Ou l’on reparle des gens du voyage

La question des gens du voyage, déjà évoquée en de maintes occasions sur ce blog, est récurrente et revient dés les premiers rayons du soleil annonçant l’été. Un problème complexe au regard de la diversité des réponses concrètes à apporter selon la nature des personnes concernées (sédentaires, occasionnels, grands passages) et constitue un des serpents de mer pour  lequel notre société n’a toujours pas trouvé de réponse acceptable,et ce depuis des siècles, en voici le dernier épisode …
Début mars, nous reçevons de la Préfecture un document d’une cinquantaine de pages intitulé  « Propositions pour un ré-examen du Schéma Départemental d’Accueil des gens du Voyage » accompagné d’un courrier demandant au Conseil Municipal de se prononcer dans un délai de deux mois … Surprise !!!

A la lecture de ce document quelle ne fut pas ma surprise de voir figurer en page 10 la proposition de créer deux nouvelles aires d’accueil sur l’agglomération situées à Trilport (ma commune) et Crégy les Meaux. Je n’ose imaginer, ce qui se serait passé, si par mégarde nous n’avions pu lire l’intégralité de ce rapport dans les délais impartis, ce qui au regard du volume de travail traité durant la période était du domaine du possible.

 

Une méthode plus que contestable !
La méthode employée par les services de l’Etat sur ce dossier démontre que le tropisme du CPE se limite pas aux seuls hautes sphères de l’Etat. La théorie du CPE, privilégiant  « l’unique vérité venant d’en haut malgré tout et malgré tous  »  se décline en effet également plus localement :

– Comment admettre l’absence totale de concertation avec les élus de terrain, inadmissible sur un dossier nous concernant au premier chef. Présents sur le terrain (24 h / 24, week end compris) les Maires sont en première ligne pour remplir un rôle de médiateur entre gens du voyage et riverains, je suis bien placé pour insister sur ce point.

– Comment accepter qu’un document de cette importance n’ait donné lieu à aucune étude de terrain : nombre de places à créer, nature des gens du voyage concernés, dimension, nombre et localisation des aires d’accueil suggérées et ne se soit simplement limité qu’à une étude statistique reposant sur les fiches police.

Cette question concerne également la Communauté d’Agglomération, à son corps défendant dirais je … Si aujourd’hui, l’intérêt Communautaire (pour notre Communauté d’Agglomération) est strictement limité à la gestion de l’unique aire d’accueil existante, la problématique des gens du voyage ne se limite plus à cette seule aire; pour preuve, les propositions émises par les services de l’Etat.
Il est dommageable que ce dossier n’ait toujours pas donné lieu à une réflexion globale de fond entre les élus des 18 communes, malgré mes interventions (cf annexes) et celle du Maire de Nanteuil. Les élus locaux ne doivent plus ignorer ce problème, ou regarder ailleurs lorsque les caravanes passent … Cet épisode démontre l’urgence d’aborder concrètement la question des Gens du Voyage au niveau  intercommunal et de manière globale afin de trouver des solutions adaptées à notre contexte et correspondant effectivement à la réalité.

 

Des propositions sur le fond

Voici quelques propositions sur les différents point abordées dans le projet de ré-examen du Schéma Départemental d’Accueil des gens du Voyage de Seine et Marne, dont beaucoup issues du courrier envoyé en juin dernier.

Concernant la réalisation des aires d’accueil
Le rapport estime le besoin actuel de l’agglomération à 50 places supplémentaires. Estimation uniquement basée sur l’examen des fiches police. Soulignons que vu du terrain la majorité des personnes concernée est constituée de sédentaires ou semi sédentaires, la proposition de créer deux aires d’accueil de 25 places chacune, n’apparaît donc pas adaptée à cette catégorie de gens du voyage.
La localisation et le dimensionnement des aires d’accueil doit faire l’objet, en amont, d’une étude sérieuse, et d’une approche multicritères abordant notamment les paramètres relatifs à l’accessibilité de ces aires, à leur dimensionnement, aux configuration des terrains possibles, à la proximité avec les habitants, à la nécessité d’avoir une répartition sur l’ensemble du territoire de l’agglomération …
Signalons que pour l’heure la Communauté d’Agglomération ne comptabilise que 2 villes de plus de 5 000 habitants  Meaux et Nanteuil les Meaux et d’une seule aire d’accueil de 37 places située à Meaux et que Trilport comme Crégy les Meaux ont moins de 5000 habitants.

Concernant les terrains de grands passages
Force est de constater que l’agglomération du Pays de Meaux ne dispose actuellement que d’un terrain de Grand Passage recensé situé à Nanteuil, il faut en savoir gré au Maire de cette ville. Ce terrain présente cependant deux particularités : il est placé dans une zone inondable, ce qui n’est pas sans poser de problème et occasionne quelquefois des déplacements de caravanes sur d’autres sites (Mareuil, Fublaines, Meaux, Trilport), et possède une capacité limitée à 60 caravanes, ce qui lors de grands déplacements ne peut suffire, constat partagée par les conclusions du Préfet.

Les solutions proposées dans mon courrier de juin 2005 sont toujours d’actualité :

« – une rotation réelle et planifiée entre toutes les communes (du département si gestion au niveau de l’Etat, ou des EPCI si gestion au niveau intercommunal),
– une indemnisation de la commune d’accueil,
– des aires de grand passage sélectionnées en concertation avec les élus en fonction de critères précis,
– un soutien immédiat des pouvoirs publics dans le cas ou des « gens du voyage » ne respecteraient pas ce schéma et s’installeraient ailleurs. »

Je propose qu’au niveau de l’agglomération du Pays de Meaux et sur la base de ces principes nous élaborions un cahier des charges précis (permettant notamment de limiter certaines contraintes de proximité avec des riverains) et recensions une liste de plusieurs sites potentiellement intéressant sur différents secteurs de l’agglomération (quatre ?)afin de pouvoir organiser une rotation annuelle pour la séquence 2006 / 2010.
Il serait bon également que les frais occasionnées par les terrains de grands passages soient mutualisés et reconnus d’intérêt communautaire. Il est scandaleux que le Maire de Nanteuil (où est située l’actuel aire de grand passage ) soit obligé de faire la quête auprés de ses collègues pour obtenir une mutualisation sur les frais occasionnés !

Concernant la question de l’habitat des gens du voyage en voie de résidentialisation
Là encore, les pistes de réflexion proposées en juin dernier sont toujours d’actualité … 
 » Sur l’agglomération du Pays de Meaux, quelques familles présentes depuis des générations séjournent selon ce mode de vie. Certains sont mêmes propriétaires de parcelles dans nos communes. Elles ne répondent pas à la logique des « grands passages ». Force est de constater pourtant que la structure actuelle de Poincy, ne répond pas à leurs besoins. Faut il imaginer d’autres structures plus adaptées ? Je pense qu’il serait normal d’intégrer dans le Plan Local de l’Habitat à l’étude sur l’agglomération, les besoins de cette catégorie de population, solidement implantée dans notre agglomération depuis des décennies « 

Pour finir (dans l’attente de nouveaux rebondissements), lors du Conseil Municipal du 7 avril, les élus de Trilport ont rejetté à l’unanimité les propositions du ré examen du Schéma Départemental d’Accueil des gens du Voyage en Seine et Marne , tant pour des raisons de forme que de fond. Les délégués de la commune ont également posé une question écrite au Conseil Communautaire afin d’avoir une position collective sur ce sujet sensible.

La suite au prochain épisode …

 

Précédentes notes sur le sujet :

Gens du voyage, quelques propositions d’actions …
http://jmorer.hautetfort.com/archive/2005/06/24/mes_propositions_pour_les_gens_du_voyage.html

Trouble à l’ordre public ou non ?
http://jmorer.hautetfort.com/archive/2005/06/24/trouble_a_l_ordre_public.html

Pour la côte rotie
http://jmorer.hautetfort.com/archive/2005/06/24/pour_la_cote_rotie.html