Pourquoi une Maison des familles ?

 

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L’inauguration du Lieu d’Accueil Enfants Parents (LEAP) du pôle Petite Enfance de la Villa Bia constitue une première illustration concrète de l’éco quartier de l’Ancre de lune. C’est dans le cadre de l’élaboration du volet social de ce beau projet qu’avait ete fléché comme piste de travail la Petite Enfance, domaine dans lequel la commune était jusque là, absente.

En partenariat avec les services départementaux, de la MSA et de la CAF, un diagnostic territorial a été réalisé. Il a permis, grâce à la concertation engagée (enquêtes, questionnaires, entretiens qualitatifs, rencontre avec tous les acteurs…) d’aborder globalement cette problématique, en partant du contexte local, et de définir une ligne stratégique dont la première étape a été la création du Relais d’Assistantes Maternelles (RAM), préfiguration de la future Maison de la Petite Enfance que nous voulions implanter au cœur du futur éco-quartier.
Dans l’attente du lancement effectif de ce dernier, la nouvelle structure a été  hébergée provisoirement dans les locaux de la villa Bia, rénovés pour l’occasion. Cette demeure bourgeoise, ancienne propriété de l’usine Kleber, avait été acquise il y a quelques années par la commune du fait de sa localisation centrale, de la beauté de son magnifique parc arboré et du potentiel du site même de la Villa Bia.

Autre atout, et non des moindres, la qualité de l’animatrice du RAM qui a su, dès son arrivée, habiter les lieux, créer une ambiance positive et bienveillante, ce qui a constitué un élément clé dans l’appropriation du site tant par les familles que par les professionnelles, au point que l’implantation de provisoire est devenue définitive.

Le RAM a été une étape décisive au regard de son utilité pour les familles désormais soutenues et accompagnées dans leur recherches de modes de garde, leur rôle d’employeur (contrat de travail, démarches administratives …), et les professionnelles qui ont créé autour de la vie de cette structure une véritable communauté, notamment lors des ateliers proposés et des échanges partagés.
Parmi les animations proposées, une est devenue emblématique, et ce bien au delà de Trilport, il s’agit de « Parlons d’Enfance ».
Ce rendez-vous annuel propose sur une semaine des spectacles, conférences, ateliers thématiques, dédiées aux problématiques liées à l’enfance et à la petite enfance (2014 : le rythme de l’enfant ; 2015 : les petits se réveillent et s’éveillent; 2016 : Acquisitions, apprentissages et transmissions) …

Des remontées du terrain, tant des professionnelles, que des enseignants de maternelles ou de l’animatrice du RAM, confrontée au succès d’un accueil aux familles mis en place dans le cadre de ses activités, ont permis de révéler un besoin croissant d’écoute et de dialogue de parents, pour certains en grande difficulté.
Cette situation nous a amené à envisager la création d’un Lieu d’accueil Enfants Parents (LAEP), ouvert aux enfants de 0 à 6 ans, allant donc jusqu’aux élèves scolarisés. Un LAEP est un lieu où parents et enfants peuvent se poser, dialoguer en toute confiance pour partager expériences, doutes, angoisses, questionnements …
Véritable moment d’intimité et d’échange autour de la parentalité avec des professionnelles formées à l’écoute et faisant de la neutralité, de la confidentialité et de l’anonymat des impératifs absolus.

Le succès croissant du pôle Petite Enfance, l’harmonie se dégageant d’un site empreint d’une certaine magie, nous ont amené peu à peu à faire évoluer le projet initial, à voir plus grand, plus innovant également, et à travailler à la création du concept de « Maison des familles » :

  • En ayant pour ambition de replacer humanité et bienveillance au centre de la relation d’accueil sur toutes les questions relatives à la famille, au sens large,
  • en regroupant sur un seul site l’ensemble des services dédiés au lien social, pour toutes les générations, du premier au troisième âge.

La Maison de la Petite Enfance que nous envisagions au lancement de l’éco quartier, a laissé place depuis, à un projet plus global, destiné à favoriser l’inclusion sociale de tous, quel que soit les générations, une Maison au service des familles …

 

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Il m’apparaît indispensable, encore plus aujourd’hui, de revenir à l’essentiel, la dimension humaine.
Nous vivons dans une société qui tend à se refermer sur elle même, à devenir  plus anxiogène, une société où tout semble aller si vite, souvent trop vite, dans laquelle la solitude, le pessisme, la peur de l’autre et l’individualisme se développent avec pour corollaire trop souvent de l’agressivité, de la violence parfois …
Ce contexte nous impose de réinvestir au plus vite dans l’acquisition d’une citoyenneté partagée (droits et devoirs) aujourd’hui trop souvent remise en cause et fragmentée. Société dont la dématérialisation croissante peut être également source de nouvelles exclusions, de nouvelles failles, de nouvelles fractures.

La mise en place d’un espace de décélération qui permette à chacun de se poser, de soufler, véritable sas de respiration et de médiation qu’elle soit sociale ou numérique, semble bienvenue. Il est important de faire de ce lieu d’écoute, de rencontre, un site emblématique de l’ambition sociale de l’éco quartier de l’Ancre de lune.

C’est également un défi architectural, au sens le plus global : comment transformer une demeure bourgeoise, à la facture somme toute assez classique, en un espace lumineux doté d’une vraie personnalité, qui suggère et suscite une ambiance positive, et qui contribue à la création de schémas relationnels bienveillants et apaisés ? La conception des lieux doit être liée au projet social.

C’est également un défit managerial : faire que des services aux cultures différentes, organisés le plus souvent en mode silo, fonctionnent différemment, de manière transversale, en privilégiant bienveillance et qualité d’écoute.

Sacré challenge, non ?

Je suis convaincu que dans un éco quartier, l’innovation ne peut se limiter au seul domaine environnemental, mais doit être également et plus que tout sociale.

Je suis convaincu que la cohésion d’un territoire dépend de la nature et de la qualité des liens et échanges entre ses habitants. Des perspectives et des projets communs qu’ils partagent 

Nous devons faire appel à l’intelligence collective, au savoir faire des différents acteurs qui travaillent au quotidien le lien social, et leur faire partager une ambition commune :  remettre l’humain au coeur du projet de ville.