L’état de siège médiatique

sarko medias2.jpgUne petite anecdote, révélatrice qui en appelle d’autres, inévitablement, au moment où l’on célèbre, sans tambour ni trompette le 2 eme anniversaire de l’arrivée de Nicolas Sarkozy à l’Elysée  …

Contexte : le jounal de 20 heures de la 2, présenté par Monsieur Pujadas, la semaine dernière … Actualité internationale et nationale : les ministres en action, message sublimal : « le monde tangue, la crise nous guette, mais dormez tranquille le gouvernement travaille  … »

Le même jour, la France fait l’objet d’une remontrance de la Commission Européenne devant l’ampleur de son déficit et le non respect de la parole donnée : A la Une du journal télévisée, une question taboue : faut il augmenter les impôts ?
Reportage sur l’agence : France Trésor (plutôt pathétique), interview du Ministre en charge du dossier ( quoi de plus normal ?) et de son opposition, nous sommes en démocratie, non ? Excepté, qu’en fait d’opposition, n’ont été interviewé que des députés de l’UMP, de dangereux gauchos suggérant à demi mot un assouplissement du bouclier fiscal … Rien d’autres … gonflé non ? Aucun interview d’un député ou d’un sénateur de gauche …  Message sublimal : « Il n’ya plus d’opposition ».
Ne cherchez pas, dans aucun autre sujet de ce journal, la parole n’a été donnée à l’opposition … Celle de gauche du moins …

 

Pas besoin d’être spin doctor pour comprendre la situation …
Lorsqu’est invité un élu socialiste, il n’est interrogé que sur le coté obscur de la force (Martine, Ségolène, Jack et les autres) et non sur ses propositions face au gouvernement. Ce dernier lui irrradie les ondes de force positive : du petit déjeuner (télévision publique : les quatre questions) au coucher, chez Mme Chabot !
Remarquez, cette situation va s’améliorer puisque désormais c’est le Président lui même qui désignera les dirigeants des chaines publiques nationales, rien n’arrêtera plus la marche en avant de la démocratie médiatique !

Aprés avoir abordé le coté aval de l’information, mille pardons j’ai failli écrire vassal, intéressons nous quelque peu à l’amont …
Là aucune crainte, Nicolas Sarkozy et son équipe de communiquants assure et s’occupe de tout, en qualité de fournisseur de contenu maitrisé et de produit fini : à chaque visite du Président c’est l’état de siège, au propre comme au figuré, tout doit être sous contrôle afin d’éviter le bug.
Question spontanéité, visite directe sur le terrain, le concept « je parle directement aux français »  a certes du plomb dans l’aile, mais à la télé cela donne de si belles images positives et consensuelles et les temps sont si durs !
Les rares fois où les caméras de télévision ont surpris des cris, des protestations, des pancartes contestatrices, le Préfet a été déplacé. Autant dire que depuis le pli est pris et à chaque visite annoncée c’est ville morte …
Un contrôle de l’image absolu, le moindre grain de sable est à éviter … Il faut positiver ! Exemple : finale de la Coupe de France, ne cherchez pas le Président au centre du Stade serrant la main aux joueurs des deux équipes, tradition républicaine s’il en est. La peur des applaudissements et des acclamations unanimes de la foule a dissuadé le Président de le faire … Peur certainement que les sages du CSA, garants impartiaux de l’équité politique ne décomptent ce moment du temps de son temps de parole ! la situation est sous contrôle …

 

Certes, tout n’est certainement pas la faute des médias, convenons en …
Cependant, force est de constater que l’état de siège médiatique est une réalité de plus en plus présente sur l’ensemble des médias télévisés. Non seulement sur ceux maitrisés par les amis de qui vous savez (la bande du Fouquet’s), mais désormais également sur les chaines publiques …
La berlusconisation des esprits est en route en mettant au premier plan la problématique suivante : » positiver et magnifier l’action d’un Président  travaillant pour un monde meilleuret le bien de tous et rendre ringard ou pathétique une opposition divisée et non constructive obsédée de querrelles politiciennes ».

Une réalité que l’opposition se doit d’assimiler, et au plus vite. Elle doit plus que jamais consacrer ses trop rares moments d’exposition médiatiques à l’essentiel : ouvrir de nouvelles perspectives politiques positives !