aucun contradicteur dans la salle … Qui s’en étonne ?


 Affaire à suivre, trés vite …