« Grand Paris », quel scénario ? La conquête de l’Est ou à l’est rien de nouveau ?

Grand Paris 77.jpgJ’ai assisté, il y a peu,  à un débat organisé à l’initiative du Conseil général sur le « Grand Paris, quels enjeux pour la Seine et Marne », sujet passionnant à en croire le nombre de personnes présentes; remarque positive, avec les élus et divers acteurs sociaux et économiques présents dans la salle, toutes les sensibilités politiques du territoire étaient représentées, c’est bien là l’essentiel.
Compliment à la cellule Com’ organisatrice, la projection d’interviews d’un panel d’acteurs économiques et sociaux bien choisi a permis de rendre ce débat tonique en rythmant les différents temps de parole, sur du dur plutôt que des banalités !.

Le dossier du « Grand Paris » engagé par Nicolas Sarkozy, dés juin 2007 (discours de Roissy), est demeuré en arrière plan de la campagne des municipales et des cantonales suivies des résultats électoraux que l’on sait. Il a été depuis relancé avec la nomination d’un secrétaire d’État à « la région capitale », Christian Blanc. Constat, le gouvernement compte dans ses rangs deux Secrétaires d’Etat détachés à des territoires spécifiques : les DOM TOM et le Grand Paris …

Depuis, les initiatives se sont multipliées : Commission d’études régionale pilotée par Jean-Paul Planchou, rapport de Philippe Dallier, sénateur UMP de Seine Saint Denis remis à l’Observatoire de la décentralisation, concours d’urbanisme lancé par le Gouvernement, création d’un secrétariat d’Etat … Si personne n’est dupe de la manœuvre politique de Sarkozy contre Paris (Delanoe) et la Région (Huchon), rappelons que l’idée ne date pas d’hier. En 1920, la gauche aux rênes de l’ancien département de la Seine demandait  déjà la constitution d’un « Grand Paris » à l’image d’agglomérations européennes voisines. Devant la menace politique représentait par la « ceinture rouge » de l’époque, les élus parisiens ont multiplié les barrières « sanitaires », la construction du périphérique symbolisant cette  frontière. Ce n’est qu’avec l’élection en 2001 à la mairie de Paris de Bertrand Delanoë que des partenariats entre  communes voisines se nouent, notamment autour d’une Conférence métropolitaine centrées sur la résolution de problèmes concrets de voisinage.

Vu la diversité des projets évoqués, pour la Seine et Marne, tout peu sortir de cette réflexion :  le meilleur ou le pire. Certaines questions pivots restant pivots :  périmètre, statut (une feuille de plus dans le mille feuille institutionnel ?), répartition des richesses et enfin quelles retombées pour l’ensemble des Seine et Marnais …

A mes yeux, une exigence, il serait souhaitable que les élus Seine et Marnais se déterminent non sur des  critères partisans mais sur l’intérêt du développement harmonieux de leur territoire. Personnellement, dans l’état actuel des choses, je crains que le Grand Paris ne nous apporte plus d’inconvénients que d’avantages … Il m’apparait essentiel, avant de lancer quoi que ce soit,  de commencer par une réflexion stratégique de développement de territoire, basée non sur une analyse datant d’une vision des deux siècles derniers, mais sur celui qui commence …

Certains retards apparents, lorsque l’on y songe, pouvant se révéler par la suite de formidables potentialités, qu’il faut savoir saisir  …

 

 


Comparaison, peut ne pas être raison

Rappelons qu’en superficie, Londres est quinze fois plus étendue et Madrid six fois plus que Paris. Pour beaucoup d’économistes, cela représente une vraie valeur ajoutée pour le business; vision d’avant crise financière. Rappelons que ce mode de développement des grandes métropoles mondiales s’est constitué autour de réseau ferré de transport en commun, véritable apine dorsale du développement urbain. mais l’apparition du TGV et de l’internet à haut débit changent passablement la donne désormais. J’en veux pour preuve la représentation cartographique d’une Carte de France où le temps de transport remplacerait les kilomètres, elle change notre paradigme !

Les conditions de transport, les fidèles lecteurs de ce blog le savent, sont des réalités quotidiennes vécues très différemment que l’on se déplace dans la capitale, la petite couronne, la grande couronnes ou les franges de la région …  Intervenir sur les faiblesses constatées ci et là nécessitent déjà des investissements considérables pour la décennie à venir.
C’est notamment autour de ce constat, et celui du nécessaire rééquilibrage économique entre Est et Ouest,  que s’est bâtie le Schéma directeur de la région Ile-de-France voté par l’assemblée régionale en septembre dernier et bloqué actuellement par le gouvernement. Idée force, l’habitat et l’économique doivent se développer là où sont les infrastructures, car la question du transport et de son financement est centrale, les usagers franciliens s’en rendent compte au quotidien, quitte ensuite à mettre en place une vraie inter modalité sur l’ensemble du bassin de vie que constitue l’Ile de France.

Et le Grand Paris dans tout ça ?

 

 

3 questions sur le « Grand Paris »

 

Si le Grand Paris regroupe grosso modo, l’ensemble des départements franciliens, il existe déjà la région, si c’est juste Paris et ses villes voisines, il fest possible de créer une structure intercommunale de type ECPI, sur des compétences à définir et un financement qui reste également à déterminer  …

 

Où l’on aborde le périmètre …

A priori, plusieurs scénarios sont évoqués : Paris et ses 29 communes limitrophes, Paris et les 123 communes qui composent la première couronne (4 % du territoire régional, 50 % de sa population, soit 6 millions de personnes, 60 % de ses emplois et 90 % de ses déplacements…), ce qui en éloigne les villes nouvelles mais surtout la majorité des communes de Grande couronne avec les risques de  « ghettoïsation » qui en découlent pour les Franciliens y vivant.
Certains architectes, comme Roland Castro, proposant un Grand Paris « en pétales », chacun s’appuyant sur ce qu’il appelle des « événements », à relier par un maillage de lignes de transports concentriques. D’autres, pensent que le périmètre pourrait varier selon les thématiques traitées, à l’image du STIF.

La question du périmètre est loin d’être secondaire …


Où se pose la question du statut…

Si le sénateur UMP de Seine Saint Denis, Philippe Dallier propose dans son rapport, un Big Bang territorial avec la disparition des départements de Paris, des Hauts-de-Seine, du Val-de-Marne et de la Seine-Saint-Denis, la nouvelle collectivité territoriale étant décisionnaire sur certaines  compétences (logement, transports, développement économique…), d’autres suggèrent une structure  plus souple, selon le modèle d’un « syndicat mixte ouvert » pouvant associer État, départements, région et communes …
Jean-Paul Huchon a encore répété lors de cette réunion, continue à penser que la collectivité de pilotage qui lui semble la plus pertinente est toujours la région, ce qui n’exclut pas la création d’une intercommunalités en petite couronne.

Car derrière le statut se cache la question de la gouvernance et du pouvoir agir …


Quelle répartition des richesses ?

Point essentiel pour les élus, surtout par les temps qui courent, la question récurrente et épineuse de la répartition des richesses. Le déséquilibre sur lequel s’est bâti jusqu’à présent le développement francilien : à l’Ouest et à la Capitale les ressources et les sièges sociaux, à l’Est et à la petite couronne l’habitat et les dépenses sociales, ne peut plus durer.
C’est qu’on le veuille ou non, un des points forts du projet de SDRIF. La décision gouvernementale, scandaleuse, de développer le quartier de la Défense toujours plus et d’exonérer les nouvelles entreprises qui s’y installent des impôts régionaux et non seulement un mauvais coup politique, mais une attaque en règle contre la grande couronne et l’Est de l’Ile de France, car elle prive la région de recettes qu’elle aurait pu utiliser en direction des territoires moins favorisés !

Le seul scénario acceptable, pouvant nuancer les effets négatifs d’une telle décision, où ceux de la création d’un Grand Paris qui ne regrouperait in fine que les territoires riches, est celui de la mise en place d’une réelle péréquation : que les collectivités qui ont les recettes en rétrocèdent une partie à celles qui ont els habitants …

A priori, ce la n’est pas le moteur des défenseurs d’un Grand Paris !

 

 

Et la Seine et Marne ?

Quelques rappels utiles : la Seine et Marne est une terre de contrastes mais également et surtout un département en pleine mutation qui a connu la plus forte croissance démographique de France, avec plus 345 400 habitants en 20 ans (1982 à 2003) !
Sa population évolue à un rythme très supérieur à la moyenne régionale, du fait d’un solde migratoire positif (arrivées de populations de l’extérieur du département), mais également depuis quelques années grâce à son solde naturel (différence naissances-décès) qui représente 1/3 de sa croissance démographique.

Notre département est un des territoires les plus dynamiques de France mais également le plus jeune de la région Ile de France (indice de jeunesse de 1,98 moyenne francilienne 1 ,52) ! Sa superficie représente la moitié de celle de la Région (49,5 % en fait), elle lui permet de disposer des opportunités foncières les plus vastes de la région.

Malgré le manque d’universités, il possède des pôles d’excellence et de compétitivité prometteurs, son patrimoine architectural et touristique est des plus riche ; ses ressources naturelles, notamment en eau, sont indispensables à l’équilibre de toute la région.

Pourtant la Seine-et-Marne est considérée par trop de franciliens comme un territoire exutoire de l’Ile-de-France, dont la vocation serait d’accueillir les ordures ménagères, les infrastructures pénalisantes, les institutions spécialisées notamment pour le troisième âge … Le devenir de notre département est en contrepoint un des enjeux cruciaux du Grand Paris.

L’objectif pour les élus de terrain que nous sommes, quelque soit notre couleur politique, est de rétablir un  meilleur équilibre entre habitat et emploi, de traiter la question de la mobilité (développement des transports en commun, des  inter modalités), celle des infrastructures (transport en commun, routes, aménagement numérique…) et de l’enseignement supérieur …

Mais nous devons, encore plus que tout autre territoire, disposant encore d’un magnigfique patrimoine naturel et de ressources foncières importantes, repenser notre relation à l’environnement et au développement économique à l’aune des enjeux de ce siècle, la ressource en eau doit être absolument préservée (sanctuarisé ?), et de la lutte contre les gaz à effets de serre …
Des pistes sérieuses existent : l’agriculture, qui peut être également qualitative (agricutre biologique) n’en déplaise aux céréaliers, la production de bio masse et le développement de la filière bois liée notamment au développement de l’habitat bio climatique, celui des énergies renouvelables constituent potentiellement de formidables moteurs de croissance, …

 

Aux acteurs du terrain de saisir des défis qui s’ils nous éloignent quelque peu du « Grand Paris », mais qui  nous permettront peut être de pouvoir développer un modèle de croissance vertueux et novateur.

Je suis de ceux qui pensent qu’un territoire aujourd’hui doit basé son développement sur le modèle des réseaux dynamiques  (cf neuronal, internet …), chaque module apportant sa spécificité, sa richesse, sa complémentarité. La force du réseau reposant sur le dynamisme et la vitalité de terrtioires entremélés et solidaires et avant tout sur la richesse et l’intensité de leurs liens respectifs !