Florange, l’arrêt des fourneaux

 

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Dédicace

« Tirons notre courage de notre désespoir même »

Sénèque

 

 

Les mains d’or (Bernard Lavilliers pour les sidérurgistes de Florange)

 

 

 

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Les mains d’or

 

Un grand soleil noir tourne sur la vallée

Cheminée muettes – portails verrouillés

Wagons immobiles – tours abandonné

Plus de flamme orange dans le ciel mouillé

 

On dirait – la nuit – de vieux châteaux forts

Bouffés par les ronces – le gel et la mort

Un grand vent glacial fait grincer les dents

Monstre de métal qui va dérivant

 

J’voudrais travailler encore – travailler encore

Forger l’acier rouge avec mes mains d’or

Travailler encore – travailler encore

Acier rouge et mains d’or

 

J’ai passé ma vie là – dans ce laminoir

Mes poumons – mon sang et mes colères noires

Horizons barrés là – les soleils très rares

Comme une tranchée rouge saignée rouge saignée sur l’espoir

 

On dirait – le soir – des navires de guerre

Battus par les vagues – rongés par la mer

Tombés sur le flan – giflés des marées

Vaincus par l’argent – les monstres d’acier

 

J’voudrais travailler encore – travailler encore

Forger l’acier rouge avec mes mains d’or

Travailler encore – travailler encore

Acier rouge et mains d’or

 

J’peux plus exister là

J’peux plus habiter là

Je sers plus à rien – moi

Y’a plus rien à faire

Quand je fais plus rien – moi

Je coûte moins cher – moi

Que quand je travaillais – moi

D’après les experts

 

J’me tuais à produire

Pour gagner des clous

C’est moi qui délire

Ou qui devient fou

J’peux plus exister là

J’peux plus habiter là

Je sers plus à rien – moi

Y’a plus rien à faire

 

Je voudrais travailler encore – travailler encore

Forger l’acier rouge avec mes mains d’or

Travailler encore – travailler encore

Acier rouge et mains d’or…