Ligne P, voir plus loin pour éviter les futures galères

Gare de Trilport, avant les travaux

La ligne P était à l’ordre du jour du CA d’Ile-de-France Mobilité ce 5 février. Pas de scoop au rendez vous, aucun nouveau train malheureusement, mais l’officialisation du projet d’évolution d’offre élaboré par la SNCF.
J’avais déjà abordé ce projet qui vise à remplacer deux liaisons directes La Ferte Milon / Paris (7h18 / aller, 18h05 / retour) par des navettes terminus Meaux, les sillons ainsi « libèrés » étant attribués à la ligne de Chateau Thierry !
Concession arrachée ces derniers mois destinée à répondre à la colère des usagers et élus de la ligne de La Ferté Milon, craignant de voir leur offre de transport déjà plus que malmenée au quotidien se dégrader encore plus, il s’agit selon Ile de France mobilités d’une « expérimentation », le retour à la normale étant éventuellement possible * …

Je me félicite d’avoir obtenu dans ce cadre la sécurisation du quai « Paris » pour la gare de Trilport, que je réclamais depuis des années. J’avais fait de cette réalisation un pré requis absolu avant toute mise en place éventuelle d’un projet qui instaure une rupture de charge quotidienne aux heures de pointe. Une position, je tiens à le souligner soutenue par tous les élus, collectifs d’usagers et Ile de France mobilités.
La SNCF désirant mettre en place cette nouvelle offre dès mai, les travaux d’aménagement du quai, d’un montant de 1,3 millions d’euros, ont été lancés ces derniers jours afin de se terminer pour fin avril : allongement du tunnel voyageur, élargissement du quai Paris et implantation d’un abri pour les voyageurs.

Au regard de l’absence de perspectives d’amélioration rapides des conditions de transport, il apparait plus qu’utile de tirer tous les enseignements de cette situation, les mêmes causes produisant souvent les mêmes effets !
Dénoncer le manque d’anticipation flagrant de la SNCF ne suffit plus. La faillite du transporteur historique toutes ces années concerne sur cette ligne toutes les dimensions de son offre : gouvernance, réseau, gares, parc matériel, offre de transport, maintenance …
Autant dire que son expertise sur les orientations stratégiques futures mérite, à minima, d’être relativisée, tout au moins challengée.
Relever les dysfonctionnements se révèle désormais improductif, la situation dégradée devenant de plus en plus la norme. Nous sommes dans le mur et durablement.
Constat qui a conduit usagers et élus a se fédérer afin d’être en capacité de peser sur les orientations futures et ainsi tenter d’anticiper ce qui peut l’être.

Durant des années je me suis retrouvé quelque peu esseulé pour défendre la ligne P, ce temps est révolu et je m’en félicite. Nos territoires sont désormais mobilisés. Il était grand temps, la fréquentation de la ligne passant en moins de 10 ans de 90 000 usagers a plus de 120 000, soit la croissance la plus forte d’Ile de France.
Depuis quelques mois, nous avons réussi avec les collectifs d’usagers à rallier tous les élus des villes et intercommunalités desservies par la ligne P, de Meaux à La Ferté Milon et à Chateau Thierry, ainsi que les représentants du département et parlementaires. Une mobilisation qui arrive à point nommé, car malgré une demande en mobilités croissante, l’offre ne suit pas, pire elle se dégrade ! Obtenir le moindre nouveau sillon est aujourd’hui mission impossible !
Confrontés à cette réalité inacceptable, nous avons alerté la Présidente de la Région Ile de France, le Directeur du Transilien et le Préfet de Région, notamment sur deux dossiers majeurs pour nos territoires : les conséquences de l’arrivée du CDG Express Gare de l’Est et l’électrification de la liaison Trilport / La Ferté Milon …

Chacun pressent que la demande en transport va se faire de plus en plus pressante dans nos territoires. Dès 2008 j’alertais la SNCF et la Région sur cette tendance et l’état de décomposition avancé de la ligne P, soulignant les incidences sur le développement de nos territoires de la loi SRU et du Schéma Directeur d’Ile de France. Les responsables de la SNCF et de la Région m’avaient alors écouté très poliment,mais rien n’a changé !
J’ai abordé dans un précédent billet l’étude de l’IAU Ile de France et les scénarios de croissance que l’IAu projette pour nos territoires dans les 20 prochaines années. Basée sur des modèles statistiques classiques, cette étude minore, selon moi, l’évolution d’offre future. Elle ne prend en compte ni les nouvelles dynamiques sociales et sociétales autour de la mobilité, ni l’incidence des incitations d’ordre environnemental (réchauffement climatique), financières (cout du carburant, tarifs), ou d’usages (contraintes croissantes liées au véhicule individuel et billetique de plus en plus souple et adaptée pour les transports en commun).

Voilà pour la tendance globale, la demande va augmenter sérieusement et considérablement …

Qu’en sera t’il de l’offre, c’est bien là que le bas blesse !

Sur l’arrivée du CDG Express Gare de l’Est

Les incidents successifs des mois d’été, suite au report des liaisons du RER E sur la gare de l’Est, ont eu des conséquences catastrophiques pour les usagers de la ligne P, qui ont servi une fois de plus de variable d’ajustement.
Une situation qui n’a fait que confirmer nos inquiétudes sur la capacité de la Gare de l’Est dans son dimensionnement actuel, à absorber tout à la fois :les demandes d’améliorations d’offres dont nos territoires ainsi que ceux des TER du Grand Est et Hauts de France ont un besoin urgent et légitime, le développement des lignes TGV, au regard du dynamisme de l’Ile de France, les aléas du RER E desservant Haussman et Magenta, le nouveau réseau du CDG Express (4 nouveaux sillons / heure).

La problématique du CDG Express ne se limite pas aux seuls quais mais également sur la capacité de la Gare de l’Est, véritable « nœud ferroviaire » comme toutes les grandes gares parisiennes « historiques », à absorber ce surcroît d’offre sans problème.
Deux questions existentielles « pratico pratique » nous interpellent :
– la capacité de ce nœud ferroviaire à assumer, sans renouvellement d’infrastructures majeure, une telle montée en charge,
– le goulot d’étranglement situé à l’entrée de la gare, que ce soit dans le sens des départs et des arrivées !

L’audit réalisé par SNCF Réseau justifiant le choix de la Gare de l’Est , en mode « plus que confidentiel », ne rassure ni les collectifs d’usagers, ni les élus, ni en off les services d’exploitation de la Gare de l’Est, qui connaissent mieux que personne la réalité de la situation comme sa fragilité.
Ce projet lancé pour 25 000 usagers jours (soit 20% de la fréquentation quotidienne de la ligne P), ne tient compte ni du niveau d’engorgement actuel de la gare, ni des évolutions d’offre auxquelles nos différents territoires aspirent et qu’ils attendent avec impatience, d’autant qu’il est impossible aujourd’hui d’en obtenir un seul de plus …
Dans le même temps il semblerait pertinent de faire effectuer à la Gare de l’Est, ainsi qu’aux autres gares parisiennes, un bond technologique et systémique permettant à des infrastructures du milieu du siècle dernier d’optimiser leur fonctionnement, en intégrant les innovations les plus récentes, tel notamment le système « Communication Based Train Control (CBTC) pilotant le trafic par l’intermédiaire d’ordinateurs communicants en continu et en dynamique avec chaque train du réseau géo localisé.
Cette inquiétude légitime nous a conduit à demander à la Présidente de Région ainsi qu’au Préfet de Région de missionner un bureau d’études indépendant afin de mener un audit prospectif qui n’oublie lui ni les évolutions d’offres attendues par nos territoires pour les 10 ans à venir (le cap des 200 000 usagers sera bientôt dépassé par la ligne P) ni la nécessité de restructurer en profondeur une gare qui n’a jamais évolué depuis plus de trente ans ! Ne serait ce que pour tenir compte de la montée en charge considérable sur la demande en transport ferré, le développement de nos territoires et l’émergence du « Mass Transit » cher à la SNCF. Il conviendrait d’intégrer les avancées technologiques majeures qui se profilent ou existent déjà au système ferré francilien.
Notre objectif est bien d’anticiper tout problème structurel futur, en obtenant des préconisations objectives sur les adaptations indispensables à mettre en place et en œuvre, non seulement pour améliorer le service actuel, mais également accompagner l’évolution d’offre dont ont absolument besoin nos territoires.

Ci joint, deux notes consacrées à ce dossier : « Après le report du CDG Express, agir encore et agir toujours » et « CDG Express, merci de ne pas oublier les usagers du quotidien »,

Concernant l’électrification Trilport / La Ferte Milon

L’électrification de la ligne Paris / Provins devrait se terminer courant 2021, le segment Trilport / La Ferté Milon constituera alors la dernière ligne non électrifiée de toute l’Ile de France.
Nous avons obtenu de Valérie Pécresse lors de sa venue sur la ligne P ( Lizy sur Ourcq et La Ferté sous Jouarre), suite à la mobilisation engagée depuis plusieurs mois, une annonce majeure, attendue depuis des années, celle de l’électrification de la ligne Trilport / La Ferté Milon.
La réalisation de cet aménagement majeur pour notre territoire permettra d’assurer à tous les usagers de la ligne P une desserte enfin fiable et digne, elle permettra également de faire bénéficier les gares du Pays de Meaux (Trilport et Meaux) de dessertes directes supplémentaires lors des heures de pointe.
Il sera alors possible d’accroître l’offre capacitaire grâce à un matériel répondant aux futurs standards franciliens et aux contraintes du « Mass Transit », une évolution essentielle au regard des besoins d’un bassin de vie qui comptera bientôt 120 000 habitants.

Nous sommes déterminés et mobilisés pour soutenir ce projet, c’est une ambition que nous partageons pour nos territoires. Nous l’avons fait savoir au Préfet de Région. L’objectif étant d’obtenir l’inscription de la réalisation de cet aménagement au prochain Contrat de Plan État Région, il serait inconcevable que l’Etat qui a fait des mobilités du quotidien une priorité ne soit pas présent à ce rendez vous.

Il est urgent d’agir en priorité sur l’amélioration des transports du quotidien de la grande couronne francilienne afin de proposer de vraies alternatives à l’automobile et de promouvoir des mobilités plus durables et sobres

* Expérimentation validée par Ile de France mobilités

Elle débutera en mai 2020 et un bilan sera dressé à l’automne 2020 et consistera au transfert de deux directs (un aller Paris / Un retour de Paris) de la Ferté Milon sur la ligne de Chateau Thierry.
Un retour au scénario initial si cette nouvelle « organisation » ne donne pas satisfaction reste possible, durant cette période, les RIB seront garées et maintenues en bon état de fonctionnement de façon à pouvoir être réutiliser si nécessaire.

Engagements pris dans ce cadre :

  • Obtention d’une rame AGC supplémentaire et renforcement du parc de Z2N avec 2 rames supplémentaires ;
  • Élargissement du quai de Trilport d’ici fin avril 2020 avec l’implantation d’un abri pour les voyageurs (mi-mai 2020) ;
  • Mise en place d’un train en Unités Multiples en réserve le matin à Château-Thierry pour assurer les départs et la bonne composition des trains.