Municipales : ma part de vérité (1/2)

municipales.jpgJe me suis refusé à  analyser à chaud les résultats des dernières municipales, préférant prendre le temps de la réflexion, tant le choc a été rude, même si localement nous avons échappé au carnage …
Trop de casse et d’injustice pour beaucoup d’élus dévoués corps et âmes à leurs communes, aux quelles ils ont consacré vie personnelle et professionnelle, énergie et compétences durant des années, avec souvent des résultats remarquables, situation qui n’a pas empêché beaucoup d’entre eux de payer cash une addition qui n’était manifestement pas la leur.

C’est un sentiment fort de gâchis et d’injustice qui prédomine, même si comme l’a écrit Bernard Poignant, un des grands vaincus du scrutin, reprenant Léon Blum « l’ingratitude est un droit du suffrage universel. Un score ne s’apprécie pas avec des sentiments affectifs. Il se constate et se respecte, parce qu’il exprime un choix et une volonté de l’ensemble des citoyens. ».

Chacun sait que pour tout gouvernement les élections intermédiaires sont délicates et dépendent du climat économique et social, ou de facteurs irrationnels. Pourtant le résultat des municipales de mars 2014 interpelle tant il apparaît comme exceptionnel, au regard de l’ampleur de l’hémorragie subie par la gauche qui a perdu en deux semaines 151 villes de plus de 10 000 habitants. D’autres enseignements sont également à en retenir car lourds de sens pour les années à venir  :

o   L’importance de l’abstention, inédite pour des élections municipales (37%), incontestablement une partie de l’électorat de gauche a voulu sanctionner les candidats soutenant le gouvernement,

o   l’échec cuisant des candidats PS à Grenoble, Montpellier et La Rochelle battu par des candidatures dissidentes

o   La poussée évidente de l’extrême droite qui remporte dix villes et obtient plus de 1 200 conseillers municipaux contre 80 auparavant, franchissant ainsi une étape clé dans son implantation locale,

o   L’échec du front républicain, victime du « ni-ni » de Copé et des années Sarko / Buisson comme de la réticence d’électeurs de gauche à voter UMP au second tour. Autre enseignement du second tour, lors des triangulaires beaucoup d’électeurs ayant voté FN au 1er tour ont voté UMP afin de battre le candidat PS,

o   Les dissensions à gauche qui ont fait perdre beaucoup de villes, offrant même sur un plateau Mantes au FN, une attitude totalement irresponsable et inadmissible.

 

Pour la droite, ce succès est inespéré, au regard de son bilan (elle n’est pas pour rien dans l’état actuel du pays), de l’absence de projet alternatif manifeste, de la faiblesse également de certaines candidatures locales et des scandales à répétition qui ont frappé l’UMP ces dernières semaines.

Cette défaite marque également la fin de l’âge d’or du  « socialisme municipal ». L’aspect local de l’élection, la qualité de la gestion des maires sortants ont été balayé par des considérations politiques d’ordre national, ce qu’à titre personnel je regrette.
Les électeurs  ne doivent pas oublier qu’ils ont porté aux responsabilités des équipes qui devront gérer au quotidien durant les six prochaines années leurs communes, mettre en oeuvre et animer les politiques publiques de proximité nécessaires à leur plein épanouissement, dans un contexte que chacun s’accorde à reconnaitre plus que périlleux. Beaucoup regretterons sans doute leur bulletin et les élus méritants qu’ils ont sanctionné.

L’onde de choc initiée risque fort de faire passer à droite le Sénat dans quelques mois ainsi que de nombreux départements et régions l’an prochain, à moins que le nouveau gouvernement ne réussisse à sortir de cette spirale de l’échec et d’inverser une tendance déjà très compromise.
La réaction de François Hollande a été pour une fois rapide et à la hauteur de la gravité du moment, il y a urgence, incontestablement. Il y aura bien, un avant et un après municipales dans ce quinquennat. 

Mais comment expliquer une telle catastrophe électorale ? Et surtout quoi faire pour rebondir après un tel cataclysme ?
Je vous propose quelques pistes de réflexion personnelles, ma part de vérité en quelque sorte, en deux temps : l’un relatif aux causes, puis dans un prochain billet, explorer quelques propositions d’actions permettant selon moi de rebondir, car c’est surtout cela qui importe. Nous devons préparer dés aujourd’hui les conditions d’inverser la tendance pour les prochaines élections locales, pas pour gagner un match mais pour proposer de nouvelles perspectives correspondant aux valeurs que nous portons.

 

 

 

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Une confidence, je pressentais que les résultats à ces municipales seraient difficiles, voir pas très bons. Pour tout dire la sérénité de certains de mes collègues avant le scrutin devant des sondages cléments comme les retours positifs et enthousiastes d’un porte à porte organisé « scientifiquement » m’inquiétait, tant ils ne correspondaient pas à mon ressenti du terrain.
J’avais d’ailleurs exprimé publiquement ces doutes lors du dernier bureau national de la FNESR (Fédération Nationale des Elus Socialistes et Républicains), quelques semaines avant le scrutin, sans m’attendre pour autant à une telle hécatombe.

 

Ces résultats prouvent que manifestement le désamour des français s’est accumulé au fil des mois et des maladresses successives …

Le péché originel est de ne pas avoir dit la vérité aux français sur la situation économique et sociale réelle du pays lorsque la gauche est arrivée au pouvoir. Tous les clignotants étaient alors au rouge : emploi, croissance, déficits, confiance et les tendances plus que mauvaises.
Devant une situation totalement plombée, ne pas avoir communiquer sur cet état des lieux est une faute politique majeure de premier ordre. Conséquence, les mauvais résultats qui ont suivi ont été directement imputés au nouveau gouvernement, alors qu’ils n’étaient que la conséquence de décisions antérieures, les mesures prises ensuite, notamment fiscales, pour corriger le tir et éviter la catastrophe, ont été non comprises par les français et encore moins des sympathisants socialistes  !

Dans le même temps, l’arrivée de la gauche, après dix ans de gouvernance de droite, a fait naitre beaucoup d’espoir, notamment après le succès populaire et la dynamique des primaires, même si François Hollande avait peu promis durant sa campagne ce que beaucoup ont tendance à oublier aujourd’hui.
Cette attente, nécessairement déçue, s’est transformée en ressentiment, puis en colère larvée, d’autant que l’absence de résultats probants, l’incompréhension d’une action gouvernementale peu lisible, les critiques incessantes de parlementaires PS en mal de médias (bonjour la TNT), plus prompts à tirer contre leur camp que contre la droite, semant le doute, apportant de l’eau au moulin de Jean Luc Mélenchon et du Front de Gauche n’ont pas arrangé les affaires de l’exécutif, loin s’en faut !

Le manque de leadership manifeste, tant au gouvernement, que dans les groupes parlementaires ou au PS a été payé cash : trop de cafouillages et de déclarations maladroites ou imprudentes y compris de ministres, du Premier d’entre eux (« pas d’augmentation des impôts pour les ménages ») et du Président lui même (Léonarda, « baisse du chômage  avant la fin de l’année »).
Cette communication désastreuse de l’exécutif a amplifié un sentiment d’amateurisme. En pleine tempête les marins se sont mis à douter du capitaine, alors que malgré les éléments déchainés, le bateau France avançait peu à peu, rétablissant même une situation mal engagée au préalable. La bataille de la communication et de l’opinion est un élément politique majeur à ne jamais sous estimer. C’est le moral de l’équipage qui fait avancer ou non le bateau !

Pourtant la victoire de François Hollande aux primaires a démontré que les français, y compris de gauche, sont conscients des difficultés du pays, ils n’attendent pas forcemment des miracles, et sont prêts à relever le défi et affronter ce contexte difficile avec esprit de responsabilité. En choisissant le candidat Hollande, ils avaient validé, et largement, une ligne politique  « Social Démocrate » proche finalement de celle mise en place par le Président.
Ceci pour rappeler aux partisans du « tout à gauche » qu’il est bon de nuancer certains propos et de tenir compte non d’une vision politique fantasmé mais de la simple réalité politique, y compris chez nos électeurs. Ces derniers n’attendaient pas de « Y’a qu’à », « faut qu’on » mais professionnalisme, sérieux, détermination, esprit d’équipe, ils n’ont pu qu’être déçus, puis excédés des «couacs» à répétition, hésitations, zig zags, égos exacerbés d’élus ou de ministres en mal de représentation (merci BFM, Itélé) et du manque  de ligne directrice des derniers mois.
Il a manqué une vision claire et assumée du cap à atteindre, une explication cohérente et globale de la trajectoire à suivre et de la politique mise en œuvre, manque comblé depuis, reconnaissons le, mais bien tardivement !

Autre paramètre incontournable pour tout élu, celui de la temporalité. La plus petite mesure prise lors d’un Conseil des Ministres exige plusieurs mois avant de se transformer en action concrète.
La priorité donnée au moyen et long terme dans l’action gouvernementale, la prédominance du « macro » sur le « micro » (vu de Bercy tout semble différent, distant, lointain et éthéré), a  obéré la réponse aux situations d’urgence, à la réalité du terrain, pourtant de plus en plus brutale et dramatique, surtout en période de crise.
Un des problèmes des cabinets ministériels et de la haute administration est sa déconnection totale avec le monde réel, qu’il soit celui de l’entreprise, des petites communes ou du quotidien de nos concitoyens, un contexte qu’un élu local côtoie tous les jours, et aucun mérite à cela, c’est son rôle, encore faut il que le sommet, surtout lorsque le gouvernement est de gauche, écoute les remontées du terrain !
La décision venue d’en haut, prise à priori, légitimement sans doute, mais surtout trop rapidement, à partir d’indicateurs ou de ratios globaux sans relation directe souvent avec la réalité vécue et partagée de ceux qui sont en première ligne produit souvent de véritables catastrophes.

Il faut arrêter les concours Lépine que les technos de Bercy ou de certains Ministères affectionnent tant. Ils sont dangereux, voir explosifs, et peuvent produire des dégats irréparables. Le fait que des milliers de petits retraités ou de familles dans la difficulté se soient retrouvés, pour certains pour la première fois, devoir acquitter des impôts, alors que tout va mal, que le chômage les frappe, ne leur donnent pas forcément envie de voter à gauche, qui s’en étonnerait !
Dire que certaines petites communes sont dans l’incapacité totale de mettre en place la réforme des rythmes scolaires n’est pas faire du mauvais esprit, être un mauvais élève, mais simplement décrire la réalité des choses et le pire est encore à venir.
Beaucoup de villes ne disposant pas de recettes suffisantes, toutes ne sont pas riches loin s’en faut, ne savent comment boucler le budget 2014, et ne parlons pas de celui de 2015, devant les baisses de dotations à l’aveugle imposées par le gouvernement, alors que dans le même temps ce dernier leur demande plus. Attention la situation est littéralement explosive, avis de tempête annoncé.

Deux questions ont également pesé sur les résultats de mars dernier, elles ne sont ni économiques, ni sociales mais ont durablement, et en profondeur, divisé la société française : le mariage pour tous et la réforme des rythmes scolaires.
L’instrumentalisation qui en a été faite par des intégrismes de tout bord, et je ne parle pas que des églises, comme les postures irresponsables de certains responsables politiques de l’UMP ont créé un clivage là où la raison aurait du l’emporter.
Une de ces mesures ne faisait pourtant que donner de nouveaux droits légitimes à une catégorie de la population qui en était exclue, sans en retirer aux autres, l’autre avait simplement pour objet d’alléger les journées des élèves français, vu la dégradation inacceptable de notre enseignement et les inégalités croissantes que non seulement il perpétue mais accentue.
En Seine et Marne, par exemple, il y a une corrélation troublante entre les villes de gauche tombées à droite et l’application dés la première année de la réforme des rythmes scolaires, certainement une coïncidence …
Rappelons tout de même que le Ministre de l’Education Nationale était un des rares ministres a être initialement celui des bonnes nouvelles … Cela laisse pantois … Pourtant la refondation de l’école est une nécessité incontournable, il en va du devenir de notre pays.

 

Alors comment rebondir  ?

Européennes : 5 eme sur 13

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C’est officiel, les militants socialistes franciliens ont validé à plus de 77% la liste d’Ile de France aux européennes, sur laquelle je me retrouve en 5eme position. Si cette place n’apparaît pas comme éligible, le PS en Ile de France comptant aujourd’hui deux députés européens, elle constitue une belle marque de confiance que j’apprécie à sa juste valeur.

Chacun pressent que ces élections ne seront pas une partie de plaisir et risquent d’être pour le moins «délicates», le vent n’apparaissant guère porteur pour le PS actuellement.
Reconnaissons cependant qu’il ne l’a jamais était jusque là, il serait bon d’en faire un jour l’analyse. Si l’Europe constitue un enjeu majeur pour le développement de nos pays, tout le monde en convient, cet enjeu à priori n’est que théorique tant il apparaît éloignée des préoccupations et ambitions de nos politiques, toutes couleurs confondues !
Le prochain scrutin constitue néanmoins une belle tribune pour faire passer à nos concitoyens des messages qui ne soient pas que sublimaux, notamment sur une autre manière de faire l’Europe et surtout de partager ce grand dessein avec le plus grand nombre.

N’étant ni technocrate, ni spécialiste attitré de ces questions, ni apparatchik, aucun plan de carrière à trois bandes sur ce coup, mon quotidien est celui de mes concitoyens, leurs problèmes sont ceux que je dois surmonter dans ma vie de tous les jours et ma perception actuelle de l’enjeu européen est celle d’un petit élu local de base.
Je me sens, je suis, profondément européen, du fait de mon itinéraire personnel, de mes voyages et de rencontres humaines inoubliables, mais aussi et surtout de l’histoire, de la géographie et de la diversité culturelle de ce magnifique continent qui est le notre. Pourtant, force est de le constater,  la traduction politique actuelle de l’Europe, sa réalité concrète, l’absence actuelle d’un véritable projet européen de « la maison commune » fait que la situation actuelle ne m’emballe pas « outre mesure » comme le coté plus que désincarné de l’institution. Autant dire que je ne me retrouve absolument pas dans la politique de Barroso des Commissaires Européens actuels.

Alors que penser de cette position de 5eme, inattendue, sur la liste régionale aux européennes ?

 

 

 

Sans revenir sur la conjonction d’évènements qui m’a conduit à figurer sur cette liste, la physique quantique de la vie politique résulte quelquefois d’une curieuse alchimie, que penser d’une 5 eme place sur une telle liste ?

Tout d’abord rassurer ceux qui me voient déjà effectuer des navettes entre Bruxelles ou Strasbourg et qui pleureraient un éventuel exil,  ou ceux le souhaitant (d’autres élections se profilent peut être ?), la probabilité pour que cette 5 eme place soit éligible est infime, excepté un tsunami électoral du PS, qui serait une première ou un remake de l’excellent film « Noblesse Oblige » (les cinéphiles apprécieront), seulement je n’ai pas le talent d’Alec Guiness !

Je veux souligner cependant que cette position constitue une lourde responsabilité, je suis bien le seul Seine et Marnais sur 13 candidats ! Comme beaucoup, je pense que ce département méritait bien plus, tant il représente un axe de développement majeur de l’Ile de France dans les prochaines années, que nombre des enjeux qui feront que cette région d’avenir (qu’il serait réducteur de limiter au seul Grand Paris) réussisse son développement sur des bases plus durables, harmonieuses et respectueuses des hommes comme de la planète, dépendent en grande partie de notre département qui recèle d’un patrimoine naturel et agricole remarquable et de tant de femmes et d’hommes de talent.

Il s’agit, sans aucun doute, d’un signal émis en direction des territoires péri urbains du Nord et des franges franciliennes, que je représente et dont je suis un élu. J’ai une conviction forte, l’Europe que nous appelons de nos vœux et que nous devons porter, doit s’adresser à tous nos concitoyens, sans exclusive, c’est bien de cela qu’il s’agit ! Elle ne doit plus être cette usine à gaz, froide, impersonnelle et lointaine, conçue par des techno pour d’autres technos.
Il est impératif, pour sa survie même, qu’elle ne plane plus à des années lumière des préoccupations quotidiennes du citoyen lambda et qu’elle arrête d’être perçue comme la cause d’une série de contraintes successives (les fameuses normes européennes !) ou une fatalité malheureuse …
Il est grand temps qu’elle redevienne une perspective positive et passionnante nous projetant vers un monde meilleur, et plaçant au cœur de son projet, le citoyen, la planète et les territoires … J’insiste, tous les territoires, y compris ceux  ruraux ou péri urbains qui demeurent plus que jamais des lieux de vie et d’épanouissement en plein renouvellement démographique et ne sont pas des terres de relégation qu’il convient d’abandonner pour soulager des déficits publics ! Non au « bloodshift territorial ».
Une des richesses de la Seine et Marne est cette diversité (villes nouvelles, villes moyennes, petites villes, villages et hameaux) qui nous permet mieux que d’autres sans doute de comprendre la nécessité absolue d’être solidaire et complémentaire, mais aussi innovant dans les politiques publiques à initier et mettre en place.

Dans ce choix, je vois également une reconnaissance de l’obscur et inlassable travail de terrain réalisé chaque jour, dans des conditions de plus en plus difficiles, par les Maires, notamment Seine et Marnais, souvent sur des terres de conquête délicates et fragiles (rendez vous dans quelques mois !) pour les partis de gauche.
Comme nombre d’élus locaux je suis en première ligne pour agir et tenter d’apporter des réponses adaptées à nos concitoyens. Pour beaucoup d’entre nous, « invisibles », vivant dans nos villes et ne disposons pas de chargé de mission ou d’attaché de presse, notre univers est le monde du réel, du concret, nous sommes en phase directe avec, et aujourd’hui nos sociétés ont plus qu jamais besoin des digues que nous entretenons ou batissons pour contenir une détresse sociale qui monte !

Pour éviter le vote des extrêmes, très tendance aujourd’hui pour trop de nos concitoyens, nous devons à la fois apporter des réponses concrètes aux problèmes quotidiens (travail, mobilités, logement, pouvoir d’achat) et indiquer un cap à suivre qui soit partagé, et qui pour ce faire, à grand besoin de lisibilité.
C’est un des enjeux de la prochaine campagne, aux têtes de listes, aux politiques nationaux, aux candidats également, de quelque bord qu’ils soient, d’être à la hauteur de ce challenge et d’apporter des solutions applicables qui soulagent le quotidien plutôt que de dénoncer les problèmes à résoudre.
C’est désormais l’enjeu de chaque élection, tant le vote populiste se développe, véritable marqueur d’une société qui doute et souffre au plus profond d’elle même.

Nous avons un travail énorme à accomplir, notamment au PS, une véritable révolution copernicienne à mener, afin de nous rapprocher, notamment sur les questions européennes, d’une simplicité qui n’est actuellement pas de mise, alors qu’elle n’est en fait que la marque du respect et de la proximité que l’on doit à chaque citoyen.
Faire simple, pas simpliste, être proche pas sachant, s’engager pas se défausser, mais surtout indiquer le cap à suivre, ses avantages et les difficultés d’une traversée quelquefois chaotique selon les aléas météorologiques …

J’apprécie assez les métaphores marines car elles illustrent la difficulté d’un pilotage qui n’est que la gestion d’une multitude de contraintes, de toutes contraintes, qu’elles proviennent des éléments, de la météo, de lois physiques (ne pas prendre l’eau plus que possible sinon la ligne de flottaison devient un vrai problème), mais aussi de la cohésion d’un équipage …

Si au travers de ma candidature, le 77 ne pouvait apporter simplement que fraicheur, simplicité et proximité, il donnerait un peu de la valeur ajoutée qui le caractérise et bien des regrets à ceux qui ne lui on accorder qu’une place sur 13 …

PS : Un congrès à l’ombre d’un budget difficile …

CongresToulouseContributions.jpgPour le PS l’heure est au congrès, et aux cinq motions présentées aux votes des militants; dans les débats, hormis les stratégies individuelles des uns et des autres, ou de quelques éléments de différenciation programmatiques, deux principaux points de clivage de fond demeurent : les orientations budgétaires du gouvernement et la validation ou non du traité européen.

Autant le préciser, je défends la Motion 1, portée par l’ensemble des ministres socialistes du gouvernement Ayraud. Je la soutiens par conviction, les orientations prises vu le contexte économique correspondent à mon analyse de la situation, mais également par solidarité.
La mandature de 5 ans qui s’ouvre sera tout sauf un long fleuve tranquille, au regard du triste bilan de l’équipe précédente qui, pour le moins, « plombe » la trajectoire du pays. S’il est essentiel de préparer le bateau France à affronter les coups de vent annoncés, ils sont et seront encore rudes, la marge de manœuvre pour le moins réduite exige un pilotage des plus fins pour tenir le cap annoncé : redresser le pays dans la justice.

Point cette fois-ci, d’état de grâce, il faut être être efficace et ce dés le début du mandat. Quatre principes selon moi caractérise ce budget ainsi que la ligne politique ébauchée par le gouvernement Ayraud, même si certains sont encore en filigramme, on ne peut réduire une mandature de 5 ans au seul exercice 2013, : réalité, responsabilité, équité, innovation …

Le principe de réalité s’impose à tous, vu les conséquences dramatiques de la gestion antérieure. La gauche revient aux affaires dans les pires conditions économiques et sociales que le pays a connu depuis des lustres, du fait du bilan désastreux des cix dernières années, que ce soit au niveau économique, social ou politique.
Analysons plutôt : seuil de 3 millions de chômeur dépassé en août 2012 (plus 10% sur un an), déficit public atteignant plus de 100 milliards d’euros et représentant 5,2% du PIB (plus 300% en 10 ans), 600 milliards de dettes de plus lors du quinquennat précédent (plus de 90% du PIB !), la charge de la dette avec prés de 50 milliards d’euros (plus 15% en une année) est devenue la 1er dépense du pays (supérieure au budget de l’Education Nationale), et pour rajouter une ombre à un tableau des plus sombre, signalons le record historique du déficit du commerce extérieur qui a dépassé 70 milliards d’euros en 2011 (il était à l’équilibre aprés la mandature Jospin). La France a désormais le 4e plus grand déficit commercial au monde, mais plus que le chiffre c’est la tendance qui préoccupe. Bon courage à Nicole Bricq pour l’inverser ! 

Ce constat sans appel est préoccupant, autant le dire la « cata » n’est pas loin. Si tout budget est un acte politique, celui ci l’est plus que tout autre tant il marque une véritable rupture; encore faut il pour tenir le cap, intégrer le contexte météo, incertain, les tempêtes prévisibles et les écueils à contourner.
Nous sommes dans le dur du dur, à des années lumière des effets de tribune : « il faut réinjecter l’argent public pour relancer la croissance » (avec quel argent ?),  des « y’a qu’à faut qu’on », « là ou il y a une volonté, il y a un chemin » …  La pratique assidue des sports ou l’élément naturel domine, m’a appris le sens du mot humilité. La volonté seule ne suffit pas, il faut composer avec les éléments qui nous dépassent pour évoluer et quelquefois progresser.

Mais je comprends les réactions de certains de mes camarades; avec plus de trois millions de chômeurs et aucune perspective d’amélioration à court terme, notre pays déprime et nos concitoyens désespèrent.
Méfions nous cependant des anathèmes ou théories simplistes, voir populistes, nos compatriotes ont plus besoin de réponses concrètes que de slogans. On ne règle plus nos factures en monnaie de singe, et nous savons désormais qu’il est impératif de les acquitter.
Les années précédentes, y compris et surtout la période bling bling chère à Nicolas Sarkozy, ont montré que lorsque la cigale chante un peu trop au soleil, le pays se trouve fort dépourvue l’hiver venu, et que ce sont les plus nécessiteux qui trinquent !

Faut il pourtant afin d’être en paix avec ses idées, ou en harmonie avec les envies de monde meilleur qui nous animent, distribuer aujourd’hui d’une main ce que l’on reprendra demain de l’autre ? Je ne le pense pas, notre rôle est d’apporter des solutions concrètes à la détresse sociale et de vraies perspectives aux chômeurs, travailleurs pauvres, retraités qui se bagarrent avec des pensions insuffisantes, aux familles à loger comme aux collectivités qui en première ligne n’en peuvent plus !

Il s’agit ici plus d’un langage de vérité que d’austérité … 

Il nous faut cependant aller  plus loin dans l’analyse. Pourquoi réduire nos déficits à un tel niveau et parvenir malgré tout, à redresser le pays dans la justice  ?

Quadrature du cercle ou graal inatteignable ?

 

 

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Ne soyons pas langue de bois, l’objectif des 3 % de déficit en 2013 sera difficile à atteindre, mais du fait de l’importance du niveau de notre dette publique, la nécessité d’obtenir des marchés des taux compétitifs, conséquence d’une rigueur budgétaire avérée est un impératif absolu.
Force est de constater, que contrairement à ce que prétendait l’UMP avec le sens de la nuance qui caractérise les responsables de cette formation (« après nous le chaos »), que les taux obtenus des marchés n’ont jamais été aussi bas, signe indéniable de la crédibilité dont bénéficie ce gouvernement et qui lui permet de soutenir concrètement les « stabilisateurs sociaux ».

Tendre vers 3 % est un principe de responsabilité, mais également un signal de crédibilité, tant la France est attendue au tournant.
N’oublions pas que la dette continue de courir, 3 % de PIB de déficit public (et nous n’y sommes pas encore), c’est 60 milliards d’euros de dettes supplémentaires ! La financer à des taux d’intérêt raisonnables est une nécessité, sinon les marges de manœuvre pour mener les politiques de relance, de cohésion sociale ou territoriale dont le pays a absolument besoin se réduiront comme peau de chagrin. La dette est l’ennemie de la gauche, des couches populaires, des services publics, de la cohésion sociale mais aussi et surtout de notre souveraineté nationale.
Comme le souligne fort justement Pierre Moscovici « un euro de plus pour la dette, c’est un euro de moins pour l’éducation, pour l’hôpital ou la sécurité. » il rajoute «  La réduire, c’est garantir des taux d’intérêt faibles ».

Ce budget tient compte d’un objectif de croissance de 0,8 %, ce qui est optimiste qui le nierait ? La France n’est pas déconnectée des autres pays de la Zone Euro, une révision s’imposera d’elle même si la récession perdure, les mesures récentes prises par la Banque Européenne démontrent l’évolution en cours suite notamment au forcing de François Hollande, de l’Espagne et de l’Italie,  mais faut il au nom de cette incertitude laisser filer pour autant nos déficits ? Si elle tient son cap budgétaire, la France n’en sera que plus crédible et écoutée dans ses demandes de relance européenne (les grands travaux à l’échelle européenne réclamés par Jacques Delors), ou d’assouplissement du calendrier de retour à l’équilibre. 

L’autre principe de base de ce budget est l’équité, ce qui constitue un véritable bouleversement par rapport aux budgets des gouvernements Fillon / Sarkozy. En 2013, l’effort fiscal portera principalement sur les plus aisés et les grandes entreprises, même si beaucoup d’entre nous participeront également à l’effort national.
Après le scandale des lois TEPA, la progressivité de l’impôt sur le revenu est rétablie, les grandes entreprises contribueront à l’effort de redressement national, les PME étant épargnées une mesure utile à la relance de l’activité économique et de l’emploi dans nos territoires comme pour les exportations du pays.

Les mois qui viennent nous permettrons d’apprécier l’efficacité ou non des mesures prises et de la qualité du mixt budgétaire entre rigueur et croissance. Question de dosage certes, mais aussi et surtout de l’évolution du contexte européen que nous pouvons et devons contribuer à influer. 

Principaux reproches de la droite et des libéraux, le gouvernement privilégie, pour faire schématique, l’impôt aux économies; le budget 2013 répartit l’effort pour deux tiers sur des hausses d’impôts et un tiers sur une baisse de la dépense publique.
Ce mixt anime bien des controverses chez les économistes ; pour certains, les plans de rigueur tirés par la hausse des impôts provoquent plus de chômage et réduisent plus sévèrement la croissance que ceux axés sur la réduction des dépenses ; pour d’autres au contraire, les mesures s’attaquant aux niches fiscales et aux plus riches évitent de pénaliser la consommation, et les pistes d’économies de ce  ce budget trop importantes.

Vu la situation économique et sociale actuelle, ralentir excessivement les dépenses pourrait avoir un effet dépressif et des conséquences beaucoup plus négatives pour la reprise de la croissance, que des hausses d’impôt ciblées, les exemples anglais, italiens ou espagnol le démontrent. Les économies fléchées ne sont cependant pas symboliques puisqu’elles atteignent dix  milliards d’euros, autant de dépenses publiques en moins auprès de nos concitoyens. 

Le chemin de crête suivi par l’exécutif, est à l’équilibre de deux versants :

  • celui de la relance qui doit intégrer la nécessité de réduire le déficit record de la balance commerciale et de la capacité de nos entreprises à produire des biens ou services concurrentiels,
  • celui des déficits et de notre véritable dépendance à l’endettement, qui si l’on y prend garde réduira d’autant le champ des possibles et notre souveraineté.

Cette voie étroite demande ténacité, stabilité, cohérence et esprit d’innovation. Il faut obtenir le «choc de compétivité» cher à Louis Gallois, que l’on ne peut réduire au seul cout du travail, ce paramètre n’étant qu’un élement d’une équation complexe tenant compte également de l’infrastructure d’un pays, de sa productivité et de la valeur ajoutée apportée au produit ou au service.
La réponse n’est pas dans ce budget, elle dépend du contexte économique international et du résultat des négociations tout azimut menées par le gouvernement : sur l’organisation du travail (Michel Sapin), sur l’organisation territoriale et les politiques publiques (Marylise Lebranchu), l’Education (Vincent Peillon),  le financement de la protection sociale (Marisol Touraine).
Enjeu clé : maintenir en l’adaptant notre « modèle social » et effectuer pour ce faire les ajustements nécessaires en utilisant tous les atouts de notre pays : infrastructures, démographie, ressources naturelles, sens de l’innovation …

L’objectif recherché est bien de réussir de manière concertée et collective les différentes mutations à accomplir (énergétique, sociale, éducative, territoriale) grâce à la mise en place d’une nouvelle politique contractuelle basées sur le résultats des négociations entre les différents acteurs qu’ils soient institutionnels, corps intermédiaires ou partenaires sociaux. C’est un pari sur l’intelligence collective qui est menée, qui nous change du caporalisme centralisateur et parisien d’hier. 

Voilà les enjeux, du budget, et de l’action de ce gouvernement.

 

Lendemain d’élections

libe_2.jpgNe boudons pas notre plaisir, les élections législatives en apportant la majorité dont avait besoin le gouvernement de Jean Marc Ayraud pour poursuivre son aventure, représente une belle victoire pour la gauche qui dispose,c’est une première dans l’histoire du pays, de la majorité dans les deux assemblées.

Sa responsabilité, face aux enjeux que le pays doit relever, est entière désormais. De la qualité des réponses concrètes qu’apportera le gouvernement et de la capacité de François Hollande à proposer de nouvelles perspectives permettant au pays de rebondir dépend le présent de chacun et l’avenir des prochaines générations.
Si la machine France n’est pas cassée après les innombrables coups de boutoir reçus ces dernières années, chacun s’accorde à reconnaitre qu’elle est du moins bien grippée.

Nous reviendrons, au fil des décisions et des mesures prises, sur les différents chantiers lancés par Jean Marc Ayraud. Stratégiques ils exigeront de nos responsables lucidité, sens des responsabilités, courage, esprit d’écoute, d’ouverture et de dialogue, mais également énergie, ténacité et pédagogie. Le contexte économique et social demeure trés préoccupant et le chemin de crête est n’en doutons pas étroit.

Ce scrutin n’a pas été non plus sans enseignement, tant au niveau national que local. La déconvenue rencontrée tant à droite qu’à gauche par des candidats imposés par le sommet à la base, et l’effet «bottom up» qui s’en est suivi, doit faire réfléchir les dirigeants de nos organisations politiques.
Rien ne sera plus comme avant, Guéant, Royal, Mérieux l’ont appris notamment à leurs dépens. Les appareils ne peuvent plus ignorer impunément le vote et l’adhésion des militants ou sympathisants locaux dans un scrutin dont l’issue dépend justement d’un territoire au périmètre précis. L’introduction d’une dose de proportionnelle pourrait éviter la multiplication de ces «petits drames» qui ne laissent personne indemne et grèvent la capacité militante. Trop souvent les états majors privilégient au temps passé, à la passion, au dévouement à la chose publique et à l’implication des hommes et femmes de terrain, des stratégies individuelles d’apparetchik(e)s le plus souvent parisiens. 

Le scrutin actuel a vécu, personnellement je ne le regretterais pas. Il n’est ni logique, ni sain pour une démocratie qu’un mouvement politique qui représente plus de 15% des votes soit absent de l’hémicycle, et dans le même ordre d’idée, les  voix de François Bayrou et de Jean Luc Mélenchon manqueront à l’assemblée nationale; j’étais de ces  socialistes qui espérait un geste en leur direction de mon mouvement politique. L’institution d’une dose de proportionnelle permettra de remédier à ces problèmes, le scrutin municipal est sur ce sujet une piste intéressante à suivre.

L’heure est désormais aux grandes manoeuvres que ce soit à Droite, au centre ou à gauche au niveau national et bien évidemment local …

 

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Aprés ces deux scrutins, les héros sont fatigués, la capacité militante a ses limites et le niveau record de l’abstention des législatives démontre la lassitude des citoyens. Les états majors ayant terminé la dernière ligne droite, ils peuvent désormais passer à l’étape suivanten celle des additions et des factures à régler et préparer l’aprés élection.

La droite est placée face à ses responsabilités mais aussi à ses vieux démons. Le « Ni Ni » prôné par les leaders de l’UMP pourrait fort constituer le prélude à un renversement d’alliance qui pour des gaullistes s’apparenterait à une vraie trahison. Le débat entre François Fillon et Jean François Copé, est peut être plus qu’une affaire de leadership et pourrait s’élargir également aux « valeurs » et alliances à privilégier. Les derniers résultats électoraux devraient cependant faire réfléchir les tenants d’une droite extrémiste, tant il y a du rififi avec les électeurs, les dernières législatives l’ont démontré. Une campagne trop à droite, n’est peut être pas si adroite que certains élu(e)s (tels Nadine Morano, Valérie Rosso Debord, ou Claude Guéant …) pouvaient l’escompter, vu les résultats obtenus à l’échelon local.

L’extrême droite est également en réfection. Si le FN change de nom à l’automne, c’est notamment pour mettre en place les conditions qui permettront de rendre possible la coalition dont rêvent les représentants de la droite populaire, courant conservateur s’il en est de l’UMP, mais ce  mouvement politique résisterait il à un tel scénario  ? Ne doutons pas que des passerelles existent cependant …

Pour le centre l’heure de vérité a également sonné, ses responsables auront ils la volonté et le courage de s’affranchir du joug de l’UMP ? Des couleuvres on peut dire qu’ils en ont avalé lors de ce quinquennat, démontrant des facultés de digestion jusque là insoupçonnées. La campagne présidentielle de Sarkozy a été sur ce point édifiante, surtout lors du deuxième tour. Gageons que le changement de scrutin permettra de dégager un nouvel espace pour un courant de pensée, utile au pays, qui depuis 2007 est aux abonnés absents, à part François Bayrou.

Le Front de Gauche attend patiemment les mesures qu’il pressent impopulaires que ne manquera pas de prendre le gouvernement de Jean Marc Ayraud vu la situation du pays. Jean Luc Mélenchon lors des présidentielles a surfé sur cette vague, l’a flatté, l’a encouragé. Le vote protestataire constituait bien un de ces objectifs, le refus des communistes de participer au gouvernement est sur ce point significatif. Le scénario à la grecque fait cependant réfléchir du coté des électeurs de gauche, à ce gouvernement de ne pas les décevoir. 

Car tout dépendra en fait de la qualité du travail de Jean Marc Ayraud et de François Hollande, de leur courage politique, de l’exemplarité et de l’honneteté de leur engagement républicain et de leur sens de l’écoute et du dialogue. Il leur faut gouverner juste mais surtout efficace.

En Seine et Marne, si la Droite a limité considérablement les dégâts, elle le doit surtout au découpage électoral effectué par Alain Marleix, un vrai travail d’orfèvre. Elle détenait jusque là les 9 sièges de députés du département et en compte désormais 7 contre 4 à la gauche.
Sur la base des résultats de ce second tour, on peut estimer à deux sièges le gain pour l’UMP « grâce » au découpage. Il aurait fallu une mobilisation similaire à celle des présidentielles pour bousculer la donne, et espérer 6 sièges pour la gauche.

Quand à Jean François Copé, peu de suspens en fait, malgré une dramatisation médiatique travaillée, tant sa circonscription était taillée sur mesure. L’objectif pour la gauche était double : éviter que le Secrétaire Général de l’UMP ne s’impose au premier tour, figurer au second tour. Objectif atteint, la candidate verte soutenue par le PS comptabilise plus de 40%., dans des conditions de mobilisation difficiles vu les différents épisodes portant sur la désignation de la candidate écologiste ; l’unique incertitude reposait en fait sur le score du Front national.

Voilà … aprés prés de six mois de débats électoraux, les urnes ont enfin rendu leur verdict et le travail de reconstruction peut commencer, un peu partout de gauche à droite, comme chacun a pu le peut voir, mais aussi également au plus haut sommet de l’Etat.

 

Nicole Bricq, « the right woman at the right place »

1702336_5_743f_nicole-bricq-le-14-mai-a-paris-deux-jours_4cd75d9083d54ea2140fa458319856a6.jpgLe choix de Nicole Bricq comme Ministre de l’Environnement est une excellente nouvelle, pour la politique en général, tant elle fait honneur à l’engagement public et citoyen, qu’à l’Environnement.
Si beaucoup s’attendait à la voir entrer au gouvernement, c’est plutôt en qualité de Ministre du Budget, dont elle est devenue une spécialiste reconnue. Première femme à occuper la fonction parlementaire de Rapporteure général du Budget, ses interventions étaient redoutées de tous les ministres, ce n’est pas Valérie Pécresse qui me démentira, tant elle s’est fait remuer « grave » par cette grande parlementaire lors de séances mémorables au Sénat.

Si ce blog s’est souvent fait l’écho de son activité de parlementaire au service des territoires et des collectivités, c’est du fait de son travail inlassable, tant à la haute assemblée que sur le terrain et dans des domaines trés divers. Une présence et un soutien qui ne nous ont jamais fait défaut.

Mais Nicole Bricq est également une authentique spécialiste du Développement Durable, qui si elle ne pratique pas le « green washing » et n’appartient pas au club des écolos « addicts aux médias », maitrise toute la problématique de ce domaine, notamment d’un volet souvent sous estimé car quelque peu rébarbatif, mais pourtant essentiel, celui de la fiscalité écologique, car c’est bien là que souvent tout se joue.
Nicole c’est du lourd, voir du très lourd : une détermination sans faille, une grande capacité d’écoute et une puissance de travail incroyable; elle dispose également comme atouts de ses compétences dans la maitrise des outils économiques financiers fiscaux et budgétaires et une très bonne connaissance des différents acteurs du monde de l’écologie, qu’ils soient associatifs, publics ou industriels, et de leurs logiques respectives face à l’enjeu environnemental.
Pierre Radanne (Expert environnemental, Président de l’association 4D et ancien président de l’ADEME) apprécie cette nomination «il n’y avait pas dix personnes capables de prendre un tel  poste ! « , pour lui incontestablement Nicole est dans le lot.
Sentiment partagé par les spécialistes de ces questions. José Bové que j’ai rencontré la veille de la constitution du gouvernement Ayraud (à l’occasion des législatives dans la 6eme circonsription de Seine et Marne) en est persuadé également, à l’occasion il a souligné le rôle de Nicole dans la mobilisation contre l’exploration des gaz de schistes, et la qualité de son travail parlementaire dont sa proposition de loi sur l’exploitation des gaz de schiste est l’illustration.

Une nomination qui atteste que l’environnement constitue un axe déterminant de la politique de François Hollande et Jean Marc Ayraud. Avoir confié ce poste non à un(e) responsable verte mais à une socialiste, principale animatrice du Pôle écologique du PS et Rapporteur Général du Budget de surcroit, indique clairement l’importance que le dossier de la transition énergétique aura dans le dispositif gouvernemental et sa politique économique et budgétaire.
tant ce domaine est stratégique a bien des égards …

 

 

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La priorité poursuivie par le gouvernement Ayraux est clairement exprimée : lutter efficacement contre le réchauffement climatique et les émissions de GES.

Encore faut il pour atteindre cet objectif réduire l’utilisation des énergies carbonés (ou fossiles) et développer les énergies renouvelables. C’est un enjeu environnemental évident, mais également économique et social, j’y reviendrais.

Chacun perçoit, sans être pour autant un grand spécialiste de la « chose écologique », le lien évident entre énergie et émissions de GES, pour agir efficace, il faut coordonner ces deux domaines, c’est incontournable, sinon rien n’est possible.
Ce constat a mené Jean Marc Ayraud à proposer à Nicole Bricq de devenir « Ministre de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie », un retour à la normale (depuis 2010, Nathalie Kosciusko-Morizet ministre de l’environnement, n’avait plus la responsabilité de l’énergie) salué par tous les acteurs impliqués, qu’ils soient associatifs ou industriels.

La feuille de route de la nouvelle Ministre pour les prochains mois est chargée (ce qui ne risque pas de l’abattre quand on la connait !). Elle devra préparer le grand débat citoyen sur la transition énergétique promis par François Hollande, tant il est incontournable de consulter les français sur des décisions qui inévitablement impacteront leur quotidien, comme leurs perspectives à court et moyen terme. Une dimension des usages et des remises en cause du vivre au quotidien qu’il faut absolument intégrer avant de  déterminer les bons axes d’action et le niveau des ambitions à poursuivre.
Il lui faudra piloter également un dossier délicat, voir explosif … la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim et engager ainsi le premier démantèlement d’une centrale nucléaire sur notre sol afin de prouver la réversébilité de cet équipement. Nicole a l’avantage de n’appartenir a aucun lobby et de ne défendre aucun dogme, elle n’est ni pro, ni anti nucléaire, mais avant tout pragmatique. Elle aura ainsi toute liberté pour dégager les effets leviers, trouver les points de consensus qui permettront de débloquer la situation, sans idéologie mais concrètement. Dans le même temps il lui faudra développer les énergies renouvelables, afin de relancer l’économie verte, et faire adopter toute une batterie de mesures destinées à renforcer l’efficacité énergétique, surtout pour le vieux bâti, le plus énergivore et où vivent les plus démunis.
Autant de pistes qui permettront de réduire la dépendance énergétique du pays, de composer un mixt énergétique équilibré, de développer l’emploi et les PME dans des secteurs en tension (liées notamment au BTP (isolation, chauffage) ou aux matériaux bio sourcés), et de réduire la précarité énergétique qui concerne de trop nombreuses familles, notamment les plus modestes.

Malgré le contexte budgétaire difficile et contraint, il lui faudra trouver les marges de manœuvre (dispositifs fiscaux, aides financières) qui permettront d’engager les réformes indispensables (énergie, biodiversité, transports…) facilitant la transition écologique.
Nicole a les capacités pour résoudre une équation qui parait, sinon improbable du moins, complexe, car elle possède la particulartié rare d’appartenir à deux mondes jusque là antagonistes : celui de la finance, de l’économique et du budget, et celui de l’environnement où sa légitimé est indiscutable. N’a t’elle pas contribué à faire évoluer en profondeur et sur le fond le PS sur les questions et la problématique environnementale, puisqu’elle a été une des principales animatrices du Pôle écologiste (2008, congrès de Reims).

Elle est de ces socialistes, dont je suis, qui pensent que les enjeux liés au  Développement Durable ne peuvent être laissés aux seuls verts, tant ils bouleversent la donne politique et sociétale. Ils concernent tous les aspects de notre vie sociale, économique, citoyenne, imposent des arbitrages, et de plus en plus une logique basée sur le long terme, l’esprit de responsabilité, une nouvelle régulation et manière de pratiquer la politique …

Elle est convaincu que la transition écologique doit surtout bénéficier à tous, et que les différentes mesures à prendre doivent tenir compte notamment de l’acceptabilité sociale et ce dans tous les milieux, notamment les plus modestes. C’est ce qu’elle a déclaré dans un entretien au Monde, il y a tout juste quelques jours

 

 

Sa bio en trés bref …

  • 1980 : Première secrétaire de la Fédération de Paris du PS.
  • 1986 : Conseillère régionale d’Île-de-France, Présidente de la commission culture.
  • De 1988 à 1990 : Conseillère technique au cabinet du ministre de la Défense (JP Chevènement).
  • De 1992 à 1993 : Conseillère technique au cabinet de la ministre de l’environnement Ségolène Royal
  • De 1997 à 2002 : Député de Seine-et-Marne, elle remporte le siège de JF Copé
  • 1998, rapport d’information sur la fiscalité environnementale, renforçant le principe pollueur-payeur.
  • 2004 : Sénatrice de Seine-et-Marne, elle siège à la commission des Finances.
  • En 2008 : Elle est élue vice-présidente de la commission des finances du Sénat.
  • En 2011 : réélue Sénatrice de Seine-et-Marne, elle est la première femme à être désignée rapporteure générale du budget au sein de la Commission des Finances.
Au niveau politique, elle a été membre du CERES et proche de Jean Pierre Chevènement  (1980), puis proche de Dominique Strauss Kahn avant de devenir une des principales animatrices du pôle écologique du PS (congrés de Reims en 2008) et de rejoindre François Hollande lors des primaires de 2011.

Le rassemblement c’est maintenant.

francois.jpgS’il faut saluer la belle victoire de François Hollande de dimanche dernier, il faut surtout en souligner l’importance, non seulement pour le pays mais également pour l’Europe. Elle arrive à un moment clé pour infléchir enfin une politique économique engluée dans l’austérité et réhabiliter dans la doxa économique, l’idée même du concept de  croissance comme élément stabilisateur budgétaire et porteur de dynamique tant au niveau financier que social.

Avant toute chose, il est utile de bien appréhender l’état de délabrement dans lequel se trouve le pays, ce mot ne me semble pas trop fort, tant le constat ne se limite pas aux seules finances publiques, loin s’en faut. Une situation qui restreint d’autant le champ des possibles et qui explique la prudence du nouveau Président lors de cette campagne électorale, application concrète de l’adage jospinien: « ne promettre que ce que l’on pourra tenir ».

Si l’échec du quinquennat de Nicolas Sarkozy est patent, il est surtout global. La France n’est pas seulement moins forte aujourd’hui qu’elle ne l’était il y a cinq ans, elle est ébranlée, jusque dans ses fondements mêmes.
Les virages successifs pris par l’ancien Président en cours de mandat, nombre de ses choix ou orientations, plus que discutables, y ont contribué, au moins autant sinon plus que la crise, d’autant que les clivages, souvent artificiels qu’il a suscité, la campagne du second tour est sur ce point explicite, n’ont pas amélioré la donne.

L’échec économique, apparaît,  sur au moins quatre fronts de manière objective :

•L’emploi. Le  taux de chômage est d’environ 10% avec deux publics particulièrement sinistrés : les jeunes (20% pour les moins de 25 ans, dans certains territoires le taux de chômage est supérieur à 50%) et les plus de 50 ans. Beaucoup d’acteurs économiques craignent l’émergence soudaine de nouveaux plans sociaux, retardés du fait du scrutin présidentiel. Le chomage n’a pas été considéré comme une priorité lors de ce quinquennat.

•Le déficit public, toujours élevé (5,4%), avec une dette qui atteint  un niveau record (85% du PIB), Une situation budgétaire qui impose de jouer à la fois sur la dépense et les recettes ! Encore faut il une répartition juste de l’effort de redressement exigé.

•Le commerce extérieur avec prés de 70 milliards d’euros de déficit. Un véritable repli qui révèle les difficultés de notre industrie à se maintenir, le recul de sa compétitivité ; notamment vis à vis de voisins européens comme l’Allemagne.

•La croissance, qu’il nous faut absolument retrouver, tant elle influe directement sur l’emploi, la compétitivité, mais également le moral des français. Il faudrait qu’elle soit supérieure à 1,2%, pour générer de l’emploi, alors qu‘elle se situe actuellement à 0,7%, et que les dernières perspectives de Bruxelles ou du FMI ne sont pas franchement euphorisantes …

Mais l’échec est également social et politique … Comment sortir d’un tel marasme ?

 

 

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Ce marasme apparaît clairement dans les résultats, la France est aujourd’hui divisée : fractures sociales, clivages catégoriels ou territoriaux profonds, inégalités croissantes … Le succès du front national qui a réuni presqu’un français sur 5 est sur ce point révélateur et préoccupant.

Il est essentiel de trouver les « marges de manoeuvre » qui permettront de faire bouger les lignes, et d’améliorer la donne économique et sociale; telle est aujourd’hui la priorité de François Hollande. Sortir de la logique unique d’une austérité devenue suicidaire, synonyme de repli et ressemblant fort à une impasse menant à un trou noir. Pour cela, il faut agir, agir autant sur le long terme que sur le court terme, vu l’acuité de la problématique sociale qui touche tant de nos concitoyens.

Sinon la situation économique continuera de se dégrader, avec toujours autant d’endettement public, moins de services publics, plus de chômage et des inégalités croissantes, entrainant de fait une crise sociale et politique qui larve : montée des extrêmes, recherche de boucs émissaires, xénophobies …

Rassembler les français autour d’un nouveau contrat social constitue une composante majeure de l’équation. Le projet présidentiel bâti autour de la question de l’emploi, et de la justice, intègre un « big bang » fiscal, qui tient compte de cette priorité.
Le sens du dialogue, de la concertation et du contrat qui caractérise le nouveau Président ouvre de nouvelles perspectives et permettront peut être de débloquer une situation « grippée » jusque là, au regard de la « qualité » des relations entre l’ancien locataire de l’Elysée et les « corps intermédiaires », hormis les représentants patronaux, soulignons le.
Il faut à François Hollande rassembler les acteurs économiques et sociaux, qu’ils soient chefs d’entreprise, syndicalistes, salariés ou fonctionnaires, afin que chacun devienne un porteur du changement et du mouvement et que tous travaillent dans le même sens. 

Défendre le pouvoir d’achat des plus fragiles, préserver les dépenses publiques utiles au plus grand nombre, elles sont des sources d’activités pour les entreprises du pays, privilégier le financement des créations d’emplois à celui des heures supplémentaires, pour combattre réellement le chômage …

Restaurer l’importance du long terme, trop souvent sacrifié à l’autel du trop court terme sans réflexion stratégique pour l’avenir : financement des infrastructures, recherche, éducation …Rappelons que cette dernière constitue un investissement immatériel, porteur de richesses et de développement potentiel futures, avant d’être une simple variable d’ajustement budgétaire. 

L’effort sur certains dossiers (énergétiques, communication …) peut être utilement partagé au niveau européen, tant de pays sont dans la même situation économique et sociale et doivent poursuivre leur développement pour être encore demain sur la planète des acteurs économiques, culturels, politiques de premier plan. Il est essentiel de rétablir la croissance et de créer des perspectives nouvelles pour les pays de l’union européenne, d’autant que leurs fondamentaux économiques ne sont pas si mauvais : comptes extérieurs  quasi équilibrés, endettement des ménages limité, épargne significative …

 

 Malgré une situation économique et sociale cahotique, une conjoncture difficile, la force de François Hollande demeure sa grande cohérence et son sens du dialogue.
Sa vision stratégique ne varie pas selon  les catégories d’électeurs à convaincre, ses humeurs, la température extérieure ou les médias présents … Autre facteur, la temporalité, par une bizarrerie de l’histoire, il arrive au bon moment, celui ou l’idée de croissance émerge de nouveau et fait son chemin, aussi un peu grâce à lui  …

Il le dit lui même : « Pour réussir il faut de la constance et des circonstances »