2022 : an 1 du mandat municipal ?

Les vœux 2022 ont été placés une fois encore sous le signe de la virtualité et de la distanciation sociale du fait d’un COVID qui nous accompagne depuis les élections municipales. Ce mandat ne ressemble décidément à aucun autre.

Rares sont les événements au niveau planétaire, hormis les conflits mondiaux évidemment, qui auront eu autant d’impact sur nos vies quotidiennes ou collectives, comme sur la perception des uns et des autres de repères tutélaires qui balisaient et jalonnaient jusque là nos existences respectives, encadrant quelque peu nos conceptions de la société et priorités de vie. Demain ne sera décidément plus comme hier.

Pour un Maire, élu local de proximité par nature, cette altération durable du lien et des interactions sociales provoque un sentiment compréhensible de manque doublé inévitablement de frustration … Le temps file, file, et le contexte sanitaire perturbe et contrarie considérablement les projets portés pour nos territoires afin de bâtir, construire, proposer, réaliser …
Il faut cependant savoir raison garder, tant ces derniers mois se sont passés en mode actif pour ce qui nous concerne. Les élus locaux n’ont pas failli, loin s’en faut. Ils n’ont pas donné dans le spectaculaire certes, mais dans l’utile, voir l’indispensable. Présents au quotidien sur le terrain, agissant par petites touches de pinceaux successives, plus impressionnistes que pointillistes, afin de répondre aux aléas et priorités de l’instant. Leur action lorsque l’on l’analyse avec un minimum de distanciation prend tout son sens, tant elle a grandement contribué à la résilience de territoires qui ont pu ainsi répondre présents à l’adversité et incertitudes de l’époque.

Cette crise planétaire a souligné surtout l’importance d’être solidaires, collaboratifs, d’impulser des dynamiques et solidarités de proximité. Elle a démontré l’intérêt pour le pays de préserver la capacité d’action des communes et acteurs de terrain, afin qu’ils soient en position d’alimenter la capillarité qui irrigue nos territoires et nourrit leurs métabolismes urbains, ensembles complexes et fragiles s’il en est, afin d’éviter qu’ils ne dépérissent. Les modèles XXL, sans racine, désincarnés et lointains considérés autrefois comme l’alpha et oméga de l’organisation territoriale et de la gouvernance publique ont démontré toutes leurs limites durant la crise, agissant comme un véritable crash test.
L’utilité des « premiers de corvée », hier invisibles et totalement hors des radars de nos élites, s’est imposé à tous et à chacun, leur action concrète, constante et résolue a permis au pays de tenir et de fonctionner au quotidien et de préserver ainsi sa capacité à rebondir après l’orage et le vent mauvais.
La place de l’État et de ses services, dont nous avons subi trop fréquemment les postures caricaturales passées et dépassées (la France d’aujourd’hui n’est plus celle de Napoléon) se doit d’être reconsidérée.
Le problème n’est pas « plus ou moins d’État », comme certains veulent nous le faire croire, (c’est la période), tant nos territoires ont en grand besoin, mais « mieux » d’état. Il faut que ce dernier soit agile, proche, réactif, créatif, collaboratif, à l’écoute du terrain, en résonance de ses besoins et de priorités aussi essentielles que la santé, l’éducation, les solidarités …

La crise sanitaire constitue un catalyseur et un accélérateur des transitions que traverse un monde globalisé qui n’arrête pas lui d’avancer. Elle illustre la rupture entre deux millénaires se chevauchant, qui hier encore se tutoyaient et se confondaient .
Elle a surtout permis de rappeler la primauté de la vie sur l’économie, de l’essentiel face à l’insignifiant ou l’accessoire, et dévoiler des qualités insoupçonnées chez nos concitoyens. Sous l’orage ils n’ont ni flanché, ni craqué, se sont montrés solidaires, fait violence parfois pour accepter avec discipline les contraintes successives qui s’imposaient face aux aléas, tant le doute a remplacé les certitudes d’hier, ce qui au final n’est pas si mal, mieux vaut douter parfois … Il faut le souligner, le rappeler et le marteler, si nécessaire, les français dans leur immense majorité ont su faire « société » et bloc lorsqu’il le fallait.

2022, je l’espère sera l’année du rebond et constituera également pour les élus locaux de 2020, aussi incroyable que cela puisse paraitre, mais les faits sont têtus, la première vraie année de ce mandat municipal.

Avec à la clé un formidable défi à relever : renouer avec la vie …
Il nous faut, et plus que jamais, nous mobiliser et agir, agir ensemble, pour retisser les liens distendus ou brisés, réparer les terribles dégâts causés par ces mois chaotiques, « prendre sens dans l’insensé », auprès des naufragés, des plus touchés, des personnes isolés, des seniors à reconnecter au lien social et à tous ces jeunes désorientés qu’il faut de nouveau réenchanter, tant ils représentent, incarnent et sont l’avenir …

Belle feuille de route au final, non ?